mardi 22 mai 2012

Cleaners from Venus - Midnight Cleaners (1982)

Sur RPUT on aime alterner entre oldies et groupes actuels, je déroge un peu à ma règle qui consiste à ne pas enchainer deux disques du passé de suite pour ce magnifique album des Cleaners from Venus intitulé Midnight Cleaners et initialement sorti en 1982. Il vient d'être réédité dans un chouette coffret (vinyle ou cd) chez les toujours fiables Captured Tracks et avait été précédemment réédité sous forme de cassette chez les non moins géniaux Burger Records dans son format d'origine: une cassette, les deux labels ont réédités d'autres disques du groupe également très recommandés (6 autres albums en tout).

Cleaners from Venus est principalement un duo formé de Lol Elliot et Martin Newell , ce dernier a également enregistré en solo de nombreux albums dont un produit par Andy Partridge (d'XTC!). Midnight Cleaners est leur troisième album, et est donc sorti à l'époque en cassette distribuée "à la main" par les intéressés lassés du système classique. A l'époque la culture cassette est très active en Angleterre, et beaucoup de disques sortent uniquement dans ce format particulièrement populaire pour la musique expérimentale, les meilleurs ont notamment été compilés dans certains volumes des Messthetics. Cleaners from Venus ont des aspects expérimentaux mais le cœur de leur musique est résolument pop, de la pop assumée et superbe aux guitares jangly absolument délicieuses. 
Ils ont malgré tout un son typiquement anglais on pense à XTC, Kinks ou Blur sur A Wretched Street, à 10cc sur Wivenhoe Bells (II) mais aussi parfois les Byrds (oui ils ne sont pas très anglais eux) comme par exemple sur Factory Boy , Time in Vain ou l'absolument géniale only a shadow. Ces références ne doivent pas faire des Cleaners from Venus des revivalistes, la boite à rythme amène une touche passionnante et fascinante à leur musique, elle évite aux intéressés d'être tentés de sonner à l'identique pour mieux se concentrer sur l'écriture de vraiment bonnes chansons qu'ils savent arranger avec beaucoup de finesse malgré des moyens dérisoires (les disques sont enregistrés sur un 4 pistes à la maison). Dans les titres moins ouvertement marqués par ces références on notera la curieuse corridor of dream, le piano a quelque chose de presque housy, ou alors disco-funk dans le style Change / BB&Q Band , mais la voix est irrémédiablement anglaise et pop , le résultat est étonnamment cool et frais.

Si l'on use et abuse du terme de "trésor caché" je crois que l'on peut évoquer ce terme sans trop se tromper en ce qui concerne les Cleaners from Venus, plus qu'une curiosité, voilà un excellent groupe de pop qui enregistraient des pépites bricolées avec trois bouts de ficelles. Leur discographie riche est une plongée sans fond dans une abysse de mélodies délicieuse, un pied dans le passé (une écriture gracieuse et élégante) et dans le présent (mise en forme moderne et débrouillarde) dont les Cleaners from Venus ont su faire une synthèse remarquable et profondément originale. 

Achat: LP / CD (Boxset) / Cassette




vendredi 18 mai 2012

Les Coronados - N'importe Quoi (1984)

Il y a un ou deux ans j'ai lu l'ouvrage dirigé par Manœuvre sur le rock français, une grosse déception. C'était donc ça le rock en français? Vraiment? J'ai bien peur de ne pas souvent m'y retrouver dans ce bouquin et pourtant, j'ai qu'une envie: défendre notre langue face à une horde de snobs convaincus que français et rock sont incompatibles.

Plutôt que me lancer dans une diatribe contre cette opinion aujourd'hui fort en vogue y compris chez les "décideurs" (par exemple les mecs qui organisent des événements aussi chiants et peu représentatifs que les Victoires de la Musique) je vais vous parler d'un groupe qui me tient particulièrement à cœur: Les Coronados. Dans mon panthéon personnel quand il s'agit de conjuguer violence avec élégance en français dans le texte au coté des Olivensteins ou Marie et les Garçons (deux autres groupes absolument fabuleux déjà évoqués ici). 

Pour le moment j'ai pas trop eu le temps de me pencher dans leur seconde salve "un Lustre" mais je commence à avoir bien rôdé leur premier album N'importe Quoi sorti en 1984 chez Romance. On ne va pas vous raconter d'histoires: voilà un des meilleurs disques de rock n roll que l'on puisse trouver dans la langue de Joachim du Bellay. 11 brûlots vont vous prendre au plexus vous secouer puis vous relâcher en miette explosés sur le sol en confettis.

