mardi 30 avril 2013

Homeshake - The Homeshake Tape (2013)



Soirée loose, binouse coupée à l'eau, décuvage pénible ? Toi tu n'as pas envie de t'envoyer un gros garage survolté non ? Bon pour toutes ces situations et bien d'autres encore (une nouvelle herbe à consumer ?), j'ai un truc vraiment bien à te proposer : Homeshake. Ce qui est drôle avec Montréal, c'est que malgré quelques groupes francophones intéressants (aux hasards ceux dont on a parlé dans notre dossier Conjuguons La Pop), la scène de ces impurs d'anglophones est presque plus vivifiante, et ça fait chier de l'admettre. Il faut dire que notre Mac préféré (non, pas le McChicken) a entrainé avec lui ses potes dont fait parti Peter Sagar, également connu sous le nom d' Homeshake. C'est donc pas un hasard du tout si cette formidable tape sonne comme du Demarco, déjà parce qu'il joue dessus, ensuite parce qu'on y retrouve cette même passion pour un pop groovy et chaloupée, pour le funk des mecs nés avec pas assez de mélanine. Sauf que chez Homeshake, on s'en fout de faire danser les minettes du premier rang ou de le faire craquer avec nos dents du bonheur, on chante la mélancolie et à l'exception de peut-être de Moon Woman, pas de tubes en vue sur cette cassette. Pourtant le manque de single potentiel n'enlève en rien son charme et je vous conseille de vous jeter dessus, parce que c'est un des meilleurs trucs que j'ai écouté en 2013 et c'est suffisamment rare pour le faire remarquer.

C'est sorti et ça se trouve chez Fixture Records.


vendredi 26 avril 2013

Warm Soda - Someone for You (2013)

Matthew Melton nous avait brisés le cœur en annonçant la séparation de Bare Wires ce groupe boogie-glam-garage super cool en live, mais à peine le temps de souffler il revient déjà avec un nouveau groupe les biens nommés Warm Soda.

La pochette ainsi que la description annonce la couleur ! Someone for You sera un disque de pop aux accents powerpop, glam et garage, étonnamment on y entend même parfois de l'indie-rock soit une mixture pas si éloignée que ça de formations comme Mother's Children ou King Tuff. Si certains vont regretter le rock poilu de Bare Wires, ce projet de Melton met mon cœur en émoi en balançant des chansons pop aussi évidentes que spontanées.

Violent Blue ouvre les hostilités, on remarque d'office la production voulue par Melton. Le son est brut et direct, très peu d'overdub, une rythmique assez martiale, une basse mixée assez devant, et des guitares style micros double-bobinage. Le ton est donné mais le meilleur reste à venir, et pas besoin d'attendre bien longtemps, le morceau titre en deuxième position dégaine l'artillerie lourde et fait figure d'un des gros tubes potentiels de ce disque. Sur Someone for you Melton nous pond la meilleure chanson des Strokes depuis des années, celle que nous rêverions qu'ils fassent au lieu de nous balancer des albums avec des pochettes moches. Dans un monde idéal cette chanson serait un tube, une fois entendu impossible de ne pas se repasser dix fois le morceau, on se sent pris d'un rush d'euphorie, on perd dix ou quinze ans d'un coup et on retrouve nos premiers émois adolescents. D'un coup plus rien d'autres ne compte et on est happé par cette putain de chanson pop aussi simple et directe que réussie. Le titre tient sur rien, un riff de guitare simple mais géniale, quelques accents de voix glam à la Milk N Cookies et nous voilà accroc. Melton trouve le moyen de refaire le coup deux-trois morceaux plus tard à la fin de la face A avec le tout aussi incroyable Waiting for your call. Impossible de ne pas succomber au gimmick de guitare sur le refrain et au petit "oho" de circonstance. Vous ne pouvez pas savoir à quel point j'ai envie de passer ce morceau en soirée et voir comment les gens vont réagir. J'imagine que ça peut donner un truc cool, c'est tellement immédiat, simple et en même temps Melton trouve le moyen de doser cela avec le bon équilibre pour que la sauce prenne. Il y a des groupes qui cherchent le tube et veulent le provoquer à grand coups d'effet de manche, et puis il y a des Melton qui semble les trouver sans l'avoir réellement voulu, avec Warm Soda tout semble aisé et couler de source, c'est très fort.

La face B n'est pas portée par deux tubes de la trempe de Someone for you et Waiting for your call mais propose 6 titres d'excellente facture et peut être plus conforme avec ce que l'on attendrait d'un groupe se revendiquant glam et powerpop. A vrai dire cette face est globalement un peu meilleure que la première, les titres s'enchainent parfaitement et Warm Soda arrive encore à nous surprendre avec quelques très belles réussites. Diamond Ring envoie la sauce à fond, 1m23 pour faire le débile sur un titre glam bien nerveux. Only in your Mind renoue avec les racines powerpop de Milk n Cookies et The Quick, au moins pour les inclinaisons précieuses mais salaces de la voix de Melton. Busy Lizzy est peut être un peu moins évidente que les tubes de la face A mais bon nombre de groupes actuels de powerpop en ferait l'un des temps forts de leur set. Le disque se ferme sur deux excellentes chansons, les super Sour Grapes et Lola. Le solo de Lola est grandiose de dégoulinant il conclue le disque avec panache nous laissant aussi vidé qu'heureux d'avoir pris dans la gueule ces douze chansons.

