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lundi 3 septembre 2018

Achats Récents #20 post-disco/funk/boogie


The Ritchie Family est un trio féminin de chanteuses originaires de Philadelphie. Le groupe est surtout une création des seuls et uniques Jacques Morali et Henri Belolo: au milieu des années soixante dix les français s'intéressent au disco et montent cette formation de toute pièce en castant trois chanteuses. The Ritchie obtient ainsi un énorme succès avec une reprise de Brazil extrait d'une comédie musicale. Le duo français par la suite formera... les Village People ! Au début des années 80 le disco est en perte de vitesse et les producteurs français confient la destinée de The Ritchie Family à un autre duo européen: le Français Jacques Fred Petrus et l'Italien Mauro Malavasi alors au sommet de leur carrière avec des projets comme Change et BB&Q Band. J'avais toujours vu Ritchie Family comme un groupe euro-disco cheesy (et je pense que ce n'est pas nécessairement faux sur la première période) mais en tombant sur youtube (hé oui découvert grâce aux algorithmes...) sur I'll Do My Best j'ai pris une petite claque. Ce morceau est super élégant, la production somptueuse. Encore une fois, impossible de ne pas ressentir l'influence de Chic chère au duo Petrus-Malavasi mais prolongée dans une perspective définitivement plus 80s (le morceau est de 1982): tempo plus lent, basse funky synthétique, arrangements subtiles et presque aériens. Pour ne rien gâcher, le 45 tours est vraiment facile à trouver, une semaine après avoir découvert le morceau je l'achetais en vinyle pour une somme dérisoire. Quand on commence à avoir beaucoup de disques, il est rare d'avoir encore ce genre de surprise. La version 45 Tours est un édit bien fait de la version 12 pouces ci-dessous.


Les Whispers, groupe de soul de Los Angeles, ont déjà été évoqués sur ce blog à travers un excellent morceau de 1970. Comme je le mentionnais à l'époque, la formation est surtout connue pour sa production de la fin des années 70 - début quatre vingt et notamment le fameux And The Beat Goes On. Ce morceau est tellement connu que rien qu'en citant le titre vous devriez entendre la mélodie. De la même époque mais un chouïa moins connu (mais ça reste un énorme standard): It's a Love Thing. Que dire sur cette chanson ? évidente, classique, certes... mais cela reste une énorme balle avec un groove hallucinant. Un petit mot sur le label SOLAR (pour Sound Of Los Angeles Record), je pense qu'il contribue à définir le son de la première moitié des années 80 en matière de dance music/ R&B/disco. Fondé en 19 par Dick Griffey, un collaborateur de l'émission Soul Train, le label californien enquille les classiques dans la première moitié des années 80 avant de décliner. Parmi mes favoris citons Dance With You de Carrie Lucas, Friends de Shalamar ou Midas Touch de Midnight Star.  


J'avais tendance à associer Evelyn Champagne King surtout à son classique disco Shame découvrir Love Come Down , un autre de ses grands tubes (avec aussi I'm in Love) a été un petit choc. Cinq ans sépare les deux morceaux et ils tracent assez bien les évolutions de la musique disco/r&b sur la période. Love Come Down est une merveille de précision associant une production très synthétique (boîte à rythme, basse funky au moog, claviers...) à un groove destructeur. Love Come Down est un vrai marqueur de son époque et du virage fait par la dance music dans les 80s. Il consacre aussi son producteur: Kashif, malheureusement décédé en 2016 à quelques semaines d'intervalles d'un autre grand de la dance music (Rod Temperton).  


Il était trop tentant d'évoquer Rod Temperton juste après Kashif. Le musicien anglais se fait connaître avec le groupe Heatwave, auteur notamment de l'immense classique Boogie Nights qui fait parti de mes morceaux disco favoris. La formation contribue à l'émergence d'une scène au Royaume Uni connue sous le nom de Brit Funk, il est très probable que je revienne là dessus un jour prochain si j'ai le courage de m'y mettre ! Revenons à notre 45 tours. Il est donc écrit par Rod Temperton pour Quincy Jones avec Patti Austin au chant. Razzamatazz est extrait de l'album The Dude comme un autre classique de Quincy: Ai No Corrida. Même si cette dernière a eu plus de succès, j'ai une préférence nette pour Razzamatazz et je pense que Rod Temperton n'y est pas étranger. Elle évoque un autre classique du compositeur anglais (Give Me the Night de George Benson) avec quelque chose de plus élégant, notamment ce refrain sur le fil des plus aristocratiques. La paire Rod Temperton/Quincy Jones est une dream team du début des années 80. Les deux collaborent en effet sur deux albums de MJ (Off The Wall et Thriller) mais aussi sur Light Up The Night le classique des Brothers Johnson (porté par le single Stomp co-écrite par le Britannique avec le groupe et produite par l'Américain) . 


Chemise était un couple à la vie: Ricki Byars et Ronald Muldrow. Les musiciens, surtout de de jazz (Ricki Byars a chanté avec Pharoah Sanders par exemple), ont sorti un unique single sous ce nom en 1982. She Can't Love You est particulièrement intéressante dans sa manière de placer la basse par rapport à la rythmique avec un léger décalage créant un groove très particulier et cool. L'ensemble est à la fois très dansant mais avec une petite pointe de mélancolie. La production est également captivante: un poil plus lo-fi et moins ample que celle des 4 autres morceaux de cette sélection par exemple. 
 

mercredi 4 octobre 2017

Achats Récents #16 Funk & R&B

Il était temps de revenir à nos achats récents ! J'ai essayé de trouver une thématique sur ces 4 simples achetés entre juillet et septembre 2017 aux puces de Clignancourt (tous les disques sauf un) et à Born Bad (le troisième). 

