jeudi 13 février 2014

Superets - 160 Caractères pour te dire adieu EP 10' (2014)

Superets comme Travel Check ou Forever Pavot commencent eux aussi à êtres des habitués de ce blog. Nous avions évoqué leur premier 45 tours (que j'ai aussi sorti, achetez-le !) et interviewé le groupe dans le cadre de notre dossier Conjuguons la Pop. Nous sommes ravis de les réentendre à travers un 10 pouces publié par le label Entreprise (Juniore, Moodoïd etc.) quelques semaines après leur passage aux Transmusicales.

160 caractères pour te dire adieu est un des grands moments du set live des Superets. Le morceau reçoit ici le traitement adéquat, plus musclé et fantasque dans sa production que la version démo que je connaissais. La chanson balance à fond la caisse, le texte est génial et esquisse notre époque en quelques coups de pinceaux. Le ton évoque verrine tu m'assassines des Spadassins dans cette manière de manier l'humour pour mieux prendre du recul sur nos comportements modernes. Les Histoires sans fin et Tapis Rouge offrent une facette plus pop des bretons, les titres effleurent en filigrane la pop ensoleillée de Pendentif avec une petite touche 80s plutôt chouette. La veuve mécanique est mon autre morceau favori, les Superets y pratiquent leur pop moustachue , énergique et inspirée. Le texte semble répondre à en avant en arrière des Mustang, une référence assez cohérente par rapport à l'ensemble de ce nouvel EP.

On est content de retrouver nos Superets, et ils sont particulièrement en forme sur ce nouvel EP. Les 4 mecs semblent avoir trouver leur voie, et tracent un petit bout de chemin qui commence à avoir une sacrée gueule. Je suis assez curieux de voir ce que donneront les Superets en long format !


mardi 11 février 2014

Travel Check - 66$ EP 7' (2014)

Les parisiens de Travel Check sont des habitués de nos colonnes. Ainsi nous avons eu l'occasion de chroniquer leur premier vinyle ainsi que les interviewer il y a quelques mois. Le groupe s'affirme comme un des noms à retenir de la scène garage parisienne, ce 45 tours 4 titres chez les très actifs Howlin' Banana en est d'ailleurs une éclatante preuve.

66$ attaque fort, du garage-rock fun aux influences country très bien foutu qui donne envie de faire le foufou. On pense forcément aux Black Lips, aux Dead Ghosts voir aux français de Regal. Ce serait dommage de les considérer comme une simple copie, les parisiens tirent très bien leur épingle du jeux sur ce titre classique mais efficace et catchy. Druggy Daddy est un peu plus pop et ce n'est pas pour me déplaire, un très bon morceau, peut être moins taillé pour le live mais tout aussi réussi. La face B s'ouvre sur La Gravière l'autre morceau pensé à 100% pour faire remuer les bassin en concert. Pas mon morceau préféré du disque mais il est clairement efficace et annonce de chaudes soirées. Feels alright ose diminuer le tempo et être plus mélodique, une belle réussite à mettre au compte des parisiens.

Avec 66$ EP enregistré dans le paradis du garage français (Lo' Spider) les Travel Check montrent une belle progression par rapport au premier vinyle. Le son est plus assumé et maitrisé, les compositions aussi. Le groupe est aussi à l'aise dans les titres uptempo taillés pour le live que des morceaux plus pop et mélodique. On espère que leur album sera aussi faire le pont entre les deux. Travel Check est un des groupes les plus attachants de la scène parisienne et avec ce disque ils font preuve d'une belle démonstration de savoir faire garage.


dimanche 9 février 2014

The Frowning Clouds - Whereabouts (2013)

Depuis que le psychédélisme truste les cœurs des amateurs de musique underground, le garage semble un peu en retrait (sauf en France où il se porte merveilleusement bien) à mon grand regret. Je n'ai pas eu tellement de super albums à défendre dans le registre en 2013 (peut être 3 ou 4) et coté groupes les déceptions ont été plus nombreuses que les bonnes surprises (citons tout de même le fameux single des Ar-Kaics, l'album de Kaviar Special etc.). Dans les derniers jours de 2013 - soit bien trop tard pour les tops de l'année - a débarqué le second Frowning Clouds précédé par un EP cassette plus tôt dans l'année et un single l'année précédente (dont la face A est ici reprise), le tout chez les presque toujours fiables Saturno.