Le premier album de Warm Soda va en laisser un certain nombre sceptique, mais il peut aussi servir la cause powerpop et plus généralement la pop à guitare. A-t-on entendu en 2013 de chansons pop aussi réussies et immédiates que waiting for your call ou someone for you ? Bon je retourne les écouter une bonne dizaine de fois avant de m'en aller affronter les métros parisiens le sourire aux lèvres et l'esprit léger. On peut espérer de belles choses du coté de la powerpop pour 2013 (Virals, The Cry!, Crusaders of Love, Cold Warps etc.) !











dimanche 14 avril 2013

Virals - Strange Fruit EP (2013)

Virals a déjà eu les honneurs de figurer dans les colonnes de RPUT à travers un excellent single paru l'année dernière chez le label SEXBEAT et acheté à la période du RSD à la boutique Rough Trade éphémère.Strange Fruit EP nouveau 4 titres (en 7 pouces) sort chez Zoo Music (label géré notamment par Dee Dee des Dum Dum Girls et son amoureux dans Crocodiles) et on est toujours aussi fan de la musique de l'intéressé !

Pour ceux qui avaient suivi les précédentes productions de l'intéressé pas de révolution annoncée. Virals reste définitivement une sorte de rejeton de Teenage Fanclub et Pavement. Des premiers il garde les mélodies pop, les petites harmonies marmonnées, les guitares aussi lumineuses que crasseuses. Des seconds il prend l'attitude slacker et le goût pour la production bancale lo-fi (mais malgré tout puissante et rentre dans le bide). On pense évidemment à quelques formations actuelles qui remettent à l'honneur les 90s comme Yuck, Paws, et surtout la pop musclée de Big Troubles sur son dernier album. 

Les 4 titres ont tous des potentiels de face A mais deux morceaux émergent en particulier et sonnent comme des putains de tubes powerpop passée à la moulinette 2013. "Heartbreaker" illumine totalement la face A, une superbe composition pop avec des mélodies de guitares à tomber, et un refrain qui malgré son évidence n'a rien de convenu. "Lola" n'est pas la petite amie de Ray Davies mais un autre magnifique tube powerpop, un morceau enjoué et brillant. Même si les deux autres titres ne sont pas aussi accrocheurs ils n'en restent pas moins de premier choix et presque aussi excitants, ils feraient déjà un très solide single mis ensemble.

Soyons fou ! Faisons de Virals un chouchou pour 2013. Prenons nous à rêver ! Et si la powerpop faisait un retour inespéré dans le cœur des amateurs de musique ? Et si Teenage Fanclub devenait aussi cool que Joy Division dans la presse spécialisée ? Du fantasme peut être, mais avec des disques comme ça , on se prend au jeux et on se dit qu'un tel avenir et possible, il y a en tout cas la bande son qui va avec. Des chansons aussi fraîches qu'excitantes, qui du rock prennent la puissance et de la pop ses fulgurances mélodiques.





vendredi 12 avril 2013

Maston - Shadows (2013)

On parle beaucoup ces temps-ci du petit génie Jacco Gardner dont le premier album convoque avec beaucoup d'aisance le spectre de la pop psychédélique anglaise d'un Syd Barrett, de Tomorrow et de bien d'autres fantômes des compilations popsike. Cependant un de ses collègues de label (Trouble in Mind, dont le catalogue est souvent remarquable et régulièrement mentionné ici) m'impressionne d'avantage, l'américain Maston.  

Frank Maston était inconnu de nos services avant Shadows, le disque nous a pris par surprise. Sa pochette est sobre mais invite à une certaine rêverie, elle accompagne parfaitement la musique inspirée de l'américain. On trouve chez Maston des airs de pop californienne baroque 60s, du Beach Boys ou du Smoke, mais aussi des accents de western spaghettis mis en son par Ennio Morriconne (des discrètes guitares surf, des mandolines etc.). Mentionnons aussi des appels du pieds sous acide à la production de Phil Spector. Loin d'être une course à la plus jolie citation Maston construit à partir de cette matière première qu'il sculpte comme de l'argile un disque élégant et intrigant.

En moins de 30 minutes dont trois instrumentaux (le morceau d'ouverture "Strange Rituals" et la doublette "King Conrad" et "Flutter") Maston développe un univers aussi attirant que mystérieux. Les arrangements sont délicats et obliques, ils portent les chansons sans jamais les noyer dans le pathos. Les mélodies, les voix semblent s'échapper d'un rêve (à moins qu'il ne s'agisse d'un cauchemar). Elles s'insinuent dans le cerveau et à travers le sang remonte jusqu'à l'âme. Si les morceaux étaient initialement sorti sous la forme d'EP ensemble ils prennent une signification nouvelle construisant une cathédrale sonore comme mélodique dont la tour émerge du brouillard ambiant. 