Enregistrés entre 1967 et 1969 ces quatre 45 tours expriment bien la transition entre R&B et Funk. Si le second découle clairement du premier et en conserve l'instrumentation (importance de la batterie, la basse, usage des cuivres pour souligner), il en est finalement assez différent car ils n'accentuent pas sur les mêmes temps: premier pour le funk, deux et quatre pour le R&B. En dansant les morceaux il est facile de ressentir le changement, en effet le placement de l'emphase va vous conduire à choisir de taper du pied sur une partie différente de la mesure, par exemple plutôt la grosse caisse ou la caisse claire. Un autre changement se profile aussi dans ces disques: le passage du format chanson vers une structure plus proche de l'improvisation, la transe et la boucle. 
Dans la soul et le R&B de la première moitié des années soixante, la structure couplet refrain domine largement, James Brown est certainement l'un des premiers à s'en affranchir dans la seconde partie de la décennie. Les morceaux ainsi créés semblent ainsi pouvoir durer indéfiniment, maintenant l'intérêt de l'auditeur par des variations, notamment rythmiques. Le rôle de James Brown va ainsi évoluer, d'un chant classique et structuré autour d'un texte vers quelque chose de l'ordre de l'exclamation et son infinité de nuance. Il positionne le chanteur dans une autre dynamique, plus proche du maître de cérémonie que de l’interprète que l'on vient voir et écouter. La voix devient alors un instrument à part entière dont on recherche l'effet percussif mettant en valeur le rythme plutôt que le texte ou les accords. 
Le funk aura, sans surprise, une influence déterminante sur les musiques modernes, notamment sur le rap et les musiques électroniques (house, techno, jungle etc.) dans lesquels la notion de boucle est centrale et plus importante que la construction autour d'accords. Le genre connaît plusieurs phases, une première, avant l'apparition du disco, crue et sèche, avant de venir à des formats plus pop, à la suite du raz de marée four to the floor, dans les discothèques. Nous nous intéressons aujourd'hui à cette première période.


Honneur au maître James Brown. Si l'intéressé a eu des périodes moins glorieuses (honnêtement living in America c'est pas foufou), au sommet de son art son groupe et lui étaient fantastiques. Dimanche dernier j'écoutais une pile de simples aux puces, je place I Don't Want Nobody to give me nothing (1969) sur la platine, en dix secondes je sais que je veux ce disque. On notera l'accentuation funk prononcée sur le premier temps avec un crash et parfois même des notes de cuivres qui ressemblent à une boucle de rap prête à l'emploi. Ainsi James Brown t'attrape immédiatement et en quelques mesures la messe est dite: tu tapes du pieds. J'ai parfois tendance à oublier à quel point les bons morceaux de James Brown sont vraiment bons et d'une dynamique incroyable. La sensation est difficile à rendre à l'écrit: de l'ordre du viscéral, ça balance. Un grand monsieur indéniablement. 




Marvin Holmes & The Uptights ont sorti un unique album en 1969 sur UNI. Il a bénéficié d'un pressage français de même que deux 45 tours du groupe: Ride Your Mule et Ooh Ooh the Dragon, le tout chez Maxi. Je serais curieux de savoir comment ont ces disques ont pu bénéficier d'une édition française, en effet il n'en n'existe pas d'anglaise par exemple ! J'ai malheureusement assez peu d'informations à vous donner sur le groupe, à commencer par sa région ? Peut-être que l'un de nos lecteurs saura nous renseigner ? Sur Marvin Holmes je peux néanmoins vous dire qu'il a également sorti deux albums supplémentaires avec The Justice et un en solo. Ride Your Mule (1968) est en tout cas une petite pépite funk bien relevée dont les cuivres me font penser à Funky Nassau de The Begining of the End ! Encore une fois la chose est construite un peu n'importe comment, prétexte à une débauche de batterie des plus jouissives et des incantations de voix enthousiastes. Qui s'en plaindrait ? pas moi !


Harvey Scales and the Seven Sounds est un groupe de R&B/funk de Milwaukee actif entre 1961 et 1975. Ils ont sorti 11 simples (et aucun album) en 8 ans (entre 1967 et 1975) notamment chez Chess Records. Get Down (1967) est le premier d'entre eux, il est paru chez Magic Touch aux USA et a été pris en licence par Atlantic dans trois autres pays (qui distribuait néanmoins le 45 tours aux USA via ATCO): Canada, UK et France. Seul un autre 45 tours du groupe a été publié en dehors des États Unis et encore une fois ce fut en France.  Notre pays avait-il un goût particulier pour cette musique ? Get Down exprime bien pour moi la transition entre R&B et funk, je le classerais plutôt spontanément dans la première catégorie d'ailleurs même si l'on perçoit clairement l'influence de James Brown. Le morceau me fait aussi penser à Land of 1000 Dances de Wilson Pickett notamment dans l'usage des cuivres sur certains passages... Quoi qu'il en soit un excellent morceau, super pêchu et dynamique !



Finissons par la plus grosse curiosité de la sélection: Alan Shelly. Il s'agit du pseudonyme d'Alain Deloumeaux, un chanteur vraisemblablement d'origine guadeloupéenne (voir les commentaires de cet article de Vivonzeureux). Le musicien a également participé au groupe Malinga Five. Sur ce 45 tours il est probablement accompagné par Manu Di Bango qui co-signe la face B avec Davy Jones (loin d'être un inconnu des diggers français). Can You Do It est une excellente tentative R&B pas si éloignée que ça de Jess & James par exemple. Encore une fois je pense aussi à Land of 1000 Dances peut être à cause de l'énumération de danses comme le boogaloo ! Si vous avez des infos complémentaires, n'hésitez surtout pas à les poster en commentaire.


mercredi 28 juin 2017

Achats Récents #11

Je triche un peu, j'ai ressorti quelques disques plus anciens en plus d'achats très récents, l'occasion de faire une session 100% seventies !

The Atomic Crocus est probablement un groupe de studio monté spécifiquement pour cette sortie, la seule attribuée à la formation publiée en 1974. Il s'agit également de l'unique production de l'ambitieux label Daffodils International Records. Les plus attentifs noteront la thématique fleur entre crocus et jonquilles. Pas grand chose à dire sur la face A, de mémoire un slow pas franchement mémorable. L'intérêt du 45 tours réside dans la Face B, un excellent instrumental funky au tempo modéré à la production soignée. Un clavinet répond à une guitare en cocotte, un rhodes en arrière fond et bien sûr la mélodie principale jouée au synthé ! Le morceau est signé Bernard Estardy, un nom bien connu des collectionneurs pour les nombreuses raretés de qualité qui parsème sa discographie, notamment le fameux La Formule Du Baron qui s'échange dans les 100 euros...Au delà de ses productions propres, Bernard Estardy est une figure de l'ombre de la variété des années 60 et 70. Il démarre sa carrière dans le backing band de Nancy Holloway au coté d'un certain... Nino Ferrer. Il accompagne ensuite ce dernier à l'orgue dans les années 60 ainsi que sur les deux 45 tours des Gottamou. Co-fondateur du studio CBE il travaille avec la crème de la variété de l'époque de Claude François (et aussi), en passant par Françoise Hardy ou... Carlos ! The Ombilic Contact a notamment été compilé sur la première Cosmic Machine en 2013.


