lundi 3 novembre 2014

CRM003: Triptides - Going Under / Outlaw (7)

CRM003
Triptides
A. Going Under
B. Outlaw
45 Tours (7') / 500 exemplaires / 21 Décembre 2011 (12/21/11)
Achat / Buy

On continue d'explorer le back catalogue de Croque Macadam à travers la troisième référence du label éditée en décembre 2011. Triptides est un groupe découvert par l'intermédiaire d'une balade sur Hype Machine, tout de suite Étienne me fait écouter, enthousiasmé par sa trouvaille. Il me convertit très vite et il semble évident de devoir les interviewer pour le blog ! Et oui le label n'existait pas encore à l'été 2011 (enfin si, il était en gestation). Après l'interview et surtout l'édition des deux premières références, il a semblé évident qu'il fallait que je sorte ce groupe. 
C'était un 45 Tours des premières fois, pour moi première sortie d'un groupe étranger, pour eux premier vinyle ! Trois ans plus tard Going Under et Outlaw, les deux tubes de l'album Psychic Summer (que j'aimerai rééditer un jour) n'ont pas perdu de leur verve ni de leur magie. Ce sont toujours deux incroyables bombinettes pop absolument irrésistibles. Le son du vinyle (mastering de Mathieu Berthet) est parfait et rend justice à ces deux super chansons. Le tout est pressé sur un très beau vinyle blanc qui fait toujours ma fierté trois ans plus tard ! (AGF)

RIYL: Real Estate, Tennis, Beach Fossils, Shadows, Beach Boys etc.

Depuis quelques mois sévit avec discrétion Triptides, un groupe de l'Indiana tout à fait dans le vent, et encore mieux, avec de vrais bons morceaux dans son baluchon. Quelque part entre Real Estate pour la mélodie détendue du gland et les Beach Boys pour l'entrain repris en chœur, Going Under est par exemple la face A d'un single édité par le micro label de chez nous Croque Macadam. À sourire. (Magic RPM, morceau du jour)

Going Under pourrait très bien être un titre twee de 1986 accéléré et réorchestré par les Beach Boys alors que Outlaw semble vouloir flirter avec le garage, guitare et voix bien plus mâles à l'appui, mais sans jamais vouloir conclure. (Dans Le Mur Du Son)

Vous faire écouter des morceaux pareils en janvier, c’est cruel, vous ne trouvez pas ? Je ne sais pas quel temps il fait chez vous, mais ici c’est gris, froid, humide et triste. Les arbres nus sont secoués par un vent frigorifiant et je suis pas loin de me faire un chocolat chaud. Les Triptides sont un groupe américain qui ne vient pas de Californie, mais de l’Indiana. C’est typiquement une musique facile à décrire donc je vous laisse faire le boulot dans votre tête. Je ne cesse d’être surprise de continuer à apprécier ce genre d’indie-pop, avec ces petites phrases mélodiques déjà entendues – à peu de choses près – des centaines de fois sur des compilations de groupes n’ayant connu qu’un ou deux 45 tours à succès dans les années 60. C’est comme les fraises Tagada, c’est de la friandise, ça se mange sans réfléchir et ça s’abuse avec plaisir. (Le Choix)

Based in the small city of Bloomington, Glenn and Josh are playing a vintage surf rock music. Going Under and Outlaw could have been summer hits in 1967. Whatever, we are happy to warm up today thanks to them. (Vocododo)



jeudi 23 octobre 2014

CRM002: Les Spadassins - EP2 (7)

CRM002
Les Spadassins
A1. Verrine, tu m'assassines
A2. L'Effet que ça Fait
B1. All Your Secrets
B2. This Heart of Stone
45 Tours (7') / 500 exemplaires / 2 Décembre 2011 (12/02/11)
SOLD OUT 

La sortie de la première référence fut une révélation et l'envie d'éditer d'autres vinyles se fit vite sentir. Les Spadassins se révélèrent comme une évidence. Le groupe m'avait totalement emporté sur scène aux Combustibles, un morceau m'avait particulièrement marqué Verrine, tu m'assassines, les textes étaient géniaux, et trois ans plus tard je trouve encore que ce morceau aurait mérité encore mieux. Quand le groupe m'a proposé de sortir leur nouvel EP, je n'ai pas hésité une seule seconde dès que j'ai appris que Verrine en serait ! Le mastering des 4 titres fut confié à François Terrazzoni qui fit un boulot incroyable pour faire tenir les deux chansons sur la face française, on ne cachera pas que L'effet que ça fait fut un peu édité pour des questions de place ! La lacque fut ensuite transportée en métro depuis Parélie dans le XVème jusqu'au studio de Mathieu Berthet (situé à l'époque dans le XIème) pour être expédié au pressage. 
Le 4 titres synthétise tout l'art du groupe, on y trouve une balade rugueuse dans un style proche des Animals (This Heart of Stone), un morceau d'obédience Northern Soul (All your Secrets) et les deux tueries en français déjà mentionnées, entre Nino Ferrer et Booker and The MGs. (AGF)

RIYL: Nino Ferrer, Jacques Dutronc, 5 Gentlemen, Booker T and The MGs, Georgie Fame, Animals, Artwoods etc. 

It's all banged out with feeling and purpose. (Shindig)

Deuxième référence du label indépendant Croque Macadam à qui on souhaite tout le bonheur du monde, Les Spadassins découpent sur cet objet de haute qualité leur attaque sonique en deux temps, le premier en français sur la face A, le second en anglais sur une face B qui n'a rien d'une B-side de remplissage. Quality is here, sound too...Le côté potache des paroles des titres en français (Verrine, tu m'assassines...L'effet que ça fait...) est contrebalancé par une musique influencée dans le bon sens du terme par les défuntes sixties, orgue hammond et riffs de guitares en tête, sur un All your secrets qui rappelle les grandes heures de la soul, avec un air de Ben E. King notamment. (Bandsmachine)

Leur musique, groovy à souhait, s'imprègne efficacement dans le cerveau de l'auditeur, l'invitant à remuer simultanément et  frénétiquement les parties les plus géographiquement éloignées de son anatomie. Si les Spadassins revendiquent haut et fort leurs influences anglo-saxonnes, leurs compositions lorgnent aussi parfois du côté des grands noms de la pop française. Difficile d'écouter Verrine, tu m'assassines sans penser à Jacques Dutronc, avec lequel les Rennais partagent à la fois l'élégance et le sens de l'humour. (J'ai tout lu tout vu tout bu)

La banda muestra otra buena dosis de inspiraciones sesenteras; soul, swing, beat, matices de r&b y todo pasado por un barniz genuinamente francés heredero de Nino Ferrer o Les 5 Gentelmen.
Les Spadassins son ante todo divertidos, algo que tampoco es incompatible con sonar bien y en sus temas lo demuestran, algunos cantados en su idioma natal y otros en inglés. Merecen la pena sus dos trabajos. (Ritmo, Soul y Otros Modernismos)

