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mardi 1 novembre 2016

Tina et les Fairlanes

Réflexes, entre 1983 et 1986, publia une trentaine de références principalement en 45 Tours. Le label, co-fondé par Patrice Fabien (ex-producteur pour CBS notamment d'Edith Nylon, Shakin' Street, WC3 ou Blessed Virgins), tenta d'imposer de nouveaux groupes tels que les Bandits, les Infidèles, les Ablettes ou les Désaxés (auteurs de la fameuse chanson tout ce que je veux que reprend Aline sur scène). Les visuels (très colorés voir fluo, beaucoup d'aérographe...) de l'ensemble des sorties dénotent de l'ambition du projet: une certaine modernité pop sans non plus trahir l'essence du style. 

Parmi mes sorties préférées du label figure en très bonne place l'unique 45 tours des rafraichissants Tina et les Fairlanes. Si Panique à Orly, un honnête instrumental surf, est à juste titre relégué en face B, Un été sur la Plage est une petite merveille pop syncrétique mais typique de son époque. La chanson associe en effet une production 80s à une ambiance marquée par les années soixante. L'innocence des Girls groups et des chanteuses yéyés (France Gall période Avant La Bagarre etc.) rencontre ainsi les boites à rythmes et les synthétiseurs de Taxi Girl sans oublier une bonne dose de guitare surf (au son twangy plongé dans la reverb' évidemment) dans l'esprit de ce qu'avait pu faire Indochine sur L'aventurier. La sauce prend parfaitement et on ne peut être que séduit par l'efficacité et le charme légèrement suranné d'une chanson qui aurait certainement mérité mieux. Le tout évoque aussi peut-être le dernier 45 Tours des Calamités Le Vélomoteur...

Le groupe (mais en était-ce un ?) ne publia que ce simple (aussi repris sur une compilation du label) mais on retrouve par la suite la chanteuse au sein du trio Tina Cartier (avec un futur membre des Soucoupes Violentes) pour un simple et un mini LP, s'agit-il du nom du groupe ou du sien  ? Mystère et boule de gomme !

vendredi 28 octobre 2016

Bruits Défendus N°001

Comme tout bon collectionneur qui se respecte j'ai tendance à être un peu complétiste sur les bords... Ainsi mon intérêt pour les Stilettos m'a-t-il fait acheté l'ensemble de leurs sorties... Celle que je vous présente aujourd'hui est un peu particulière, Les Bruits Défendus N°001 en plus d'être le dernier témoignage discographique des rockeurs bordelais est surtout un sampler 4 titres d'autant de groupes du cru: Stilettos, Scurs et Les Exemples pour la capitale d'Aquitaine et les Flamingos de la plus bretonne des villes de Loire Atlantique (LA, Ouest Coast pour les intimes...). 

Édité en 1984 par ce qui semble être une émission radio (sur Radio Angora) géré par un certain Bruno Select, ce 45 tours est un témoignage intéressant sur le rock underground de ces années là, très complémentaire de la compilation Snapshot(s) paru un an plus tôt. Si les Stilettos sont ici en fin de carrière, avec d'ailleurs un titre plutôt moyen comparé au reste de leur excellente discographie, il s'agit probablement de la première apparition pour les trois autres groupes. Flamingos et Scurs œuvrent dans un garage anglophone de facture correcte mais pas suffisamment originale pour me séduire. Assez typique de l'époque (dans la mouvance Dogs, Flamin' Groovies...) ils sont peut être un peu desservi par la production assez sèche. Les Flamingos feront la même année un EP sur Surfin Bird (Ticket, Gamine...) tandis que les Scurs semblèrent plus populaires de l'autre coté des Pyrénées en éditant leur unique mini-album sur un label espagnol dont je pense reparler très bientôt pour un excellent groupe post-punk ibérique... 

La vraie surprise du disque provient donc du dernier groupe: les Exemples. Derrière cette formation peu connue nous retrouvons les premiers pas d'une figure importante de l'underground français 80s: Thierry Duvigneau plus connu sous le nom de Kid Pharaon. Les Exemples publia cet unique single ainsi qu'un album ( Paris Londres ou Berlin) l'année suivante... Avant que Thierry Duvigneau se mette à l'anglais et abandonne notre chère langue. Un regret à l'écoute de la sublime Juste Une Dernière Fois ! Le titre exprime l'essence même de ce qui me plaît dans le rock français: l'énergie, la hargne, la morgue le tout en sachant garder son élégance et un certain raffinement... On pense ainsi aux Dogs (et oui encore), à Gamine période Shandy Street ...mais avec un peu plus sec et nerveux ! Un morceau fantastique et une vraie merveille du rock français underground 80s. Reste à savoir ce que vaut l'album, quelques morceaux (ici et ) sur youtube (et une vidéo sur FR3 !) mais difficile de se faire une idée précise à leur écoute. Vous trouverez plus d'infos sur Rock Made In France et dans les disques rayés de François Gorin.


lundi 14 mars 2016

Laurent Voulzy : Liverpool-sur-Marne

Pour des générations de français, la Rickenbacker sera à jamais la guitare de Dorothée ! Quand nos amis anglo-saxons associent cette divine guitare à la powerpop (ou aux Byrds, Beatles...), nous autres de l'hexagone nous remémorons un Bercy bourré à craquer d'enfants survoltés et les facéties de Corbier, Jacky...Un autre français pourtant portait le cher instrument en bandoulière comme l'étendard de sa passion Pop, un certain Laurent Voulzy, martiniquais d'origine mais très vite installé dans ce cher Val-de-Marne de Nogent à Joinville-le-Pont (la ville des Naast sisi, d'ailleurs Gustave avait aussi une Rick'). Ainsi la belle "ricaine" (alerte jeu de mot!)  apparaît dans ses bras sur la pochette de son plus grand tube "Rockcollection" en 1977 et l'année suivante sur l'excellent single dont je souhaitais aujourd'hui vous parler "Bubble Star".  

Voulzy démarra sa carrière une décennie plus tôt en rejoignant le groupe de Mark Robson: Le Poing. Je ne pense qu'il ait participé aux 45T et unique LP du groupe en revanche. Sa première trace discographique il la dû au Musical College pour lequel il écrivit "elle pleure", une chanson loin d'être mémorable (enfin si vous y tenez: un lien youtube)...En 1970, Lucien (son vrai prénom) participa au groupe Le Temple de Vénus et signa les deux morceaux de leur unique 45 Tours. La face A "Plaisir Solitaire" (youtube) est un produit typique de son époque, texte coquin un brin gaulois et pop hippy-patchouli de rigueur, pas si éloigné de Santa-Maria... C'est quand même franchement pas mal et plutôt bien gaulé (pardon). Après quelques 45T en solo, il rencontre son alter-égo Alain Souchon en 1973, le début d'une longue et fructueuse collaboration pour les deux chanteurs. Dans les grandes lignes (la réalité étant plus subtile): Souchon écrit les textes et Voulzy les mélodies. Le succès pour Souchon fut presque immédiat ("J'ai dix ans" en 1974)  tandis que Voulzy du attendre "Rockcollection" en 1977 pour percer et se faire une place au soleil dans le monde concurrentiel de la variété française. Sans être un inconditionnel (bien que Souchon fasse partie de mon enfance grâce à ma mère), le duo représente pour moi une certaine idée de la pop en France: qualitative, populaire sans être pompière. "Bubble Star" en est une parfaite illustration: c'est une excellente chanson pop démontrant le savoir faire de Voulzy autant que son amour inconditionnel pour la Pop, celle avec une majuscule, idéalement un B comme Beatles ou Beach Boys. Guitares jangly jolies comme des cœurs, arrangements de voix soignée, pont mortel... Un travail d'orfèvre d'une grande élégance beaucoup plus proche de Shoes que de Michel Sardou: vive le MarneBeat !

