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samedi 25 août 2018

Achats Récents #17 Groupes Espagnols

L'année dernière, j'avais préparé une sélection de 45 tours de groupes espagnols trouvés à Barcelone. Un an plus tard, j'y suis à nouveau, bien entendu, j'ai fait un crochet par les deux boutiques Revolver de la Carrer dels Tallers. Même lieu mais pas tout à fait les mêmes protagonistes, les trouvailles, cette fois-ci, sont marquées par leur primeur: plusieurs groupes dont je ne possédais rien encore. 

À ma grande surprise, les Sirex n'ont jamais été évoqués directement sur ce blog en dehors de quelques mentions pour d'autres groupes (Salvajes, Los No etc.). La chose est étonnante car la formation barcelonaise est une des plus importantes du pays pendant la période beat au coté de Los Brincos ou Los Mustang. Du coup j'ai ramassé pas mal de leurs disques en dix ans ! Né en 1959, le groupe joue dans la région (à Castelldelfels par exemple)  ne signe un contrat avec Vergara qu'en 1963. Leur carrière décolle avec La Escoba , morceau qu'ils n'aimaient pas, on peut les comprendre tant ils avaient mieux à offrir. San Carlos a été lui publié en 1964 ou 1965 selon les sources... J'aurais tendance à penser qu'il s'agit au moins de leur troisième EP puisque majoritairement composé par le groupe: contrairement, à l'indication, l'un des quatre titres est une reprise (Si Yo Canto). Le 45 tours est en tout cas un des meilleurs du groupe avec Yo Grito ou Acto de Fuerza. Deux titres s'en dégagent particulièrement : San Carlos Club et  Tus Celos (attention pour cette dernière la version disponible sur youtube n'est pas la bonne). Elles démontrent l'attachement du groupe au rock pur et dur, celui des 50s, de Presley. Associant un son très twangy à une fulminante morgue ,les deux morceaux sont des rushes d'énergie évoquant par exemple Vince Taylor (Shakin' all over en particulier). 



Continuons dans la musique Beat enregistré en Catalogne avec Els Dracs, un groupe originaire de Molins De Rei. Contrairement aux Sirex, Els Dracs n'eurent pas une carrière nationale mais eurent en revanche un succès régional. La raison en est assez évidente et fait tout l'intérêt de ce disque: le groupe chantait en catalan. Je ne sais pas si leur nom (les Dragons en français) a un quelconque rapport avec la Festa Major en tout cas je suppose qu'il est dans l'imaginaire catalan ? Le disque est sorti chez Concèntric, un label spécialisé dans la musique catalane. J'avais déjà eu l'occasion de les citer il y a fort longtemps pour le chouette 45 tours d'Eurogroup. Musicalement l'EP des Dracs présentent 4 reprises compétentes dont la plus intéressante me semble être celle des Animals (It's My Life devenant Es La Meva Vida). L'usage du catalan rend l'exercice intrigant même si évidemment, le groupe n'appartient pas à la même division que les Salvajes, Sirex et autres Brincos, capables d'écrire leurs propres morceaux. Un disque important pour les collectionneurs de rock catalan puisqu'ils sont parmi les pionniers du genre. 


Une trouvaille dont je suis particulièrement content même si malheureusement le disque n'est pas dans un état dingue: Cerca de las Estrellas de Los Pekenikes. J'ai finalement assez peu évoqué los Pekenikes ici (ils ont eu le droit à un article en 2009 et ont été mentionnés l'année dernière dans l'article sur les achats espagnols). Los Pekenikes a eu de nombreux line-up différents avec notamment Juan et Junior également passés par la case Brincos. Le groupe madrilène pratique généralement une musique instrumentale proche du style Tijuana Brass (c'est à dire avec des arrangements de cuivres un peu guilleret) mais il y a aussi beaucoup de choses intéressantes à retenir dans leur discographie: des morceaux rock n roll/beat/garage des débuts ou plus tardifs et funky. Je suis particulièrement fan de Cerca De Los Estrellas , la chanson mélange les influences classiques du groupe avec le psychédélisme chère à la fin de la décennie. Le tout est à la fois vaporeux et épique !