Information sur ce disque: le narrateur est Pierre Hégiel, le disque a été publié par le Reader's Digest en 1974 et se nomme Mais La Stéréophonie Qu'est-ce que C'est ? Et...c'est tout ! Globalement une curiosité avec des protocoles de test de stéréophonie sur la face B et une évocation de l'intérêt de cette dernière à travers des effets sonores (ping pong, train...) et la musique...classique. C'est tout ? Pas tout à fait, il y a environ une minute de jerk vraiment cool à partir de 4,30 (la seconde vidéo reprend le passage intéressant). Très frustrant mais néanmoins une curiosité comme on les aime non ?


Pierre Vassiliu réserve souvent de bonnes surprises. Sans connaître l'intéressé je l'imagine cultivé et aimant sincèrement la musique. Après Film que nous évoquions il y a quelques mois voici une autre face B qui me plaît beaucoup même si elle n'est peut être pas aussi culte que le morceau qui accompagne Qui c'est celui-là ?. En avant les petits enfants est une jolie chanson pop aux arrangements délicats (guitare sèche, électrique, percussions...). Très bien enregistrés (par Raymond Donnez qui a aussi bossé avec Cerrone par exemple), les chœurs apportent un beau relief à la composition de Vassiliu autour d'une structure d'accord très jolis. Pas si éloigné que ça de CS&N dans le style coté folk californien ensoleillé ou pour se rapprocher de nous, une version un peu plus variété des propositions d'Ilous & Decuyper ou Darras & Desumeur.  


Juan Carlos Cacérès est un musicien d'origine argentine. Après avoir étudié les Beaux Arts il s'établit à Paris en 1968. Au début des années 70 il publie deux albums avec Malon et sort un 45 tours sous son nom (celui que nous découvrons): Contigo Mi Vida avec en face B Rompe Con Todo enregistré à Mexico par le seul et unique Alain Goraguer (collaborateur de France Gall et bien d'autres !). Le premier album du chanteur sort sur Celluloïd en ... 1993. Dans les années 2000 il rejoint le label fondé par Eduardo Makaroff (Mano a Mano, Gotan Project). La face A ne présente pas d'intérêt particulier, en revanche Rompe Con Todo est une excellente surprise: un titre de latin-rock groovy typique de son époque (et très cool dans le genre) entre Santana des débuts (Oye Como Va, Evil Ways...), Titanic (Sultana), War ou encore Malo (suavecito). 


lundi 26 juin 2017

Achats Récents #10

Après une semaine de pause, le retour tant attendu de la rubrique ! Une spéciale musique instrumentale française pour bien démarrer la semaine !


Je n'ai pas énormément d'informations sur Jacques Hendrix et son Orchestre si ce n'est qu'il est connu pour avoir lancé la danse Le Climb. Il a également participé à d'autres orchestres comme les Barclay (avec Christiane Legrand, Jacques Denjean, etc.) ou les Jumping Jacques. Par ailleurs il fut semble-t-il également membre de l'orchestre de Jacques Hélian, un nom que l'on a déjà croisé deux fois ici (à propos de Gérard Lévêque et Jacky Bamboo). Voici un deux titres d'une tentative de danse dans l'esprit du Climb Le Snow-Cup. Les 4 morceaux de l'EP dont est extrait ce deux titres (avec En Dansant le Snow-Cup et le 4ème morceaux Je Ne Veux Plus) sont donc autour de cette thématique. Des deux du simple ma préférence va à la première En Dansant le Snow-Cup un chouette instrumentale typiquement début 60s avec des cuivres, une rythmique originale (percussions importantes, hand clap avec de la réverbération etc.), une petite guitare sympathique...


Continuons avec une autre obscurité: l'un des deux EPs du groupe Les Français. Discogs attribue deux autres simples à la formation, plus tardifs, personnellement je pense qu'il s'agit d'un second groupe sans lien avec le premier: label différent (Columbia et Decca), écart entre les couples de disques (1964, 1967/1968) et surtout absence des noms des participants au premier groupe dans les deux disques tardifs. Bref ces Français là sont vraisemblablement auteurs de deux EP en 1964 dans une veine instrumentale, les deux ayant leur charme. Le groupe se compose sur cet EP de: Mat Camison, Jacky Hythier et Jacky Rault. Si les Jacky n'ont pas fait de longues carrières dans la musique, arrêtons nous un instant sur celle de Mat Camison. On le retrouve par exemple avec Pierre Bachelet derrière Ok Chicago de Resonance, un classique funky de brocante vraiment excellent, avec une face B étrange et intéressante finalement. Avant cela (et après les Français) il est également membre des Sharks dont on retrouve Mongo sur plusieurs compilations. Produit par Ken Lean (Les Aiglons, Les Dauphins, Steff, les Ambitieux...), le Joe Meek Helvète, le 4 titres des Français contient deux bons morceaux: Suspenses et Palpitations. De l'instrumental certes, mais plutôt énergique et rentre-dedans (presque garage), assez éloigné des mélodies fleur bleus inspirés des Shadows de beaucoup de groupes français (Les Fantômes, Les Champions), peut-être est-ce une question d'époque ?