lundi 29 février 2016

Santa-Maria : donne moi ton hippy

Comme vous le savez, malgré son inactivité incompréhensible ce blog affiche fièrement près de 9 années au compteur. Inégal dans son rythme, j'ai récemment eu l'envie de m'y remettre histoire de partager mes nouvelles découvertes (ou celles que je gardais précieusement sous le coude) et les dévoiler sous un angle que j'espère intéressant... J'ai déjà évoqué par le passé (en avril 2008! nous sommes si vieux...) le groupe français Santa-Maria pour un autre de leur 45 tours paru la même année (1971): "Je pleure sur un air de Bach" et sa superbe face B heavy "La Terre Brûlée". On prend les mêmes et on recommence: victoire par KO du revers sur le tube ! "Elle" est ainsi un slow typique de cette époque tandis que "Donne moi ton cœur et ta fleur" est la vraie bonne surprise du disque: de la pop psychédélique groovy avec un texte génialement naïf (quoi qu'un brin coquin sur le refrain non?). Je ne dispose malheureusement pas de tellement plus d'informations sur le groupe (si vous passez par ici les gars n'hésitez pas à nous en apprendre plus en commentaire!) si ce n'est qu'ils ont au moins quatre 45 tours à leur actif. Je n'ai pas encore écouté "Judas" mais "La Fille d'Aladin" (youtube) est également très chouette !

La bonne nouvelle, "Donne moi ton cœur et ta fleur" est un classique de "bacs pas chers", vous devriez le trouver assez facilement pour quelques pièces... On remerciera la collection "Antar" qui comporte de nombreuses pépites de cet acabit (voir meilleures encore) comme Chaps, Majority One ou encore le fameux (et un peu rincé) "Send me a Postcard" des Shocking Blue... À vous donc cette excellente curiosité orgue et fuzz à tous les étages !  


lundi 6 juillet 2015

CRM006: Superets - L'Amour EP (7)

CRM006
Superets
A. Préliminaire / L'Amour
B. Parachute
45 Tours (7') / 200 exemplaires / 22 octobre 2012 (10/22/12)
achat / buy

Sixième référence de Croque Macadam, les plus attentifs d'entre-vous noterons que la date officielle de sortie précède Bright Sky de Triptides. La raison en est simple: les deux disques ont été commandés (et reçus) en même temps et il a finalement été décidé d'éditer Superets en premier. Dans mes souvenirs le disque n'était pas tout à fait arrivé le 22 octobre d'ailleurs.
Ma rencontre avec les Superets (de mémoire cela devait être Léo et Hugo) s'est faite par l'entremise des Spadassins en quelque sorte. À l'époque les Spadassins étaient encore tous installés en Bretagne, ils étaient aussi très actifs dans l'excellente association Twist Komintern. Ils m'avaient ainsi invité deux fois à passer des disques au Sambre en compagnie d'Antoine. Je fus logé chez Thomas, lors de ma seconde venue, une after eu lieu à son appart', j'étais bourré, on écoutait les disques de Thomas ramené de son voyage américain et je fis la connaissance de ces deux loustiques tout à fait sympathiques. Ils me parlèrent de leur groupe, j'écoutais d'une oreille distraite entre suspicion (un réflexe quand quelqu'un veut me vendre son groupe) et curiosité (le français). Quelques temps plus tard je consultais les e-mails du blog et j'ouvris nonchalamment celui des Superets ce groupe que j'avais rencontré quelques semaines plus tôt à Rennes dans un état d'ébriété avancée. Dès les premières notes de la démo de L'Amour il se passa un truc. La longue introduction au synthétiseur (largement raccourci sur la version finale) plongeait l'auditeur dans une sorte d'attente par la suite récompensée par une déferlante twist électronique aux guitares surf (le fameux yéyétronique cher aux néo-bretons). Le morceau me plût tout de suite même s'il était différent de ce que j'avais sorti jusqu'ici. La démo de Parachute me laissa beaucoup plus sceptique et pourtant par la suite dans sa version finale elle est devenue mon morceau préféré du groupe je pense. Le groupe gagna un concours qui leur donna accès à un studio, le choix des morceaux s'arrêta sur ceux du single. Le rendu combla mes espérances, je dois avouer que j'aime un peu moins la version finale de L'Amour par rapport à la démo (j'adorais la longue introduction et la rythmique de la première) mais Parachute fut une véritable révélation: un putain de bon morceau, hyper ambitieux et original, presque trois ans plus tard il garde toute sa puissance évocatrice à mon sens. La pochette fut confié à Pauline Henric et on pressa 200 vinyles avec un macaron noir et blanc et un très beau vinyle blanc, il en reste une dizaine à choper. Depuis les Superets ont rejoint une autre écurie et ont sorti deux autres formats courts.

RIYL: La Femme, Beach Fossils, Dutronc, Patrick Coutin...

Ici, des Préliminaires instrumentaux précèdent L'amour (bien vu !). Ce premier tube du groupe est dansant et enthousiasmant. Sur une rythmique synthétique, qui peut faire penser à Devo ou Kas Product, entre autres, avec un bon fond rock. Le chant et l'esprit du truc me font penser par moments aux Civils de La crise et au Boris Vian de La complainte du progrès.
Le groupe a voulu profiter de ce premier disque pour montrer différentes facettes de sa production. Effectivement, en face B, Parachute est un autre bon titre, mais d'ambiance assez différente. On est plus dans une pop synthétique, un peu façon Orchestral Manoeuvres In The Dark...
Vivonzeureux (lien)

Groupe rennais, que l'on qualifie de yéyétronic. Superets auraient pu me gêner ou me rebuter. Mais l'ensemble est tellement dansant, pêchu, efficace, qu'il est difficile de résister. Un vrai coup de cœur que ce L'Amour, synth-pop à la française de fin d'année qui arrive, là, sans crier gare. Boum, tube.
I Left Without My Hat (lien)

En jetant un coup d’œil sur un autre très bon blog français, Requiem pour un Twister, on a découvert Superets, et sa pop légèrement excentrique. Ce groupe débarquant de Bretagne avec sa fraîcheur et sa légèreté a sorti quelques bons petits morceaux durant l’année 2012. En octobre, ils nous ont prouvé leur originalité avec leur EP L'amour / Parachute. Une bonne petite galette sur CroqMac!
Vocododo (lien)



mercredi 27 novembre 2013

Juniore - Christine 7' (2013)

Il y a un an 3rd Side lançait un label frère, Entreprise dont la vocation est d'explorer les méandres de la scène française francophone underground. Dans la foulée du succès de l'EP de La Femme dans la série Le Podium, le label parisien a été un peu par hasard au première loge de cette nouvelle scène et s'est pris de passion pour celle-ci jusqu'à s'y consacrer pleinement. Aujourd'hui le label propose un catalogue de plus en plus riche et varié avec des incursions dans le psychédélique (Moodoïd) ou le yéyé comme ce 45 tours de Juniore.