Màquina! est des groupes piliers de la scène underground espagnol de la fin des années soixante. Leur premier album Why? est considéré comme un classique en Espagne. Originaire de Barcelone, la formation choisit de chanter en anglais (approximatif !) en opposition à la variété (souvent en espagnol) et à la chanson (en catalan). Elle publie son premier 45 tours en 1969 avec l'excellente Lands of Perfection en face A.  La chanson convoque l'esprit de Brian Auger, The Nice ou Rare Bird, soit un morceau psychédélique groovy avec un orgue hammond surpuissant. Un disque pas courant que je suis très content d'avoir trouvé !


Autre groupe majeur à définir l'undeground espagnol de la fin des sixties et du début des 70s: Smash. La formation sévillane pratique une fusion entre flamenco et musique psychédélique en anglais à nouveau (avec un peu d'espagnol quand même). Le résultat est plutôt probant comme sur ce 45 tours entre arabesques hispaniques et guitares wah-wah ! À noter que le disque est produit par Alain Milhaud, un français (né en Suisse à Genève) bien plus connu en Espagne qu'en France qui a énormément contribué à la pop ibérique en produisant aussi Los Canarios, Los Pop Tops  et surtout Los Bravos (Black Is Black !). Décédé en avril 2018, ce dernier a eu une nécrologie dans l'un des quotidiens les plus importants d'Espagne


vendredi 30 juin 2017

Achats Récents #12

Une spéciale Royaume Uni, Groovy Baby ! Les deux derniers disques ne furent pas édités en France à l'époque (d'où la présence de pressage anglais sans pochette).

Peut-on se lasser de Tom Jones ? Après une absence de quelques semaines, il revient dans notre rubrique Achats Récents plus fort que jamais le bougre ! Nous avions en effet évoqué l'excellente I've Got a Heart il y a un mois. Le Gallois a cependant plus d'un tour dans son sac à malice de faces B. Looking Out my Window (1968) est une autre tuerie groovy aux glorieux arrangements. Tom est dans la chanson, il emporte tout sur son passage. La rythmique tabasse sévère ! Très très bien. Pas si courant mais je suis sûr que les diggers du dimanche à la recherche de Dark Side Of The Moon ne penseront pas à le prendre, vous si maintenant !


Une autre face B de Tom Jones plutôt cool quoi que pas aussi dingue que Looking Out My Window : If I Had You sur l'EP Green, Green, Grass of Home paru en 1966. Un sympathique morceau groovy et assez beat dans l'esprit ! 


Like We Used To Be est un excellent Georgie Fame and the Blue Flames. Impossible de ne pas entendre l'influence de Mose Allisson sur le chant du britannique... Le jeu d'orgue est brûlant (inspiré probablement par Jimmy Smith, Booker T etc.), les cuivres rutilants (et utilisés avec goût ce qui n'est pas toujours le cas). Si Yeh Yeh qui l'a fait connaître était une reprise, voici un original de 1965 (signé de son vrai nom: Clive Powell) d'excellente facture à passer dans ses sets modernistes et sixties ! Promis on va essayer de ne pas remettre dix ans avant de reparler de l'un des meilleurs organistes mod anglais avec Brian Auger...



Dave Clark Five sont un groupe londonien de musique beat connu pour avoir inventé le Tottenham Sound une réponse au Mersey Beat des groupes liverpuldiens et plus particulièrement les Beatles ! Au delà de l'anecdote, le groupe est particulièrement populaire dans la première moitié des années soixante aux États-Unis, plus que dans leur pays natal en tout cas. La situation s'inverse vers 1967 grâce à des singles comme Everybody Knows. Particularité de la formation: la mise en avant du batteur Dave Clark, contribuant aussi à la particularité de leur son sur certaines de leurs chansons. Histoire d'être original, encore une fois, la face B retient particulièrement mon attention sur ce 45 tours. Concentration Baby est un morceau sauvage et brutal pas si éloigné des Troggs dans le délire hommes des cavernes qui martèlent leur batterie ! Dans une orgie de fuzz et orgue, pas de pitié, ça déménage ! Presque garage-rock non ? Le genre de morceau super cool et pas cher (comme le shame des DDDBM&T que j'évoquais l'autre jour dans la même session que le Tom Jones cité plus haut) à ajouter sans modération à sa collec' de rock 60s britannique !