L'album de Pop Instrumental de France est une obscurité fort appréciée des collectionneurs internationaux. L'album se négocie en effet dans les cent euros environ en général. Le groupe est assemblé à l'occasion d'une session d'enregistrement de trois jours aux studios Wagram dont sera issu l'album. Disque à la fois groovy avec une tonalité progressive, avec notamment une reprise de Zappa. Il est mené par Laurent Petitgérard, anciennement des Masters (connus pour leur classique garage Mon Chameau) et d'Aleph (auteurs de deux 45 tours, je recommande particulièrement le second bien qu'un peu rare: je ne l'ai d'ailleurs pas !). Si l'album est une rareté assez exceptionnelle, le 45 tours extrait, comprenant les morceaux Soho et La Danse des Squelettes est nettement plus accessible aux communs des mortels ! Une chance, tant Soho est un super morceau instrumental groovy , probablement un de mes favoris en 45 tours français. Les arrangements sont excellents (relativement originaux et ambitieux), la rythmique est très présente et marquée (plutôt cool pour tenter de le jouer en soirée par exemple), le jeu d'orgue de superbe facture ! Bref un très très bon disque loin d'être cher compte tenu de sa qualité.


Finissons notre session de pop instrumental française avec un autre énorme classique bien connus des collectionneurs de disques funky/jerk/groovy: Campus N°8 des Requins. Ces derniers sont un groupe de studio ayant notamment accompagné Luc Harvet, apparemment il s'agirait des anciens Sharks, hypothèse sensée compte tenu du style musical des deux formations et de la ressemblance de nom (avec Mat Camison ou pas du coup ?). De mémoire les autres disques des Requins (en dehors d'un ou deux avec Harvet justement) ne sont pas particulièrement mémorables...Difficile de cataloguer le label Orly dont les productions semblent osciller entre variété yéyé, musique classique et musique proche de la Library (comme ce disque ou l'excellent 45 tours d'Héxagone). Campus N°8 est en tout cas une petite bombe instrumentale bien appréciée à juste titre des B-Boys , la production est simplement énorme: rythmique compressée ultra-puissante, arrangement top niveau et une très bonne composition, en tout cas bien plus fine et originale que la majorité de la musique instrumentale de ce style.


mercredi 14 juin 2017

Achats Récents #8

Déjà le huitième épisode d'achat de disques ! Celui-ci est partagé entre achats sur le net et en disquaires, profitons de l'occasion pour dire un mot sur ces derniers.

Born Bad est une institution parisienne, située initialement rue Keller (dans laquelle je vous recommande Pop Culture Shop), elle est désormais au 11 rue St Sabin, toujours dans le quartier de Bastille. Connue pour être une boutique orientée garage, punk, surf, rock&roll, les styles proposés évoluent régulièrement s'ouvrant au post-punk, à l'expérimental etc. éclectique à l'image des goûts de Mark et Maxime. Le disquaire mêle neuf et occasion. Coté nouveauté, Born Bad est l'une des boutiques les plus attentives au prix, il est probable que le catalogue de In The Red ou Castle Face y sera moins cher que dans la plupart des boutiques généralistes indépendantes françaises, la boutique travaille d'ailleurs régulièrement en direct avec les labels. Coté occasion, les prix sont très variables (depuis un euro jusqu'à des centaines) et généralement proches des prix du marché (en fonction de l'état bien sûr). N'espérez pas y faire une affaire de dingue mais par la sélection offre souvent de très belles pièces que l'on voit rarement chez les disquaires et généralement plutôt réservées au net ou aux conventions. De fait si vous cherchez à vous faire plaisir sur des disques de collection en sixties, punk, français etc. il y aura sûrement un vinyle pour vous chez Born Bad ! Personnellement c'est une de mes deux boutiques de neuf principales (avec Pop Culture) et un des mes endroits préférés pour le 60s d'occasion à Paris.

Plus de Bruit est une boutique également très connue des amateurs parisiens, situé au 35 rue de la Rochefoucauld. Nous sommes nombreux à nous accorder pour dire qu'il s'agit d'un des meilleurs spots d'occasion à Paris. Jean Paul a un choix très varié, pointu aussi bien en rock indé, punk, garage, jazz qu'en rock français. Les disques sont l'immense majorité du temps dans un état irréprochable: voir des EPs 60s français en EX/EX ça n'a rien d'une évidence ! Les prix sont très honnêtes, les collectors pas très chers (politique de prix de la maison) et on peut en plus y faire quelques bonnes affaires. En revanche Jean-Paul fait très rarement des prix sur l'addition finale mais honnêtement ce n'est pas bien grave car nous sommes toujours assuré de repartir avec des disques intéressants, pas courants et dans un état fantastique. Au fil du temps, j'y ai trouvé aussi bien de l'indie (des disques Sarah, AR Kane, Sneetches, Chapterhouse, Cast, Telescopes) que du français (Asphalt Jungle, X Ray Pop, Ticket,...). 

Alice Dona est une chanteuse bien connue des amateurs de sixties français. Si elle est absente de la célèbre série Swinging Mademoiselle référence absolue du genre, on la retrouve citée dans la série Ultra Chicks notamment avec le morceau principal que nous allons évoqué. Au rayon biographie, notons qu'Alice Dona écrit une grande partie de ses morceaux. Elle fait par la suite carrière dans le songwritting, dans les années soixante dix, signant pour Serge Lama, Joe Dassin, Dalida, Sylvie Vartan etc. Au milieu des années soixante elle se marie avec Bernard Ricci des Célibataires (groupe dont je pourrais éventuellement parler un jour) avec qui elle a Raphaëlle Ricci, coach artistique bien connue des gens qui ont regardé la télévision dans les années 2000 (je vous donne un indice: une émission qui a eu pendant une saison une reprise de Gilbert Bécaud en générique). C'est pas Prudent est une composition co-signée par Alice Dona et un certain Bob Roberts (en tout cas selon discogs). Je n'arrive pas à savoir s'il s'agit d'une reprise ou d'une composition originale, je penche plus pour la seconde option... Néanmoins voilà un super morceau early 60s groovy avec un excellent orgue et une orchestration réussie. Sur un tempo modéré dans un style qui me semble proche du pop corn oldies Alice Dona nous narre le plaisir de rouler vite, un sujet politiquement incorrect en 2017 ! 
 