Derrière ce pseudo on retrouve Anna Jean épaulée par Samy Osta qui avaient sorti sous le nom de Domingo un LP en 2008 sur 3rd Side. Depuis Samy Osta a collaboré très régulièrement avec le label notamment sur la série Le Podium, jusqu'à produire l'album de La Femme sorti chez Born Bad.

Christine est une chanson yéyé délicatement produite. La fuzz fait son petit effet et amène une touche d'acidité bienvenu dans une composition légère et fort bien arrangée (mention aux basses au médiator qui donne tout de suite cette couleur BO sixties). Le timbre de voix d'Anna Jean est diaphane et évoque une Françoise Hardi produite par Gainsbourg. On est clairement dans le registre Femmes de Paris, mais fait avec goût et de fraîcheur. Classique donc mais charmant. La face B confirme la bonne impression laissée par Christine, Dans le Noir évolue peu ou prou dans les mêmes sphères, le theremin (joué par Sasha de La Femme) apporte une petite touche de folie donnant ma préférence à cette dernière.

Juniore propose un premier 45 tours solide qui ravira les fans de pop française sixties. Les deux chansons sont excellentes bien que peut être un soupçon trop dans les canons du genre,  attendons l'album pour être surpris et peut être même ébloui, le potentiel est là en tout cas.



samedi 5 octobre 2013

Pendentif - Mafia Douce (2013)

Pendentif est un nom cité régulièrement sur ce blog, à travers une interview, ou la présence dans nos tops espoirs de 2011 et 2012. Leur premier album Mafia Douce est sorti il y a une petite quinzaine de jour, il était temps que nous y consacrions une chronique !

Le titre et la pochette annoncent la couleur: un disque pop sensuel. Il y a là un certain changement dans l'approche du groupe, ou peut-être de sa perception de notre part. On pensait avoir à faire à un groupe se revendiquant d'une certaine esthétique indie-pop proche de groupes américains comme Real Estate mais Pendentif propose définitivement autre chose, une pop dansante très bien écrite et arrangée. Bien sûr les guitares solaires nimbées de réverb' sont toujours présentes, elles évoquent les lignes métronomiques de Foals (époque Antidote) et plus sûrement encore Beach Fossils. La voix de Cindy aux allures de France Gall (cette touche naïve et charmante) fera dire aux chroniqueurs fainéants que le groupe se situe dans la lignée de La Femme et Granville, pourtant Pendentif propose clairement autre chose. Certes on trouve le goûts pour les synthétiseurs des biarrots et celui des vignettes pastelles des normands, mais le groupe a une science de la chanson pop qui lui est propre.

Mafia Douce se fend de douze chansons, on y reconnait trois morceaux de l'EP (les remarquables "God Save la France" "Pendentif" ainsi qu'une version un poil moins séduisante de "Riviera" ) ainsi que deux titres lancés en éclaireur depuis quelques mois ("Embrasse moi" et "Jerricane" ). Ces derniers sont assez significatifs de de l'évolution du groupe, la super jolie Jerricane évoque l'image que nous nous faisions de Pendentif, tandis qu' Embrasse moi correspond à ce que l'on retrouve effectivement en fil rouge de l'album. Pendentif semble clairement avoir exploré la musique dancefloor, et presque tous les titres auraient leur place dans une playlist pour faire danser vos copines quand elles sont bourrées. La production est soyeuse et luxuriante, presque trop agréable à l'oreille, il manque peut être d'un peu de radicalité, ou d'un soupçon de saleté (qui fait le sel des meilleurs disques de house). Mafia Douce tourne comme une magnifique machine huilée et rutilante mais il manque parfois ce petit grain de sable pour faire partir les choses en vrille, un peu d'imprévu dans cet océan de douceur bleu-violet. La qualité des arrangements est remarquable, le langage pop est maitrisé avec une élégance qui font de Pendentif un sérieux outsider dans le panorama français.  

Pendentif est un groupe attachant et doué. Mafia Douce se place comme une des plus solides réalisations françaises de l'année, pourtant dans un petit coin de notre tête on regrette un peu cet EP à la production maison qui avait fait chaviré nos petits cœurs de poppeux il y a presque deux ans. Avec cet album Pendentif a pris son envol s'éloignant des contrées indie-pop (à l'inverse des anciens collègues de label Aline resté fidèle à cette tradition sonore que nous aimons tant ici) et on espère que le voyage vers des climats plus chauds ici aperçus va durer encore pas mal de temps. On les retrouvera peut-être un jour en héritier d'une certaine idée du disco (Jones Girls, Patrice Rushen etc.) qui sait ?

achat du vinyle



mercredi 17 octobre 2012

Conjuguons La Pop #13 : Le Système Crapoutchik - Aussi Loin que je me souvienne (1969)

Le Système Crapoutchik , un nom bien étrange pour un groupe non? Si je vous dit qu'en plus il est dû à notre Dutronc national, ça a de quoi piquer votre curiosité j'imagine! En effet "Crapoutchik" était le surnom que Jacques avait donné à un de ses musiciens dont il n'arrivait pas à prononcer le nom: Gérard Kawczynski. Le Système Crapoutchik est en fait une émanation de la dream team qui accompagnait Dutronc pendant sa meilleure période (66-67) on y retrouve JP Alarcen, Alain Legovic (aka Alain Chamfort hé ouai!), le sus-nommé Gérard Kawczynski accompagné de Michel Pelay, Christian Padovan et enfin Claude Puterflam au chant.  Après quelques EPs et singles pour Vogue, le groupe signe sur le label de leur chanteur Flamophone et sort ce premier album Aussi Loin que je me souvienne, qui sera suivi par Flop (une compilation) et un album de reformation (discographie complète ici).

Si vous attendez d' Aussi loin que je me souvienne des chutes de studio de morceaux de Jacques Dutronc circa-66 vous risquez d'être un peu déçus, ce disque n'a tout simplement rien à voir avec la machine à tube beat qu'était Jacques au milieu des années 60. Aussi loin que je me souvienne est en effet un concept album, le premier français apparemment autour de la vie, l'album démarre en enfance et se clôt sur le thème de la vieillesse. Ainsi tous les âges sont passés en revue, des premiers émois amoureux ("premier amour"), en passant par la vie de famille ("les temps ont changé") et ainsi de suite. Le disque s'inscrit clairement dans ce que l'on appelait alors "la pop", la musique moderne des jeunes de la fin des 60s. 
Aussi Loin que je m'en souvienne a quelque chose à voir avec les premiers Martin Circus et bien entendu pas mal de groupes anglo-saxons sans les copier mais plutôt s'en inspirer pour créer sa propre voie . J'y entends les Beatles de "when i'm sixty four" ou les Kinks de Village Green, mais si vous vous attendez à ce que ça sonne exactement pareil vous pourriez être déçus. On y croise de la variété, de la pop, de la bossa, et même un morceau assez rock (l’étonnement musclé "un jour dans ma vie") dans un ensemble pourtant très cohérent.

