Mustang on les aime beaucoup depuis leur premier album A71 sorti il y a maintenant trois ans, en 2011 il a été rejoint par Tabou que l'on a évoqué succinctement dans notre bilan 2011, il fallait qu'un jour on chronique ces deux excellents disques ! La tâche n'est pas si facile et je ne sais pas si je rendrais justice à ces disques mais je vous promets d'essayer.
Mustang avant A71 on les pas vraiment vu venir, et puis il y a eu cet album, porté par le single "le pantalon", ça nous a tout de suite interpellé et on s'est jeté sur l'album dès que l'on a pu le trouver (dans notre format favori: vinyle). On attendait du coup avec une certaine impatience son successeur Tabou, le morceau balancé en fusée éclaireur ("la princesse au petit pois") nous a littéralement rendu fou, et même si le reste du disque n'est pas aussi aventurier il s'avère excellent, au moins aussi bon que le premier voir meilleur sur la longueur.
Quand A71 sort le paysage francophone est assez morne, la vague des groupes de rock Naast, Second Sex et Shades s'est tassée après s'être pris une volée de bois vert globalement pas méritée. Cette scène n'a pas eu les chances de faire ses preuves sur la longueur, on l'a tuée dans l’œuf après peut être l'avoir exposée trop intensément trop tôt... Mustang ont retenu la leçon, ils prennent leur temps et essayent de développer une approche musicale originale et personnelle depuis Clermont-Ferrand (et maintenant Paris).Ils ont aussi dans leur rang un fin parolier en la personne de Jean Felzine, probablement une des plus belles plumes dans la pop française de la nouvelle génération, capable d'associer une écriture exigeante sans tomber dans le précieux ou le pédant.
Le texte de "Le Pantalon" est à ce titre une grande réussite, j'avoue ne toujours pas savoir comment comprendre ce texte, au premier degrés ? au second degrés? J'opterai bien pour un intermédiaire entre les deux, une manière de mettre les deux démarches face à leur incohérence. Le tempo du morceau est assez lent, le rythme a un coté un peu désuet de danse de salon interprété par une boite à rythme bancale d'orgue bon marché. La guitare au son très rock'n'roll répond à un synthé antédiluvien. La composition est belle et constitue à mon sens une chansons les plus fortes du groupe cependant elle ne doit pas faire oublier les titres plus uptempo du groupe tout aussi réussis.
"Je m'emmerde" "Anne-Sophie" ou "En avant en arrière" sont parmi mes favorites du groupe, Mustang s'essaie à quelque chose de plus rock n roll (influence évidente du groupe) sans jamais être un pastiche ou revivaliste. On est loin de Brian Setzer, certains trouveront à s'en plaindre, moi je trouve au contraire l'ambition de Mustang plus intéressante, celle de créer un son unique puisant dans un patrimoine "rock" riche mais sans jamais chercher à sonner à l'identique (ce qui ne m'empêche pas d'adorer des formations très revivalistes aussi !). Mustang ne se revendique de pas grand chose, puisant ses références autant chez Suicide, Kraftwerk (A71 étant l'autoroute qui relie Clermont à Paris), Aphex Twin ("C'est fini" étant une adaptation de ce cher Richard D James) qu'Elvis, Nino Ferrer etc. Je pense que Mustang ne s'offusqueraient pas d'être considérés comme de la chanson française mais je pense qu'ils sont définitivement un groupe de musique Pop privilégiant autant la musique que les textes.
La capacité d'écrire des balades ne sonnant pas cucu-la-praline de Mustang est une de ses grandes forces. Sur le premier album je suis particulièrement fan de "La plus belle chanson du monde", la thématique explore le rapport à l'écriture, un sujet également abordé sur Tabou à travers la très drôle et cynique "J'fais des chansons".
Tabou se conclut d'ailleurs sur une balade poignante et éblouissante "Où devrais-je aller ?", un piano-voix épuré absolument sublime. Ce genre d'exercice aurait tout pour me laisser froid sur le papier, mais le talent de Mustang arrive à m'y faire adhérer. A vrai dire je connais peu d'artistes capables d'arriver à tirer autant d'un arrangement aussi simple, l'autre exemple qui vient en tête (et qui n'a rien à voir même si je sais que les intéressés ont écouté leurs albums) c'est Big Star où Alex Chilton était capable de déployer avec trois bouts de ficelles des trésors de mélodies pop et des voix à tomber par terre. Mustang a un peu de ça dans cette chanson, un des meilleurs titres pour terminer un disque entendu ces dernières années (avec "paresse" de Mehdi Zannad en France).
"Restons amants" qui la précède est également une très belle balade aux arrangements soignés voir ciselés. Tout comme A71 Tabou alterne entre ces titres lents et des morceaux plus uptempo. Dans ce registre "Niquée" ou "Tabou" tirent très bien leur épingle du jeu. Le morceau titre bien que plus produit que ce que l'on trouvait sur A71 a un feeling live et une intensité dont le premier album pouvait parfois manquer. Peut être aussi que le groupe a pris plus de confiance en live? Les synthés très 80s apportent une touche vraiment cool. Comme sur le premier album Mustang s'est faufilé avec une certaine élégances entre influences assumées, sonorités piochées dans l'héritage et une volonté de modernité et d'originalité (sans "forcer le trait" non plus) qui s'exprime peut être particulièrement dans les presque 6 minutes de la géniale "la princesse au petit pois".
Mustang nous refait le coup de la boite à rythme pré-programmée (que l'on trouve aussi sur "le pantalon" ou "Anne Sophie") dans une odyssée fantastique qui passée entre les mains de Carl Craig ferait de ce titre une infernale machine à danser pour les clubs de house music exigeants, quelque chose s'approchant de son remix d'Angola de Cesaria Evora . La ligne de basse propulse le morceau, elle a quelque chose d'obsédant, structure le morceau laissant à la guitare un rôle plus souple presque impressionnistes en ajoutant des touches ici et là pour souligner le texte ou la mélodie. Le morceaux me fait aussi penser au superbe "tonight's today" de Jack Penate qui n'a malheureusement pas réédité l'exploit depuis. "La princesse au petit pois" est un morceau ambitieux, il ouvre à Mustang des possibilités que l'on espère les voir explorer dans la suite de leur discographie même si on souhaite aussi qu'ils nous pondent des balades aussi somptueuses que ce que l'on trouve sur A71 et Tabou.
PS: ils ont sorti il y a quelques semaines un EP de reprises choisies chez Gainsbourg, Bashung ou Coutin, plutôt pas mal mais pas aussi décisif que leurs albums. On apprécie quand même sans bouder notre plaisir une belle cover de "chez les yéyés" par exemple.
Mustang - La princesse au petit pois (radio edit)
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