 
Continuons avec cette curiosité de Georges Jouvin Trompette d'Or. Pendant les années 60 et 70, il fut un grand vendeur de disques en France à partir d'un répertoire de reprises effectuée à la trompette. Il fut administrateur et vice-président de la SACEM également. La demoiselle l'accompagnant sur la photographie semble être sa femme Dominique souvent présente sur les pochettes de ses disques. Il me semble que son répertoire habituel n'est guère au goût de ce blog, mais peut-être se cache-t-il quelques curiosités à découvrir en plus de celle-ci ? je vous promets d'enquêter ! Cet EP est très convenable dans l'ensemble avec une excellente surprise qui m'avait fait mettre le disque sur ma wantlist puis l'acheter le week-end dernier: Rhythm & Blues For Trumpet. Si l'arrangement légèrement Tijuana Brass à la Herb Alpert a un petit coté ringard, c'est largement contrebalancé par une super assise rythmique (le son de la batterie et de la basse sont excellents) et un excellent orgue ! Plaisir légèrement coupable mais étonnante curiosité bien groovy à l'image de la pochette !


Attention, un 45 tours non référencé sur discogs ! Cependant il est possible de trouver quelques informations sur le net et ... du son. Paul Sylvan de son vrai nom Léoni, n'a sorti sous ce pseudo que cet unique 45 tours en 1964 mais il a fait quelques 45 tours supplémentaires dans les années 70 sous son véritable nom. À noter qu'un article de 2012 du Parisien est consacré à son combat pour les séniors. L'EP dans l'ensemble est de bonne facture dans une veine twist mais le meilleur morceau est certainement Si Nous Portons Blouson un excellent morceau groovy avec de l'orgue, un peu dans une veine pop corn oldies comme le morceau d'Alice Dona mentionné précédemment. Il est accompagné par un orchestre dirigé par Gérard Levecque (orthographié ainsi sur le macaron), probablement le Gérard Lévêque qui fut membre du groupe de Django Reinhardt et de l'orchestre de Jacques Hélian.


Finissons cette huitième session par un groupe américain de funk des années 70 The Jimmy Castor Bunch. Luther The Anthropoid est un copié-collé réalisé un an plus tard du tube qui a fait connaître la formation: Troglodyte (Cave Man). Bien que la recette soit identique, cela fonctionne tout aussi bien ! La rythmique est sauvage et puissante, deux guitares se répondent dont une fuzz diabolique, Jimmy Castor hurle, nous conviant à une fête orgiaque et primitive... Pour l'instrumentation cela me fait penser à la phase psychédélique des Isley Brothers en plus dansant, tandis que la voix évoque Screamin' Jay Hawkins ou Arthur Brown dans cette manière de théâtraliser le chant. Excellent morceau (face b moyenne en revanche) !

samedi 10 juin 2017

Achats (très) récents #6

Quelques achats internet !

Danyel Gérard est l'un des premiers rockeurs français avant même notre Johnny national: il publie son premier disque en 1958. Sa carrière est cependant mise entre parenthèse lorsqu'il part à la guerre d'Algérie. Entre 1962 et 1964 le français né d'un père arménien et d'une mère corse profite de la vague twist pour s'imposer comme une valeur sûre de la variété française. Le milieu des années soixante le favorise moins avant son grand retour en 1969 et l'énorme tube international Butterfly. Les collectionneurs connaissent Danyel Gérard pour le psychédélique Sexologie un classique des compilations Wizzz dont le 45 tours se négocie actuellement dans les 80€ ! Pensez à le prendre si vous le voyez en broc' quoi que la probabilité soit rare tant ce disque est bien identifié. Peut-être plus commun ou moins reconnu, je vous recommande également le fabuleux Le Vieux Sur La Montagne... Autre découverte: Monsieur Le Percepteur sur l'EP "66". Je n'ai pas l'impression que le disque soit particulièrement courant mais il n'est pas non plus très recherché, par conséquent il apparaît exagéré de le payer plus de 10€ à moins qu'il ne soit dans un état parfait... Ce morceau est un tempo intermédiaire porté par une fuzz et un excellent texte. La composition co-signée par Danyel Gérard est arrangé par... Jacques Denjean bien que l'on s'éloigne de son domaine de prédilection pour aller vers quelque chose de presque garage! Un excellent morceau pour compléter votre collection de rock français 60s.


Revenons un an en arrière, en 1965 avec les Moustaches pour un de leurs trois EPs enregistrés pour le label Monte-Carlo. Cette structure a-t-elle un lien avec la série Radio Monte-Carlo du label Président dans laquelle on trouve l'excellent EP de Michèle et ses Wouaps ? Compte-tenu des dates et de la présence dans les deux catalogues des premiers groupes de JP Massiera (Milords et Monégasques), la possibilité existe cela ne repose sur aucune information concrète, d'autant plus que la proximité entre Nice et Monaco rendrait assez aisé qu'un musicien vogue entre deux labels installés sur le rocher. Je n'ai pas non plus d'informations particulières sur les membres du groupe. On ne retrouve pas nécessairement dans les crédits des autres disques des noms en commun en dehors de l'arrangeur Gérard Poncet. Les deux morceaux les plus intéressants sont signés par Gilles Jérôme et Touladi. Le premier a contribué a quelques autres disques de pop notamment pour Delphine, Herman's Hermits ou encore Claude Righi. Plus amusant, nous pouvons retrouver les deux compositeurs associés à des disques catholiques d'Unidisc et Pastorale et Musique...Donne-Moi est un sympathique morceau twist/groovy, pas désagréable du tout, avec un bon orgue. Le meilleur selon moi est Les Copains de La Bande un tempo relevé avec une chouette fuzz et une bonne composition ! 


Plus le temps passe, plus je me surprends à chercher des disques de Sylvie Vartan. Cet EP de 1963 contient une excellente version du classique de Mel Tormé Comin' Home Baby. Si le disque est orchestré par le grand frère de Sylvie, Eddie Vartan (très présent sur les disques de sa sœur, de Johnny mais aussi Larry Greco), je ne peux déterminer avec certitude la présence de Mick Jones et Tommy Brown (collaborateurs très réguliers de Sylvie, Johnny mais aussi de Ronnie Bird par exemple). Ne t'en va pas mon amour est une excellente interprétation du classique de Mel Tormé, super solo d'orgue, super son, bref les disques français comme on les aime ! Par contre ne pas s'attendre à une dynamique de dingue sur l'EP 45 tours, d'autant plus que ceux de Sylvie sont souvent rincés !


