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mardi 26 septembre 2017

Jack Cooper "Sandgrown"

Seul, le visage morne, l'homme s'éloigne avec langueur de la ville et ses lumières. Le portrait de Jack Cooper dépeint en couverture de Sandgrown (2017, Trouble In Mind) est annonciateur : le jeune gouailleur découvert au micro de Mazes en 2009 s'est apaisé et a accordé ses guitares. Derrière lui, Blackpool, la station balnéaire de la Fylne Coast (Lancashire, Angleterre) qui l'a vu grandir.

Résidant désormais à Londres où il incarne aux côtés de James Hoare (Veronica Falls, Proper Ornaments) la seconde moitié de l'épatant projet Ultimate Painting, le musicien a pris une pause cet hiver pour revenir sur ses souvenirs. Equipé d'un simple quatre pistes, il s'est entouré de quelques amis après Noël pour donner vie à ces ballades folk, dans une démarche DIY qui lui est chère depuis ses débuts. Écrites au cours des dernières années, toutes s'inspirent de ses moments passés à Blackpool. Cooper ne convoque pas la vie nocturne réputée, le côté populaire et frivole de la surnommée « Las Vegas du Nord » mais nous propose plutôt une promenade en bord de mer, un instant de répit.

Le minimalisme de l’instrumentation - composée de guitares claires et de percussions aux accents jazz (jeu au balais, maracas) - permet à la voix de se dévoiler entièrement. Il n’hésite pas à explorer toute sa tessiture sur Gynn Square, un deuxième single bien choisi que l’on se surprend vite à fredonner. Comme chez Kevin Morby, les textes sont denses mais les mélodies jamais sacrifiées. Le tempo modéré évoque inévitablement Mac Demarco et tout particulièrement le dernier opus de ce dernier, This Old Dog (A Net , On A Pier In The Wind). Le très mélancolique  Estuary , qui rappelle la fragilité de Christopher Owens période Broken Dreams Club, se détache par la présence d’un clavier qui complète par nappes la formation instrumentale initiale, demeurée jusque là imperturbables.

La cohérence, c’est ce qui caractérise en effet ce cycle de chansons douces et feutrées, dont le sentiment d’harmonie est renforcé par un couple d’interludes instrumentales (Sandgrown Part 1 et Sandgrown Part 2) exposant le même thème. Grâce à ces ponctuations et à son petit format (29:51min), Sandgrown évite l'écueil de la longueur. Si les amateurs de pop à guitares qui constituent habituellement le public du britannique regretteront peut-être le manque d’aspérité de ces ballades, ils en reconnaîtront tout de même sans doute le charme.



samedi 25 janvier 2014

Bilan 2013: ce qu'en retiennent les labels (2)

Le Turc Mécanique (facebook, bandcamp)
Je vais pas faire d'introduction, avec des conclusions qui se veulent universelles, voire sociétales, voire un peu connes. Simplement, je vais poser deux bases qui m'ont semblé essentielles par rapport à 2013.

D'abord, le fait que l'ancien monde semble continuer de patauger pour éviter de se noyer, que les organisations subventionnées, que les structures du droit d'auteurs et que nombre de nos prédécesseurs semblent définitivement perdus face à la réalité des différentes sphères de la musique. Qu'ils abdiquent enfin et que nous puissions reconstruire des choses plus pertinentes en lieu et place.

Ensuite, qu'artistiquement, nous n'avons plus à nous servir de longues vues pour lorgner sur les groupes américains, anglais, ou étrangers en général. Sans chauvinisme aucun, il suffit actuellement de se pencher sur nos scènes actuelles pour découvrir des artistes géniaux, souvent bien plus inventifs que des Jacuzzi Boys et consorts. Exemple parmi pleins d'autres.

A Paris, Yann Canevet a prouvé avec Venera 4, Future et Maria False que c'était sûrement l'un des musiciens les plus talentueux de sa génération, et son collectif, Nothing, avec Dead, Avgvst, Dead Horse One ou encore le petit dernier Marble Arch font la nique aux anglo-saxons sans se poser de question, en bossant avec rien.

En province aussi, le mot est large, il suffit de poser les yeux sur les différentes scènes dites « undergrounds » pour s’émerveiller. La haine des quatre diables de Strasbourg, la violence d'Harshlove, les velléités arty/lo-fi de mecs comme Zadrien Cocquart, Ventre de Biche etc... et tout ceci n'est qu'un tout petit extrait de ce tout ce qu'on aurait pu citer de fascinant.

Notre rôle, en tant que label, c'est maintenant de servir de curateurs, de marqueurs, de fonder à travers nos catalogues une espèce de compilation idéale. De rassembler ces artistes. Du côté du Turc Mecanique, cette année a posé les bases : on s'acharnera à soutenir tous les OVNIs sonores qui en vaudront la peine, comme on l'a montré avec Punks Are Fags, ces mecs qui mettent Martin Mystère en musique, ou Backt Mariah, qui invente une cold wave dansante à paillettes en se rêvant diva MTV. Il en va de même avec Last Night. C'est flippant de ce dire que ces trois gars proposent l'un des albums punk les plus puissant que j'ai entendu cette année, et qu'aucun label spécialisé n'a daigné le sortir. C'est peut être que le temps est plus au « Garage » optimiste, et qu'ils ont cette ambiance dark glauque, j'en sais trop rien. En tout cas, on le ressort dans une version un peu différente bientôt, en 12' et en coprod avec l'excellent label corbeau Manic Depression.

En tout cas, on a essayé plein de choses cette année, et l'an prochain s'annonce superbe. J'arrête ici de parler des groupes qu'on a défendu, vous avez le bandcamp, suffit de cliquer sur Play. Je préfère causer des labels qui travaillent à inventer le futur, ce que j'ose appeler une nouvelle génération.

D'abord, cette année, je pense qu'il fallait écouter vraiment en boucle les sorties d'Anywave. On adore travailler avec eux, ils ont un studio dont ils sortent des choses excellentes. Leurs 2 premières compilations sont d'une audace que j'ai vu nulle part ailleurs cette année, et le EP de People of Nothing, particulièrement la piste 1, A Break To Cry est incroyable. Et les artworks défoncent.

Dans le même esprit aventureux, tu as aussi Stellar Kinematics. Opale, Dorcelsius, leur compilation capsule, en tape. C'est visuellement très beau, la sélection est géniale, les choix sont méga risqués, et ça paie. Leurs mixtapes sont vraiment bien aussi, il manquerait plus qu'ils les sortent en cassette.

Y a eu aussi Fin de Siecle, qui m'ont rendu dingue avec Milan. C'était tellement inattendu que quand je l'ai vu à l'Espace B, j'ai fait un rejet. Et puis j'ai écouté le single : c'est du génie, les mecs réinventent le Dub, en mêlant tout ça à Suicide, les synthés etc... C'est sublime.