Pour situer je dirai que les Coronados pratiquent le garage-rock, mais pas un garage-rock respectueux de la tradition de papa, non un truc violent agressif, et foutrement jouissif. Le chant est languissant, trainant et particulièrement nonchalant, le vocabulaire est simple et sans effet de manche, les Coronados font beaucoup plus avec moins, ils multiplient les pains (dans la gueule) avec trois mots bien sentis. Ils n'ont pas besoin de s’embarrasser d'un vernis prétention littéraire pour épater la galerie, ils ne sont pas là pour ça, ont dépassé ce stade pour envoyer du rock n roll, viscéral et sincère. Derrière le chanteur c'est une orgie de guitare, mais pas de la gratte à papa et du solo de tonton façon Clapton, non de l'énergie en fusion, des amplis au son clair chauffés à blanc, pas de saturation grassouillette, régime protéiné avec la dose de réverb' qui faut pour que tu te sentes bien. Les Coronados envoient du bois, ils sont violents mais toujours avec grâce et un sens de l'économie qui les honorent. Les guitares sonnent merveilleusement bien et les mecs derrière savent s'en servir, les soli sont toujours courts, brefs mais surtout intenses. Ils agissent sur le cerveau comme une drogue qui te rend fou et agressif. Les Coronados ont définitivement un son sur N'importe Quoi, un truc bien à eux avec les guitares bien en avant, une production moderne mais sans gadget. Ils ont le son, et dans 20 ans ce disque continuera de sonner comme maintenant à savoir une dose de charge de rock n roll classieux.

La reprise de Chilton par les Coronados (non présente sur l'album mais d'un EP précédent), est peut être un indice sur leurs inclinaisons personnelles, il relève un besoin de brouiller les pistes, de s'inscrire dans un rock n roll agressif encrée dans une tradition pour mieux la tordre et lui rendre de sa subversion initiale. Plutôt que de faire allégeance aux années 50s 60s, les Coronados reprennent les armes pour les dévier, les pervertir et les raviver comme jamais. 27 ans plus tard, ce disque sonne brillamment, il n'a pas perdu de sa verve, et son venin est encore capable d'empoisonner quelques esprits égarés. Des Coronados je ne sais pas grand choses, de Limoge, rencontrés en prépa d'ingénieur, montés à Paris et intégrés à la scène bouillonnante de l'époque (Didier Wampas prendra à son tour les armes en entendant "revanche" il parait) ils n'en sont pas moins l'un des plus beaux exemples de groupes de rock en français, tout simplement parce qu'ils sont uniques et sonnent comme eux-mêmes.


Les Coronados - j'en veux, j'en veux plus

mardi 15 mai 2012

Virals - Magic Happens 7' (2012)

Virals est le nouveau projet de Shaun des Lovvers, un groupe anglais assez cool maintenant splitté. J'ai leur album quelque part ce serait peut être l'occasion de se l'écouter...

Vendu comme une "double A-side" (les anglais semblent adorer les doubles faces A) ce premier 45 tours (suivi prochainement d'un EP 12 pouces chez Tough Love) ne ment pas sur la marchandise, les deux faces sont excellentes avec une préférence en ce qui me concerne pour la face B "comes the night" et ses faux airs de Teenage Fanclub. Pour situer on est dans un registre qui va de Let's Wrestle en passant par Big Troubles, Mazes, voir Pavement, du rock-indie qui fleure bon les 90s avec cette petite touche powerpop délicieuse et addictive (et qui séduit mon cœur en chamallow)...

Virals est le genre de maladie que l'on aimerait bien attraper plus souvent et pour lesquelles il n'est pas utile de prendre de médicament, vivement d'autres disques, chez Sex Beat (qui sort prochainement un 45 de White Fence si j'ai bien suivi) ou d'autres labels!

 achat: Sex Beat /

dimanche 13 mai 2012

Kelley Stoltz - 2 imaginary girls 7' (2012)

Les Disques Steak (Last Rapes of Mr Teach, Les Bellas etc.) nous reviennent par l'intermédiaire d'un superbe 45 tours de Kelley Stoltz, que l'on pourrait qualifier de parrain de la fantastique scène de SF (Ty Segall, Sonny and the Sunsets, Oh Sees etc.).