 

mercredi 22 octobre 2014

CRM001: Les Guillotines - L'Aube / L'Absinthe (7)

CRM001
Les Guillotines
A. L'Aube
B. L'Absinthe
45 Tours (7') / 500 exemplaires / 26 Septembre 2011 (09/26/11)
Achat / Buy

L'envi de monter un label était un loin rêve jusqu'à ce disque. Parti d'un défi avec le groupe (ils enregistrent, je sors quelque chose si les morceaux sont cools), le vinyle est masterisé dans les studios de Mathieu Berthet en juillet 2011 et arrive dans les bac le 26 septembre de la même année. Trois ans plus tard Croque Macadam existe toujours (et il bande encore!) de même que les Guillotines dont on devrait entendre reparler (sur support physique) dans l'année qui vient (2015).
Ces deux morceaux n'ont pas perdu de leur charme ni de leur puissance dans le laps de temps. Ils restent parmi les rares exemples de récente mémoire de garage en français. Seuls quelques autres groupes (Ponctuation, Le Kid et les Marinellis ou Sheetah et les Weissmullers) en font de même. L'Aube est une balade bancale au son twangy, L'Absinthe une charge fuzz en règle qui reste un des grands moments des sets du groupe encore aujourd'hui. (AGF)

RIYL: Les Coronados, Jacques Dutronc, Les Olivensteins, Black Lips, Strange Boys

Soit du garage rock en français dans le texte qui confirme la tectonique des plaques hexagonales. Sur la face A du 45 Tours, L'Aube, on pense à Mustang accompagné par La Femme et reprenant les Dogs. (Magic) 

L'absinthe, plein de fougue et de fuzz tranchante, illumine la face A, L'Aube, plus posée et mélodique, témoigne de la classe de ces jeunes gens.(Rock N' Folk)

What better way to inaugurate your label than with two sides of bone rattling garage rock? I totally love that they sing in French twisting the language of love into some demented freaky thing but still making girls weak in the knees.  This is one blistering single and makes 90% of 7-inch records seem like a waste of precious vinyl. (Finest Kiss

Car la musique des Guillotines est avant tout une musique de l’errance marquée par l’incertitude, la mélancolie et beaucoup de naïveté… Avec ses mots et ses bruits déséquilibrés, en clair-obscur, elle rappelle parfois le visage étrange de la banlieue parisienne. (Hartzine)

Their sound is invigorating, energetic and best of all, fresh and ambitious. When it comes to music, it doesn’t get much better than that. (Styrofoam Drone)


dimanche 6 juillet 2014

45 Tours français (3): Roxette - Natacha (1982)

Roxette Natacha / Tout, Tout, Tout (pour les petits vietnamiens) 1982

Roxette est une formation grenobloise ayant édité deux 45 tours entre 1982 et 1986, le premier sur KO Records et le suivant chez Tarass Production.

Mettre en avant une reprise est toujours un choix risqué ! Cette Natacha là est une relecture du classique écrit part Henry Glover et Morris Levy pour Joe Jones mais surtout connu à travers la version surfarfisa des Rivieras. Nous ne saurions dire laquelle des deux avaient en tête nos Roxette à l'enregistrement, peut-être plus simplement ont-ils usé leur disques punque des Ramones et Dictators ? Natacha tire malgré tout son épingle du jeu, le texte n'y est d'ailleurs pas étranger. On imagine bien volontiers une jeune fille éconduire un prétendant de la sorte. L'amoureux se saisit de sa guitare et tient sa revanche, joyeuse et exubérante ! Dans une esthétique punk, powerpop, mod revival cette version est aussi endiablée que maitrisée dans sa production. Le solo de guitare est concis et gicle comme le bouchon d'un magnum de champagne en boite de nuit. Les compilateurs des powerpearls et shake some action ne s'y sont pas trompés en glissant nos grenoblois dans leurs séries respectives ! Tout Tout Tout (pour les petits vietnamiens) est une composition originale du groupe (signée Guadaloppa-Minelli) d'excellente facture et tout à fait cohérente avec l'autre face de ce charmant 45 tours. Le texte est encore une fois tout à fait amusant, un petit cousin d'Et Moi Et Moi, Et Moi quand la musique évoque The Lambrettas ou The Jags. Ce titre mériterait tout autant que la face A d'avoir les faveurs des amateurs de pop mélodique et nerveuse.

Le groupe signe 4 ans plus tard un second 45 tours, un peu moins réussi mais pas honteux, manquant peut être de ce petit plus de concision et de précision à l’œuvre dans ce pétillant deux titres.

écouter Natacha
écouter Tout, Tout, Tout

samedi 5 juillet 2014

45 Tours français (2): Les Stagiaires - Le Cowboy de la Taïga

Les Stagiaires - Le Cowboy de la Taïga / Airport (1982)

Après Ticket de Nantes, nous restons sur la Ouest Coast avec Les Stagiaires de Bordeaux. Quelque part entre 1977 et 1979, le chef lieu de l'Aquitaine est secoué par le punk et la new wave, les groupes adoptent alors un patronyme en ST, en hommage aux Stooges selon la légende. Émergent ainsi des Standards, Stilettos (deux groupes présents sur la compilation Snapshot(s) quelques années plus tard), Stalag, Strychnine et donc les Stagiaires. Cette bande de potes en école de commerce prend les choses avec légèreté mais non sans un certain talent. Ils publient ainsi entre 1982 et 1984 un sept pouces et un album pour le label Tropical Production (que je suppose être le leur) édités respectivement à 2000 et 1000 copies. Il vous sera donc assez aisé de mettre la main sur leur simple à un prix raisonnable. Ils éditent également une de leurs chansons sur la compilation Bandes de France.

Le Cowboy de la Taïga est une danse du sabre interprété par un groupe post-punk de reprises des Shadows (un concept pas encore envisagé par Marc Collin à ma connaissance). Sur un rythme frénétique, une guitare électrique échappée d'un disque surf se fraie un chemin jusqu'aux neurones pour provoquer quelques crises d'épilepsie. Le texte improbable -mi-foutage de gueule mi-dadaïste- fonctionne étonnamment bien. Voilà un bien belle surprise alliant l'énergie du punk à des influences puisées ici et là dans la pop des 50/60s ainsi que les cartes postales exotiques de stations service. Airport est un peu plus classique, dans une veine post-punk sec et distant. Thématique moderne, synthétiseur analogique, rythmique de guitare coupante comme un rasoir, le tout balancer avec agitation dans l'incertitude de la guerre froide couplée à la crise.  Le son est étriqué comme le bikini qui tente de cacher la poitrine de Nabila en ayant bien plus de charme que cette dernière...