vendredi 16 juin 2017

Achats Récents #9

The Whispers est un groupe américain de soul formé à Watts (près de Los Angeles) en 1964. La formation est particulièrement connue pour ses tubes de la fin des années 70 comme And the Beat Goes On. Comme de nombreux groupes ayant traversés les décennies (Temptations, Isley Brothers, Steve Wonder) leur musique a évolué en fonction des époques. Needle in a Haystack est la face B du tube Seems Like I Gotta Do Wrong (#6 des charts R&B). La chanson est une très jolie production soul de 1970, elle évoque à travers son tempo modéré et son groove irrésistibles les classiques de Billy Stewart ou de The Impressions. Plutôt étonnant compte tenu qu'il s'agit d'une production 100% californienne écrite par deux membres du groupe. Peut-être un peu lent pour être joué en soirée mais à tenter ne serait-ce que par l’irrésistible accélération...

 
Vous connaissez certainement les 4 Seasons pour leur magnifique classique Beggin repris depuis pas mal de fois dont quelques versions de sinistre mémoire. Ainsi, plutôt qu'évoquer ces Norvégiens avec "con" dans le nom qui ont profané cette superbe chanson, mentionnons la délicate reprise par Timebox. Au delà de la voix fantastique de Frankie Valli, rendons hommage à Bob Gaudio, clavier du groupe et co-auteur de nombreux classiques de la formation (Sherry, Rag Doll, Beggin, Can't Take my Eyes off You, Silence is Golden...). S'il ne participe pas à l'écriture de Let's Hang On! son camarade d'écriture Bob Crewe en est. Crewe n'est pas un membre officiel de la formation mais son rôle est essentiel dans la carrière du groupe par ses qualités d'écriture et de production. Il met également ses talents au service de Mitch Ryder and the Detroit Wheels. Profitons ainsi de ces quelques lignes pour saluer la mémoire d'un de ces hommes de l'ombre ayant façonné la pop des années soixante discrètement mais avec classe et élégance. J'ai d'ailleurs découvert cette chanson par l'entremise d'une version assez réussie de Richard Anthony, intrigué par les crédits de celle-ci et la présence de Crewe je remontais ainsi aux 4 Seasons. Let's Hang On! ressemble assez à l'idée que je me fais de la Blue Eyed Soul même si techniquement cela n'est pas considéré comme tel. Des arrangements délicats et groovy (cuivres, guitare fuzz, vibraphone), la voix haut-perchée de Valli, de superbes mélodies, l'ensemble constitue une invitation à la danse et au lâcher prise... 


The Reflections est un groupe blanc de doo wop/blue eyed soul du milieu des années 60 de Détroit. Ils cartonnent en 1964 avec (Just Like) Romeo & Juliet que vous connaissez peut-être à travers la version de Michael and the Messengers intégrée à la toute première compilation Nuggets. Le groupe peut-être considéré à certains égards comme un one hit wonder néanmoins nous pouvons apprécier le reste de leur discographie, notamment la face B de Poor Man's Son sorti en 1965. Comin' at You est un excellent morceau uptempo, groovy, avec de jolis arrangements et un excellent travail dans les voix (dans lequel on perçoit nettement l'influence doo-wop) !