Finissons cette sixième session en allant dans les 70s et plus précisément en 1973 avec Achille et les Slagmen. La face A Slag Solution est une tentative de morceau pour danser (comme Pop Corn, The Twist, The Jerk, etc.) médiocre.  La Face B en revanche mérite toute votre attention. Stop 27 signé de Claude Robert et son orchestre est en effet un excellent morceau instrumental funky/progressif...  À priori il s'agirait de la même version que sur le très rare 45T comportant Sunshine of Your Love du même Claude Robert.

 

jeudi 1 juin 2017

Achats Récents #2

Deuxième épisode de notre série, écrit en même temps que le premier... Ici l'accent a été mis sur les disques français (mais il y a un intrus !) et plutôt seventies.
TW aux âmes sensibles: les limites du bon goût sont parfois allégrement franchis.

Monty est une valeur sûre. Je prends presque systématiquement les EPs (quand c'est pas cher bien sûr) et on trouve souvent au moins un morceau à se mettre sous la dent. Sur cet EP rien du niveau d' Un verre de Whisky (blog) mais j'ai trouvé que L'incorruptible avait du charme et une instrumentation soignée (guitare wah-wah et cuivres rutilants). À 50 centimes ça se ramasse et ça vaut bien quelques lignes sur le blog pour vous le faire découvrir !


J'ai eu quelques scrupules à acheter un disque de Cloclo, je trouve que notre idole des (plus si) jeunes a souvent une voix chevrotante et des productions anémiques... Un morceau au nom alléchant signé par Gainsbourg, 50 centimes: on tente?  Hip Hip Hip Hurrah est une sympathique surprise, certes il y a toujours la voix de Claude François mais le reste tient plutôt la route. La composition pastiche quelque peu Get Ouf of My Life Woman d' Allan Toussaint mais avec une production anglaise: moins poisseux et sexuel, plus pop et léger. Le texte de Gainsbourg est assez chaud-cacao (et c'est encore plus drôle chanté par Cloclo !) et aurait du mal à passer aujourd'hui... Bref je ne sais pas si je recommande mais franchement à cinquante centimes je garde le disque sans avoir trop honte de moi.


Michel Fugain  a fait quelques 45T intéressants dans les sixties mais connaît un succès franc et massif au début des années soixante dix avec Le Big Bazar. Parmi les morceaux les plus emblématique Une Belle Histoire très jolie chanson de pop aux accents fleuris que certains d'entre vous ont forcément étudié au collège en musique (en tout cas ce fut mon cas ha ha). L'intérêt d'évoquer ce 45 Tours réside probablement plus dans la sympathique face B groovy Allez Bouge Toi compilée sur le troisième volume des French Cuts. Évidemment ce n'est pas du freakbeat ultra violent de folie mais ça se mange (voir se danse) sans faim à condition d'aimer le patchouli et les clochettes (ou les bretelles arc-en-ciel). 


Je n'ai pas de super infos à vous communiquer sur la mystérieuse April: elle a signée deux 45 Tours en 1971 et 1972. Le premier des deux Sweet Song Bird est aussi le moins rare, il contient une bonne face B: Help! de la pop funky avec des accents caribéens et une production (dirigée par Dominique Perrier - celui de Space Art?) soignée: cuivres, guitares wah-wah, rythmiques syncopées... Une chouette trouvaille !

Enfin finissons cette deuxième session par Nuova Equipe 84 une émanation tardive du groupe de pop psychédélique Equipe 84 dont j'ai tendance à prendre les disques en général (même s'ils ne sont pas tous biens). La face A Casa Mia est assez typique de ce que peut représenter la pop sans intérêt des années 70, pas franchement géniale... Heureusement la face B réserve une bonne surprise, un morceau principalement instrumentale (il y a des voix en chœurs mais pas de texte) Buffa aux accents psychédéliques et progressifs (avec un superbe effet de phasing). Le titre m'évoque ainsi Deliriana de Delirium, une autre face B que j'aime beaucoup. À ne pas payer cher bien sûr (je pense que je l'ai déjà payé trop cher en mettant 5€) mais une bonne addition à une collection de 45 tours européens groovy/étranges 70s !

jeudi 6 avril 2017

Claude Nougaro "Docteur"

Claude Nougaro n'avait jamais eu d'articles sur ce blog, il est temps de remédier à cela ! Je ne connais pas assez la carrière du Toulousain pour me lancer dans un descriptif complet de celle-ci, cependant notons que le chanteur sort son premier 45T en 1958 (ou 1959), il a alors 29 (ou 30) ans. Sa carrière démarre réellement à partir de 1962 quand Nougaro collabore alors avec Jacques Canetti, un des directeurs artistiques les plus importants de la France des trente glorieuses. Sans citer tout le CV de l'intéressé mentionnons qu'il a travaillé par exemple avec Boris Vian, Serge Gainsbourg, Jacques Brel, Aznavour, il a aussi créé la salle les 3 Baudets...excusez du peu ! 

Nougaro est régulièrement accompagné dans les années soixante par Maurice Vander (le père adoptif de Christian Vander, leader de Magma). Celui-ci s'entoure de la crème du jazz français, parmi eux un de mes organistes français fétiches: Eddy Louiss. Bien qu'arrangé par Vander, le musicien d'ascendance martiniquaise n'est pas crédité sur ce 45T de Nougaro, pourtant le Hammond y est particulièrement bien représenté avec un savoir faire évident. Le chanteur toulousain développe le long de ces quatre morceaux, une formule entre jazz, pop et chanson avec d'excellentes instrumentations démontrant la qualité des musiciens français de l'époque. Les textes de Nougaro sont soignés et intéressants, en particulier sur le superbe À Bout de Souffle évoquant un braquage haletant à la Bonnie & Clyde. Pourtant, le Toulousain ne sacrifie jamais au sens les mélodies et le rythmes, il garde une diction fluide et musicale. Je ne saurais dire si cette justesse de ton est une constante de Nougaro, en tout cas c'est quelque chose que j'apprécie beaucoup sur ce disque.  