À ce premier simple succédera un album N°_ _ _ (chaque exemplaire ayant son propre numéro, le mien est le 907) deux ans plus tard. Les Stagiaires malgré le départ d'un de leurs membres fondateurs y pratiquent avec la même hargne et fantaisie leur pop survoltée. Autour de guitares clean, synthétiseurs et orgues cheesy les bordelais projets des textes plus que jamais incisifs et drôles (à écouter en priorité Charles-Hubert). Un album tout aussi recommandé que ce simple, bien qu'un peu plus difficile à trouver.


vendredi 4 juillet 2014

45 Tours français (1): Ticket - Funambule

Trois mois sans un seul article posté ! Il était temps d'écrire un petit quelque chose sur ce blog qui malgré les années (sept ans déjà ! On parle d'avril 2007) continue d'exister sous une forme ou une autre. Il est vrai que nous sommes bien plus actifs ces temps-ci sur le front de nos labels (Croque Macadam et Requiem Pour Un Twister) mais je suis aussi, plus que jamais aussi en pleine exploration de notre patrimoine francophone pop. J'avais ainsi envie de vous faire partager des acquisitions récentes vraiment cool dans la lignée de notre dossier Conjuguons la Pop de l'année dernière.

Ticket - Funambule / Pourquoi Moi ? (1982)

On Commence avec Ticket une formation de Nantes née en 1979. Quelques membres du groupe connaitront une belle carrière par la suite notamment Pascal Pérez avec IAM (!) et Luc Boisseau avec Elmer Food Beat, cependant ni l'un ni l'autre ne sont présents sur ce disque a priori enregistré en trio par Jean Michel Daniau, Cyril Wiet et Yves Le Roland selon Rock Made In France.

La discographie du groupe se résume à ce 45 tours, deux participations à des compilations (Rock'N'Rennes, Bandes de France Vol.1 , les deux en 1981) et un excellent mini-album en 1985 sur le label parisien Surfin' Bird (Coup de Bol à Marrakech , enregistré par JW Thoury, manager de Bijou mais également aux manettes du super premier album des niçois Les Playboys).
Funambule explore une pop anguleuse entre XTC et les Jam, aux textes soignés.On y retrouve une couleur jamaïcaine (un skank beat, le final dubby, le coté contretemps de la guitare) et les éléments d'une pop moderne et inspirée. Ainsi évoquera-t-on le cousinage avec un Making Plan for Nigel, écoutez donc le flanger sur la guitare rythmique ! Une petite merveille mélodique à la production soignée. Les nantais ont en effet, l'élégance de s'inspirer des meilleures formations d'outre-Manche (le groupe de Swindon, Squeeze, Joe Jackson Band), soit une certaine jeunesse à quatre épingles, nette et tranchante comme une paire de Chelsea Boots. Pourquoi Moi ? en face B taquine la scène Mod Revival chère aux Lambrettas. On sera ainsi guère surpris de retrouver cet excellent titre, compilé par la fameuse Powerpearls, bible des amateurs éclairés de gemmes powerpop balancée à toute berzingue. Chacun devrait ainsi trouver son compte sur ce très équilibré single même si votre serviteur a une petite préférence pour la pimpante face A.
Ticket tiendra bon quelques années de plus et leur mini album de 1985 est tout aussi recommandé que cet attachant 45 tours. On y dénichera l'enjoué "Jamais pour Toujours" (malheureusement amputé de son pont incroyable sur youtube) évoquant les sursauts merseybeat des Beatles ou la délicate "Toutes les filles" au tempo indolent.

lundi 7 avril 2014

Concours Quilt & Boogarins à l'Espace B


C'est une grande première pour Requiem Pour Un Twister, nous nous associons à l'Espace B pour vous proposer 2 x 1 place pour l'un des plus beau line-up de l'année : Quilt et Boogarins (dixième de notre top album 2013), deux groupes que nous portons dans nos coeurs.

BOOGARINS
Invoquant le tropicalisme brésilien d'Os Mutantes ou de Sergio Mendes tout autant que le revival psych contemporain, le duo brésilien Boogarins fût l'une des plus belles découvertes surprises de l'année. Ah ce que la musique peut-être excitante lorsque le métissage, qui fait si peur à certaines franges extrême de notre beau pays, est intelligent ! Boogarins en sont la preuve : un groupe brésilien sorti sur un label new yorkais et adoubé par un blog français, la mondialisation a parfois du bon non ?


QUILT
Issu d'une tradition folk-rock américaine (The Mamas & Papas, Jefferson Airplane), Quilt évoque autant les paysages bucoliques de l'Amérique rurale et verdoyante du Midwest, que la lumière irradiante des plages californiennes dans des mélodies de guitares carillonnantes aux relents psychédéliques.



CONCOURS TERMINE. les gagnants ont du recevoir un email.
Merci de votre participation.



lundi 3 mars 2014

The Young Sinclairs - You're Tied (2013) K7

The Young Sinclairs est un de nos groupes fétiches, et on chronique avec assiduité leurs nouvelles sorties (interview, You know where to find me, We spoke our Mind, Engineer man)   . Ces américains de Virginie (Roanoke) dont a sorti deux disques reviennent avec une cassette single sur le label Tree Top Sorbet, une bonne occasion de reparler de cette très belle formation.

Mona Lisa sur la face B évoque Turned Around en peut être moins mélodique, un chouette morceau midtempo folk-rock, qui ne se placera pas dans mes favoris du groupe (la concurrence est rude !), mais qui tire bien son épingle du jeu. You're Tied démarre sur un arpège typiquement garage cousin d'un Abba des Paragons (en moins nerveux), la chanson enquille dans le registre 60s, avec la grâce si typique du groupe. Les Young Sinclairs sonnent merveilleusement bien, sans jamais donner la sensation de forcer. Leur musique est laidback, mais toujours soignée et élégante. Les guitares sont sublimes, elles carillonnent à tout va, le charme opère très vite. 

Les Young Sinclairs maintiennent leur niveau de qualité habituel sur cette très bonne sortie, la face A serait un excellent prétendant dans une compilation de leurs récents singles (tous de très haut niveau). Cette chronique est aussi l'occasion de réaffirmer que les Young Sinclairs sont un des groupes actuels les plus cool de la terre et qu'on les adore ici.


jeudi 13 février 2014

Superets - 160 Caractères pour te dire adieu EP 10' (2014)

Superets comme Travel Check ou Forever Pavot commencent eux aussi à êtres des habitués de ce blog. Nous avions évoqué leur premier 45 tours (que j'ai aussi sorti, achetez-le !) et interviewé le groupe dans le cadre de notre dossier Conjuguons la Pop. Nous sommes ravis de les réentendre à travers un 10 pouces publié par le label Entreprise (Juniore, Moodoïd etc.) quelques semaines après leur passage aux Transmusicales.