The Paupers est un groupe canadien de Toronto de pop psychédélique des années 60. Ils ont sorti de deux véritables albums: Magic People en 1967 et Ellis Island en 1968. Magic People est donc le morceau-titre de ce premier ouvrage et surtout un excellent morceau de pop psychédélique. Les harmonies sont particulièrement réussis, le son de la guitare très chouette et le pont psychédélique avec l'écho si typique de l'époque ! Ce n'est pas forcément un grand morceau du genre mais néanmoins une bonne surprise qui rejoint ma collection avec grand plaisir et que j'aurais peut-être l'occasion de glisser dans une émission de radio ou un mix (voir les deux)...


samedi 10 juin 2017

Achats (très) récents #6

Quelques achats internet !

Danyel Gérard est l'un des premiers rockeurs français avant même notre Johnny national: il publie son premier disque en 1958. Sa carrière est cependant mise entre parenthèse lorsqu'il part à la guerre d'Algérie. Entre 1962 et 1964 le français né d'un père arménien et d'une mère corse profite de la vague twist pour s'imposer comme une valeur sûre de la variété française. Le milieu des années soixante le favorise moins avant son grand retour en 1969 et l'énorme tube international Butterfly. Les collectionneurs connaissent Danyel Gérard pour le psychédélique Sexologie un classique des compilations Wizzz dont le 45 tours se négocie actuellement dans les 80€ ! Pensez à le prendre si vous le voyez en broc' quoi que la probabilité soit rare tant ce disque est bien identifié. Peut-être plus commun ou moins reconnu, je vous recommande également le fabuleux Le Vieux Sur La Montagne... Autre découverte: Monsieur Le Percepteur sur l'EP "66". Je n'ai pas l'impression que le disque soit particulièrement courant mais il n'est pas non plus très recherché, par conséquent il apparaît exagéré de le payer plus de 10€ à moins qu'il ne soit dans un état parfait... Ce morceau est un tempo intermédiaire porté par une fuzz et un excellent texte. La composition co-signée par Danyel Gérard est arrangé par... Jacques Denjean bien que l'on s'éloigne de son domaine de prédilection pour aller vers quelque chose de presque garage! Un excellent morceau pour compléter votre collection de rock français 60s.


Revenons un an en arrière, en 1965 avec les Moustaches pour un de leurs trois EPs enregistrés pour le label Monte-Carlo. Cette structure a-t-elle un lien avec la série Radio Monte-Carlo du label Président dans laquelle on trouve l'excellent EP de Michèle et ses Wouaps ? Compte-tenu des dates et de la présence dans les deux catalogues des premiers groupes de JP Massiera (Milords et Monégasques), la possibilité existe cela ne repose sur aucune information concrète, d'autant plus que la proximité entre Nice et Monaco rendrait assez aisé qu'un musicien vogue entre deux labels installés sur le rocher. Je n'ai pas non plus d'informations particulières sur les membres du groupe. On ne retrouve pas nécessairement dans les crédits des autres disques des noms en commun en dehors de l'arrangeur Gérard Poncet. Les deux morceaux les plus intéressants sont signés par Gilles Jérôme et Touladi. Le premier a contribué a quelques autres disques de pop notamment pour Delphine, Herman's Hermits ou encore Claude Righi. Plus amusant, nous pouvons retrouver les deux compositeurs associés à des disques catholiques d'Unidisc et Pastorale et Musique...Donne-Moi est un sympathique morceau twist/groovy, pas désagréable du tout, avec un bon orgue. Le meilleur selon moi est Les Copains de La Bande un tempo relevé avec une chouette fuzz et une bonne composition ! 


Plus le temps passe, plus je me surprends à chercher des disques de Sylvie Vartan. Cet EP de 1963 contient une excellente version du classique de Mel Tormé Comin' Home Baby. Si le disque est orchestré par le grand frère de Sylvie, Eddie Vartan (très présent sur les disques de sa sœur, de Johnny mais aussi Larry Greco), je ne peux déterminer avec certitude la présence de Mick Jones et Tommy Brown (collaborateurs très réguliers de Sylvie, Johnny mais aussi de Ronnie Bird par exemple). Ne t'en va pas mon amour est une excellente interprétation du classique de Mel Tormé, super solo d'orgue, super son, bref les disques français comme on les aime ! Par contre ne pas s'attendre à une dynamique de dingue sur l'EP 45 tours, d'autant plus que ceux de Sylvie sont souvent rincés !


