mercredi 24 octobre 2012

Conjuguons la Pop #19 : interview avec Alex des Guillotines


Les Guillotines ont sorti un single sur mon label il y a un an, ils enregistrent ces temps ci de nouveaux morceaux. Ils défendent un garage-rock en français depuis 6 ans et sont en quelques sortes des cousins de Ponctuation ou du Kid & les Marinellis. J'ai le plaisir d'avoir pu discuter avec l'un des deux guitaristes chanteurs: Alexandre.

Salut Alex, peux-tu nous présenter le groupe ?
Salut Alex ! Les Guillotines c’est Marion à la batterie, Samy à la basse, ainsi que Yves à la guitare et au chant, et moi-même, au chant et à la guitare.
Yves et moi, on s’est rencontré à la sortie du lycée ; on voulait tous deux former un groupe de garage-punk, du coup, j’ai pris la basse. Quelques semaines plus tard, on s’est rendu compte que ça fonctionnait mieux avec deux guitaristes/chanteurs, j’ai alors repris la guitare.
Le fait de devenir un quatuor nous a amené à affiner notre son, délaissant l’approche Punk, pour se diriger, petit à petit, vers quelque chose de plus Pop.

Depuis quand existez-vous ?
La première mouture du groupe s’est formée en 2006, avant que Samy ne nous rejoigne en 2009, et Marion est aux fûts depuis Janvier 2012.
Apparemment, nous fonctionnons par cycles de 3 ans.

Vos premières compositions étaient-elles déjà en français ?
Oui, dès le départ, Yves et moi avions l’ambition d’écrire dans notre langue maternelle.

Comment écris-tu dans notre langue ?
Je n’aime pas raconter des histoires ; j’aime insinuer des images directement dans la tête des gens.
Mon délire, c’est que chacun puisse s’approprier  ces « éclairs », selon sa propre expérience.
Souvenirs d’enfance, échecs, doutes ou certitudes.
J’assemble des vignettes autour d’un thème, en essayant d’y mettre ce qu’il faut de personnel, dissimulé sous l’universalité de notre condition.
J’essaye d’écrire, comme d’autres font des puzzles.

Qu’est-ce qui t’inspire pour les textes ?
Je me sers de l’écriture pour mettre un point final aux idées fixes qui peuvent stagner dans ma tête…

Ton style est-il différent de celui d’Yves ?
Yves a un style beaucoup plus verbal que le mien : il utilise plus de mots.
Il aime employer un lexique léché, voir même parfois tombé en désuétude ; ce qui donne à ses textes/chansons, une certaine dimension nostalgique.
J’aime penser que chaque personne à son style d’écriture, conscient ou non, qui est quelque part le miroir de sa psyché.

Ecris-tu d’abord les textes ou la musique ? Comment s’articulent les deux ?
Je pars toujours d’un squelette de quelques phrases et d’une suite d’accord ; j’enrichis ensuite cette base, avec d’autres parties (refrain, pont, outro …).
Une fois que j’ai le plan du morceau, je finalise le texte.

Comment places-tu ta voix, as-tu des sources d’inspiration pour t’aider à chanter en français ?
Pas spécialement, bien que j’apprécie de nombreux groupes ou chanteurs francophones, j’ai plutôt tendance à m’inspirer des anglophones, la façon dont ils mâchent les mots, ou les étirent : ils n’hésitent pas a maltraiter la langue, pour le bien de la mélodie.
J’aime particulièrement les arrangements vocaux des Pixies.

Penses-tu que le français soit compatible avec le rock en général ?
C’est évident ! Il y a eu, et il y a encore, de nombreux groupes qui chantent en français.
En fait, tout est une question de mode(s) : dans les années 60, les chanteurs Yéyé adaptaient des standards anglophones, dans les années 80, la majorité des groupes de rock alternatif chantaient dans notre langue.
Mais depuis les années 90 et le début de la French Touch, la tendance est à l’anglais.
A coté de ça, au Québec, beaucoup d’artistes emploient le Français.

Fais-tu une différence (écriture, composition, production …) entre les chansons que tu destines aux Guillotines, et les autres ?
J’écris toutes mes chansons de la même manière, même si le résultat final est différent.
Seul, j’aime m’entourer de machines en tous genres : synthétiseurs analogiques, boites a rythme, sampleurs …
Je ne vois pas l’intérêt de défendre un autre projet, si c’est pour faire la même chose.

Comment une de tes compositions devient une chanson des Guillotines ?
En l’abandonnant au collectif.
Aucun d’entre nous ne pourrais composer une chanson des Guillotines, seul.

Considères-tu les Guillotines comme un groupe de Garage Rock ?
Je dirais plutôt que nous sommes un groupe de Pop, d’obédience Garage.

Avez-vous l’impression de faire parti d’une scène ?
J’ai plutôt l’impression de faire parti d’une secte !

De quels groupes vous sentez vous proches ?
De tous les groupes qui font de la musique référencée, mais originale, en Français.
Ca me fait plaisir de voir que des groupes comme Aline ou La Femme existent : ils font ce qu’ils ont envie de faire, et ils le font bien.
Nous sommes bien sûr aussi à l’écoute de ce qui se passe ailleurs, et Wavves, The Growlers ou encore les Triptides ont sortis des disques qui tournent pas mal sur nos platines.

Penses-tu que le français influence l’opinion que les gens ont de vous ?
Je l’espère ! C’est un choix artistique majeur, ça définit notre son, au moins autant que notre formation musicale.

Crois-tu que le français soit un frein pour être écouté à l’étranger ?
Je ne pense pas : j’ai déjà écouté du Punk Polonais, par curiosité, ou encore du Rock Brésilien, par exotisme.
On écoute de la musique pour les émotions qu’elle véhicule, pas foncièrement pour la langue employée, même si la compréhension du texte amène une profondeur supplémentaire.

Avec Les Guillotines, vous avez sorti un 45T il y a un an, peux-tu nous le présenter ?
« L’Aube/L’Absinthe » est sortie en septembre 2011, via le label Croque Macadam ; nous avions fait le choix de mettre une balade Pop en Face A, et une chanson plus frontalement Garage, en face B.
 
Avez-vous eu de bons retours dessus ?
Oui ! Sans vraiment nous y attendre, nous avons eu le droit à quelques lignes dans Magic et Rock’n’Folk, et à plusieurs articles sur la blogosphère.
Notre seul regret, c’est de ne pas avoir été pris pour cible par des « haters ».

Peut-on espérer une suite à ce premier simple ?
Nous enregistrons actuellement une dizaine de chansons, pour les proposer à des labels dans le courant de l’année 2013 ; l’objectif est de sortir plusieurs 45T, avant de retourner en studio, probablement pour enregistrer un format plus long.

Vos prochaines dates de concerts ?
Nous jouerons le 29 octobre à l’Espace B, avec les italiens The Barbacans, ainsi que No Whisky for Callahan, puis le 30 novembre avec The Kumari et les Daltons.
Nous espérons vous y retrouver, et avoir l’occasion de présenter de nouvelles chansons !

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L'illustration est de Marion Brunetto (son blog) également batteuse du groupe.

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