160 caractères pour te dire adieu est un des grands moments du set live des Superets. Le morceau reçoit ici le traitement adéquat, plus musclé et fantasque dans sa production que la version démo que je connaissais. La chanson balance à fond la caisse, le texte est génial et esquisse notre époque en quelques coups de pinceaux. Le ton évoque verrine tu m'assassines des Spadassins dans cette manière de manier l'humour pour mieux prendre du recul sur nos comportements modernes. Les Histoires sans fin et Tapis Rouge offrent une facette plus pop des bretons, les titres effleurent en filigrane la pop ensoleillée de Pendentif avec une petite touche 80s plutôt chouette. La veuve mécanique est mon autre morceau favori, les Superets y pratiquent leur pop moustachue , énergique et inspirée. Le texte semble répondre à en avant en arrière des Mustang, une référence assez cohérente par rapport à l'ensemble de ce nouvel EP.

On est content de retrouver nos Superets, et ils sont particulièrement en forme sur ce nouvel EP. Les 4 mecs semblent avoir trouver leur voie, et tracent un petit bout de chemin qui commence à avoir une sacrée gueule. Je suis assez curieux de voir ce que donneront les Superets en long format !


mardi 11 février 2014

Travel Check - 66$ EP 7' (2014)

Les parisiens de Travel Check sont des habitués de nos colonnes. Ainsi nous avons eu l'occasion de chroniquer leur premier vinyle ainsi que les interviewer il y a quelques mois. Le groupe s'affirme comme un des noms à retenir de la scène garage parisienne, ce 45 tours 4 titres chez les très actifs Howlin' Banana en est d'ailleurs une éclatante preuve.

66$ attaque fort, du garage-rock fun aux influences country très bien foutu qui donne envie de faire le foufou. On pense forcément aux Black Lips, aux Dead Ghosts voir aux français de Regal. Ce serait dommage de les considérer comme une simple copie, les parisiens tirent très bien leur épingle du jeux sur ce titre classique mais efficace et catchy. Druggy Daddy est un peu plus pop et ce n'est pas pour me déplaire, un très bon morceau, peut être moins taillé pour le live mais tout aussi réussi. La face B s'ouvre sur La Gravière l'autre morceau pensé à 100% pour faire remuer les bassin en concert. Pas mon morceau préféré du disque mais il est clairement efficace et annonce de chaudes soirées. Feels alright ose diminuer le tempo et être plus mélodique, une belle réussite à mettre au compte des parisiens.

Avec 66$ EP enregistré dans le paradis du garage français (Lo' Spider) les Travel Check montrent une belle progression par rapport au premier vinyle. Le son est plus assumé et maitrisé, les compositions aussi. Le groupe est aussi à l'aise dans les titres uptempo taillés pour le live que des morceaux plus pop et mélodique. On espère que leur album sera aussi faire le pont entre les deux. Travel Check est un des groupes les plus attachants de la scène parisienne et avec ce disque ils font preuve d'une belle démonstration de savoir faire garage.


dimanche 9 février 2014

The Frowning Clouds - Whereabouts (2013)

Depuis que le psychédélisme truste les cœurs des amateurs de musique underground, le garage semble un peu en retrait (sauf en France où il se porte merveilleusement bien) à mon grand regret. Je n'ai pas eu tellement de super albums à défendre dans le registre en 2013 (peut être 3 ou 4) et coté groupes les déceptions ont été plus nombreuses que les bonnes surprises (citons tout de même le fameux single des Ar-Kaics, l'album de Kaviar Special etc.). Dans les derniers jours de 2013 - soit bien trop tard pour les tops de l'année - a débarqué le second Frowning Clouds précédé par un EP cassette plus tôt dans l'année et un single l'année précédente (dont la face A est ici reprise), le tout chez les presque toujours fiables Saturno.

Nous ne faisons pas mystère ici de notre admiration pour le groupe australien et Whereabouts confirme nos espérances voir les dépasse. Le premier album était en effet sous forte influence Stones circa 65-66, celui-ci prend certaines libertés avec le concept et ce n'est pas pour nous déplaire ! Cette mutation était déjà en marche sur leur cassette qui évoquait autant Bo Diddley que les Byrds, deux noms que nous pourrions aussi cité ici d'ailleurs (surtout les californiens). Le premier titre balancé, le bien nommé product of the peanut butter company laissait entrevoir un virage à 180 degrés vers la popsike de Tomorrow et des premiers pas de Pink Floyd. Le titre se révèle pourtant être un trompe l'oeil largement tempéré par des attaques garage en règle, c'est à dire en dessous de la ceinture. Propellers démonte toujours la tête, tandis que Submarine excelle dans cet art du midtempo spécialité des Frowning Clouds. Bien sûr il émane de ce disque un doux parfum de Californie à travers des orgies de guitares carillonnantes et quelques incartades mélodiques orientalisantes mais ne nous y trompons pas. Les Frowning Clouds restent ce groupe garage que nous chérissons, avec toujours un son parfait, et un sens de la chanson inaltérable. En signant une chanson aussi fabuleuse que much to much too soon, les australiens m'ont dans leur poche, un solo de guitare brillant, une compo énorme, les mecs savent transcender une matière première excellente pour en faire des véritables bombes.

Est-ce que les Frowning Clouds font du psyché ou du garage ? Probablement à mi-chemin entre les deux, ils sonnent comme un groupe de LA de 1966 mais le font avec un tel enthousiasme et un talent si isolent qu'on leur excuse ce classicisme. Ces mecs méritent mieux, ils ont une des discographies les plus exemplaires des groupes que nous chroniquons ici. Frowning Clouds on espère qu'un jour vous serez reconnu à votre juste valeur, c'est à dire loin loin au dessus de la stratosphère. Si certains groupes se parent de la modernité pour offrir des tranches sous cellophane de psychédélisme bon teint, les Frowning Clouds vous balancent eux des gros jambons à la gueule.




vendredi 7 février 2014

Forever Pavot - Miguel el salam 7' (2014)

Forever Pavot nous avait surpris avec un premier 45 tours ambitieux et super cool. On a eu l'occasion depuis de voir l'intéressé en live mais aussi de l'interviewer ici même. Avec ce nouveau sept pouce il fait plus que confirmer nos espoirs.

Miguel el salam démarre en trombe sur un thème orientalisant que l'on imaginerait volontiers illustrer Lawrence d'Arabie ou un film d'aventure dans des contrées lointaines et mystérieuses. Déboule un riff d'orgue super accrocheur, puis ... Émile chante ! l'intéressé prend confiance dans sa voix et c'est une bonne nouvelle. Le morceau défonce, ligne de basse au médiator super entrainante, batterie au son compressé sixties, et bim de nouveau on se retrouve en plus milieu d'une caravane au milieu de dunes à perte de vue (bruitages de fouet et hennissement de chevaux en bonus). La Rabla explore initialement un son plus proche du premier EP, un croisement entre Le Messager et Ennio Morricone. La fuzz dérègle la machine et nous entraine vers un son plus garage psyché... Cette face b est peut être un peu plus classique que sa collègue mais n'en reste pas moins particulièrement réussie.

