samedi 20 octobre 2012

Conjuguons la Pop #16 : Interview Jesuslesfilles


Nous sommes heureux de pouvoir vous présenter le troisième et dernier groupe québécois que nous avons interviewé pour ce dossier Conjuguons La Pop. Après deux formations de garage-rock super cool (Ponctuation et Le Kid et les Marinellis) on accueille les excellents Jesuslesfilles pratiquant une noisy pop d'inspiration 90s mais pas revivaliste pour autant, un super groupe avec un son unique dans l'univers francophone.

Pouvez vous nous présenter le groupe ?
Dans Jesuslesfilles, il y a une fille et quatre garçons (Azure au chant, Martin au chant et à la guitare, Philippe à l’autre guitare, Guillaume à la basse et Benoit aux tambours). On a/a eu d'autres groupes (Les Vautours, Le monde dans le feu, Ponctuation), et/donc ce projet-là a commencé avec l’intention d’essayer autre chose que le rock garage : c’est un fond qui reste, mais qui a saumuré en masse dans les années 90. Mais on fait pas de grunge.
 
Certains membres de votre groupe jouent-ils dans d'autres formations ?
Martin joue dans Silver Dapple (fuzz pop 90s), Benoit dans Le monde dans le feu (électro-punk karaoké) et Guillaume dans Ponctuation (rock garage de frères)
 
Comment est venu le nom Jesuslesfilles ?
Y avait une toune qu’on jouait au début qui s’appelait Je suis les filles, pis Benoit a mal lu le nom à un moment donné qu’on cherchait un nom de band, pis on a trouvé ça ben brillant sur le coup.


Vous avez sorti Une Belle Table en 2010.

Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
Avec nos cennes bien indépendantes, pas de subventions, pis Joe des Breastfeeders, en plusieurs sessions plutôt décontractées. On a tracké du drum pendant deux jours de temps dans le studio des Breastfeeders, pis les guitares, la basse et les voix à temps perdu les soirées et weekends. Le mix a été fait par Jean-Michel Coutu, assisté de Martin. Je veux dire, y a pas d’anecdote.
 
Quels retours avez vous eu sur le disque ?
Des ben bons : La Presse, l’un des plus grands quotidiens du Québec, nous a mentionné dans sa revue de fin d’année (pas pire pour un disque indé), on a aussi été remarqués aux États-Unis (Brooklyn Vegan entre autres), on a été nommé pour le Bucky award de « Best reason to learn French » par CBC Radio 3, et Bang Bang, l’un des principaux médias alternatifs du Québec, demandait, dans sa revue de fin d’année aussi, si « le jeune groupe rock [taillera] sa place dans les annales de la scène locale, aux côtés des Breastfeeders, Navet Confit et autres Wd-40 ? »


 
 Est-il sorti uniquement en digital ?
Non, en CD-R aussi, avec une pochette sérigraphiée qu’on pliait en digipak à la main. On voudrait ne plus jamais faire ça, c’était une tâche du tabarnac.

  
En Mai 2011 vous sortez une split-cassette avec les Peelies. 

Comment s'est faite la rencontre avec les Peelies ?
Dans les escaliers extérieurs de L’Esco (l’immanquable bar rock garage montréalais), Martin fumait une cigarette et Marie-Andrée des Peelies lui en a demandé une et ils se sont dits qu’on devait faire des choses. On a fait un show thématique déguisé sur la fête mexicaine des morts. Pis un split parce que ça adonnait qu’on s’aimait bien.
 
Un mot sur le choix du support (cassette) ?
Joli choix de couleurs, pas cher, c’est le fun peser sur play sur un lecteur cassette
 
Vous chantez en français, était-ce une volonté délibéré dès la naissance du groupe ?
C’est pour être élitiste, pour faire chier les autres francophones qui chantent en anglais ? On se sent bête de chanter en anglais. C’est une langue qu’on parle couramment mais on ne la maîtrise pas comme on maîtrise le français. Et on aime les Wampas. Toi aussi.
 
Un mot sur le chant fille-garçon que l'on retrouve sur la plupart de vos morceaux ?
On peut jouer avec les textures, et ça fait beau.
 
Vos textes sont assez surréalistes, quelles sont vos inspirations en matière d'écriture ?
Les objets en particulier, quelqu’un, mais de moins en moins les filles. C’est pas très surréaliste; post-romantique, peut-être. Ben post.
 
Avez-vous également cherché l'inspiration dans d'autres groupes francophones pour le placement de la voix ?
Le vieux Wampas, un peu, c’est resté, sinon, c’est pour coller à la mélodie, on travaille avec les intonations.
 
Quelles sont vos influences au niveau musical ? 
Le vieux Wampas, The Vaselines, Ty Segall, The Pixies

 
 
À quoi ressemble la scène indépendante au Québec ?
Il y a eu une scène rock garage assez marquée il y a 8-10 ans (Breastfeeders, Caféïne, Demon’s Claws, …), ça nous a marqués. Depuis 2006, à cause de Malajube et Arcade Fire, il y a beaucoup trop d’indie-pop, mais pas de scène indie-pop parce que ces gens-là sont introvertis et adressent leurs sentiments. Depuis 2-3 ans, il y a une scène folk/folk sale assez vivante et festive, aussi, avec Bernard Adamus, Canailles, Lisa Leblanc, Dany Placard, Keith Kouna et d’autres. Sinon, c’est bigarré en genres, et en langues aussi : franco et anglo, deux scènes qui aimeraient communiquer davantage et qui, malgré la volonté sporadique, ont plus ou moins de succès à le faire.
Au fait, vous savez qu’aux Francofolies de Montréal, on chante en français pour vrai ?
 
Quelles sont ses spécificités par rapport à la scène indé canadienne ?
Il y a un son rock/country-rock/indie-rock canadien qui rejoint quelques francophones par procuration, mais c’est aussi endormant que l’indie-pop québécois.
 
Comment y est perçu le français ?
En dehors de Malajube et Karkwa, la majorité des mélomanes canadiens-anglais ne connaissent pas de musique francophone. Pas qu’il n’y ait pas d’ouverture, juste pas de curiosité. Mais l’ouverture est là : on a joué à Toronto et Halifax devant des anglophones et ça a levé (comme ça peut lever au Canada anglais).
 
Et avez-vous de bons retours du coté anglophone du continent nord-américain ?
On a joué 3 fois à New York, devant une centaine de personnes à chaque fois, c’était cool. Et comme on disait, on a eu une mention sur Brooklyn Vegan pour notre album Une belle table, entre autres blogues anglos. C’est notable. Ceci dit, on a quelques fans plutôt fervents en Angleterre. Et on joue à Iceland Airwaves à la fin du mois, et on sait qu’on y est attendus.
 
Quels sont vos projets ?
Iceland Airwaves à la fin du mois, et après on prend une pause pour composer le deuxième album. Ça fait un an qu’on dit qu’on prend une pause pour composer le deuxième album, en fait. C’est un projet, ça.
 
En France, nous ne connaissons pas très bien la scène québécoise, quelques recommandations à nous faire ?
Vous connaissez Duchess Says. Y a aussi le rock garage de Ponctuation, le sludge-synth-punk de Meta Gruau, la fuzzy pop de Silver Dapple, l’indie-rock de Parlovr (ça peut être bon, l’indie-rock ; Parlovr c’est un bon exemple), le garunge de Solids, la folk sale et festive de Canailles, pis tous les bands ici  Forchristsake est un mini-label opéré par Martin et Jean-Michel, le gars qui a mixé notre premier album. 


 

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