Nous ne faisons pas mystère ici de notre admiration pour le groupe australien et Whereabouts confirme nos espérances voir les dépasse. Le premier album était en effet sous forte influence Stones circa 65-66, celui-ci prend certaines libertés avec le concept et ce n'est pas pour nous déplaire ! Cette mutation était déjà en marche sur leur cassette qui évoquait autant Bo Diddley que les Byrds, deux noms que nous pourrions aussi cité ici d'ailleurs (surtout les californiens). Le premier titre balancé, le bien nommé product of the peanut butter company laissait entrevoir un virage à 180 degrés vers la popsike de Tomorrow et des premiers pas de Pink Floyd. Le titre se révèle pourtant être un trompe l'oeil largement tempéré par des attaques garage en règle, c'est à dire en dessous de la ceinture. Propellers démonte toujours la tête, tandis que Submarine excelle dans cet art du midtempo spécialité des Frowning Clouds. Bien sûr il émane de ce disque un doux parfum de Californie à travers des orgies de guitares carillonnantes et quelques incartades mélodiques orientalisantes mais ne nous y trompons pas. Les Frowning Clouds restent ce groupe garage que nous chérissons, avec toujours un son parfait, et un sens de la chanson inaltérable. En signant une chanson aussi fabuleuse que much to much too soon, les australiens m'ont dans leur poche, un solo de guitare brillant, une compo énorme, les mecs savent transcender une matière première excellente pour en faire des véritables bombes.

Est-ce que les Frowning Clouds font du psyché ou du garage ? Probablement à mi-chemin entre les deux, ils sonnent comme un groupe de LA de 1966 mais le font avec un tel enthousiasme et un talent si isolent qu'on leur excuse ce classicisme. Ces mecs méritent mieux, ils ont une des discographies les plus exemplaires des groupes que nous chroniquons ici. Frowning Clouds on espère qu'un jour vous serez reconnu à votre juste valeur, c'est à dire loin loin au dessus de la stratosphère. Si certains groupes se parent de la modernité pour offrir des tranches sous cellophane de psychédélisme bon teint, les Frowning Clouds vous balancent eux des gros jambons à la gueule.




vendredi 7 février 2014

Forever Pavot - Miguel el salam 7' (2014)

Forever Pavot nous avait surpris avec un premier 45 tours ambitieux et super cool. On a eu l'occasion depuis de voir l'intéressé en live mais aussi de l'interviewer ici même. Avec ce nouveau sept pouce il fait plus que confirmer nos espoirs.

Miguel el salam démarre en trombe sur un thème orientalisant que l'on imaginerait volontiers illustrer Lawrence d'Arabie ou un film d'aventure dans des contrées lointaines et mystérieuses. Déboule un riff d'orgue super accrocheur, puis ... Émile chante ! l'intéressé prend confiance dans sa voix et c'est une bonne nouvelle. Le morceau défonce, ligne de basse au médiator super entrainante, batterie au son compressé sixties, et bim de nouveau on se retrouve en plus milieu d'une caravane au milieu de dunes à perte de vue (bruitages de fouet et hennissement de chevaux en bonus). La Rabla explore initialement un son plus proche du premier EP, un croisement entre Le Messager et Ennio Morricone. La fuzz dérègle la machine et nous entraine vers un son plus garage psyché... Cette face b est peut être un peu plus classique que sa collègue mais n'en reste pas moins particulièrement réussie.

Forever Pavot impressionne avec ce nouveau simple. La production est exemplaire, le sens de l'arrangement et des sons également. Le mec sait composer de super morceaux, et le voir assumer d'avantage le chant est une excellente nouvelle. Le future du psychédélisme se trouve peut être en France, en tout cas Paris prépare du lourd en 2014 avec Dorian Pimpernel et Forever Pavot !