Yuk Fü ont aussi aligné les claques, avec Blackmail et le « Krystall » de Sydney Valette. La track est hyper intelligente, les remixes sont tops par Unison ou Gyrls, l'EP est superbe.

Après, RPUT pour Venera, évidemment. Et Croque Macadam et Howlin'Banana, vous êtes un peu nos « correspondants-guitare », quelque chose comme ça. L'album de Seventeen At This Time m'a aussi beaucoup touché, c'est clairement l'un des disques de l'année.

Sinon, j'ai de plus en plus l'impression que le format concert ennuie tout le monde, et qu'il faut rendre tout ça beaucoup plus marrant, festif, même quand c'est de la wave la plus plombée. En parlant de fête, je suis méga impressionné par le « clubbing queer », l’énergie qui se dégage d'une Kidnapp', d'une Sale, etc... Tout ceci n'est pas forcément musical, encore que, mais c'est impressionnant de voir l'engouement des participants. C'est très inspirant, je pense qu'on gagnerait parfois à décompresser, quitter l'immobilisme public-scène-artiste un peu chiant.

Sinon, du côté des médias, c'est cool aussi. Gonzai en version papier-décalé, Hartzine qui s'est définitivement imposé, Bong pour les guitares, Novorama, Ground Control to Major Tom, vous... La presse web française se porte de mieux en mieux, j'ai l'impression. Et la radio, avec Yummy pour les guitares et la Trayeuse Électrique pour les synthés, c'est inratable.

Et j'oublie plein de monde, hein ? J'ai l'impression qu'on a pas arrêté cette année.

2014 va vraiment être une grande fête, très bordélique, mais on risque de s'en rappeler, je pense.


Gone with the Weed (facebook, soundcloud)
Petite vue d'ensemble pour 2013, avec de plus en plus de monde aux concerts et des bons groupes de powerpop au nord comme au sud comme les Crusaders Of Love à Lille, Sun Sick et Departure Kids à Marseille, et nos petits chouchous de Skategang à Paris qui sont hors catégorie (n'est ce pas Alex...). 

Il y a eu un paquet de bon concerts à Paris cette année, on a particulièrement aimé Dead Gaze à la Méca, The Hussy et Dinosaur Jr. Mention spéciale pour le doublé gagnant Rat Columns et Rank/Xerox à Vincennes l'été dernier, et un super concert de Yussuf Jerusalem au Picolo à St Ouen. 

Au niveau des disques plutôt de super découvertes que des nouveaux bons albums de groupes qu'on connaissait déjà. Le maxi des australiens Lace Curtain sorti sur Mexican Summer, le premier album des Courtneys de Vancouver (Hockey Dad records) et l'album de Radioactivity avec des mecs de Marked Men, Bad Sports et Mind Spiders sur Dirtnap. L'excellent Lp de Youth Avoiders (Destructure / Build Me A Bomb) reste un des meilleurs albums de 2013 et fait du groupe un truc aussi bon sur disque qu'en concert. Sorti en décembre, le nouvel album solo de Jeffrey Novak (Cheap Time, Rat Traps) est vraiment hyper bien et mérite d'être écouté plus d'une fois, autant que la splendide pochette pompée à Bananamour de Kevin Ayers mérite d'être regardée. 

Si il y a pas mal de trucs à faire en ce moment à Paris c'est quand même pas un hasard, à noter le fait que l'équipe de l'Espace B a réussi à un faire un endroit au poil pour aller mater des concerts tant et si bien que Corentin Cariou semble s'être rapproché comme par magie du centre de Paris. 

Niveau labels Teenage Menopause tire bien son épingle du jeu avec un catalogue qui grossit et devient de plus en plus cool. Poliment a aussi sorti deux très bonnes cassettes (Dame Blanche et une chouette compile). On termine en vous faisant remarquer que Ether & Crac, l'émission de Maxime sur Radio Campus un lundi sur deux est probablement la meilleure solution pour écouter des trucs cools à la radio, ça l'a été pour 2013 et ça le sera sans aucun doute pour 2014. 

On regrette quand même la perte de deux groupes aussi différents que géniaux, la séparation des belges de Périphérique Est (mais leur super mini album sur Modern Action vient de sortir et ça rattrape un peu le coup) et le split de Sic Alps après plus de dix années à sortir des méga bons disques et à donner de super concerts.



2013 fut la deuxième véritable année pour WeWant2Wecord, notre label monté pour la beauté du geste, mais pas que...

On sait désormais un peu mieux ce qu’on veut qu’il soit, c’est-à-dire :
  • un label qui publie des disques qu’on aime, faits par des gens qu’on aime… Il n’y aura peut-être pas toujours une cohérence musicale dans nos choix de sorties mais il faudra absolument qu’il y ait ce côté humain.
  • un label qui ne soit pas un simple passe-temps, qui se satisfasse juste de ses sorties... On veut que ce soit potentiellement rentable (pas gagner d’argent mais équilibrer les budgets) et que cela serve aux artistes pour gagner en notoriété, tourner et enfin être signés sur un “vrai” label.
  • un label qui sorte des eps en cassette audio et tout le reste en vinyle.
Aussi, plus ça va, plus on est convainfesses d’être dans le vrai en organisant un festival annuel (le #1 Festival (bundy)) pour faire jouer, à Caen (14) et à la ville lumière (75), des groupes qu’on aime et notamment ceux dont on sort des disques -c’est d’ailleurs à ce moment là qu’on en vend le plus.
Aussi, ce festival est devenu un moyen pour nous de financer une partie des coups de pressage des vinyles -principalement grâce à la date Caennaise au Cargö. Ça fait un peu 2660° à la Live Nation mais bon, c’est comme ça…
On vient également de lancer une résidence bimestrielle au Motel, pour notamment 1) tisser des liens entre le un quatre et le sept cinq plus d’une fois par an et 2) boire des bières (83) plus ou moins à l’œil de façon plus régulière.
C’est cool.

S’il y a un truc chiant dans cette activité par contre, c’est bien la promo. Ça bouffe un temps incroyable, ça coûte de l’argent et c’est une sacrée source de frustration. Au début, ça nous énervait (euphémisme) de ne pas recevoir de retours, maintenant on arrive à prendre du refesse. On se dit qu’il doit manquer quelque chose dans notre manière de procéder, qu’il faut être patient, que c’est un métier, que ça portera ses fruits à long terme, ce genre de choses…
En tout cas, si vous avez des tuyaux, on est preneurs.

A l’origine, on n’était qu’un mp3 blog et le label, le festival… nous prennent tellement de temps que le blog est moins actif que dans les années 00’s.
On écrit moins mais on achète toujours autant de disques (de plus en plus d’américains, ce moins en moins d’anglais) et toujours aussi peu de trucs en digital (=rien).
On n’a d’ailleurs (comme tous les acheteurs de disques) quasiment acheté que du vinyle en 2013. Cependant, cela pourrait changer au vu des frais de ports faramineux dont il faut désormais s'acquitter pour en recevoir, des USA notamment.
Surtout qu’on reste attaché au CD. C’est pas si moche, un cd, et on a découvert certains de nos albums favoris dans ce format (on a plus de 30 ans)…
Au passage, vu comme les gens ont l’air de vouloir se débarrasser de leurs compact disques, il va y avoir de bonnes affaires à faire au niveau CD d’occaz en 2014 (on est prêts).

