jeudi 30 mai 2013

The Young Sinclairs - Engineer Man (2013)


Chez Requiem Pour Un Twister on est super fan des Young Sinclairs, ce groupe de Roanoke qui depuis quelques années développe un folk-rock teinté de garage et de psychédélisme superbe et racé. Après les deux 45 Tours que nous avions édité début janvier (et presque sold-out pour le superbe "new day" !) les américains reviennent sur Market Square un label anglais fondé par Paul Messis, un autre adepte de la 12 cordes. Selon la légende il aurait découvert le groupe ici même à travers notre chronique du superbe 45 paru chez Planting Seeds Rcds. De notre coté on aime aussi beaucoup l'intéressé et notamment la première sortie de son label, une collaboration avec les Sufis !

Engineer Man est une chanson déjà connue des adeptes du groupe puisqu'elle figurait sur l'album autoproduit Feel Bad en 2007 ! Cependant Samuel a réenregistré le morceau à l'occasion de ce 45 tours et le résultat est époustouflant. Quand la version originale souffre d'une production un peu rachitique et chiche, ici le titre explose en une déflagration psychédélique et colorée faisant honneur à l'excellente composition, les harmonies byrdsiennes apportant une petite touche de classe supplémentaire à l'ensemble. Le morceau serait sorti en 1967 il serait probablement un classique ou figurerait sur le coffret Nuggets assorti de commentaires particulièrement élogieux. Problems en face B est une pure concoction Young Sinclairs, un titre absolument magnifique de folk-rock avec un arpège délicat et clair comme de l'eau de roche. La voix de Sam y est particulièrement émouvante et le titre rejoint facilement les meilleurs morceaux de la formation. Ce morceau me rend toute chose ...

2013 sera-t-elle l'année des Young Sinclairs ? C'est tout le bien que l'on souhaite à cette fantastique formation qui fait revivre et briller l'héritage des Byrds en osant s'en affranchir avec beaucoup d'élégance. Après ces trois 45tours de haute volée j'attends de pied ferme la prochaine livraison annoncée chez Planting Seeds, il se murmure aussi qu'un Lp serait en préparation chez un de nos labels anglais favoris (indices: ils ont édité en vinyle le groupe qui a collaboré avec Paul Messis). 

On peut pré-commander le disque sur le bandcamp du label.




vendredi 24 mai 2013

Real Numbers - Only Two can Play EP (2013)

Les Real Numbers ne se pressent pas, depuis 2008 ils livrent chaque année un single ou un EP. Elli Hansen le leader joue par ailleurs dans les excellents Cozy dont nous avions causé pour leur premier (et unique à ce jour) single sur Hozac il y a quelques mois. Les trois derniers disques de la formation américaine reprennent une esthétique similaire assez cool d'ailleurs, formant une sorte de triptyque musical.

Only two can play , leur second EP en format 12 pouces est sorti en avril dernier et il est archi-chouette. Avez vous déjà imaginé une chanson de moins d'une minute ? Les Real Numbers l'ont faite et ça n'est pas si perturbant que ça , c'est même franchement cool. Les 6 morceaux sont balancés en une douzaine de minutes au grand max, chez les américains on ne se perd pas en digression, tout est calculé au plus juste, pas de gras que du muscle ! Sur la base punk / powerpop de leurs premiers disques les Real Numbers ajoutent à leur musique des éléments d'indie-pop, quelque chose d'assez Television Personalities, peut-être ces très jolies lignes de guitare au son clair et cristallin !

Cet EP confirme la bonne trajectoire du groupe, qui sortie après sortie affine sa musique. Si les influences du groupe sont connues et assumées, ils en tirent un truc vraiment cool et personnel, quelque chose de punk et énergique mais avec une certaine fraîcheur et naïveté. Un charmant disque d'un excellent groupe à découvrir.

Three Dimensional Records







vendredi 17 mai 2013

Aline - Regarde le Ciel (2013)

On l'attendait ce disque d'Aline, comme un cadeau de noël un peu en retard ou d'anniversaire en avance. On se l'imaginait déjà après ces différents EP qui nous avaient enchantés depuis 2010. Et puis il a débarqué en début d'année avec cette magnifique pochette ligne claire de Martin Etienne (déjà auteur de la couv' de Je bois et puis je danse).

La première impression est une légère déception, on connait au moins la moitié du tracklisting de l'album, bon point néanmoins: presque tous les morceaux ont été retravaillés ou mixés différemment. Il va falloir écouter ce disque un paquet de fois pour les détacher des EP et les associer avec cet album. Et cela fonctionne, écoute après écoute, on oublie que l'on connaissait ces morceaux avant, on se prend à les redécouvrir dans ce nouveau contexte, et tranquillement l'album fait son chemin dans notre cerveau. Aline est forte, l'ensemble aurait pu sonner redondant mais la force des chansons et de l'ensemble est tel qu'on finit par se faire avoir et laisser totalement imprégné. Une fois les doutes évaporé Aline peut appliquer le coup d'estocade, ces chansons indie-pop en français lyriques mais jamais pompières, raffinées mais jamais pompeuses. 