 

mercredi 5 février 2014

Bilan 2013: ce qu'en retiennent les blogs et fanzines


Planetgong / Mauvaise Foi (lien / lien)
Pour moi 2013 a avant tout été marquée par l'apogée (et la fin?) de la scène garage de San Francisco que je suivais de près depuis des années. Ty Segall, Thee Oh Sees et toute la clique Castle Face ont été partout cette année, du festival de Binic au City Sounds de Paris. Les albums ont continué à pleuvoir, les groupes ont atteint un niveau de notoriété à la hauteur de leur talent. Évidemment, cela coïncide au moment où les acteurs majeurs du mouvement quittent la ville, mais au moins cette scène aura eu son heure de gloire de son vivant.

2013 a aussi pour moi été l'année d'un étonnant revival, avec l'avènement de nombreux groupes versés dans le rock psychédélique. Des classicistes (Jacco GardnerMaston, Doug Tuttle, Frowning Clouds, Foxygen), aux explorateurs plus déviants (Morgan Delt, Orval Carlos Sibelius), nombreux sont les groupes qui ont remis le son de 1967 à l'honneur. L'album de Temples qui sort ces jours-ci confirme cette tendance que ne peux que saluer.

2013 a aussi l'année du retour de certains de mes héros (non pas Bowie ni Daft Punk). King Khan a pondu son meilleur album, The Dirtbombs ont enfin sorti leur album bubblegum promis depuis si longtemps, et surtout The GO a publié Fiesta, un album superbe que nous sommes fiers d'avoir édité en version française avec Mauvaise Foi Records.

Un dernier mot : le Record Store Day, c'est le mal. Des maisons de disques qui vendent des éditions limitées au prix fort ? Des magasins emplis jusqu'à la gueule de spéculateurs levés tôt pour mettre leurs achats sur eBay ? Non merci. Comme le dit si bien Bruno de Dangerhouse : "Every day is record store day". Si vous vivez dans une grande ville, allez chez les disquaires indépendants ! Le "retour du vinyle" qu'on nous vend depuis des années ne doit pas être un trip de collectionneur fortunés mais une façon de vivre la musique au quotidien et de faire fonctionner les échoppes et labels de tailles modestes (NDR: notre expérience RSD 2012).


Foggy Girls Club (lien)

2013 : Sur un plan musical, on va dire que 2013 a été dans la continuité de 2012, donc plutôt réjouissante. De très belles choses ont été faites et développées au niveau des différentes structures DIY qui se sortent les doigts du cul pour proposer et promouvoir une scène musicale sous représentée. Je parle des petits label comme les vôtres à toi et Etienne (NDR: Croque Macadam et Requiem Pour un Twister), Howlin Banana, Eighteen, Retard, Azbin (NDR: interview Regal) etc. les salles comme la méca et l’Espace B, disquaires comme Pop Culture etc…  et les différents media web autour de tout ça (Hartzine, Gonzai, Foggy, Requiem, Drone, Walking With The Beast etc.)

Cette scène est souvent qualifiée de garage (à tort) mais en fait c’est un nouvel « indie » puisque l’appellation indie aujourd’hui ne veut plus rien dire et concerne des choses qu’on peut qualifier de mainstream…

Je pense clairement que tout ces gens font la musique d’aujourd’hui, aussi poussés par le dynamisme de la scène US d’une certaine manière, qui nous montre que c’est possible. J’aimerai que 2014 confirme, et que ces différents acteurs ne soient pas découragés (par le manque d’argent et de soutien). Je trouve par ailleurs qu’on manque cruellement de lieux vraiment adaptés, dans le sens ou nos salles fétiches ont un statut précaire (souvent menacées par des fermetures arbitraires) et on n’a toujours pas de lieu qui ferme tard (après 2h), qui ne soit pas élitiste et qui passe de la bonne musique…

J’ai pris énormément de plaisir au niveau musical, encore une fois, à voir de très bons groupes, à faire de belles rencontres, qu’elles soient artistiques et aussi amicales donc j’espère que nous continueront à défricher passionnément car tout ça n’est pas vain et dans un certain sens on représente une contre culture.   