Pour en revenir au label, on va normalement sortir un LP, notre premier, en 2014.
Ce sera une réédition d’un disque qu’on a toujours aimé et qui est épuisé. Il n’y aura, a priori, pas le même travail de promo à fournir que si c’était le premier album d’un artiste qu’il faut faire découvrir, mais cela s’en approchera plus que de publier un 45 tours… Cette sortie pourrait s’avérer être une nouvelle expérience enrichissante (sauf au niveau pognon bien sûr) même si elle sera avant tout la concrétisation d’un projet qui nous tient à cœur (on est un peu des fillettes).
On va voir ce que ça changera au niveau de notre organisation et si on est capable de faire ça bien.
Si on estime que oui, on réfléchira à sortir des “premiers” albums…

En tout cas, 2014, tiens-toi prêt(e), on est chauds comme la Bretagne et ça va chier.

Les Roubinard Wigoler

mercredi 15 janvier 2014

Bilan 2013 : Les meilleurs albums de l'année (2/2)


1 Aline - Regarde Le Ciel (Accelera Son)
Regarde Le Ciel est le genre de disques avec lequel tu choisis tes copains. Aline a tout compris ou nous nous comprenons, je n'en sais rien. Le fait est, que Regarde Le Ciel, a et aura une résonance particulière pour nous, tout simplement parce qu'il réconcilie ce qui semblait inconciliable pour tous en France, alors pourtant que ça nous paraissait une évidence : la sensibilité et la mélancolie de Sarah Records, du C86 et des Smiths, notre belle langue trop souvent oublié du rock "made in France" et la trop sous-estimée pop (à guitares, pas Elli et Jacno quoi) française des années 80 comme Gamine, Les Avions, Les Calamités, Les Freluquets.
Romain Gueret et sa bande a écrit et sorti le disque que nous aurions rêver de faire.
L'interview d'Aline.


2 The Stevens - A History of Hygiene (Chapter Music)
Beaucoup de gens critiquent les tops, et ils n'ont pas tord quand l'exercice consiste à copier le voisin. En revanche les bilans peuvent devenir de très belles opportunités pour défendre des disques, et essayer encore une fois de les faire connaître. Etienne et moi sommes (nous l'espérons) dans cette seconde perspective. Notre top 10 est l'occasion de mettre en avant des disques coups de coeur. A History of Hygiene en est un énorme. Ce disque est génial et m'a accompagné une bonne partie de l'année. De l'indie-pop qui tire sur le lo-fi 90s mais avec une personnalité propre. Un album que j'ai envie d'offrir aux gens pour les embarquer avec moi. 




3 Homeshake - Homeshake Tape (Fixture)
Longtemps nous avons hésité pour la catégorie de ce disque. S'agit-il d'un EP ou d'un album ? Nous avons finalement opté pour l'album en estimant que le disque gagnerait en visibilité. Homeshake est un des sidemen de Mac De Marco. Sur cette cassette il vole clairement la vedette à son pote. C'est fantastique. Le son est amateur au possible mais comment ne pas être touché par la beauté de ces mélodies et cette voix aussi nonchalante que mélancolique? Homeshake Tape est un des plus beaux albums de 2013. Donnez lui une chance.



4 Scott & Charlene's Wedding - Any Port In A Storm (Fire)
Est-ce un disque de garage ? Est-ce un disque d'indie pop (ou rock) ? Je ne sais pas trop, sûr qu'on y entend du college rock 90 mais aussi un côté "Dunedin Sound" sans oublié un parler-chanter de story teller de la vie quotidienne qui n'est pas sans rappeler Dylan en moins frondeur. Vous vous doutez qu'avec ce genre de description le groupe rempli pile poil les critères de sélections précis pour plaire à Requiem Pour Un Twister. Dans le mille Emile.


5 Maston - Shadows (Trouble In Mind)
Le psychédélisme était le mot de 2013. Il y a des chances qu'en 2014 ce soit également le cas. Si nous avons été déçu par certains disques (à tel point qu'ils ne figurent pas dans ce top 50) d'autres nous ont émerveillés comme Shadows de Maston. Cet américain a pondu un disque transcendant ses influences. Un disque qui porte l'imaginaire loin et haut.


6 Jagwar Ma - Howlin' (Marathon Artists)
Juin 1997, la mythique Haçienda ferme définitivement ses portes, le club de Manchester sera a jamais ancré à la réconciliation quasi-impossible des popeux et des ravers. Dans un monde aussi segmenter et cliver que le nôtre, le club et ses DJs (ainsi que ses dealers d'acides) auront autant contribuer à la révolution techno qu'à la révolution indie, autant dire que c'est certainement l'un des lieux musicaux les plus important de notre ère. Si le terme "electro-rock" est fâcheusement galvaudé, presque une insulte pour nous (alors que nous aimons les deux mondes), or Jagwar Ma, à la manière des glorieux Happy Mondays et Stone Roses, réussi la synthèse idéale. Oui Howlin' est un disque revival baggy, mais putain qu'est ce que ça fait du bien d'entendre un groupe de rock qui sait faire de la musique électronique (à moins que ça soit l'inverse).



7 Dream Boys - s/t (Art Fag)
Ce blog est dévolue à la musique de genre. L'indie-pop est un de nos genres musicaux fétiches. Elle représente une pensée, une éthique au arrefour du DIY, la pop 60s des Byrds ou du Velvet, des idées du punk et post-punk et un tas d'autres trucs super cool à nos yeux. Dream Boys ont signé un disque indie-pop jangly , hymne à la 12 cordes aussi bandant que lumineux. RPUT aime les Dream Boys et l'indie-pop.
  

8 Thee Oh Sees - Floating Coffee (Castle Face)
Thee Oh Sees est un de nos groupes préférés depuis 4-5 ans, or jusqu'à maintenant, leurs sorties albums n'atteignaient pas toujours la qualité escompté (le très surestimé Carrion Crawler/The Dream) et certainement pas leurs prestations lives (cette année encore, celle du Trabendo, fut hallucinante), si on attend toujours d'eux l'album pierre angulaire, Floating Coffee s'en est vraiment approché. Thee Oh Sees ont rarement aussi bien tenu la longueur, ont rarement été aussi concis, efficace et complet, leur formule Garage-Kraut est vraiment maîtrisée à la perfection et ils peuvent même se permettre des formidables (Minautor) digressions. A notre avis, leur meilleur album depuis Help.