La première chanson (après un très bon instrumental) risque de faire le tri entre les motivés et ceux qui ne le sont pas. "Quand je serai grand" est écrite du point de vue d'un enfant et chanté d'une voix de crécelle, le résultat est curieux, on n'est pas tout à fait à l'aise car impossible de savoir comment placer ce morceau par rapport à ce que l'on connait... Pourtant si on s'accroche on peut en saisir la douceur et la fragilité, les arrangements à l'économie sont vraiment jolis, ce titre donne le ton pour les autres: un espèce de disque de pop inclassable mais profondément original et personnel. Parfois on se rapproche plus des standards pop comme sur le très réussi "les lutins" et ses très belles harmonies pas si éloignées du CSN&Y mais le disque est vraiment une sorte d'anomalie, il est intemporel et unique. Parfois il se plante en beauté, mais à d'autre ça fonctionne et le charme opère. Aussi loin que je me souvienne atteint ainsi par instant des hauteurs rarement atteint en matière de pop française. Il faut par exemple écouter le superbe "une vie" , sur un rythme de bossa langoureux , les arrangements sont légèrement psychédéliques, fait avec beaucoup de tacts et de justesse, le rendu est saisissant. J'adore aussi "chagrin d'amour", le début à la guitare sèche est vraiment trop cool, et encore une fois les arrangements sont remarquables, les cuivres apportent une touche très particulière. Il s'enchaine parfaitement avec le très beau "les temps ont changés".

Aussi loin que je me souvienne est un disque pop aussi curieux qu'ambitieux, il ose être subtile voir ce que certains qualifient de mièvres. Le Système a cette capacité à laisser aller, se mettre à nu, ne pas chercher à faire à tout prix du bruit ou la musique la plus compliquée possible. Ils dépassent ça, essaient de faire leur truc pour un résultat s'approchant parfois du grandiose. L'ensemble dégage un charme et une singularité véritablement unique.

Je vous invite à lire la chronique rédigée par notre pote Alexandre sur son blog Somewhere there is music. Il y a aussi une biographie bien faite sur rock made in France. L'album a été (très bien) ré-édité par le label espagnol Wah Wah Records.


la réédition Wah Wah sur la platine!

mardi 16 octobre 2012

Conjuguons la Pop #12 : Interview Aline



A-t-on besoin de présenter Aline ? On les ADORE et on est super content d'avoir pu les interviewer ! Écoutez leur dernier EP (Je Bois et puis je danse) et aussi les précédents si vous les trouvez ! 
Merci à Romain d'avoir répondu à nos questions.

Peux-tu nous présenter Aline et ses membres ?
Aline c'est 5 musiciens, Arnaud à la guitare lead, Romain à la basse, Vincent à la batterie, Jérémy aux claviers et moi au chant et à la guitare rythmique.

Au départ, Aline était-il un projet solo ? Comment a-t-il évolué jusqu'à devenir un groupe?
Au départ oui c'est un projet solo, comme Dondolo d'ailleurs. J'ai monté un groupe car je ne voulais pas jouer sur scène seul, entouré de machins électroniques capricieux. Et puis Aline j'avais pensé ça comme un groupe dès le début, guitares, basse, batterie et deux trois arrangements de synthé par ci par là. J'ai donc demandé aux copains qui m’accompagnaient dans Dondolo si ils voulaient rempiler  pour ce nouveau projet. Ils ont tout de suite été d'accord. Je leur ai expliqué ce que je voulais en termes de son et d'esthétique, suivant un cahier des charges assez précis car nous n'avons pas tous le même background musicale. Dès lors qu'ils ont compris ou je voulais en venir je leur ai laissé  le champ libre pour composer, apporter des mélodies, des idées d'arrangements. 

Comment es-tu passé de Dondolo à Aline ? Quel était le but au départ d'Aline ?
Ça c'est fait un peu par dépit et aussi par envie de changement. J'ai tendance à me lasser très vite des choses. Je voulais donc repartir de zéro, revenir à mes fondamentaux, affiner mon propos, faire quelque chose de plus « racé » et de plus abouti qu'avec Dondolo. Au départ il n'y avait pas de but précis, c'est juste l'envie d'aller voir ailleurs, de faire autrement, de me surprendre, de retrouver du plaisir à composer de la musique. Je me suis fixé des contraintes, des règles, n'utiliser par exemple que très peu d'élément et toujours les mêmes ; une boite à rythmes, une guitare avec quelques pédales (fuzz, chorus, révèrbe) une vieille basse et un Solina string ensemble. L'idée était de laisser un maximum d'espace, de silence, d'air dans la musique, d'aller à l'épure, de privilégier les premières prises, l'émotion brute, d'être le plus frais et spontané possible une fois dans l'action. Le premier morceau ( Les copains) est arrivé un peu par hasard, une et là j'ai tout de suite compris ce que je devais faire de ce dispositif, j'ai eu comme une révélation, c'était une évidence.


Il y a une nette évolution du son entre l'EP sorti sur La Bulle Sonore et celui paru cette année ?
Les titres qui figurent sur le premier EP  ainsi que sur les divers supports parus à droite à gauche je les ai enregistré dans mon minuscule home studio, sans pression, j'ai fait exactement ce que je voulais faire, ce que je voulais entendre avec mes petits moyens et j'en suis plutôt très contents. Le résultat sonne bien évidemment Lo-fi et cheap mais le principal est là, la couleur, les effets utilisés, la place de la voix et des synthés, les arrangements, j'avais mis tout en place, un gros boulot de pré-prod finalement.  L'album lui a été enregistré en studio, le très beau studio de Jean Louis Pièrot à Clamart. Ça n'a donc rien a voir en terme de production pure,  mais les bases du son d'Aline étant déjà définies il a juste fallut rendre le tout plus « professionnel », plus « écoutable ». Jean Louis (réalisateur de l'album) et Philippe (mixeur et ingénieur du son) ont compris tout de suite ou je  voulais en venir, ils ont œuvré dans ce sens, avec finesse, en apportant leurs idées, leur savoir faire  sans jamais dénaturer l'essence de notre son.  Aline ça sonne donc comme du Young Michelin mais en beaucoup mieux !

Penses-tu sortir, un jour, d'autres disques sous le nom de Dondolo ?
Vraiment aucune idée, peut être quelques titres comme ça de façons sporadique, pour l'instant ce n'est pas ma priorité. Je ferai peut être quelque chose sous une nouvelle entité... J'aime bien repartir de zéro, j'aime les débuts, les premières fois, j'aime quand c'est tout neuf, tout frais, tout beau, j'aime l'espoir et l'excitation que cela procure.

Sous la pression d'une entreprise vous avez brutalement du changer de nom pour devenir Aline, cela n'a pas été trop difficile ?
On a été très tristes de devoir abandonner un nom que nous aimions beaucoup et qui nous allait bien. Je l'avais trouvé par hasard avant même de créer la musique et il a en fait beaucoup influencé l’esthétique générale du projet. Une phrase, un mot peuvent être à l'origine d'une chanson, là ces deux mots accolés furent carrément à l'origine d'un son, d'un groupe, d'une manière de s'habiller.
Une fois la claque reçue, le plus difficile a été de trouver quelque chose qui nous plairait autant, ça a pris 6 mois (j'ai encore des pleines listes de noms au cas ou ça intéresse quelqu'un...). On a choisi Aline pour la sonorité, et parce que c'est sensé être la ville natale des Young Michelin. Au finale on est bien avec Aline et cette mésaventure confère une histoire au groupe, un pré-histoire même. Il y aura les fanatiques de Young Michelin, les purs et dures, les « connaisseurs », ceux qui pourront frimer avec le EP orange et les autres, qui préféreront la seconde période, celle des gros tubes  commerciaux ahahaha !