Il y a longtemps que nous attendions d'avoir des disques français de pop à défendre, à prendre à bras le corps pour les faire connaître, et voilà nos rêves deviennent réalité grâce à cette Aline. Regarde le Ciel dépasse les attentes, il surplombe le cahier des charges de toute sa hauteur, c'est une œuvre iconoclaste, s'inscrivant dans un genre pour mieux le bousculer. La forme plaira à des gens comme moi, une orgie de guitares ligne claire en arpège, une musique enjouée pour mieux faire passer sa mélancolie et ses états d'âme. Ce disque me ressemble, il parle de moi et des gens comme moi. "Je Bois et puis je danse" raconte ma vie, les textes de Romain sont toujours aussi réussi à la fois simples mais délicats, ne se fourvoyant jamais dans le name-dropping dont certains auteurs français se font une spécialité. La musique d'Aline a compris les Smiths, elle a compris la C86, elle a compris un tas de trucs et se sert de cette matière première pour créer un disque frais et incroyablement attachant. La production est parfaite, soignée ce qu'il faut sans passer trop de javel.

Aline est maline, sa musique a le potentiel de toucher beaucoup plus que les quelques fanatiques d'indie-pop qui fouillent les bacs des disquaires pour compléter leur collections de disques Sarah. Les chansons d'Aline peuvent parler à tout le monde, elles sont gracieuses, attrayantes mais jamais salopes, elles se dévoilent, sont à fleur de peau sans surjouer les émotions . Elles évitent les pièges de la facilité (ces refrains bras en l'air immondes) au profit de mélodies délicates et charmantes. Chansons pop parfaites, Romain a su trouver la façon juste de faire sonner le français, d'y intégrer de l'ardeur sans se laisser emporter par le pathos. 

On l'attendait ce disque, on a cru qu'on serait déçu et en fait Aline nous a bien eu, ils ont tout simplement sorti l'un des meilleurs disques de pop tout pays confondus de l'année. On va regarder le ciel avec Aline toute l'année, il va être difficile de déloger cet album de la platine.


mercredi 15 mai 2013

Peoples Temple - More for the Masses (2012)


Les fidèles lecteurs de RPUT connaissent notre affection pour les Peoples Temple, à l'époque du premier album , l'excellent Sons of Stone nous étions prêt à prêcher la bonne parole tels des dévots zélés, le torse bombé et solide comme un roc dont nous aurions étés nous aussi les enfants. Leur retour chez Hozac (toujours l'un des meilleurs labels indépendants en activité qu'on se le dise) nous plongea dans une excitation sans commune mesure avec la parution d'un nouveau clip des fienteux Fauve dont même les mouettes ne daignent s'éprendre. More for the Masses ne s'adressera probablement à la masse, à moins qu'il ne s'agisse d'une quelconque formule mystico-physique dont nous autres simples mortels ignorons la signification secrète. Les Peoples Temple ont-ils réussi le doublé ? ont-ils décidé de prendre Carlos comme modèle ? se sont-ils fait couper les cheveux ? Tant de questions que je me posais en déposant délicatement le saphir sur le sillon, je vous avouerai que toutes n'ont pas été résolues mais j'ai cependant trouvé quelques réponses dont ce texte se fera l'écho. 

Les Peoples Temple n'ont pas fait les choses à moitié et ont rempli jusqu'à la gueule cet LP de 14 chansons, et autant de raisons ou presque de se réjouir de leur retour même s'il faut bien le reconnaître le début a fait naître en nous un début de scepticisme bien vite dissipé. "More for the Masses" bombarde un riff de guitare malsain zigzaguant comme un derviche tourneur pris de convulsions. Petit soucis, une basse mixée très en avant vient nous foutre un peu le bourdon et nous détourner de ce premier morceau pourtant bien gaulé. On en viendrait à se demander si les Peoples Temple n'auraient pas fait appel à l'ingé son de Booba... On regrette ce parti-pris plus déplaisant qu'intrigant mais bon, les choses rentrent dans l'ordre rapidement, à moins que nos oreilles s'habituent très vite à la baston de basse. A l'écoute de la nouvelle livraison on remarque tout de suite que le groupe s'est quelque peu assagit, aux violentes déflagrations garagistes du premier LP les Peoples Temple ont préféré emprunter les chemins de traverse psychédéliques sans renier de leur nocivité. Nous n'y sommes pas perdants au change, le groupe évolue sans entrer en révolution, ils sont toujours aussi amateurs du 13th Floor Elevator et de son pernicieux leader le drogué Roky Balboa Erickson. Les lascars n'ont pas pour autant totalement rendu les armes à la faveur de quelques grammes de mauvaise herbe ou de champignons, ils sortent parfois les crocs comme sur les menaçants "looters game" ou "million to one".  Les Peoples Temple même s'ils se perdent parfois en circonvolutions ("texas revisited") font preuve d'une maîtrise éclatante au long de ce More for the Masses. Ils impressionnent quand ils sortent des larmes psychédéliques diaboliques comme la cavalcade "nevermore" le défoncé "restless" ou le bionique "(Dark dreams) Distant memories" qui clôt l'album comme le feront les robots avec l'humanité dans quelques siècles. 