9 Orval Carlos Sibelius - Super Forma (Clapping Music)
Deux disques français dans le top 10 (dont le numéro un !), cinq de plus dans les 50, sans compter ceux qui s'en approchent. La France se porte très bien musicalement. On est par exemple tombé sous le charme de Super Forma magnifique disque psychédélique d'Orval Carlos Sibelius qu nous fait un effet un peu similaire à celui de Chris Cohen l'an passé: un pied dans la pop baroque, un autre dans le prog bizarre.



10 Boogarins - As Plantas que Curam (Other Music)
Invoquant le tropicalisme brésilien d'Os Mutantes ou de Sergio Mendes tout autant que le revival psych contemporain, le duo brésilien Boogarins fût l'une des plus belles découvertes surprises de l'année. Ah ce que la musique peut-être excitante lorsque le métissage, qui fait si peur à certaines franges extrême de notre beau pays, est intelligent ! Boogarins en sont la preuve : un groupe brésilien sorti sur un label new yorkais et adoubé par un blog français, la mondialisation a parfois du bon non ?

jeudi 9 janvier 2014

Bilan 2013: ce qu'en retiennent les labels (1/2)

Without My Hat (Olivier, Lyon)
Cette année 2013 pour Without My Hat Records aura eu deux facettes :
- l'une est très positive vu que j'aurai pu sortir 3 disques, qui plus est dans trois formats différents (un LP et un 45-tours en vinyle, un Ep en cd).
- l'autre a une forme de résignation devant l'échec « commercial » des sorties. Je n'ai jamais monté un label pour gagner ma vie (un parce que je sais que c'est impossible et deux parce que je n'en ai pas envie, je veux que cela reste un plaisir. J'ai un travail « classique » à côté qui me permet de financer, après quelques mois d'épargne, une nouvelle sortie. Et ce système me plait).
Or, dans cette aventure, l'investissement (financier et personnel) ne connait jamais de retour. Beaucoup de gens écoutent, ça c'est un fait. Mais peu achètent et soutiennent. 

Vous me direz, les labels et les disques à soutenir sont légions, et c'est évident. Mais c'est frustrant. Déprimant aussi, à voir les cartons de disques s'empiler dans l'appartement. Et financièrement pas du tout viable à long terme.

Et pourtant, l'envie est toujours là de continuer à « produire » de nouveaux groupes, à découvrir des chansons qui rendent dingue et avoir l'ambition de les faire écouter au plus grand nombre.

Plus généralement, j'ai trouvé que 2013 avait été une belle année au niveau musical. J'aime beaucoup l'élan pop à la française qui a emergé depuis 18 mois. Tout n'est pas bon certes, mais il y a toujours au moins quelques singles bien foutus à récupérer et à écouter jusqu'à plus soif. Bref, j'aime cette nouvelle ambition.

J'ai aussi beaucoup aimé recroiser la route d'artistes un peu oubliés : Joseph Arthur, Travis, Quasi, Turin Brakes, Six.by.Seven, Ed Harcourt, Califone ou Adam Green.
J'ai adoré découvrir San Fermin, Public Service Broadcasting, Fuzz, The Limiñanas, Minks ou Deafheaven.
J'ai bien aimé aussi la pop mainstream. Beaucoup plus pop que précédemment, bien produite, il y aura eu en 2014 de sacrés tubes à mes yeux. Et même si le bonhomme de l'année à ce niveau là est évidemment Pharrell (il aura été de partout celui là !), c'est Miley Cyrus qui va récolter les lauriers. Et quand bien même son album ne me plait pas, il aura au moins eu le bon gout de mettre au placard, espérons le indéfinimment, Lady Gaga et son eurodance plus dégueulasse de single en single. Un peu comme quand Nirvana avait détruit l'affreux édifice Guns'n'Roses en un Smells Like Teen Spirit (la comparaison est osée).
Par contre, j'ai beaucoup moins aimé le décès de Jason Molina qui a été un vrai choc et une grande tristesse.

A part ça, je cherche encore la signification à l'engouement autour de Fauve et encore plus de Woodkid (NDR: la même chez RPUT ), sorte de Marc Levy ou Guillaume Musso de la production musicale, où tout est factice et fait pour créer une émotion en toc.

Enfin, je désespère de voir les lignes éditoriales de beaucoup de webzines (qui suivent le très mauvais exemple des Inrocks.com) ou de blogs devenir de plus en lisses, sans prise de risque, sans aucun défrichage (alors qu'à la base, c'était ça le but d'un blog : parler de groupes qui n'ont pas accès aux médias) et surtout sans jamais de fond. Heureusement, il y en a qui font très bien leur « boulot » (et le votre en est un bel exemple). Je ne pense pas que ce soit nouveau mais j'en ai vraiment pris conscience cette année.
Et ce zapping incessant (de la news, aussitôt publiée, aussitôt périmée, toujours plus d'infos, d'exclus, etc) et auquel je participe également avec mon blog, ne nous voilons pas la face, commence à me fatiguer.

Mais derrière cette conclusion un peu morose, je ne le cache pas : j'ai adoré 2013, j'y ai découvert de bien belles chansons, j'ai pleuré sur des albums, j'ai adoré écrire sur certains et je suis fiers des trois disques que j'ai pu produire. Finalement, la vie n'est pas si moche.



Howlin' Banana Records (Tom, Paris)
Je trouve que la scène garage et tout ce qui gravite autour en France est super dynamique, beaucoup de nouveaux groupes, labels, promoteurs, zines, etc, et un peu partout, pas juste à  Paris. Plus de place dans les medias pour ce genre de musique aussi, y a qu'à voir la floppée de tops avec du Oh sees, Segall, etc dedans, y compris dans des medias mainstream, donc le contexte est top pour que cette scène émerge encore un peu plus. J'espère que tout ça va durer encore un peu, on verra bien!


Casbah Records (Julien, Lyon)
Coté radio nous avons étés un peu débordé (vrai découverte de cette année pour l’équipe) par la grosse vague psyché qui a déferlé dans notre petit monde underground sous la houlette des Ty Segall et son album Hair en collaboration avec White Fence mais aussi par les albums réussis de groupes anciennement plutôt garage comme Thee Oh sees (Floating Coffin) et Feeling of love.
L’équipe a donc ouvert ces bras aux mastondonte du genre et fut ravi de découvrir (enfin) les Black Angels (nous avons adoré indigo meadows qui visiblement a beaucoup déçu les fans de la première heures), Night Beats et autres groupes de label Reverberation Appreciation Society à Austin.
Concernant le garage (plus notre came) nous avons évidement craqué sur The Growlers, Le Kid et les Marinellis, Fidlar, Wavves.
Nous n’avons pas été déçu par les gros tels que Hanni El Katib, The Liminanas (Costa Blanca), The Dirtbombs et King Khan and his Shrines.
Plus personnellement je suis un amateur de punk et j’ai adoré le nouvel album des Mind Spiders, le disque des Shocked Minds, thee spivs ou l’ensemble des disques des Hex Dispenser.

