vendredi 4 février 2011

Sergio Mendes & Brasil 66 - for what it's worth (1970)

A&M n'était pas dans les années 60 un label spécialement cool, on peut s'étonner d'ailleurs de ce que venait faire les excellents Merry-Go-Round dans une compagnie plus habituée à refourguer du Tijuana brass à l' Amérique tout entière plutôt que des groupes de petit jeunes avec le son qu'il faut. Néanmoins je dois avouer que j'ai une sorte de plaisir coupable (mais assumé, la preuve j'ose vous la dévoiler!) pour les disques de Sergio Mendes & Brasil 66.

On l'oublie un peu facilement maintenant au profit de référence plus sûres et de meilleurs gouts comme Jobim et cie (Deodato, Marcos Valle), mais dans les années 60 c'est Sergio Mendes qui a fait découvrir les musiques latines (en particulier la bossa) au public américain moyen blanc, et franchement c'est somme toute à son honneur. En dehors de reprendre des morceaux de pop à la sauce lounge-latine-légère, il a pas mal fait appel à des compositeurs brésiliens et donc a aussi contribué à mettre la musique de ce grand pays en lumière. Sergio Mendes vous connaissez forcément un de ces morceaux, le classique "mas que nada". C'est pas lui qui l'a écrite (Jorge Ben, à qui l'on doit aussi "Taj Mahal" emprunté par Rod the Mod qui n'a pris la peine de le crédité lui), mais il en a quand même fait un tube, il a su trouver et découvrir le potentiel de la chanson, se l'est approprié et on peut difficilement nier que la version définitive est celle estampillée Sergio Mendes & Brasil 66.

Pour en revenir aux reprises de chansons pop "du moment" à la sauce latine-lounge-légère, hé bien je dois dire que je les trouves plutôt cool voir même parfois excellentes, et quand j'ai vu ce 45 dans un disquaire de Rennes je m'en suis immédiatement emparé! For What it's worth est emprunté au répertoire du Buffalo Springfield (tiens quelle drôle de coïncidence hein?), Sergio Mendes en propose une version groovy avec une rythmique légèrement latine particulièrement bien foutue et arrangée, loin des mièvreries que l'on pourrait craindre avec ce genre de traitements. L'art du brésilien consiste à créer un crescendo dans la chanson, au début très minimale (une rythmique, une basse, la voix) progressivement les arrangements s'étoffent d'un piano électrique et d'un orgue, la sensation créée est excellente. En gros Sergio en fait une super version, par contre ne me demander pas de choisir entre les deux, des plaisirs différents, mais des plaisirs.

Sergio Mendes & Brasil 66 - for what it's worth


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