Votre album va sortir début 2013, comment s'est passé l'enregistrement ? 
Notre album sort le 7 janvier. Nous l'avons enregistré l'automne dernier avec Jean Louis Pièrot et Philippe Balzé. L’enregistrement s'est déroulé sur un mois, mixage inclus, au studio REKO. Alors c'est évidemment assez frustrant de devoir attendre aussi longtemps avant qu'il ne soit rendu public mais bon c'est comme ça, ça fait trois ans qu'on attend, le plus dure est derrière nous ! Il est composé de la plupart des morceaux « historiques » de Young michelin/ Aline et de cinq nouveaux titres. Comme je te l'ai dit plus haut Jean Louis et nous partageons les mêmes influences et la même sensibilité, pas besoin de longs discours, on s'est tout de suite compris. Nous n'avons pas eu à nous battre ou à défendre nos positions trop violemment, ça c'est fait dans le calme et la sérénité. Amen.

Gagner le CQFD vous a-t-il amené une notoriété importante ? 
Notoriété importante non, mais notre nom a vraiment commencé à bien circuler à partir de ce moment là. Ça a permit à notre musique de sortir du petit cercle des initiés indie pop, de toucher plus de monde, d’intéresser d'autres sphères.

Sentez-vous un intérêt autour de la pop française en ce moment dans les médias ?
Oui. Difficile pour les média d'ignorer ce qui se passe aujourd’hui. Pas un jour sans qu'un article ne sorte sur cette «nouvelle scène Française ». C'est parfois bien senti et assez instructif et ça vire parfois au fourre tout un peu indigeste. En générale l'angle c'est le chant en français, ce qui paraît quand même assez surréaliste car on parle bien ici de groupes...français ! En fait si l'on regarde bien, les groupes et artistes « pop » français ont depuis toujours et dans la plus grande majorité des cas chanté en français, ça n'est que depuis une douzaine d'années que les groupes français chantent en anglais, depuis le succès à l'international de Daft Punk, Air, Phoenix et de toute la vague post-French touch. C'est donc plutôt pour moi un retour à la normale finalement.

De quels groupes actuels vous sentez-vous proche ? 
On aime bien les groupes de la nouvelle «  nouvelle vague » française parce qu'on a pas mal d'influences en communs je pense. On se sent aussi beaucoup d'affinités musicales avec des groupes comme  Motorama, Crystal Stilts, Veronica Falls ou Automelodi pour ne citer qu'eux. Personnellement j'aime aussi beaucoup John Maus, Molly Nilsson, quelques conneries d'Ariel pink, Palma Violets, même si ce que nous faisons pas n'a pas grand chose à voir.

Qu'est-ce qui vous rapproche et vous différencie selon toi ?
En ce qui concerne nos collègues de la nouvelle scène ? Je ne sais pas trop, on ne se connaît pas vraiment et je n'en ai jamais parlé avec aucun d'eux. Je pense, et ça n'engage que moi, que ce qui nous rapproche de fait c'est l'envie de mélanger nos influences anglo-saxonne à notre culture pop française. C'est aussi peut être un histoire de rejet : rejet d'une certaine chanson française à textes lénifiante, rejet d'une variété française plus du tout excitante depuis belle lurette, et puis un ras le bol de tout les clones de phœnix qu'on subit aussi depuis plusieurs années et du chant en anglais qui tourne à vide. Je crois qu'on a tous envie de quelque chose de neuf et frais, besoin de singularité, besoin d'esthétiques différentes plus marquées faites de partis pris forts et assumés. Nous sommes aussi pour la plus part des groupes de province. Après avec les mêmes influences, les mêmes dégoûts, les mêmes envies, nous arrivons avec des propositions complètements  différentes. Certains sonnent plus New wave, d'autres surf/yéyé, d'autres très électronique, cette différence c'est ce qui fait la richesse de « cette scène ». Elle est loin d'être uniforme.

Pensez-vous que l'on puisse parler d'une "scène" à ce stade ?
Pour moi une scène ça a plus à voir avec une ville, un territoire restreint. Manchester, Détroit, Rennes ou Bordeaux dans les années 80 par exemple. Une scène c'est fait de gens qui se connaissent tous plus ou moins, qui se fréquentent, échangent et vibrent à la même pulsation, la pulsation d'un lieux, d'une ville, d'une atmosphère, d'une conjoncture, qui se reconnaissent dans une histoire commune. Alors je ne sais pas si on peut parler de scène ici et maintenant. C'est plutôt un élan, un mouvement, quelque chose de plus globale.

Que représente pour vous le choix du français ?
Une évidence, je l'ai dit et je le répète je suis français, et quand on y pense c'est quand même assez naturel de s'exprimer dans sa propre langue. J'ai chanté en anglais notamment sur le deuxième album de Dondolo et je n'étais pas à l'aise, ni pour écrire ni pour chanter. Il y 'avait comme un filtre entre moi et mes propres mots, ente ma voix et mon âme. A moins d'être parfaitement bilingue, ce qui n'est pas mon cas, je ne vois pas comment on ne peut pas avoir le sentiment de tricher quand on chante dans une langue qui n'est pas la sienne.

Penses-tu que cette langue soit un frein à l'international et en France ? 
Je pense que chanter en français à l'international n'est pas un frein en soit, dans la sphère indie, dans un marché de niche. Nos premiers singles sont sortis sur des labels américains et anglais, ce sont les premiers à nous avoir compris, ils ont aimé sans rien comprendre de ce que je racontais dans mes chansons. Par contre ils ont tout suite capté l'essentiel, ils ont senti l'esprit, le souffle qui parcouraient ces morceaux. « L'international indie » est une grande famille qui sait reconnaître les siens et une bonne pop song reste une bonne pop song, quelle soit chanté en Portugais ou en Coréens.
Le son, la mélodie, le timbre de la voix et la façon de chanter, l'émotion qui se dégage d'une chanson la rend universelle. Ils n'auraient pas réagit de la même manière avec de la chanson à textes je crois. Après je doute qu'on puisse obtenir un succès de masse à l'international avec du chant en français. La c'est une autre histoire, vraiment.
En ce qui concerne la France et bien je crois que le public s'est habitué à ce que les artistes chantent en anglais, c'est une affaire entendue et ça n'offusque plus personne. Par contre chanter en français c'est devenu très exotique ! Quand on a commencé les gens se posaient des questions, ils trouvaient ça déplacé, ridicule ou au contraire complètement extraordinaire, c'est incroyable quand on y pense. Bon c'est en train de changer et maintenant pour être branché faut chanter en français. C'est pour ça que je vais me mettre à l'italien, c'est une très belle langue, parfaite pour la pop. Il faut toujours avoir une longueur d'avance ouarf ouarf !