Forever Pavot impressionne avec ce nouveau simple. La production est exemplaire, le sens de l'arrangement et des sons également. Le mec sait composer de super morceaux, et le voir assumer d'avantage le chant est une excellente nouvelle. Le future du psychédélisme se trouve peut être en France, en tout cas Paris prépare du lourd en 2014 avec Dorian Pimpernel et Forever Pavot !


 

mercredi 5 février 2014

Bilan 2013: ce qu'en retiennent les blogs et fanzines


Planetgong / Mauvaise Foi (lien / lien)
Pour moi 2013 a avant tout été marquée par l'apogée (et la fin?) de la scène garage de San Francisco que je suivais de près depuis des années. Ty Segall, Thee Oh Sees et toute la clique Castle Face ont été partout cette année, du festival de Binic au City Sounds de Paris. Les albums ont continué à pleuvoir, les groupes ont atteint un niveau de notoriété à la hauteur de leur talent. Évidemment, cela coïncide au moment où les acteurs majeurs du mouvement quittent la ville, mais au moins cette scène aura eu son heure de gloire de son vivant.

2013 a aussi pour moi été l'année d'un étonnant revival, avec l'avènement de nombreux groupes versés dans le rock psychédélique. Des classicistes (Jacco GardnerMaston, Doug Tuttle, Frowning Clouds, Foxygen), aux explorateurs plus déviants (Morgan Delt, Orval Carlos Sibelius), nombreux sont les groupes qui ont remis le son de 1967 à l'honneur. L'album de Temples qui sort ces jours-ci confirme cette tendance que ne peux que saluer.

2013 a aussi l'année du retour de certains de mes héros (non pas Bowie ni Daft Punk). King Khan a pondu son meilleur album, The Dirtbombs ont enfin sorti leur album bubblegum promis depuis si longtemps, et surtout The GO a publié Fiesta, un album superbe que nous sommes fiers d'avoir édité en version française avec Mauvaise Foi Records.

Un dernier mot : le Record Store Day, c'est le mal. Des maisons de disques qui vendent des éditions limitées au prix fort ? Des magasins emplis jusqu'à la gueule de spéculateurs levés tôt pour mettre leurs achats sur eBay ? Non merci. Comme le dit si bien Bruno de Dangerhouse : "Every day is record store day". Si vous vivez dans une grande ville, allez chez les disquaires indépendants ! Le "retour du vinyle" qu'on nous vend depuis des années ne doit pas être un trip de collectionneur fortunés mais une façon de vivre la musique au quotidien et de faire fonctionner les échoppes et labels de tailles modestes (NDR: notre expérience RSD 2012).


Foggy Girls Club (lien)

2013 : Sur un plan musical, on va dire que 2013 a été dans la continuité de 2012, donc plutôt réjouissante. De très belles choses ont été faites et développées au niveau des différentes structures DIY qui se sortent les doigts du cul pour proposer et promouvoir une scène musicale sous représentée. Je parle des petits label comme les vôtres à toi et Etienne (NDR: Croque Macadam et Requiem Pour un Twister), Howlin Banana, Eighteen, Retard, Azbin (NDR: interview Regal) etc. les salles comme la méca et l’Espace B, disquaires comme Pop Culture etc…  et les différents media web autour de tout ça (Hartzine, Gonzai, Foggy, Requiem, Drone, Walking With The Beast etc.)

Cette scène est souvent qualifiée de garage (à tort) mais en fait c’est un nouvel « indie » puisque l’appellation indie aujourd’hui ne veut plus rien dire et concerne des choses qu’on peut qualifier de mainstream…

Je pense clairement que tout ces gens font la musique d’aujourd’hui, aussi poussés par le dynamisme de la scène US d’une certaine manière, qui nous montre que c’est possible. J’aimerai que 2014 confirme, et que ces différents acteurs ne soient pas découragés (par le manque d’argent et de soutien). Je trouve par ailleurs qu’on manque cruellement de lieux vraiment adaptés, dans le sens ou nos salles fétiches ont un statut précaire (souvent menacées par des fermetures arbitraires) et on n’a toujours pas de lieu qui ferme tard (après 2h), qui ne soit pas élitiste et qui passe de la bonne musique…

J’ai pris énormément de plaisir au niveau musical, encore une fois, à voir de très bons groupes, à faire de belles rencontres, qu’elles soient artistiques et aussi amicales donc j’espère que nous continueront à défricher passionnément car tout ça n’est pas vain et dans un certain sens on représente une contre culture.   


Walking with the Beast (lien)
N’étant pas très doué pour dresser des bilans et avoir un quelconque recul sur les événements importants de l’année je vais évoquer quelques souvenirs en pagaille :
-Les Growlers. Un des groupes qui m’a le plus marqué ces dernières années sort deux disques fabuleux et débarque pour la première fois en France. C’était parfait.
-Les Volage, Travel Check, Pain Dimension, Dusty Musty, Os Noctàmbulos, Grand Guru, Cheap Riot et tous les nouveaux groupes rock’n’roll qui se sont un peu plus affirmés au cours de l’année. Ils en ont sous le capot, c’est vivifiant.
-Les soirées Psychotic Reaction à l’International, lancé avec la clique Howlin Banana, vous, Bong Magazine, Yummy. Pour l’instant ça marche bien et je suis assez fier de nos affiches.
-Des concerts marquants : Cosmonauts, Younolovebunny, Yo La Tengo, Jessica 93, Binic Folks Blues Festival, Dirty Beaches, Sic Alps, the Babies, Les Spadassins
-Disques écoutés en boucle : Hung At Hurt, Growlers - Persona Non Grata, Cosmonauts - Experimental Jelly, Tomorrows Tulips - Calendar Days,Dick Diver - Tomorrows Tomorrows, Campfire - Into Unknown, Human Eye - Water On Mars, Purling Hiss - Fiesta, The Go - Any Port in a Storm, Scott & Charlene Wedding - Gotta Survice, Public Nuisance - I’m a Man, I’m a Flower, The Readymades - Double Exposure, Kelley Stoltz - Space Junk, Halasan Bazar - Simply Saucer, Cyborg Revisited…