Coté label nous avons été très fier de l’ensemble des groupes que nous avons sortie (Mesa Cosa, Owen Temple Quartet, The Futures Primitive et Bits of Shit) et surtout de la nouvelle collaboration avec Dangerhouse Skylab Records (label du disquaire Dangerhouse) et nous pouvons annoncer que nous allons sortir en co-production le premier LP des Rivals avec Mauvaise foi Records et le second LP des Cowbones  (groupe un peu dingue à cagoule).
De plus nous prevoyons de lancer une collection de LP proposant un melange de litterature et de rock garage (nosu travaillons à la conception d’un objet magnifique signé par un artiste en gatefold et exemplaire numerotée)

lundi 7 octobre 2013

Interview : Venera 4


VENERA 4 ont été un vrai coup de cœur pour moi, à peine j'avais écouter Sun et Seabed Terror, je leur proposais de faire un disque chez nous, la raison, un son incroyable dense et vivant, extrême mais aussi fondamentalement pop tout en gardant un goût pour l'expérimentation (écoutez l'incroyable Haunted Summer). Je suis donc très fier de les avoir dans la bande RPUT. Il me semble que la meilleure manière de vous les présenter est tout simplement de les interviewer.

Présentez nous votre groupe ?
Morgane : Deux filles, deux garçons. Une main de fer dans un gant de velours.
Qu'est ce qui vous a donné envie de faire de la musique ?
Fred : Moi, c’est beaucoup passé par mon frère. Pareil pour mon « éducation musicale ». Pendant au moins 4 ans, il écoutait Sgt Pepper’s tous les matins avant d’aller en cours. Je pense qu’il l’aimait beaucoup. En tout cas moi, même si j’ai rapidement été à fond dans les Beatles, j’ai eu vachement de mal à le réécouter jusqu’il y a quelques années ! Mais ça a beaucoup contribué à ma « culture » musicale. Je me dis même parfois qu’il le faisait peut être exprès.

Morgane : Je n'ai jamais eu envie de faire de la musique, comme je n'ai jamais eu envie de faire des « images ». Sans me poser de question, j'ai manipulé, expérimenté, agencé. Parfois ça prend forme, parfois non. La musique comme la peinture interrogent et ont besoin des regards, taquinent les sens, racontent des histoires. En gros c'est mon moyen d'interagir avec les autres.
Je rejoins Fred, il y a toujours des personnalités et des évènements qui nous poussent à nous engager dans la création, dans le « faire de la musique ». Je repense à mes tantes qui m'emmenaient à Londres, dans les pubs à 4 ou 5 ans ; au diamant de la platine vinyle de mes parents que j'ai cassé en voulant écouter Love on the beat de Gainsbourg à 9 ans,  la découverte de personnages comme David Bowie, Marilyn Manson, qui sont, pour moi, à la fois les artistes et leur propre oeuvre. Tout se fait petit à petit.

Anna : J’ai commencé, sans trop savoir pourquoi,  sans réfléchir, par le synthé puis le piano. Ensuite jouer du classique et du jaaaaaaazz commençait à m’ennuyer, alors j’ai tout arrêté jusqu’à Venera 4. Mais ce qui marque certainement mon envie de « jouer en groupe » c’est quand j’ai commencé à fréquenter les bons lieux, les concerts à Rennes, j’aimais aussi beaucoup l’ambiance qu’il y avait à l’époque, une sacrée effervescence autour des groupes locaux et beaucoup de fêtes ! L’arrivée à Paris et le nombre incalculable de concerts vus n’a fait que confirmer et concrétiser ce que je pensais jusqu’alors hors de ma portée. Yann, qui jouait déjà dans Maria False depuis plusieurs années, a fini par me convaincre de jouer du clavier dans Venera 4.

Et de monter un groupe de shoegaze ?
Morgane : Chacun s'est amené avec son bagage et on a mis en place notre groupe. On n'a rien contre le shoegaze, c'est juste que pour nous on a jamais été dans l'optique de répondre à un genre, d'appartenir à une scène etc. On veut faire notre petit truc et toucher les gens.

Anna : c’était naturel je crois, personne ne s’est dit « tiens on va monter un groupe shoegaze », le terme de shoegaze arrange tout le monde car il englobe certaines caractéristiques communes (saturations, mélodies sucrées), s’il n’existait pas nous aurions beaucoup de mal à définir le son de venera 4, en tout cas en un seul mot…
Sur le style en lui-même, j’imagine que cette envie de shoegazing vient probablement de nos influences communes, My bloody valentine, Jesus and mary chain, Ride pour ne citer qu’eux..Et puis Maria False a été je pense le déclencheur de cette envie, s’en est suivi Venera 4.


Comment avez-vous commencé à jouer ensemble ?
Yann : Avec Anna et Fred, on se connaissait depuis longtemps depuis nos études à Rennes. J’avais fait des démos et je cherchais à monter le groupe sur Paris et puis nous avons tous rencontré Morgane et nous avons directement commencer à retravailler les démos, puis à enregistrer le premier EP, puis à répéter, puis à jouer…un truc classique comme tout les groupes.

Fred : Oui, avec Yann, on se connaît depuis nos premières années rennaises (2004 ou 2005), au départ on jouait dans des groupes différents mais je crois me souvenir qu’on a rapidement voulu faire de la musique ensemble. 

Morgane : J'étais assez loin de la France à ce moment là... J'avais entendu dire que Yann aurait bien aimé avoir un groupe avec une voix féminine, j'ai tenté le coup car j'aimais beaucoup se qu'il faisait. J'ai tout de suite accroché !
Je suis revenue quelques mois plus tard et on a concrétisé tout ça autour de bières et d'idéalisme dans notre bar préféré.

Anna : donc on a commencé grâce aux bières de ce fameux bar…

Jouez vous dans d'autres groupes ?
Yann : Oui, dans future et maria false.

Yann, n'est ce pas trop dur d'avoir trois groupes ? Comment arrives-tu à concilier les trois ?
Yann : Non, il faut juste s’organiser pour pouvoir composer, mixer, enregistrer, répéter. Les trois groupes ont des formations différentes, des processus de composition différents, des sons différents et puis on sort nos EP / LP jamais en même temps…Tant qu’il y a des idées c’est facile, c’est sur après quand tu n’as plus d’idées, ça complique tout.  

Comment composez-vous vos chansons ? seul(e) ? à plusieurs ?
Yann : Généralement Morgane et moi on donne quelques idées de chansons, des bases, après quand ça nous plait à tous, on continue à enrichir les chansons ensemble. Donc pour te répondre c’est seul et à plusieurs.

Fred : Et même si on n’est pas forcément à la base, chacun apporte de toute façon sa ligne, sa touche personnelle. Parfois cela peut faire évoluer complètement le morceau, sa structure etc.

Et les enregistrements, comment ça se passe ?
Morgane : Tout va très vite, on peut dire qu'on est dans une certaine forme de spontanéité, on corrige les choses qui ne vont pas pendant l'enregistrement. On ne part pas avec une idée fixe, tout évolue toujours (très bien). 