Penses-tu qu'il y ai en France une sorte de défiance vis à vis des groupes nationaux ?
La France n'aime pas les groupes, elle aime les individualités et elle n'a jamais était très tendre avec les gens qui faisaient autre chose que de la variété ou de la chanson à textes. Elle a tendance à regarder ses artistes pop avec beaucoup de condescendance. Certains comme Daho ont réussi à s'en sortir en prenant un virage mainstream ( de qualité) mais pour un Daho, un Biolay combien de Gamine, de Désaxés laissés sur le carreau? Des gens sincères, doués, qui proposaient autre chose? J'aime la France, c'est un très beau pays, j'aime sa culture et j'aime bien les français mais il faut avouer que quand on fait de la pop ici c'est quand même ultra compliqué. Les personnes qui gueulent constamment contre les chanteurs de variétés et réclament des alternatives de qualité sont les premiers à clouer au pilori les nouveaux venus, à se foutre de leur gueule, à se moquer. C'est assez désespérant mais c'est un paramètre à prendre en compte. Du coup les maisons de disques et les média généralistes hésitent, ils sont frileux, ils attendent, ils observent avant de relayer les choses. Le truc qui marche bien dans notre pays c'est les bouffons, les rigolos, les amuseurs public, moi ça ne me dérange pas plus que ça, j'aime bien rigoler et puis ça paye de faire le fou fou dans le poste. La France c'est le pays de Baudelaire et de Proust mais aussi et surtout de Coluche et des Inconnus. Katerine, Tellier l'ont bien compris, heureusement qu'à coté de ça ils ont du talent. Les choses changent petit à petit grâce aux nouvelles générations, moins cynique, plus ouvertes, plus cultivés musicalement que leurs aînés et ça c'est très encourageant. Ils sont le sang neuf, achètent des disques et viennent aux concerts, on a pu largement le vérifier.

Est-ce difficile de faire des textes en français sans se référer à "chanson française" ?
Aline ce n'est pas de la chanson française, c'est même exactement l'inverse, c'est de la pop et la pop ça se chante et ça se danse comme disait Claude François. C'est primordial ça pour moi. C'est donc quelque part, dans la forme, plus prêt de la variété que de la chanson Française. Y a un coté ludique, jouissif dans une bonne chanson. Je jouis de la même manière en écoutant « salut les amoureux » de Joe Dassin » qu'en écoutant « There is a light that never goes out » des Smiths. Pourquoi ? Parce que se sont deux très bonnes chansons, pleine de larmes et d'espoir. Le propos, les mélodies sont simples, belles, c'est lumineux. Chacun peut y trouver sont compte, le pékin moyen comme l' Ayatollah indie pop de base. Moi j'aime le format chanson, y a que ça qui me fait vibrer.
Chez moi c'est la musique qui vient toujours en premier et elle dicte sa loi. Le tempo et la grille harmonique conditionnent l'écriture et le choix des mots. C'est là que ça devient vraiment difficile car arrive le moment ou il faut dire les choses. Qu'est ce qu'on veut dire? Comment va-t-on le dire ? Comment va-t-on faire rentrer ces mots dans cette musique pour arriver à un tout cohérent sans faire trop de concession au fond ? Fond et forme c'est l'éternel problème...C'est du design. Il faut que le résultat soit fluide, il faut que ça sonne, que ça groove, que le message et l'émotion passent en trois minutes trente. C'est un exercice de style passionnant qui ne doit jamais sentir le travail, le labeur, ça doit couler, paraître simple et spontané même si au finale c'est un boulot de dingue. Moi je ne sais pas trop comment je fais, c'est assez empirique, je suis un instinctif. Je sens quand ça fonctionne ou pas car je sais ce que je veux entendre. Dire tout avec trois fois rien, être synthétique, faire passer une idée, une émotion pure en très peu de mots. Quand j'écris par exemple « trop de flammes à rallumer, de nuages à rattraper, de jolies filles à embrasser, trop de fleurs à ramasser mais moi je suis fatigué » ça me suffit, j'ai dit ce que j'avais à dire rien besoin d'autre, c'est parfait pour moi. Ça paraît simple, peut être simpliste pour certain  mais c'est exactement là ou je veux aller, pas de gras, pas besoin de faire mon malin, aucune envie de paraître lettré, je le suis, j'ai pas besoin de le prouver, je ne suis pas là pour ça.  Aller à l'épure. C'est le plus dure.
Je fais souvent confiance au premier jet. En gros je sais ce que je veux dire, j'ai une trame, j'ai mon sujet, je mets mon casque, j'appuie sur rec et je chante en mélangeant vrais mots et yaourts et j'improvise jusqu'à ce que je trouve le « truc ». Après c'est du pas à pas, j'écris, je chante, je rature, je rechante, c'est une frénésie totale, je suis ailleurs, complètement immergé, presque en transe, il faut que ça devienne physique à un moment, il faut jouir, je suis gourmand. Si tout ce passe bien et que le morceau en vaut la peine, en deux heures le plus gros du travail est fait. Je peaufine ensuite tranquillement le lendemain. Il m'arrive d'écrire sans support musicale préalable, le résultat me plaît mais ce n'est pas une chanson, c'est un poème, un texte, un texte pour faire de la chanson française, le début d'une nouvelle etc etc... C'est autre chose.

Quels groupes français t'ont inspiré en matière d'écriture de textes ou du placement de la voix ?

Pour les textes et la voix, je ne sais pas, je ne me suis jamais vraiment posé la question. J'aime Christophe, c'est limpide, le traitement de sa voix me plaît beaucoup, Polnareff aussi, tiens. J'aime bien quand la voix plane au dessus des instrus. J'aime bien la révèrbe et j'aurais tendance à en abuser. J'aime la sensation de détachement que ça produit, chanter en haut d'un nuage et regarder le monde en bas, prendre du recul, rester en surface et prendre petit à petit de la hauteur de temps en temps pour n'avoir plus qu'un vision panoramique des choses. J'aime bien la voix de Robert Smith et dans un tout autre genre celle de Morrissey et de Ceasar du groupe The Wake. Ce ne sont pas des modèles mais j'aime les sensations qu'elles procurent. J'aime bien les voix « blanches » un peu neutres ou on ne sent pas trop l'affect. En terme d'écriture, je trouve que Souchon est un as dans son genre. Rien de superflu, des mots simple et qui sonnent juste, des images et des figurent de styles qui n'appartiennent qu'à lui, qui ne viennent jamais parasiter la musique, en plus il arrive à dire des choses assez profondes sans jamais faire chier l'auditeur avec le message de départ. Ses chansons ne nous imposent rien, elles nous laissent le choix. Sinon j'ai énormément de mal avec Jacques Brel, trop de pathos même si les textes sont très beaux.

Quelles sont plus généralement tes influences musicales et extra-musicales ?
Pour généraliser et éviter des listes ennuyeuse j'aurais tendance à dire que j'aime toute les chansons bien troussées et peu importe le style musicale et les arrangements. Quand l'émotion passe, tout passe. Mais bon j'ai quand même mes marottes, mes chouchous, des gens, des styles qui m'inspirent plus que d'autres. En musique c'est François de Roubaix, les Cure des débuts, les Smiths, la surf music, le Velvet Underground, Les Kinks, les Buzzcocks, les Undertones, les Pastels, Jesus and Mary Chain, The Wake, New Order, Shop assistants, les Byrds, Sarah records, l'Italo disco, The Fall, Alain Souchon, Christophe, Lotus Eater, Franck Black, Orange Juice... Mais aussi et surtout la musique des Watoo Watoo qui est une des plus grosses influences d'Aline (c'est signé Hubert ballay). Pour le reste j'ai une passion pour l'astrologie naturelle et je peux être inspiré par un film, un titre de film, une image, le temps qu'il fait dehors, la lumière de l’extérieur, un son, un instruments de musique, un livre, un mot, un personnage, un fais divers, un événement historique, les rêves que je fais, c'est sans limite.