Finissons cette sixième session en allant dans les 70s et plus précisément en 1973 avec Achille et les Slagmen. La face A Slag Solution est une tentative de morceau pour danser (comme Pop Corn, The Twist, The Jerk, etc.) médiocre.  La Face B en revanche mérite toute votre attention. Stop 27 signé de Claude Robert et son orchestre est en effet un excellent morceau instrumental funky/progressif...  À priori il s'agirait de la même version que sur le très rare 45T comportant Sunshine of Your Love du même Claude Robert.

 

mardi 6 juin 2017

Achats (très) récents #4

Les puces restent un de mes endroits préférés à Paris pour trouver des disques inhabituels, originaux. Je ne suis généralement pas assez courageux pour regarder les stands brocantes avec quelques bacs de disques non triés au milieu de choses diverses (vaisselles, bibelots, livres etc.), je me concentre donc sur les disquaires (ou les stands de disques) avec une préférence pour la zone autour de la rue Jules Valles qui comportent quelques figures comme le Yéti ou Copa Music. Je vais moins souvent dans la zone du Marché Dauphine (marché consacré à la collection) car j'y trouve les prix généralement un peu trop chers. 

Hier, j'étais donc aux Puces, je vous présente quelques unes de mes trouvailles chez Beatsqueeze, un de mes arrêts favoris à Clignancourt. Bien que la boutique soit plutôt réputée pour le hip hop, elle offre un choix vraiment intéressant en 60s/70s (notamment français) pour ceux qui aiment se faire surprendre et préfèrent trouver ce qu'ils ne cherchaient pas. Ajoutons que les proprios sont très cultivés (et curieux), comprennent mes goûts et sont réglos sur les prix: un très bon endroit !

Les Furys sont une formation québécoise (Montréal) auteurs de deux singles en 1965: Aide Moi et Michelle (qui comprend à nouveau Aide Moi en face B). Ils ont également sorti deux singles sous le nom de Joyce Germain and The Fabulous Furys en 1964, a priori deux fois le même couplage mais chanté en anglais puis en français ! Aide Moi, paru sur le label Trans-Canada, est une excellente composition originale aux inflexions beat/garage avec une touche r&b ! L'autre face ne présente en revanche aucun intérêt.


Continuons avec les Countdown Five un groupe américain (a priori du Texas) auteurs de six simples entre 1965 et 1969. Shaka Shaka Na Na est leur dernier et le seul à avoir bénéficié de pressage européen notamment en Suède, Italie ou Allemagne (sur Hansa, le pressage que j'ai). Groupe souvent présent sur les compilations garage (la liste), ce dernier simple ne fait pas exception à la règle bien qu'étant tardif: Shaka Shaka Na Na contient en effet quelques éléments typiquement garage (voix arrogante, guitare fuzz, orgue criard...) cependant impossible de ne pas noter la petite touche bubblegum (voir proto-glam si l'on veut ?) notamment grâce à une rythmique très puissante parfaite (et une ligne de basse très Cool Jerk des Capitols) pour danser ! Bref ce sera sûrement pas assez garage pour les puristes, pour ma part j'aime beaucoup!

 

Gérard Brent est un musicien français, auteur de quatre quarante-cinq tours entre 1964 et 1965. Il participe par la suite à l'aventure Chats Renaissances et les Visitors deux projets lié au fameux producteur JP Massiera. La Fille Qui Me Plait est une très bonne version du classique Hippy Hippy Shake dont on connaît souvent plus la reprise merseybeat par les Swinging Blue Jeans que l'original rock & roll de Chan Romero. Avec une instrumentation réussie (notamment un très bon orgue) signée Bernard Gérard (un habitué de ces colonnes), Gérard Brent signe une très bonne adaptation de ce classique du répertoire beat dans une version assez différente de l'original ou de la reprise de référence.