Vous semblez apporter un soin particulier au son ?
Yann : Oui, heureusement, je pense que chaque groupe apporte une importance à leur son. Enfin j’espère. On cherche quelque chose qui nous plait, en restant toujours dans nos moyens qui sont assez réduits pour produire les chansons. On bidouille, on bidouille…

Parlez-nous un peu de votre collectif nothing ?
Yann : C’est un collectif qui regroupe différentes formations entre Paris, Rennes, Hossegor, Limoges et Lannion. En ce moment il y a 10 groupes. Il y a dans chacun de ces groupes une vocation à chercher un son, une esthétique oscillant entre l’Acide noise jusqu’à la Dream Pop, le tout dans une démarche DIY totalement libre. On fait ce que l’on veut, comme on veut et surtout quand on veut. En Juin dernier, nous avons réalisé une compilation regroupant 2 chansons de chaque groupe et nous avons comme projet de faire différentes choses pour l’année 2014. En gros c’est tout simple, c’est juste que à plusieurs on sera toujours plus fort que tout seul. Nothing peut être aussi un prescripteur, si tu aimes Maria False par exemple tu pourrais aimer Dead Horse One et puis découvrir Venera 4. Ou l’inverse. 

Fred : A la base, l’idée est surtout de pouvoir regrouper un certain nombre de projets partageant une identité sonore en commun. En aucun cas il ne s’agit d’un label, d’une agence de booking ou de promotion. Pour l’instant, ce n’est une sorte de vitrine. À terme, je trouve qu’il serait super intéressant de créer une émulation en faisant travailler chaque groupe autour d’une contrainte. Une contrainte fixant un objectif commun, un peu comme un Oulipo à base de larsens et de reverb.

Morgane : C'est marrant, je pensais à l'Oulipo ce matin.

Il y a-t-il une sorte de concurrence au sein du collectif ?
Yann : je pense qu’il y a une effervescence. Mais pas de concurrence, ça serait stupide. 

Morgane : Quelle question sournoise !

Vous pensez quoi du shoegaze en France ? J'ai l'impression qu'il y a une petite Emulation en ce moment notamment via Cranes Records ?
Fred : Ca fait en effet quelque temps que je suis les différentes sorties Cranes Records, des Dead Mantra, de Dead Horse One ou des Seventeen At This Time. C’est à chaque fois du bon boulot.  

Morgane : Contrairement à Fred, pour être franche, je ne suis pas toutes les sorties des groupes de shoegaze. J'y suis attentive, mais j'écoute d'autres choses.



Vous aimeriez faire un tour dans l'espace comme la sonde Venera 4 ?
Morgane : À ce qu'il paraît, on ne revient jamais de l'espace, je n'ai pas envie de devenir un cosmonaute un peu halluciné. L'espace me terrifie, même si je trouve magnifique la naissance des planètes, les nébuleuses, je me sens bien plus à l'aise dans mon espace intérieur.  
Venera 4 est une sonde mais Venera signifie aussi Venus en russe. Il y a une symbolique un peu cachée.

Anna : Venera 4 s’est décomposée en y revenant il me semble…Moi dans l’absolu oui j’aimerai visiter cette immensité, mais je suis claustro, je deviendrai folle dans une fusée malheureusement...

Il paraît que vous travaillez sur des versions acoustiques ?
Yann : on travaille sur pas mal de choses, oui.



Parlez nous un peu de votre nouveau single qui vient de sortir chez nous ? et de votre prochain EP ?
Fred : On est super contents du résultat, même si on n’a pas encore eu l’EP entre les mains ! Au-delà du simple fait d’avoir un support physique comme le vinyle, on voulait avoir un bel objet. Ce n’est que mon avis personnel, mais je trouve que Morgane est parvenue à nous sortir deux superbes artworks.

Anna : Quand vous nous avez proposé de sortir un 2nd EP, il nous semblait dommage de ne pas aussi sortir Seabed Terror et Sun en vinyle (malgré leur sortie digitale 1 an plus tôt). On y rêvait et RPUT l’a fait, on est trop content du résultat et maintenant on a hâte de voir ce que ça donne pour l’EP ! On est comme des enfants, merci à RPUT d’ailleurs ;)

Pourquoi avez-vous choisi l'anglais pour chanter ?
Morgane : J'ai toujours aimé le Royaume-Uni pour sa culture, ses artistes, sa langue. J'ai donc toujours écouté de la musique anglophone. Par mimétisme peut-être, je m'y suis mise.
Il ne faut pas se mentir, l'anglais est la langue conventionnelle pour un tas de choses.
Mon père me demande souvent pourquoi je renie mes racines en chantant de cette façon, j'ai envie de lui dire que la langue a peu d'importance, d'abord parce que la majorité des gens se fichent des paroles (aussi bien les artistes que les auditeurs). Que ça soit en anglais, en chinois ou en allemand, écrire des paroles de merde c'est universel. Gainsbourg et ses « Variations sur Marilou », Alex Turner avec « My mistakes were made for you », Morissey et « Hand in glove », c'est peu d'exemples, mais ÇA c'est de l'art. 

Alors plutôt que la langue, ce qui compte pour moi c'est de chanter des mots qui me parlent, des mots qui sonnent, qui s'entremêlent, j'aimerais bien travailler plus le texte à long terme. 
C'est un peu comme si tu demandais à Pollock « pourquoi tu utilises un saut percé plutôt qu'un pinceau ? » La finalité est la même.

Ca serait drôle d'avoir du shoegaze en français, ça ne vous tente pas ?
Yann : Tout nous tente mec.

Précommandez le EP Deaf Hearts du groupe ici :
 http://requiempouruntwister.bandcamp.com/album/deaf-hearts 
Si vous n'êtes pas assez impatient, vous pouvez aussi dores et déjà prendre le 7" : 
http://requiempouruntwister.bandcamp.com/album/seabed-terror

samedi 5 octobre 2013

Pendentif - Mafia Douce (2013)

Pendentif est un nom cité régulièrement sur ce blog, à travers une interview, ou la présence dans nos tops espoirs de 2011 et 2012. Leur premier album Mafia Douce est sorti il y a une petite quinzaine de jour, il était temps que nous y consacrions une chronique !

Le titre et la pochette annoncent la couleur: un disque pop sensuel. Il y a là un certain changement dans l'approche du groupe, ou peut-être de sa perception de notre part. On pensait avoir à faire à un groupe se revendiquant d'une certaine esthétique indie-pop proche de groupes américains comme Real Estate mais Pendentif propose définitivement autre chose, une pop dansante très bien écrite et arrangée. Bien sûr les guitares solaires nimbées de réverb' sont toujours présentes, elles évoquent les lignes métronomiques de Foals (époque Antidote) et plus sûrement encore Beach Fossils. La voix de Cindy aux allures de France Gall (cette touche naïve et charmante) fera dire aux chroniqueurs fainéants que le groupe se situe dans la lignée de La Femme et Granville, pourtant Pendentif propose clairement autre chose. Certes on trouve le goûts pour les synthétiseurs des biarrots et celui des vignettes pastelles des normands, mais le groupe a une science de la chanson pop qui lui est propre.