Ductus Pop (lien)
Les frontières entre les années sont très floues dans ma tête, c'est sûrement pour cette raison que je suis peu familière des bilans et autre tops de fin d'année. Mais en réfléchissant bien, une flopée de choses m'arrivent en tête et me font dire que 2013 a été une belle année musicale.
Je retiens la nuit mémorable de la mise en vente du nouvel album de My Bloody Valentine, en février dernier, où le serveur de leur site a explosé sous le poids des demandes. J'ai réalisé que les gens attendaient déjà la suite de Loveless avant ma naissance ! Quelques mois plus tard, lorsque le groupe a nonchalamment pulvérisé les tympans de la salle du Bikini (Toulouse), j'ai été prise d'un sacré vertige. Dans la série spéciale « annonce de minuit », je n'oublie pas celle de Petit Fantôme offrant sa fabuleuse mixtape douce-amère « Stave ».
Côté concerts, je retiens mon petit tour au Madrid Popfest (cette année encore, il ne fallait pas oublier de regarder ce qui se passe chez nos voisins espagnols en matière de pop !) mais aussi la création du festival This Is Not A Love Song (Nîmes) dont la programmation pointue a fait oublier à plus d'un la frustration de ne pas pouvoir aller au Primavera Sound festival. D'une manière générale, j'ai été enthousiasmée par beaucoup de labels (Captured Tracks, Burger, Art Is Hard et son Poscard Club ou plus près de chez nous Beko, Atelier Ciseaux, etc.) dont l'actualité mérite d'être relayée. Pour écouter toutes ces sorties ça tombait bien, en 2013 j'ai non seulement fait réparer ma platine vinyle (belle ironie du sort, ma chaîne hi-fi a ensuite rendu l'âme) mais aussi concrétisé mon envie de fanzine (Ductus Pop) pour en parler !
En 2013, on a continué à écouter de l'indie pop (merci entre autres aux Pastels et aux Proctors, à Veronica Falls et à Alpaca Sports, à Sam Knee et à son livre A Scene In Between). Bonne nouvelle en 2014 on fera pareil, si j'en crois le teaser du documentaire consacré à Sarah Records !

samedi 25 janvier 2014

Bilan 2013: ce qu'en retiennent les labels (2)

Le Turc Mécanique (facebook, bandcamp)
Je vais pas faire d'introduction, avec des conclusions qui se veulent universelles, voire sociétales, voire un peu connes. Simplement, je vais poser deux bases qui m'ont semblé essentielles par rapport à 2013.

D'abord, le fait que l'ancien monde semble continuer de patauger pour éviter de se noyer, que les organisations subventionnées, que les structures du droit d'auteurs et que nombre de nos prédécesseurs semblent définitivement perdus face à la réalité des différentes sphères de la musique. Qu'ils abdiquent enfin et que nous puissions reconstruire des choses plus pertinentes en lieu et place.

Ensuite, qu'artistiquement, nous n'avons plus à nous servir de longues vues pour lorgner sur les groupes américains, anglais, ou étrangers en général. Sans chauvinisme aucun, il suffit actuellement de se pencher sur nos scènes actuelles pour découvrir des artistes géniaux, souvent bien plus inventifs que des Jacuzzi Boys et consorts. Exemple parmi pleins d'autres.

A Paris, Yann Canevet a prouvé avec Venera 4, Future et Maria False que c'était sûrement l'un des musiciens les plus talentueux de sa génération, et son collectif, Nothing, avec Dead, Avgvst, Dead Horse One ou encore le petit dernier Marble Arch font la nique aux anglo-saxons sans se poser de question, en bossant avec rien.

En province aussi, le mot est large, il suffit de poser les yeux sur les différentes scènes dites « undergrounds » pour s’émerveiller. La haine des quatre diables de Strasbourg, la violence d'Harshlove, les velléités arty/lo-fi de mecs comme Zadrien Cocquart, Ventre de Biche etc... et tout ceci n'est qu'un tout petit extrait de ce tout ce qu'on aurait pu citer de fascinant.

Notre rôle, en tant que label, c'est maintenant de servir de curateurs, de marqueurs, de fonder à travers nos catalogues une espèce de compilation idéale. De rassembler ces artistes. Du côté du Turc Mecanique, cette année a posé les bases : on s'acharnera à soutenir tous les OVNIs sonores qui en vaudront la peine, comme on l'a montré avec Punks Are Fags, ces mecs qui mettent Martin Mystère en musique, ou Backt Mariah, qui invente une cold wave dansante à paillettes en se rêvant diva MTV. Il en va de même avec Last Night. C'est flippant de ce dire que ces trois gars proposent l'un des albums punk les plus puissant que j'ai entendu cette année, et qu'aucun label spécialisé n'a daigné le sortir. C'est peut être que le temps est plus au « Garage » optimiste, et qu'ils ont cette ambiance dark glauque, j'en sais trop rien. En tout cas, on le ressort dans une version un peu différente bientôt, en 12' et en coprod avec l'excellent label corbeau Manic Depression.

En tout cas, on a essayé plein de choses cette année, et l'an prochain s'annonce superbe. J'arrête ici de parler des groupes qu'on a défendu, vous avez le bandcamp, suffit de cliquer sur Play. Je préfère causer des labels qui travaillent à inventer le futur, ce que j'ose appeler une nouvelle génération.

D'abord, cette année, je pense qu'il fallait écouter vraiment en boucle les sorties d'Anywave. On adore travailler avec eux, ils ont un studio dont ils sortent des choses excellentes. Leurs 2 premières compilations sont d'une audace que j'ai vu nulle part ailleurs cette année, et le EP de People of Nothing, particulièrement la piste 1, A Break To Cry est incroyable. Et les artworks défoncent.

Dans le même esprit aventureux, tu as aussi Stellar Kinematics. Opale, Dorcelsius, leur compilation capsule, en tape. C'est visuellement très beau, la sélection est géniale, les choix sont méga risqués, et ça paie. Leurs mixtapes sont vraiment bien aussi, il manquerait plus qu'ils les sortent en cassette.

Y a eu aussi Fin de Siecle, qui m'ont rendu dingue avec Milan. C'était tellement inattendu que quand je l'ai vu à l'Espace B, j'ai fait un rejet. Et puis j'ai écouté le single : c'est du génie, les mecs réinventent le Dub, en mêlant tout ça à Suicide, les synthés etc... C'est sublime.

Yuk Fü ont aussi aligné les claques, avec Blackmail et le « Krystall » de Sydney Valette. La track est hyper intelligente, les remixes sont tops par Unison ou Gyrls, l'EP est superbe.

Après, RPUT pour Venera, évidemment. Et Croque Macadam et Howlin'Banana, vous êtes un peu nos « correspondants-guitare », quelque chose comme ça. L'album de Seventeen At This Time m'a aussi beaucoup touché, c'est clairement l'un des disques de l'année.

Sinon, j'ai de plus en plus l'impression que le format concert ennuie tout le monde, et qu'il faut rendre tout ça beaucoup plus marrant, festif, même quand c'est de la wave la plus plombée. En parlant de fête, je suis méga impressionné par le « clubbing queer », l’énergie qui se dégage d'une Kidnapp', d'une Sale, etc... Tout ceci n'est pas forcément musical, encore que, mais c'est impressionnant de voir l'engouement des participants. C'est très inspirant, je pense qu'on gagnerait parfois à décompresser, quitter l'immobilisme public-scène-artiste un peu chiant.