Maston signe avec Shadows un album fascinant au parfum d'inconnu. Si l'américain convoque nombre de spectres et références intouchables, il arrive à en extraire une matière sonore inédite et terriblement excitante. Ne passez pas à coté du plus beau disque de pop ouvragée de ce début d'année.



mercredi 10 avril 2013

Regal - Misery, Redemption and Love (2012)

Regal on avait adoré leur premier album ici même, on les avait même interviewés pour l'occasion, l'annonce d'un second album chez le très recommandé label Azbin Records était une excellente nouvelle, on a enfin pu l'écouter.

Misery Redemption and Love creuse le sillon de Possible Endings, les français continue de mélanger avec bonheur le garage-rock crasseux des Black Lips avec une certaine idée de la country et du folk. Chez Regal tout cela sonne avec beaucoup de naturel, et met en valeur un songwriting bien plus fin qu'il n'y parait. Bien sûr le groupe ne néglige jamais son background "punk" avec des morceaux puissants et enlevés, la première face démarre sur un "scarcity" bien arrache-gueule, "MHD" enfonce le couteau dans la plaie tandis "Young & Reckless" avec sa guitare enjouée rappelle les meilleures heures des excellents Goodnight Loving.  Les lyonnais savent aussi baisser le tempo et signer des balades de cowboys solitaires perdus dans les rues désertes d'une grande ville. On se laisse porter par l'onde rassurante du magnifique "river road" titre folk/country sublime et terriblement sincère. "Sorrow" est une autre grande chanson, les chœurs du refrain emporte l'âme loin des rivages de la terre. Sur "Unveiled" Regal tente un truc, une construction presque psychédélique, voir prog ou kraut (enfin vous voyez l'idée?) mais mâtinée du son Regal (garage/country), le résultat est une agréable surprise, ce titre conclue de très belle manière un disque au moins aussi réussi que leur premier.

Regal, on ne le répétera jamais assez est une des plus belles formations de garage-rock en France, leurs disques sont vraiment parmi les meilleurs productions du genre, peut être parce que leur sensibilité folk/country est assez unique dans le paysage musicale français. Elle rapprocherait Regal de formations nord-américains comme les géniaux Reigning Sound ou les très bons Indian Wars. Misery Redemption and Love est un disque varié alternant entre violence maitrisée, énergie punk, et passages d’accalmies. La force de Regal réside peut être dans cet équilibre et leur capacité à être pertinents dans tous ces registres. 

On peut acheter le disque sur bandcamp.


jeudi 4 avril 2013

Forever Pavot - EP (2013)

Forever Pavot, derrière cet étrange nom se cache Émile (également membre d' Arun Tazieff) un musicien seul armé de ses machines et instruments de musique. Initialement paru sur un 45 Tours très limité (à 50 copies), Frantic (Combomatix etc.) , label fondé à La Rochelle mais installé à Bruxelles réédite l'EP agrémenté de deux nouveaux morceaux dans une édition à trois cent exemplaires.

Le 45 tours s'ouvre sur des percussions baignées dans la reverb', une grosse fuzz liquéfie le cerveau pendant que des chœurs dans une langue inconnue (ou disons non-identifiable) contribue à plonger l'auditeur dans une cérémonie occulte psychédélique. On s'imagine en Peter Fonda prenant un acide dans The Trip. 
Palestine est une sorte de drone autour de synthétiseurs analogiques. Sur une note légèrement modulé par l'oscillation Émile construit une mélodie simple mais intrigante, le fond sonore par touche contribue à napper ces 1 minute et 38 secondes d'un halo de mystère. J'imaginerais assez bien ce morceau dans un giallo ou une série B d'horreur.  

Le Pénitent le Passe fonctionne autour d'un clavecin et une guitare fuzz agrémentés de quelques phrases de guitares passées à la bande inversée. L'ambiance a quelque chose du thème du Messager de Michel Legrand.
On termine sur Sable Mouvant, peut être mon morceau préféré des 4. On retrouve l'ambiance noire et malsaine déjà à l’œuvre dans Christophe Colomb, le mellotron est sublime, la rythmique bancale évoque le premier 45 de Jacco Gardner tandis que la basse au médiator pourrait être  dans une production chatoyante pop française des 60s et 70s (Gainsbourg en tête).

Ce premier EP est un disque intrigant et très addictif. Chaque écoute révèle des détails de production. Les 4 titres sont une fenêtre sur l'imaginaire, ils évoquent de prestigieux travaux sans jamais les pasticher ou en devenir de trop tributaires. Le travail sur le son est exemplaire, à la fois versé dans le vintage mais avec une approche tout à fait contemporaine. L'usage des voix est également intéressant, elles deviennent matière sonore, se fondant dans l'instrumentation, contribuant à cette ambiance nébuleuse très réussie.



achat sur Frantic City (également via Bandcamp) et chez votre disquaire favori !