Walking with the Beast (lien)
N’étant pas très doué pour dresser des bilans et avoir un quelconque recul sur les événements importants de l’année je vais évoquer quelques souvenirs en pagaille :
-Les Growlers. Un des groupes qui m’a le plus marqué ces dernières années sort deux disques fabuleux et débarque pour la première fois en France. C’était parfait.
-Les Volage, Travel Check, Pain Dimension, Dusty Musty, Os Noctàmbulos, Grand Guru, Cheap Riot et tous les nouveaux groupes rock’n’roll qui se sont un peu plus affirmés au cours de l’année. Ils en ont sous le capot, c’est vivifiant.
-Les soirées Psychotic Reaction à l’International, lancé avec la clique Howlin Banana, vous, Bong Magazine, Yummy. Pour l’instant ça marche bien et je suis assez fier de nos affiches.
-Des concerts marquants : Cosmonauts, Younolovebunny, Yo La Tengo, Jessica 93, Binic Folks Blues Festival, Dirty Beaches, Sic Alps, the Babies, Les Spadassins
-Disques écoutés en boucle : Hung At Hurt, Growlers - Persona Non Grata, Cosmonauts - Experimental Jelly, Tomorrows Tulips - Calendar Days,Dick Diver - Tomorrows Tomorrows, Campfire - Into Unknown, Human Eye - Water On Mars, Purling Hiss - Fiesta, The Go - Any Port in a Storm, Scott & Charlene Wedding - Gotta Survice, Public Nuisance - I’m a Man, I’m a Flower, The Readymades - Double Exposure, Kelley Stoltz - Space Junk, Halasan Bazar - Simply Saucer, Cyborg Revisited…



Ductus Pop (lien)
Les frontières entre les années sont très floues dans ma tête, c'est sûrement pour cette raison que je suis peu familière des bilans et autre tops de fin d'année. Mais en réfléchissant bien, une flopée de choses m'arrivent en tête et me font dire que 2013 a été une belle année musicale.
Je retiens la nuit mémorable de la mise en vente du nouvel album de My Bloody Valentine, en février dernier, où le serveur de leur site a explosé sous le poids des demandes. J'ai réalisé que les gens attendaient déjà la suite de Loveless avant ma naissance ! Quelques mois plus tard, lorsque le groupe a nonchalamment pulvérisé les tympans de la salle du Bikini (Toulouse), j'ai été prise d'un sacré vertige. Dans la série spéciale « annonce de minuit », je n'oublie pas celle de Petit Fantôme offrant sa fabuleuse mixtape douce-amère « Stave ».
Côté concerts, je retiens mon petit tour au Madrid Popfest (cette année encore, il ne fallait pas oublier de regarder ce qui se passe chez nos voisins espagnols en matière de pop !) mais aussi la création du festival This Is Not A Love Song (Nîmes) dont la programmation pointue a fait oublier à plus d'un la frustration de ne pas pouvoir aller au Primavera Sound festival. D'une manière générale, j'ai été enthousiasmée par beaucoup de labels (Captured Tracks, Burger, Art Is Hard et son Poscard Club ou plus près de chez nous Beko, Atelier Ciseaux, etc.) dont l'actualité mérite d'être relayée. Pour écouter toutes ces sorties ça tombait bien, en 2013 j'ai non seulement fait réparer ma platine vinyle (belle ironie du sort, ma chaîne hi-fi a ensuite rendu l'âme) mais aussi concrétisé mon envie de fanzine (Ductus Pop) pour en parler !
En 2013, on a continué à écouter de l'indie pop (merci entre autres aux Pastels et aux Proctors, à Veronica Falls et à Alpaca Sports, à Sam Knee et à son livre A Scene In Between). Bonne nouvelle en 2014 on fera pareil, si j'en crois le teaser du documentaire consacré à Sarah Records !