Mafia Douce se fend de douze chansons, on y reconnait trois morceaux de l'EP (les remarquables "God Save la France" "Pendentif" ainsi qu'une version un poil moins séduisante de "Riviera" ) ainsi que deux titres lancés en éclaireur depuis quelques mois ("Embrasse moi" et "Jerricane" ). Ces derniers sont assez significatifs de de l'évolution du groupe, la super jolie Jerricane évoque l'image que nous nous faisions de Pendentif, tandis qu' Embrasse moi correspond à ce que l'on retrouve effectivement en fil rouge de l'album. Pendentif semble clairement avoir exploré la musique dancefloor, et presque tous les titres auraient leur place dans une playlist pour faire danser vos copines quand elles sont bourrées. La production est soyeuse et luxuriante, presque trop agréable à l'oreille, il manque peut être d'un peu de radicalité, ou d'un soupçon de saleté (qui fait le sel des meilleurs disques de house). Mafia Douce tourne comme une magnifique machine huilée et rutilante mais il manque parfois ce petit grain de sable pour faire partir les choses en vrille, un peu d'imprévu dans cet océan de douceur bleu-violet. La qualité des arrangements est remarquable, le langage pop est maitrisé avec une élégance qui font de Pendentif un sérieux outsider dans le panorama français.  

Pendentif est un groupe attachant et doué. Mafia Douce se place comme une des plus solides réalisations françaises de l'année, pourtant dans un petit coin de notre tête on regrette un peu cet EP à la production maison qui avait fait chaviré nos petits cœurs de poppeux il y a presque deux ans. Avec cet album Pendentif a pris son envol s'éloignant des contrées indie-pop (à l'inverse des anciens collègues de label Aline resté fidèle à cette tradition sonore que nous aimons tant ici) et on espère que le voyage vers des climats plus chauds ici aperçus va durer encore pas mal de temps. On les retrouvera peut-être un jour en héritier d'une certaine idée du disco (Jones Girls, Patrice Rushen etc.) qui sait ?

achat du vinyle



mardi 10 septembre 2013

Alba Lua - Inner Seasons (2013)

Le disque d'Alba Lua m'a pris par surprise. On avait vu et été plutôt séduit par le groupe lors d'une première partie de Beat Mark dans un rade vers Parmentiers / Ménilmontant, et puis le temps est passé. A la sortie de l'album on était un peu circonspect par l'absence de pressage vinyle (et je continue de trouver cela dommage, comment se priver d'un public complet pour qui les cds représentent un non-sens) mais on a laissé une chance au disque.

On ne s'y attendait pas, mais Inner Seasons est probablement un des meilleurs albums français de pop sorti cette année (avec le Aline ou le Jessica 93 par exemple). Une fois entrée dans ce disque il est difficile d'en ressortir, il est addictif et la saison (fin d'été) se prête parfaitement à cette musique teintée de nostalgie douce-amer. Il y a d'abord cet incroyable single "when i'm roaming free" dont l'écoute vous donne envie de réécouter le morceau, c'est généralement bon signe. Cette chanson respire les grands espaces désertiques, les feux qui crépitent, la ligne de guitare est incroyablement simple et joli, la construction délicate. Dans un monde parfait cette chanson serait un TUBE. On oscille entre mélancolie et volonté d'aller de l'avant, le morceau est épique mais sans jamais forcer le pathos, l'équilibre est parfait. Autre temps fort du disque "my sleeping season" est une odyssée de 7 minutes absolument magnifique, Alba Lua y maitrise sont sujet avec une élégance et une classe digne des plus belles formations pop nord américaine. 

Le disque évite le piège du pastiche ou de la convocation d'influences, il y a certes des cousinages (avec Real Estate époque premier album par exemple) mais la musique du groupe bien que classique semble intemporelle et personnelle. Le groupe y fait une place de choix à de magnifiques guitares mises en valeur par la production aérienne de Joakim (Tigersushi). Si tous les morceaux ne sont pas à la hauteur des sommets du disque, il y a matière à s'y perdre, entre "hermanos de la lluvia" ou "clandestines". On regrettera peut être le petit coup de mou qu'est "roots" d'une longueur un peu trop généreuse. Un disque parfois bancal mais dont les hauteurs ont de quoi affoler bien des cœurs sensibles de poppeux.


mardi 13 août 2013

Teenage Moods - Grow (2012)

De Teenage Moods on avait chroniqué l'album précédent fin 2011, un peu plus d'un an et demis plus tard il est temps pour nous de chroniquer leur dernière livraison en date (parue fin 2012 arrivée à nos oreilles il y a quelques mois).

Grow ne changera pas vraiment la donne par rapport à son prédecesseur Mood Ring. On est toujours dans le registre de cette pop mal peignée un peu rude mais qui se laisse apprivoiser pour mieux dévoiler ses contours mélodiques. Les mecs sont toujours aussi fans d' indie 90s sans pour autant sonner comme un pastiche de Pavement, ce serait plus comme si le groupe avait été cryogénisé 20 ans et remis en service aujourd'hui. Le disque est peut être même un peu plus abouti et travaillé que l'album de 2011, une progression agréable et appréciée, malgré son coté 90s Grow est surtout assez intemporel dans son approche pop direct et sans superflu.

Grow ne sera pas un classique mais c'est un disque charmant qu'on se surprend à écouter souvent et à remettre régulièrement sur la platine avec des presque petits tubes comme rock man. Teenage Moods pourrait-il monter en première division, rien n'est moins sûr mais tant que l'équipe régale ses spectateurs et remplit le stade le dimanche, qu'importe non ?




lundi 7 janvier 2013

Bilan 2012 : TOP ALBUMS (1ère partie - 10 - 50)

Pour la première partie de notre Bilan de l'année 2012, qui comme chaque année, a lieu en janvier, parce qu'on voulait attendre jusqu'à la dernière minute voir s'il n'y avait pas un petit coquinoux pour rentrer vite fait dans le top. On commence directement par le vif du sujet, les meilleurs albums de l'année.

Il est vrai qu'à part deux disques, très largement en tête de notre top (car tous les deux cités dans notre top 3 personnel), peu d'albums se sont vraiment illustrés par leur quasi-perfection. Pour autant, nous considérons tous les deux que l'année 2012 fût un bon cru, très dense, en bons, voir très bons disques (un peu moins quant aux GRANDS disques, vous suivez la hiérarchie ?). La preuve ici avec ce top de nos albums préférés de l'année 2012, du onzième au cinquantième, nous en avions trouvé au moins 60, c'est dire qu'il y avait quand même de quoi combler nos oreilles pour cette fausse dernière année de la planète terre. Il n'y a pas eu d'apocalypse mais certainement pas mal de bons groupes et de bonnes galettes. 