L'autre temps fort du 45T est la reprise de Fever sous le nom de Docteur. Il existe de nombreuses reprises de cette chanson, devenu comme Louie Louie - dans un autre registre - un standard de la pop. J'ai un faible pour certaines versions (notamment la très beat des McCoys), Nougaro en fait une superbe interprétation. Sur un tempo modéré dansant, Nougaro est langoureux et sensuel, l'accompagnement musical est également fantastique: batterie jouée au balais, orgue hammond jazzy vif, percussions utilisées par touche... Docteur est un crescendo soyeux dans lequel Nougaro nous embringue jusqu'au dénouement.

mardi 4 avril 2017

Pour trois 45 Tours d'Aphrodite's Child de plus


Dans moins de quinze jours ce blog aura officiellement dix ans (16 avril 2007!), une décennie à défendre une certaine idée de la musique. Celle-ci a bien sûr évolué au cours du temps, pourtant l'intérêt pour les années soixante demeure une constante à travers les années. Fouiller dans les nombreux articles du premier mois d'existence de ce blog permet de constater - fait inquiétant - qu'il est tout à fait possible d'évoquer à nouveau les mêmes artistes dix ans plus tard... Par exemple, nous avions écrit sur les Grecques d'Aphrodite's Child avec l'excellente face B Magic Mirror parue en 1969 le 27 avril 2007 ! Dimanche dernier je rachetais une copie (propre) de Let Me Love Let Me Live et bien sûr j'ai eu envie d'en parler ici... Histoire de marquer le coup, ce ne sera pas un seul simple du groupe de barbus chevelus mais trois !


Revenons rapidement sur Aphrodite's Child en deux mots: trois Grecques dont deux très très très connus (Demis Roussos et Vangelis) se retrouvent à Paris en 1968, ils essayent d'aller en Angleterre mais faute d'essence ne continuent pas plus loin. Ils fuient la dictature des colonels (1967-1974). Ils enregistrent en France le slow Rain & Tears dans la mouvance de l'époque (influence classique que l'on retrouve chez Procol Harum ou les Moody Blues). Il scelle leur destin en devenant un énorme tube. Par conséquent le groupe se spécialise dans les slows mignons en 45 tours non sans glisser quelques curiosités étonnantes sur les autres faces... Et terminer sur un album très ambitieux en 1972: 666.

Le groupe a la particularité de ne pas avoir de guitare. Ainsi contrairement à ce que j'affirmais il y a dix ans, Magic Mirror ne comporte pas (ou peu probablement) de guitare fuzz, il y a bien plus à parier qu'il s'agisse d'un traitement de choc sur l'orgue hammond de Vangelis, ce dernier s'approchant ainsi de la sonorité criarde de la guitare... Il n'est pas rare dans l'histoire de voir des claviers électriques traitées avec les mêmes effets que la guitare, je pense par exemple à Tell the World We Not In des Peddlers (le son du vénérable orgue chahuté par une wah wah de saison). Cette formule minimaliste trouve son expression la plus pure dans certaines faces B (et même une A) du trio. Contrairement aux slows très arrangés (cordes dégoulinantes et tout le toutim), le groupe s'y montre plus expérimental et sauvage. Une facette des Aphrodite's Child qui a du surprendre plus d'un adolescent à l'époque...quoi qu'il existe de nombreux exemples de ces couplages slows / morceaux enlevés et énergiques (Majority One, Holly Guns, Rare Bird, Freddie Meyer, Santa-Maria etc.) !


Commençons par le plus anciens des morceaux de la sélection, une face A: Let Me Love Let Me Live de 1969 comme Magic Mirror. Sur une rythmique martelée évoquant d'autres tubes légèrement postérieurs (John Kongos, Hotlegs), le trio dégaine un morceau psychédélique d'excellente facture. Construite comme un mantra répété inlassablement, la chanson est illuminée par les interventions de claviers acides de Vangelis, l'ensemble constitue ainsi un très crédible morceau de rock audacieux et dynamique ! 


Funky Mary est la face B de It's Five o'Clock. Morceau étrange au son ultra-compressé, il est construit autour d'un breakbeat de batterie destructeur et de percussions sur lesquels les musiciens semblent improviser des paroles au grès de l'inspiration... Une mélodie de vibraphone allège un peu l'air poisseux et vicié dégagé par la masse sonore compacte. Aussi étrange qu'étonnant, pas forcément mon préféré des trois, mais toujours dingue de pouvoir tomber sur ce genre de morceau dans n'importe quel bac de 45T de France et Navarre... Contrairement à de nombreux autres morceaux du groupe, cette chanson ne semble pas avoir été samplé et pourtant quelle excellente matière première ! Peut être un peu difficile à manier tant le son est déjà survitaminé et violent.


Dernière entrée du jour: Air face b de Spring Summer Winter and Fall également paru en 1970. Pas beaucoup plus construite que Funky Mary le morceau comporte à nouveau une rythmique lourde et puissante travaillée d'une manière originale (avec un effet de phaser très réussi). Vangelis ne nous oublie pas non plus, il nous gratifie de saillis inspirées à l'orgue, parfaitement dans l'air du temps aux effluves psychédéliques. La voix de Demis s'éloigne également du chant pop traditionnel, il semble exhorter l'auditeur. L'ensemble est ainsi aussi délirant que sauvage, une face B comme je les aime, avec la bonne dose de folie propre à une décennie où l'on pouvait encore se permettre ce genre d'audace si l'on remplissait le cahier des charges sur l'autre face.

mardi 28 mars 2017

Police Control "Sentimental"

Fait exceptionnel je vais reparler d'un EP déjà évoqué ici il y a moins d'un an: le 4 titres de Police Control. Ce qui n'était en effet qu'un fichier numérique posté en catimini sur un bandcamp l'été dernier est devenu par la grâce de nos amis de Gone With The Weed (Marauder, Marbled Eye, Skategang, Sun Sick, Téléphérique...) et des Nantais de Juvenile Deliquent (Cathédrale, Rancune) un 45 Tours. 