Aussi imparfait que la première combustion, More for the Masses est un disque attachant et dégageant des volutes d'une fumée aussi putride qu’enivrante.  More for the Masses est au garage-psyché ce que les Pebbles sont à la Nuggets, un cousin un peu moche mais avec lequel on traîne souvent parce qu'il a du bon hasch et qu'il a toujours une anecdote étrange à raconter.

Maintenant si tu veux te payer un peu de bon temps achète la galette chez ton disquaire favori ou bien le site d'Hozac.





 

lundi 13 mai 2013

Youthbitch - Don't fuck this up (2012)


Youthbitch est un groupe de Portland, Don't Fuck This Up est leur premier album après une cassette. La pochette ne doit pas vous faire renoncer à l'écouter de cet excellent petit disque !

Le groupe pratique une powerpop assez musclée avec de sérieuses inflexions punk voir garage-rock. On pense à des formations comme Crusaders of Love, Sun Sick ou encore les excellents Cold Warps, ça plaira aussi aux adeptes du label Dirtnap (Bad Sports, White Wires, Exploding Hearts etc.) chez qui ils ont apparemment sorti un 45 ! Don't Fuck This Up enchaîne 11 titres à toute berzingue, des jets de guitares sortent de partout en soli dégoulinants avec ce qu'il faut de mauvais goût (c'est à dire un petit peu), les riffs sont bien gras et consistants, les mélodies entraînantes. La production est à l'os, un peu sale mais suffisamment convaincante pour ne pas vous rebuter d'envoyer ça dans vos esgourdes à plein volume (et si possible en vinyle comme le fait remarquer très justement le bandcamp). Le groupe enrobe sa hargne avec de la pop mais ne voyez pas dans ces Youthbitch des tendres, ils balancent plus d'énergie qu'une centrale nucléaire en surchauffe. 

Don't Fuck this Up est le genre de petit disque sur lequel on est heureux de tomber. Un plaisir simple, des types qui se réunissent pour balancer la purée avec les amplis à fond et jouent comme si leur vie en dépendait. Ce genre de disque qui ne paient pas de mine et que l'on se surprend à écouter plus que de raisons, beaucoup moins chiant il va s'en dire que les crottes prétentieuses de Fauve...


  

jeudi 2 mai 2013

Jacco Gardner - Cabinet Of Curiosities (2013)


L'érudition en musique peut à la fois être une mine d'or comme un fardeau dont il est difficile de se défaire. A force de convoquer les esprits lointains de brillants fantômes, à force de leur vouer une déférence indéfectible proche de la vénération, on finit par avoir à du mal à se singulariser, du mal à les transfigurer, du mal à les gérer. Aussi séduisant et gracieux, puisse-t-il être, le petit prodige Jacco Gardner fléchit sous le poids de ses références (s'il est encore nécessaire de les citer : Syd Barret, The Zombies, Sagittarius...) et sonne bien trop souvent comme un très joli et très talentueux pastiche de ses ainés. Il y a quelques choses de frustrant de voir un tel potentiel sauter la tête la première dans une telle collection de clichés, à ce titre le nom de l'album : Cabinet Of Curiosities frise le ridicule d'ailleurs.

Alors oui tout ça n'enlève rien au son incroyable de ce disque, au talent insolent du jardinier néerlandais, ni à ses formidables compositions, mais il y a quelque chose de frustrant dans cette attitude revivaliste, quelque chose qui tendrait à confirmer les thèses faisandées du retromania de Simon Reynolds, or nous les combattons avec férocité ici. J'ai désormais bien du mal à être aussi enthousiaste que je n'avais pu l'être après les singles. Il y avait pourtant un petit truc en plus sur A House On The Moon, la B-side de Clear The Air, un truc un peu bricolo, qu'on ne retrouve malheureusement jamais sur l'album.

Vu son succès, on trouve le disque partout et c'est sorti chez Trouble In Mind (US) / Excelsior (NL).


Jacco Gardner - Lullaby