11. Mac Demarco - II (Captured Tracks)
Ce coquin de canadien a sorti deux putains d'albums cette année, celui ci trouve le plus de grâce à nos yeux avec sa pop / funk blanc à la Orange Juice. Il y a tellement de tubes et de morceaux catchy qu'on en reprend un verre presque tous les matins surtout depuis son formidable concert du point éphémère qui a fini de nous convaincre que ce Mac à de l'or dans ces mains et pas sur le trottoir



Loin des plaisirs bancals et DIY du premier album, Kevin Morby et Cassie Ramone s'attaque à un nouveau mont. Le garage pop du groupe a pris en bonne production ce qu'il a vaguement perdu en surprise, mais heureusement leur musique reste spontanée et excitante. On attend toujours le tube qui les ferra gravir une montagne.


13. Radar Eyes - Radar Eyes (HoZac)
J'assume complètement le petit côté seconde division de ce disque, mais il s'est imposé au fur et à mesure de l'année comme l'un des vinyles que j'avais le plus envie de remettre. Pourtant, son single nous avait tellement enchanté l'année dernière, n'est même pas à l'image du LP, beaucoup plus sombre, shoegaze et "indie". Il est sorti très tôt dans l'année et je l'écoute toujours régulièrement et avec plaisir en janvier, c'est le signe d'un très bon disque pour moi.


14. Thee Oh Sees - Putrifiers II (In The Red)
La livraison annuelle des Oh Sees est comme toujours de très bonne qualité (à mon goût, bien meilleure que celles de l'année dernière d'ailleurs) malgré sa pochette ignoble. John Dwyer et ses petits soldats reste et restera un habitué de nos tops, on aime sa faculté à torcher des chansons en quelques minutes avec une facilité insolente. Mais cher John Dwyer, il serait temps, un jour, que tu réfléchisses à faire le grand album qu'on attend tous de toi, celui qu'on ferra écouter à nos gosses, en leur disant "putain si tu avais vu ce groupe à l'époque, c'était fou". Non parce que faire un best of, c'est nul.


15. Sic Alps - Sic Alps (Drag City)
Sic Alps est avec Kelley Stoltz, les bien trop souvent oubliés de la vague de San Francisco, pourtant Ty Segall y a largement puisé son langage garage et rock 90s. Mais ils sont peut-être un peu plus vieux, un peu moins sexy, un peu moins chevelus, un peu moins éclatants, un peu moins capable de faire des tubes immédiats. Pourtant cet album est tout simplement formidable. Rarement un groupe garage a été aussi ambitieux et pertinent, car oui il est possible de mettre des violons et des cordes dans un disque profondément rentre dedans. La preuve.




16. Lescop - Lescop (Universal)
Nos copains garageux vont nous haïr mais ouai ce disque est vraiment super bien et puis c'est tout, et c'est pas parce que le clip passe sur M6 et que les arrivistes nous en parle que je vais arrêter de l'aimer.  


17. Ty Segall - Twins (Drag City)
Tout comme John Dwyer, on attend toujours LE disque de Ty Segall qui l'intronisera définitivement comme le roi du Rock'n Roll actuel qu'on attend tous qu'il devienne ! Quoique, vous savez que snobs comme nous sommes, et certainement vous aussi, je suis à peu près sûr que quand ce jour on viendra, on serra tous là à dire "non mais ty segall, c'était mieux avant, son tout premier concert au Point Ephémère où j'étais, était complètement dingue, maintenant c'est devenu trop commercial" On connait la chanson.


18. Weird Dreams - Choreography (Tough Love)
Heureusement qu'il reste quelques groupes pour sauver l’Angleterre du marasme musical. Avec des chansons aussi fabuleuses que 666.66, Holding Nails ou River Of The Damned, on ne pouvait pas ne pas mettre Weird Dreams dans notre top. Bon, le fait qu'ils soient un peu mes chouchous n'y change presque rien, non je vous assure.





19. Outer Minds - Outer Minds (Southpaw)
Chez Outer Minds, on aime chanter à plusieurs, cette chorale garage avait tout pour nous séduire nous qui aimions tellement chanter des chansons paillardes à l'arrière du bus qui nous emmenait nous foutre sur la gueule sur les terrains de rugby de France et d'ailleurs. Depuis on a arrêté les chansons paillardes, mais on aime toujours autant chanter ensemble.





20. La Sera - Sees The Light (Hardly Art)
Sa place ici n'a rien à voir avec son physique avantageux, sinon on l'aurait mieux placé. 

21. Cloud Nothings - Attack On Memory (Carpark)
22. Le Kid & Les Marinellis - Les Jolies Filles (P.Trash)
23. Regal - Possible Endings (Azbin/Frantic City)
24. Allah-Las - Allah-Las (Innovative Leisure)
25. Ty Segall & White Fence - Hair (Drag City)



27. Jeff The Brotherhood - Hypnotic Nights (Infinity Cat)
28. exlovers - Moth (Young & Lost Club)
29. The Cry ! - The Cry ! (Taken By Surprise)
30. Dick Diver - New Start Again (Chapter Music)



31. Cosmonauts - If You Wanna Die Then I Wanna Die (Burger Records)
32. Grass Widow - Internal Logic (HLR)
33. Redd Kross - Reserching The Blues (Merge)
34. Toy - Toy (Heavenly)
35. Triptides - Sun Pavilion (Stroll On)




36. Orca Team - Restraint (Happy Happy Birthday To Me)
37. Combomatix - Combomatix (Frantic City)
38. Punks on Mars - Bad Expectation (Zoo Music)
39. The Limiñanas - Crystal Anis (HoZac)
40. Parquet Courts - Light Up Gold (Dull Tools)




41. Tame Impala - Lonerism (Modular)
42. Turbo Fruits - Butter (Serpents And Snakes)
43. Guantanamo Baywatch - Chest Crawl (Dirtnap)
44. Mrs Magician - Strange Heaven (Swami Records)
45. Field Music - Plumb (Memphis Industries)



46. Sonny and the Sunsets - Long Time Companion (Polyvinyl)
47. Cold Pumas - Persistant Malaise (Faux Discx)
48. Rayon Beach - This Look Serious (HoZac)
49. Holograms - Holograms (Captured Tracks)
50. Audacity - Mellow Cruisers (Burger Records)



également cités mais ont échoués, aux points, au pied de la liste : The UFO Club, Lone, Boomgates, Bitch Prefect, The Hussy, The Sufis, Dignan Porch, Cheap Time, Le Pêcheur, Diiv, Beachwood Sparks...

On les kiffe bien mais on n'a pas eu assez le temps d'écouter : Blackfeet Braves, Peoples Temple, Games, MMOSS, ...

Ils nous ont sacrément déçus : Wild Nothing (album chiant de l'année - heureusement que la pochette est cool), The Fresh & Onlys (on préférait quand ils faisaient du garage), Soft Pack et Best Coast (bon... déçu n'est pas trop le mot, on savait qu'ils tourneraient mal).