 
Finissons cet article sur The Mojo Men un groupe garage/folk-rock de San Francisco surtout connu pour leur classique Sit Down I Think I Love You (une reprise de Buffalo Springfield) que l'on peut notamment entendre sur la compilation Nuggets originale (voir mon article à ce sujet) ! Le groupe travaille avec le label Autumn dans lequel on retrouve les géniaux Beau Brummels et...Sly Stone en producteur avant qu'il ne monte sa Family ! L'intéressé enregistre d'ailleurs ce 45 tours. Si la face B ne présente pas d'intérêt majeur (un peu trop niais), Dance With Me est un très bon petit morceau garage-rock avec ce qu'il faut de niaque !


samedi 3 juin 2017

Achats Récents (ou pas) #3

Je continue d'explorer ma discothèque à la recherche de disques improbables, de bonnes faces b, de tentatives (parfois désespérées) de réhabiliter certains artistes.

Attaquons fort avec Les Charlots. On sait que les intéressés furent un jour un espoir du rock français (Les Problèmes) et que la malédiction du disque rigolo les frappa comme tant d'autres (Martin Circus au hasard)... Il y aurait un excellent papier à écrire sur le pêché originel du rock français: l'impossibilité d'être premier degrés et d'aborder la chose sérieusement, peut-être pas du coté des groupes mais au moins de celui du public. J'ai déjà abordé le sujet au moins à deux reprises: à propos d'Asphalt Jungle et d'Henri Cording qui constitue peut être la matrice des disques marrants français rock. Nombreux furent aussi les artistes français à souffrir de leur image d'amuseur, notamment Nino Ferrer. Les Charlots, eux semblent avoir vécu la chose avec philosophie et en profitèrent une décennie durant avec des titres aussi improbables qu'histoire merveilleuse ou j'ai oublié bon bouchoir (excellent au passage). Le Pauvre Mec face A du 45 tours n'a rien de mémorable, en revanche j'ai vraiment beaucoup aimé Saint-Rock , une très bonne surprise débusquée aux puces pour 50 centimes. Le morceau est peut-être un peu lent pour être joué en soirée, mais depuis l'introduction évoquant une messe jusqu'à la rythmique funky, voilà une chanson bien amenée, arrangée qui dépasse le stade de la blague novelty.


J'imagine que vous n'avez pas besoin de moi pour ramasser des Michel Polnareff à la pelle tous les week-end. Cependant si j'ai une préférence généralement pour la période EP de ce dernier, ce single mérite largement que l'on s'y arrête. Holidays n'est pas un de mes morceaux préférés de l'intéressé en revanche La Mouche est vraiment une super face B. Polnareff, particulièrement inspiré, dégaine, une pop ondulante aux couleurs acidulées, groovy, hyper bien arrangé, texte super cool. Ai-je besoin d'en dire plus pour vous dire que c'est un très bon morceau ? Bonne surprise: facile à trouver !


OK je pense aller loin en évoquant Dalida : promis c'est le seul de ma collection (par contre j'ai un disque d'Orlando dont je vous parlerai peut être un jour si vous êtes méchants) ! Il y a une cover assez improbable de shame and scandal in the family mais si j'ai pris le disque c'est surtout pour le flamenco qui est une reprise du morceau des Brincos ! Cela pourrait être catastrophique, ça ne l'est pas, le morceau est marrant et garde en partie l'énergie de l'original. Le texte est évidemment daté avec tous les clichés en vigueur sur le sang chaud des  ibériques (il y aurait de quoi remplir une rubrique avec les morceaux aux accents douteux de cette époque !). Je comprendrais que vous ne partagiez pas le petit plaisir coupable que procure ce disque, en tout cas je vous le signale. La version live ci-dessous est en réalité l'enregistrement studio.