Six mois ce sont ainsi écoulés depuis leur découverte un jour d'été. L'hiver loin de nous éloigner a, au contraire, confirmé, l'espoir suscité. Les 4 morceaux de Police Control sont tous des tubes et ils ont un super son. La musique de Police Control exprime ainsi la quintessence du genre powerpop: une subtile balance entre l'énergie foudroyante du punk (voir du hard rock) avec ce goût prononcé pour les mélodies pop fougueuses et enlevées. Le tout (bien) écrit en français s'il vous plaît ! À l'heure où la pop nationale prend parfois des chemins qui m'éloigne d'elle (la variété, la chanson) il est jouissif de voir un groupe arriver avec quatre titres aussi vifs que spontanés. Bloqué sur la touche répétition, pardonnez moi de citer Nick Lowe en guise de conclusion: Pure Pop For Now People.


mercredi 15 février 2017

Artefact "MAE"

Né quelque part en banlieue parisienne, peut-être du coté d'Ivry-sur-Seine où Eric Vennettilli et Maurice Dantec se rencontrent au Lycée, Artefact synthétise, comme de nombreuses autres formations (Modern Guy, Suicide Romeo, Casino Music...), une époque où tout était encore possible mais presque déjà foutue. 1979, le corps du punk est encore brûlant, mais son âme déjà évaporée, dispersée aux vents. Des centaines de jeunes inventent avec des moyens réduits le son du futur. Ils se se souviennent de leurs lectures d'adolescence: Norman Spinrad, Ballard ou K Dick (qui inspire le nom du groupe) et en imprègnent leur musique. Leur funk disloqué, leurs guitares dissonantes, la morgue de leur jeunesse résonnent ainsi avec les écrits hallucinés des auteurs américains ou anglais de la Nouvelle Vague de Science Fiction... Ils sont ainsi toute une génération à vénérer Rêve de Fer, Crash ou Ubik depuis Richard Pinhas (Heldon) en passant The Normal (Warm Leatherette) et Human League (Circus of Death)... MAE sera ainsi en quelque sorte l'hommage au genre d'Artefact, son texte évoque en effet les circonvolutions d'une époque hantée par la guerre froide et la technologie galopante... Loin de se laisser pourtant abattre, Artefact développe une disco robotique désarticulée, dont la sensualité affleure sous la violence des écrits... L'histoire ne durera que quelques années, le temps de publier, un album, un EP et un single (ainsi que de contribuer à l'EP de Gregor Davidow sous le nom de Spions Inc.) sur Celluloïd, mais elle fut si emblématique de ces années là. Dantec fera par la suite quelques apparitions dans la musique mais connu surtout une suite dans la littérature... dans la lignée de ces auteurs qu'il lisait entre deux cours au lycée. De son coté Vennettilli continuera quelques temps l'aventure musicale, montant même un groupe avec un ancien Casino Music (Eric Weber) et un membre de Marie et les Garçons (Erik Fitoussi) !

   

mardi 3 janvier 2017

Bernard Ilous "Ilous"



Bernard Ilous ne sera pas un illustre inconnu pour les lecteurs fidèles de ce blog. Il y a quelques mois, Alexandre évoquait déjà son aventure musicale avec Patrice Decuyper – fugace collaboration qui donna notamment naissance à un album magistral en 1972. Suite à la dissolution du duo, Bernard Ilous récidive en 1974 avec un disque solo. De toute sa carrière de musicien de l’ombre (il écrit et enregistre pour de nombreuses vedettes de la variété, googlez pour voir), celui-ici demeure fort malheureusement le seul signé sous son seul nom. Tout comme le Ilous & Decuyper, il parait chez la remarquable maison d’édition phonographique Flamophone. Avant de toucher deux ou trois mots sur l’album, il me semble judicieux d’évoquer le label (qui mériterait un article à lui seul tant son histoire peu banale s’émaille de pépites).


Flamophone est fondé à la toute fin des années soixante par Claude Puterflam, chanteur du SystèmeCrapoutchik, une formation pop exemplaire qui n’obtint malheureusement jamais le succès mérité. Maison modeste mais sincère, le principal fait d’arme de Flamophone réside dans la création d’une ambitieuse hybridation de la variété française et de la pop anglo-saxonne. Par cela, j’entends une musique francophone – forcément – et possiblement grand public, traduisant à sa manière l’univers psychédélique ou progressif de nos voisins d’Outre-Manche (au-delà du style vestimentaire, là où bloquait la plupart des idoles franchouillardes des seventies).  Dans un monde juste, ses productions soignées et au goût sûr auraient dû servir de mètre étalon dans le paysage musical hexagonal… Bien entendu, son catalogue n’est pas exempt de quelques belles branquignoleries, les 45 tours solo de Claude Puterflam en tête (mais également Confidence Pour Confidence de Jean Schultheis !). Celles-ci permirent, sans doute, de faire perdurer la société durant les années de vache maigre. Chez Flamophone, se croisent des têtes bien connues dans le monde des requins de studios (dans le sens noble du terme) : Bernard Ilous donc, mais également Jean-Pierre Alercen, Bernard Lubat, Christian Padovan… Pour ne citer que quelques noms qui concernent l’objet de ce papier. Pas des manches, en somme.

En 1974 donc, Bernard Ilous offre un exemple brillant des merveilles qui pouvaient aboutir du travail de Flamophone. Si le songwriting évoque à certains moments Michel Polnareff (Chanson chagrin) ou Michel Berger (Les yeux ouverts), la première qualité de l’album réside dans sa force introspective. Bernard Ilous nous fait pénétrer dans son univers embrumé, parfois inquiétant mais jamais pour longtemps. Sa pop douce et aérienne (voire gentiment cosmique, sans être pompeuse) plonge l’auditeur attentif dans un étrange sentiment de sérénité, de torpeur presque. La seconde qualité du disque se trouve dans les arrangements audacieux, presque « expérimentaux » par moments (toutes proportions gardées). Ce travail d’orfèvre s’illustre en particulier sur l’instrumental du disque (Rondeau). Il n’obtint qu’un succès commercial très limité et n’a, à ce jour, contrairement à l’album avec Decuyper, jamais connu de réédition. Bernard Ilous publia également une poignée de 45 tours durant la première moitié des années soixante-dix, mais je ne les connais pas.