Vos chansons sont-elles autobiographiques ?
Mes chansons ne racontent pas d' histoires, il n' y a pas de narration, il n'y a pas de début et il n'y a pas de fin. Elles sont juste le reflet des mes états d'âme à un moment particulier de mon existence. L'album est une succession d'impressions jetées spontanément puis mises en forme. Pour l'album d'Aline c'est une photographie de trois années d' introspection intense et douloureuse, de replis sur soi contraint et forcé. Trois années grises. Dépression blanche. Saturne en maître du chaos.
Chaque titre est un instantané des différentes phases traversées durant ce long tunnel; la peur, l’impuissance face aux événements, la tristesse, la colère, les souvenirs d'une vie meilleur, la détestation de soi, l'espoir d'une existence nouvelle qui fait tenir bon la barre. J'ai  transformé cette matière noire en quelque chose de « solaire » totalement dénué de pathos et d'emphase, j'espère... Onze morceaux de pop comme je les aime, tendus, nerveux, enlevés, clairs, légers  mais profonds. Onze morceaux de pop de facture « classique » pour pleurer en chantant à tue tête et atteindre le bout du tunnel. L’allégresse et la mélancolie y sont étroitement imbriquées. C'est l’énergie du désespoir ou la pulsion de vie l'emporte malgré tout. On sert les dents et on souffre en silence. De la pudeur, toujours.


On connaît peu Marseille pour sa scène rock, n'est-ce pas compliqué pour un groupe français  d'être basé dans cette ville ?
Comme aucun membre du groupe n'est originaire du sud, on a toujours un peu de mal à se faire à certaines choses, certaine façons d'être, certaines façons de faire Marseillaises. Mais il y a de très bons cotés à Marseille, il faut juste savoir lâcher prise. C'est compliqué pour tourner parce que c'est pas très bien placé. Le Sud-est n'est pas un territoire très « pop » donc pour jouer il faut bouger et bouger à cinq ça coûte cher. Après je ne sort pas beaucoup à Marseille, je ne suis plus très au fait de ce qui s'y passe. J'y vais prendre du bon temps, je vais voir les copains. On a la chance de bouger, d'être souvent en déplacement, donc ce n'est pas trop pesant au final.

As-tu quelques recommandations de groupes français à nous faire partager ?

En vrac: Les fils de joie, Gamine, les Freluquets, les Désaxés, les Olivensteins, les Dogs Antoine, Évariste, Marie et les garçons, Trisomie 21, les Calamités, Marc Desse, Alex Rossi, Kid Pharaon, Violette Nozière, à trois dans les WC, Welcome to Julian, Mathématique Moderne, Accident, Charles de goal, Deux, Moderne...la liste est longue j'en oublie plein !

écouter sur Youtube "Je bois et puis je danse
écouter sur Youtube "Deux Hirondelles
écouter sur Youtube "Teen Whistle"


ps: les superbes illustrations ligne claire sont signées Martin Etienne la photo Frank Loriou

jeudi 4 octobre 2012

Conjuguons La Pop #03 : Dominique Walter - Les Petits Boudins (1967)



Dominique Walter avait tout du petit chanteur / interprête mi minet mi belle gueule propre sur lui vainqueur du concours de chant de Remo (ce qu'il fût). Mais c'est son nom qu'on voit sur la pochette de ce classique de beat made in France. Je ne sais pas si c'est sa maison de disque (Disc'Az) ou lui même, mais sur cet EP, il a su s'entourer du meilleure de la musique pop française de l'époque puisque le morceau titre n'est autre qu'une des meilleurs compositions de Serge Gainsbourg. Je ne vous apprends pas grand chose puisque ce morceau est un classique parmi les classiques, mais c'est certainement un des exemples les plus flagrants de conjugaison idéale du langage pop à la française mariant avec bonheur exigence de composition et surtout cette malice et espièglerie très française, ce truc qui vous fait danser un sourire en coin, les yeux posés sur une belle nana dont vous convointer les courbes. Le reste de l'EP n'est pas vraiment à la hauteur des Petits Boudins, mais on y trouve malgré tout une honorable reprise des Beatles dont les paroles signées Pierre Saka sont un peu ratées "Tu sais la mode ça se démode"... vive la rime de rappeur et une autre adaptation du même Saka d'un morceau italien, pas formidable mais l'orchestre et l'arrangement de cordes y sont assez en verve, elle mérite en tout cas de laisser le disque se finir.

Serge Gainsbourg a souvent eu une plume et des doigts d'or et c'est absolument le cas de ces petits boudins qui reste pour moi, l'un de ses morceaux que je préfère et ce n'est pas un hasard si notre blog tire son nom d'une chanson du bonhomme (on aimait bien le jeux de mots avec Twister le jeux, si vous n'aviez toujours pas compris pourquoi on utilisait des ronds vert - rouge - jaune et bleu, voici l'explication !).


Dominique Walter - Les Petits Boudins


Dominique Walter - Penny Lane

mardi 2 octobre 2012

Conjuguons La Pop #02 : Evariste - E=mc² (1967)



S'il y a bien un disque qui pourrait résumer l'esprit de ce blog, c'est bien cet EP d'Evariste, nous avons commencé à écrire ce blog avec l'objectif de faire re-découvrir ce genre de disque. Il est d'ailleurs surprenant que nous n'en aillons jamais parlé auparavant tant cet EP fait définitivement parti de l'indispensable panoplie des amateurs de French Beat que nous sommes et classique parmi les classiques des soirées sixties.

Après le succès d'Antoine, signé chez Vogue, les labels français se sont mis à la recherche de « leur antoine », Disc'Az fait fort en dégotant Evariste, un scientifique français expatrié aux Etats-Unis, docteur en physique théorique et ovni de la pop française. 

A l'exception peut-être de l'expérience Morricone-sque Dans La Lune sur la deuxième face, cet EP ne contient quasiment que des killers. Le plus connus est évidemment Connais-tu l'animal qui inventa le calcul intégral ? dialogue surréaliste et improbable entre un oiseau et Evariste sur fond de rythme voodoo répétitif et hoquetant qui n'est pas sans rappeler la folie théâtrale d'un Screamin Jay Hawkins (également grande influence d'Hector) au moment même où on re-découvre justement son répertoire (repris par Nina Simone et Alan Price Set notamment), esprit qu'on retrouvera d'ailleurs chez Arthur Brown l'anglais l'année suivante. L'une des grandes forces d'Evariste ce sont évidemment ses textes, d'une rare intelligence, bourrés de blagues et de jeux de mots. D'ailleurs, alors que je suis en train d'écouter le disque, les gens passent dans le couloir et rentre pour me demander qu'est ce que c'est que ce truc, avec Evariste, ce genre d'effet est garanti. Evariste Aux Fans devrait plaire aux amateurs de garage (et je sais qu'ils sont nombreux parmi nos lecteurs), la fuzz ne devrait pas y être indifférente, de même que les textes savoureux dont je vous donne un extrait :
Et mon corps a agi très très fort
Comme domaine d'opérateur sur ton corps
En moins d'une plombe, je suis devenu
Un espace vectoriel sur ton corps nu

Quant à Si J'ai Les Cheveux Longs, C'est Pour Pas M'Enrhumer, le morceau est certainement le plus à-la-Antoine (sans les problèmes) du disque et rappelle également un autre Antoine-like dont on parlera bientôt : Edouard.

