lundi 15 octobre 2012

Conjuguons la Pop #11 : Larry Greco - Jette-là (1965)

Voici un disque que je suis très fier d'avoir (et probablement un des 10 ou 20 disques que j'ai payé le plus cher ah ah). Un pote américain qui cherchait aussi absolument à avoir "jette-là" en 45T  considère ce titre comme un des meilleurs morceaux français. Je lui donnerais bien raison, j'irais même plus loin peut être en faisant de cet EP de Larry Greco dans son intégralité un des meilleurs des 60s en France.

Larry Greco de son vrai nom Roger-Claude Degallier démarre avec ses potes les Mousquetaires au début des années 60 du coté de Genève. Ils obtiennent un certain succès avec Marylisa y compris en France. En 1965 il sort ces meilleurs disques: deux EPs à couper le souffle accompagné par l'orchestre avec Eddie Vartan. Ce dernier est le frère de Sylvie, la connexion avec la famille Vartan se fait aussi du coté de Johnny: on peut ainsi apercevoir les deux (Johnny et Larry) faisant un bœuf au dos de la pochette, Larry écrira également quelques chansons pour le monstre sacré du "rock" français. L'autre EP contient une reprise hyper cool de "You've got what i want" intitulée "comme au poker" empruntée aux Boys Blue (les Sorrows l'ont aussi interprétée). L'EP Jette-là contient aussi une reprise mais accompagnée, fait assez rare pour le signaler, de trois originaux.

Le disque s'ouvre sur une composition originale, un slow intitulé "Jette-là". La thématique de la chanson est un classique du rock: un garçon éconduit alors qu'il est fiancé, un de ses amis lui conseille de ne pas chercher à recoller les morceaux. Les mots sont simples mais viennent du cœur. C'est un slow donc, l'idée peut faire peur pourtant il ne faut pas. Jette-là a quelque chose du "House of the Rising Sun" des Animals ou "I put a spell on you" de Screamin' Jay Hawkins. Sur un tempo lent et bluesy la voix de Larry Greco prend toute son ampleur, il arrache les mots de ses tripes, se met sur le fil à chaque syllabe, vit ce qu'il raconte . Les arrangements sont superbes, l'orgue est hanté, le solo de saxophone est très réussi et le jeux de batterie particulièrement raffiné. Larry Greco prouve aussi à travers ce titre qu'il était un vrai "shooter" de la race des Eric Burdon ou Van Morrison période Them. "C'est fini, bien fini" explore les mêmes thématiques (amour perdu, amitié etc.) mais sur un tempo bien plus enlevé. L'instrumentation se structure autour d'un duo piano-cuivre détonnant et apportant une touche rhythm n blues à l'ensemble. On pense aussi au rock pré-Beatles de groupes comme les Lafayettes.  Le titre est très réussi, Larry y injecte la dose de violence et de hargne qu'il faut.
La face B s'ouvre sur l'excellente "Je m'en vais demain". Seule reprise du lot le titre est emprunté à la star italienne Adriano Celentano. Ciao Ragazzi est à l'origine un titre au tempo plutôt lent, la chanson est superbe et la reprise à la hauteur. Larry Greco l'accélère et lui donne une pulsation dansante, les cuivres achèvent le boulot pour un ensemble de très bonne qualité loin de l'affadissement en vigueur chez les yéyés habituellement. Je trouve le choix de la reprise pertinent avec le répertoire de Larry Greco, il y a chez certaines chansons de Celentano ce que je retrouve dans la voix du suisse, une certaine forme de violence et de sauvagerie. Tu l'as voulue clôt l'EP en beauté, la chanson explore encore la thématique de la déception amoureuse, le tempo est enlevé, il y a une guitare bien rock n roll, des cuivres rutilants, ça balance un max, super morceau!

Larry Greco est un des petits miracles du rock français des 60s, si sa carrière a été bref il a eu le temps de commettre quelques uns des plus intenses morceaux que nous ayons pu entendre dans nos contrées. Sa voix le place dans le registre des shooters et il tient largement la comparaison. Que ce soit dans un registre lent et presque lugubre comme sur jette-là ou plus dynamique comme tu l'as voulue Larry Greco assure terriblement bien, on peut regretter que ce talent n'ait pas été utilisé plus souvent à sa juste valeur. Si vous souhaitez plus d'infos n'hésitez pas à faire un tour sur le site Rétrojeunesse.


Larry Greco - Je m'en vais demain

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