Pour tout dire j'étais totalement passé à coté de ce mec jusqu'à voir récemment son nom cité dans Noise, et depuis le croiser ici et là. Le 45 chez Steak est donc pour moi une première et je dois dire que je suis comblé. Ce single est une des plus belles sorties de cette année 2012. Les deux chansons portent des titres de filles, Caroline semble vouloir se déhancher dans un club Glam au son du boogie de T Rex (le riff a un faux air de "get it on") tandis que Marcy apprécie d'avantage les ambiances boisées et feutrées d'une guitare acoustique et d'un discret mellotron. L'une et l'autre se complètent et forment un couple foncièrement pop lié par la voix cajoleuse de Kelley qui a quelque chose de Sonny (and the Sunsets) même si je devrais plutôt dire l'inverse.

Kelley Stoltz signe un super 45 tours que je vous recommande vivement d'acquérir surtout si vous êtes un amoureux de la musique pop faite dans les règles de l'art, de mon coté je me suis aussi pris son dernier album chez Sub Pop héhé.

achat: Les Disques Steak / Born Bad


vendredi 11 mai 2012

Allah-Las


Nick Waterhouse excite la sphère musicale anglo-saxonne depuis l'année dernière, à tel point que ses deux premiers 45 s'en vont pour des sommes astronomiques sur eBay (la preuve). Il a également produit un groupe de garage les Allah-Las qui pourrait connaître le même sort. A ce jour ils ont sorti deux 45 tours 7 pouces ainsi qu'un split single avec le sus-nommé Waterhouse sur un très original 8 pouces.

Catamaran leur premier single est à ce jour leur plus grande réussite. S'inspirant de Night of the Sadist de Larry and the Blue Notes (youtube) le titre développe un garage-rock aux accents folk super réussi. La production est vraiment très 60s avec des guitares au son superbe! La face b long journey est une reprise de The Roots, un morceau de 1965 (youtube) que les excellents Frowning Clouds jouaient (jouent?) également.

Tell me (what's on your mind) est le second 45 des Allah Las, il bénéficie d'un clip très 60s (youtube). Un peu moins accrocheur que Catamaran ce morceau n'en reste pas moins une excellente sortie, et toujours ce superbe son garage-folk qu'assez peu de groupes pratique en fait. En face B un instrumental, que j'ai un peu la flemme d'aller écouter là.

Dernière sortie à ce jour: le split single  entre Nick Waterhouse et Allah-Las, déjà sold out. Si j'ai bien compris le concept, il s'agit de la même chanson (Don't you forget it) sur les deux faces mais chacun y amène sa sauce: RnB cuivré très fifties pour Waterhouse et toujours ce son twangy-garage circa 65-66 pour les Allah-Las. Ce 8 pouces est excellent et laisse envisager un excellent album même si en définitive jusqu'ici Catamaran reste le meilleur morceau de la formation à ce jour. 

achat: Innovative Leisure










mercredi 9 mai 2012

Household - Items (2011)

De nombreuses fois par le passé j'ai eu l'occasion de vous entretenir des diverses bonnes découvertes faites chez les disquaires. Items de Household est une des dernières en date et elle est plutôt cool.

Essayer de chercher des infos sur le groupe dans un moteur de recherche ne donnera pas grand chose, en tout cas je peux vous dire qu'il s'agit d'un groupe de Brooklyn composé a priori surtout de filles et qu'il s'agit de leur premier album. Sur Items le groupe balance 9 titres sans nous laisser le temps de souffler, je crois que ça ne doit pas dépasser les 20 minutes au compteur, et chaque morceau ne s’embarrasse pas de superflu. Le son du groupe fait largement pensé au post-punk rehaussé d'harmonies de Grass Widow. L'approche de Household est un peu plus directe et moins abstraite mais on garde cette bonne habitude des guitares anguleuses et rappeuses ainsi que ces voix célestes, idéal contrebalancement à une instrumentation plutôt aride et minimale. 

Peut être qu'Items manque d'un peu de la finesse de Grass Widow mais Household compense avec une bonne dose d'énergie et signe un premier album qui sans être indispensable est une excellente surprise et donne envie d'emprunter les prochaines traces discographiques de la formation.

achat: Dull Knife Records


Household - Go Away