Il est possible que la récente compilation (presque) intégrale du garçon ait fait un peu augmenter la cote des disques mais en cherchant un peu vous devriez pouvoir trouver ce disque autour d'une quinzaine - vingtaine d'euros.


Evariste - Connais-tu l'animal qui inventa le calcul intégral ?


Evariste - Evariste Aux Fans

samedi 25 août 2012

Granville - Jersey (2012)




Et si le hold-up de la scène pop française en français actuelle était fait par le petit nouveau ? De tous les groupes que nous écoutons et supportons dans ces colonnes avec vigueur, car comme vous le savez nous sommes de grands amateurs de pop bien de chez nous, tels que Lescop, Cracbooms, Aline, La Femme ou Pendentif, Granville est sûrement le dernier arrivé et... le premier à tenter l'expérience signature dans une major (EastWest, divsion « alternative » de Warner). En attendant leur album prévu l'année prochaine et pour profiter de leur passage à Rock En Seine aujourd'hui, voyons voir un peu ce qu'ils ont dans leur Jersey.

Les normands de Granville se sont bien nommés, la musique du groupe est à l'image de cette très mignonne station balnéaire de la Manche située à quelques pas du Mont Saint-Michel, ville de Christian Dior, elle pousse à la flânerie, aux ballades le long de la mer sur la jetée arrosée par les vagues qui s'y brisent (ne pas oublier son ciré) et aux jeux d'enfants, barboter dans les flaques d'eaux salées à la recherche de trésors quand l'océan tirée par la lune laisse place au sable et quelques rochers anguleux. On pourrait très facilement les rapprocher de Pendentif, leur Jersey fait forcément écho au superbe Riviera des Bordelais sorti l'année dernière, on y trouve cette même petite tendance indie-pop / dream-pop, spleen adolescent et ligne claire évoquant une version léchée des disques Sarah Records, une petite touche variété en plus ou certains groupes américains comme Tennis. Le morceau est en tout cas super catchy et c'est typiquement le genre de chansons qu'on rêve de voir dans les charts à la place de tout ces trucs eurodance-accordéon-rappeur foireux en costard blanc à la Pitbull. La Face B, la Ville Sauvage est moins marquante, mais elle ne m'empêchera certainement pas d'esquisser un sourire et de taper du pied, j'y trouve le flot de la voix un peu perdue et haché, on se rend compte du défi qu'est de chanter de la pop à guitares en français !

Si je ne trouve pas ce single aussi formidables que ceux d'Aline, Pendentif ou La Femme, il n'en est vraiment pas trop loin, le groupe est très jeune et Jersey laisse présager le meilleur. Granville, comme ces autres, ont un grand potentiel et nous sommes impatients de voir ces groupes grandir, muter et surtout continuer à écrire des bonnes chansons.

Le vinyle s'achète (un peu cher) ici en attendant de le voir distribuer dans les boutiques du coin.

mercredi 4 juillet 2012

Paradis - Hémisphère (2012)



Comme vous le savez depuis le temps, nous sommes de très fervent de la pop française et de la pop en français, par pop, nous y entendons une acceptation simple, musique populaire, une musique accessible peut-elle être exigeante en même temps, la réponse est oui évidemment et nos colonnes le démontrent chaque semaine. Il semblerait que depuis quelques temps, le français redevienne l'idiome de prédilection des popeux hexagonaux (Aline, Pendentif, La Femme, Granville, Cracbooms, Spadassins et autres Guillotines ne diront pas le contraire) et c'est une excellente nouvelle. Dans la série, je veux l'enfant disco / synth-pop. Cet enfant c'est PARADIS.

Sorti en mai sur le label de Tim Sweeney (Beats In Space, un mec proche de la bande New Yorkaise de DFA), c'est le deuxième single du groupe, je l'ai découvert grâce au clip de Jem'ennuie. Mais parlons d'abord d'Hémisphère. C'est une superbe chanson, mélancolique et élégamment écrite, très accrocheuse malgré 7 minutes 13 (il est rarissime que nous parlions de morceaux aussi long ici). Paradis me rappelle beaucoup ces groupes réconciliant pop, influences disco et musique électronique de la première moitié des années 2000 : Metro Area, Lacquer, Swayzak (souvenez vous Another Way) ou même Chromatics. La plus grosse différence c'est que personne ou presque à l'époque ne l'avait fait en Français, en tout cas pas aussi bien. Avec sa production simple mais millimétrée, ses boucles de claviers électriques, sa basse rebondie, c'est un morceau idéal pour danser timidement en début de soirée, le vague à l'âme mais les fesses chahutées. J'accroche un peu moins à Je m'ennuie, pourtant la recette n'est pas trop différente, la production est même sûrement plus ambitieuse, il me semble que ça tient à un gimmick moins catchy à l'hypnotisme qui ne prend pas trop, mais encore faudrait-il que je teste ça sur un dancefloor, peut-être est ce que je changerai d'avis. Elle n'en demeure pas moins une très bonne chanson. Mais, avec une telle face A, difficile de rivaliser.

Je recommande également chaudement le premier single Parfait Tirage / La Ballade de Jim, si la face A est un vrai morceau de club, très disco, la reprise d'Alain Souchon en Face B est absolument formidable, qui eu cru qu'on pourrait donner une telle relecture à Souchon ? Ce n'est pas une histoire d'eden mais ce Paradis a du cœur, toucher l'âme et faire danser, voilà quelque chose qui nous parle.

Vous pouvez trouver le vinyle sur : Nuloop / Rvng / Phonica / et dans plein d'autres boutiques en ligne
Et une fois n'est pas coutume, nous mettons en ligne le clip, à l'image de ce single, très réussi !



jeudi 29 mars 2012

Les Pharaons - EP (2012)

Derrière Les Pharaons se trouvent Eddy des excellents Fair Ohs que l'on aime beaucoup sur RPUT. Le projet de voir Eddy chanter d'avantage en français avait de quoi attiser ma curiosité et franchement je dois dire que le résultat est vraiment cool.

Pour situer on est dans un registre allant de Bardot à Françoise Hardy, en passant par pourquoi pas Big Star dans les morceaux acoustiques ou le folk-rock des Byrds... La production est assez crados et lo-fi et finalement je trouve cela presque dommage car les mélodies semblent comme cachées par cet excès de saturation que l'on dirait propre à un vieux disque 45 tours usé jusqu'à la corde.
Je suis bien sûr fan des disques bricolés avec trois bouts de ficelles mais je crois vraiment que ces chansons auraient méritées un traitement un peu moins radical pour laisser leur beauté parler d'elle même dans le dénuement et sans artifices.

Dans tous les cas ce nouveau projet d'un membre des Fair Ohs me plait beaucoup et j'ai du mal à lui trouver un équivalent en France... Dès 4 titres ma préférence va aux chansons plus qu'à l'instrumental "Gourmette" (qui est plutôt cool avec un effet de phaser qui me rappelle Real Estate) je suis en particulier fan d'Amandine et Kosma qui sont de très belles chansons. Une cassette qui mérite quelques menues finances pour voir se concrétiser d'autres projets sous cette nouvelle appellation fort prometteuse.

ACHAT