Sinon, du côté des médias, c'est cool aussi. Gonzai en version papier-décalé, Hartzine qui s'est définitivement imposé, Bong pour les guitares, Novorama, Ground Control to Major Tom, vous... La presse web française se porte de mieux en mieux, j'ai l'impression. Et la radio, avec Yummy pour les guitares et la Trayeuse Électrique pour les synthés, c'est inratable.

Et j'oublie plein de monde, hein ? J'ai l'impression qu'on a pas arrêté cette année.

2014 va vraiment être une grande fête, très bordélique, mais on risque de s'en rappeler, je pense.


Gone with the Weed (facebook, soundcloud)
Petite vue d'ensemble pour 2013, avec de plus en plus de monde aux concerts et des bons groupes de powerpop au nord comme au sud comme les Crusaders Of Love à Lille, Sun Sick et Departure Kids à Marseille, et nos petits chouchous de Skategang à Paris qui sont hors catégorie (n'est ce pas Alex...). 

Il y a eu un paquet de bon concerts à Paris cette année, on a particulièrement aimé Dead Gaze à la Méca, The Hussy et Dinosaur Jr. Mention spéciale pour le doublé gagnant Rat Columns et Rank/Xerox à Vincennes l'été dernier, et un super concert de Yussuf Jerusalem au Picolo à St Ouen. 

Au niveau des disques plutôt de super découvertes que des nouveaux bons albums de groupes qu'on connaissait déjà. Le maxi des australiens Lace Curtain sorti sur Mexican Summer, le premier album des Courtneys de Vancouver (Hockey Dad records) et l'album de Radioactivity avec des mecs de Marked Men, Bad Sports et Mind Spiders sur Dirtnap. L'excellent Lp de Youth Avoiders (Destructure / Build Me A Bomb) reste un des meilleurs albums de 2013 et fait du groupe un truc aussi bon sur disque qu'en concert. Sorti en décembre, le nouvel album solo de Jeffrey Novak (Cheap Time, Rat Traps) est vraiment hyper bien et mérite d'être écouté plus d'une fois, autant que la splendide pochette pompée à Bananamour de Kevin Ayers mérite d'être regardée. 

Si il y a pas mal de trucs à faire en ce moment à Paris c'est quand même pas un hasard, à noter le fait que l'équipe de l'Espace B a réussi à un faire un endroit au poil pour aller mater des concerts tant et si bien que Corentin Cariou semble s'être rapproché comme par magie du centre de Paris. 

Niveau labels Teenage Menopause tire bien son épingle du jeu avec un catalogue qui grossit et devient de plus en plus cool. Poliment a aussi sorti deux très bonnes cassettes (Dame Blanche et une chouette compile). On termine en vous faisant remarquer que Ether & Crac, l'émission de Maxime sur Radio Campus un lundi sur deux est probablement la meilleure solution pour écouter des trucs cools à la radio, ça l'a été pour 2013 et ça le sera sans aucun doute pour 2014. 

On regrette quand même la perte de deux groupes aussi différents que géniaux, la séparation des belges de Périphérique Est (mais leur super mini album sur Modern Action vient de sortir et ça rattrape un peu le coup) et le split de Sic Alps après plus de dix années à sortir des méga bons disques et à donner de super concerts.



2013 fut la deuxième véritable année pour WeWant2Wecord, notre label monté pour la beauté du geste, mais pas que...

On sait désormais un peu mieux ce qu’on veut qu’il soit, c’est-à-dire :
  • un label qui publie des disques qu’on aime, faits par des gens qu’on aime… Il n’y aura peut-être pas toujours une cohérence musicale dans nos choix de sorties mais il faudra absolument qu’il y ait ce côté humain.
  • un label qui ne soit pas un simple passe-temps, qui se satisfasse juste de ses sorties... On veut que ce soit potentiellement rentable (pas gagner d’argent mais équilibrer les budgets) et que cela serve aux artistes pour gagner en notoriété, tourner et enfin être signés sur un “vrai” label.
  • un label qui sorte des eps en cassette audio et tout le reste en vinyle.
Aussi, plus ça va, plus on est convainfesses d’être dans le vrai en organisant un festival annuel (le #1 Festival (bundy)) pour faire jouer, à Caen (14) et à la ville lumière (75), des groupes qu’on aime et notamment ceux dont on sort des disques -c’est d’ailleurs à ce moment là qu’on en vend le plus.
Aussi, ce festival est devenu un moyen pour nous de financer une partie des coups de pressage des vinyles -principalement grâce à la date Caennaise au Cargö. Ça fait un peu 2660° à la Live Nation mais bon, c’est comme ça…
On vient également de lancer une résidence bimestrielle au Motel, pour notamment 1) tisser des liens entre le un quatre et le sept cinq plus d’une fois par an et 2) boire des bières (83) plus ou moins à l’œil de façon plus régulière.
C’est cool.

S’il y a un truc chiant dans cette activité par contre, c’est bien la promo. Ça bouffe un temps incroyable, ça coûte de l’argent et c’est une sacrée source de frustration. Au début, ça nous énervait (euphémisme) de ne pas recevoir de retours, maintenant on arrive à prendre du refesse. On se dit qu’il doit manquer quelque chose dans notre manière de procéder, qu’il faut être patient, que c’est un métier, que ça portera ses fruits à long terme, ce genre de choses…
En tout cas, si vous avez des tuyaux, on est preneurs.

A l’origine, on n’était qu’un mp3 blog et le label, le festival… nous prennent tellement de temps que le blog est moins actif que dans les années 00’s.
On écrit moins mais on achète toujours autant de disques (de plus en plus d’américains, ce moins en moins d’anglais) et toujours aussi peu de trucs en digital (=rien).
On n’a d’ailleurs (comme tous les acheteurs de disques) quasiment acheté que du vinyle en 2013. Cependant, cela pourrait changer au vu des frais de ports faramineux dont il faut désormais s'acquitter pour en recevoir, des USA notamment.
Surtout qu’on reste attaché au CD. C’est pas si moche, un cd, et on a découvert certains de nos albums favoris dans ce format (on a plus de 30 ans)…
Au passage, vu comme les gens ont l’air de vouloir se débarrasser de leurs compact disques, il va y avoir de bonnes affaires à faire au niveau CD d’occaz en 2014 (on est prêts).

Pour en revenir au label, on va normalement sortir un LP, notre premier, en 2014.
Ce sera une réédition d’un disque qu’on a toujours aimé et qui est épuisé. Il n’y aura, a priori, pas le même travail de promo à fournir que si c’était le premier album d’un artiste qu’il faut faire découvrir, mais cela s’en approchera plus que de publier un 45 tours… Cette sortie pourrait s’avérer être une nouvelle expérience enrichissante (sauf au niveau pognon bien sûr) même si elle sera avant tout la concrétisation d’un projet qui nous tient à cœur (on est un peu des fillettes).
On va voir ce que ça changera au niveau de notre organisation et si on est capable de faire ça bien.
Si on estime que oui, on réfléchira à sortir des “premiers” albums…

En tout cas, 2014, tiens-toi prêt(e), on est chauds comme la Bretagne et ça va chier.

Les Roubinard Wigoler

mercredi 15 janvier 2014

Bilan 2013 : Les meilleurs albums de l'année (2/2)


1 Aline - Regarde Le Ciel (Accelera Son)
Regarde Le Ciel est le genre de disques avec lequel tu choisis tes copains. Aline a tout compris ou nous nous comprenons, je n'en sais rien. Le fait est, que Regarde Le Ciel, a et aura une résonance particulière pour nous, tout simplement parce qu'il réconcilie ce qui semblait inconciliable pour tous en France, alors pourtant que ça nous paraissait une évidence : la sensibilité et la mélancolie de Sarah Records, du C86 et des Smiths, notre belle langue trop souvent oublié du rock "made in France" et la trop sous-estimée pop (à guitares, pas Elli et Jacno quoi) française des années 80 comme Gamine, Les Avions, Les Calamités, Les Freluquets.
Romain Gueret et sa bande a écrit et sorti le disque que nous aurions rêver de faire.
L'interview d'Aline.


2 The Stevens - A History of Hygiene (Chapter Music)
Beaucoup de gens critiquent les tops, et ils n'ont pas tord quand l'exercice consiste à copier le voisin. En revanche les bilans peuvent devenir de très belles opportunités pour défendre des disques, et essayer encore une fois de les faire connaître. Etienne et moi sommes (nous l'espérons) dans cette seconde perspective. Notre top 10 est l'occasion de mettre en avant des disques coups de coeur. A History of Hygiene en est un énorme. Ce disque est génial et m'a accompagné une bonne partie de l'année. De l'indie-pop qui tire sur le lo-fi 90s mais avec une personnalité propre. Un album que j'ai envie d'offrir aux gens pour les embarquer avec moi. 




3 Homeshake - Homeshake Tape (Fixture)
Longtemps nous avons hésité pour la catégorie de ce disque. S'agit-il d'un EP ou d'un album ? Nous avons finalement opté pour l'album en estimant que le disque gagnerait en visibilité. Homeshake est un des sidemen de Mac De Marco. Sur cette cassette il vole clairement la vedette à son pote. C'est fantastique. Le son est amateur au possible mais comment ne pas être touché par la beauté de ces mélodies et cette voix aussi nonchalante que mélancolique? Homeshake Tape est un des plus beaux albums de 2013. Donnez lui une chance.



4 Scott & Charlene's Wedding - Any Port In A Storm (Fire)
Est-ce un disque de garage ? Est-ce un disque d'indie pop (ou rock) ? Je ne sais pas trop, sûr qu'on y entend du college rock 90 mais aussi un côté "Dunedin Sound" sans oublié un parler-chanter de story teller de la vie quotidienne qui n'est pas sans rappeler Dylan en moins frondeur. Vous vous doutez qu'avec ce genre de description le groupe rempli pile poil les critères de sélections précis pour plaire à Requiem Pour Un Twister. Dans le mille Emile.


5 Maston - Shadows (Trouble In Mind)
Le psychédélisme était le mot de 2013. Il y a des chances qu'en 2014 ce soit également le cas. Si nous avons été déçu par certains disques (à tel point qu'ils ne figurent pas dans ce top 50) d'autres nous ont émerveillés comme Shadows de Maston. Cet américain a pondu un disque transcendant ses influences. Un disque qui porte l'imaginaire loin et haut.


6 Jagwar Ma - Howlin' (Marathon Artists)
Juin 1997, la mythique Haçienda ferme définitivement ses portes, le club de Manchester sera a jamais ancré à la réconciliation quasi-impossible des popeux et des ravers. Dans un monde aussi segmenter et cliver que le nôtre, le club et ses DJs (ainsi que ses dealers d'acides) auront autant contribuer à la révolution techno qu'à la révolution indie, autant dire que c'est certainement l'un des lieux musicaux les plus important de notre ère. Si le terme "electro-rock" est fâcheusement galvaudé, presque une insulte pour nous (alors que nous aimons les deux mondes), or Jagwar Ma, à la manière des glorieux Happy Mondays et Stone Roses, réussi la synthèse idéale. Oui Howlin' est un disque revival baggy, mais putain qu'est ce que ça fait du bien d'entendre un groupe de rock qui sait faire de la musique électronique (à moins que ça soit l'inverse).



7 Dream Boys - s/t (Art Fag)
Ce blog est dévolue à la musique de genre. L'indie-pop est un de nos genres musicaux fétiches. Elle représente une pensée, une éthique au arrefour du DIY, la pop 60s des Byrds ou du Velvet, des idées du punk et post-punk et un tas d'autres trucs super cool à nos yeux. Dream Boys ont signé un disque indie-pop jangly , hymne à la 12 cordes aussi bandant que lumineux. RPUT aime les Dream Boys et l'indie-pop.
  

8 Thee Oh Sees - Floating Coffee (Castle Face)
Thee Oh Sees est un de nos groupes préférés depuis 4-5 ans, or jusqu'à maintenant, leurs sorties albums n'atteignaient pas toujours la qualité escompté (le très surestimé Carrion Crawler/The Dream) et certainement pas leurs prestations lives (cette année encore, celle du Trabendo, fut hallucinante), si on attend toujours d'eux l'album pierre angulaire, Floating Coffee s'en est vraiment approché. Thee Oh Sees ont rarement aussi bien tenu la longueur, ont rarement été aussi concis, efficace et complet, leur formule Garage-Kraut est vraiment maîtrisée à la perfection et ils peuvent même se permettre des formidables (Minautor) digressions. A notre avis, leur meilleur album depuis Help.


9 Orval Carlos Sibelius - Super Forma (Clapping Music)
Deux disques français dans le top 10 (dont le numéro un !), cinq de plus dans les 50, sans compter ceux qui s'en approchent. La France se porte très bien musicalement. On est par exemple tombé sous le charme de Super Forma magnifique disque psychédélique d'Orval Carlos Sibelius qu nous fait un effet un peu similaire à celui de Chris Cohen l'an passé: un pied dans la pop baroque, un autre dans le prog bizarre.



10 Boogarins - As Plantas que Curam (Other Music)
Invoquant le tropicalisme brésilien d'Os Mutantes ou de Sergio Mendes tout autant que le revival psych contemporain, le duo brésilien Boogarins fût l'une des plus belles découvertes surprises de l'année. Ah ce que la musique peut-être excitante lorsque le métissage, qui fait si peur à certaines franges extrême de notre beau pays, est intelligent ! Boogarins en sont la preuve : un groupe brésilien sorti sur un label new yorkais et adoubé par un blog français, la mondialisation a parfois du bon non ?