Finissons notre troisième épisode avec un quatrième 45 tours. C'est un de moins que les deux premiers articles: non je ne manque pas d'idée, il est juste une heure du mat' et j'ai la flemme d'écrire un cinquième texte après celui ci. Bref terminons en beauté avec Les Amours de Journaux un chouette morceau d'Adamo. Aux arrangements l'unique Goraguer, un des meilleurs en France incontestablement ! On retrouve ainsi une instrumentation proche de l'excellente Intox de Jean Ferrat: sitar, cuivre, orgue...Peut être un poil en dessous d'Intox, Les Amours de Journaux est malgré tout une très sympathique chanson pop sur un 45T facile à trouver et pas cher, que demander de plus ?

mardi 30 mai 2017

Achats récents #1

J'ai la flemme d'écrire des articles argumentés et fouillés en terme d'informations mais très envie de vous faire découvrir quelques découvertes récentes ou anciennes mais dont le souvenir a été ravivé à l'occasion d'un achat... Voici donc une nouvelle rubrique qui ne dépassera probablement pas les quatre entrées mais au moins cela animera ce blog et vous donnera matière à creuser et chiner lors de vos prochaines sessions disquaires ou brocantes!

Commençons par l'un de mes chanteurs favoris de Blue Eyed Soul le gallois Tom Jones à l'organe vocal chaud et puissant. Au delà d'excellents tubes (It's Not Unusual par exemple), le britannique a également dissimulé de nombreux bons morceaux en face B de ses EPs. J'ai été ainsi très content de mettre la main sur ma deuxième copie (en meilleur état que la première a priori) de l'EP français de What's New Pussycat pour la somme particulièrement douloureuse de cinquante centimes. Il s'agit probablement l'un des premiers disques que j'avais acheté quand j'ai commencé à m'intéresser aux sixties, il y a quelques années déjà... Si le morceau phare de l'EP m'a toujours un peu gavé (pourtant j'adore Burt et Hal) impossible de résister l'excellente I've Got A Heart. La chanson a en effet tout ce qui me plaît dans la blue eyed soul : mélodie soignée, arrangements somptueux, tempo rapide et dansant, voix déchirante. Un super morceau de dj set !


Continuons notre tour du Royaume Uni avec le groupe bubblegum Dave Dee Dozy Beaky Mick & Tich dont vous connaissez forcément Hold Tight notamment à cause de la BO d'un Tarantino. Leur catalogue est inégal et je ne sais pas si je me lancerai dans l'achat au pif de leurs 45 tours cependant il y a quelques excellents morceaux à signaler parmi lesquels Shame présent sur l'EP français de Save Me (et également sur l'autre face du SP anglais pour ceux qui voudraient le morceau avec un meilleur son mais sans le visuel). Si les puristes seraient outrés de qualifier DDDBM&T (ce sont un peu les Monkees anglais) de freakbeat vous ne trouvez pas que cette chanson y ressemble fortement ? Morceau beat aux accents psychédéliques avec des montées puissantes, de la fuzz... Bref un excellent morceau quoi que peut être un peu difficile à jouer en soirée du fait de la production assez extrême.


Changeons de rive de l'Atlantique en nous déplaçant aux États Unis d'Amérique à la découvert de l'organiste Toussaint McCall. Les plus attentifs d'entre vous auront peut-être repéré que j'ai déjà évoqué le même morceau il y a presque quatre ans, pour les autres séance de rattrapage ! Shimmy est un des morceaux instrumentaux groovy à l'Hammond favoris ! Comment ne pas succomber au minimalisme du morceau ? Un batteur, un organiste et roule ma poule! ça dégaine sévère pour que tu transpires sur la piste. Je ne saurais dire si le disque est rare, je suppose que non, en tout cas il vaut pas très cher (dans les 5 à 10€) et à ce prix là comment se refuser un aussi bon morceau (à part d'avoir peur que tout le monde le joue ? mais qui le joue au juste ?). 


Avion pour l'Europe, direction le Portugal et plus précisément Porto en 1964. Os Tàrtaros est une formation instrumentale portugaise dans la mouvance des Shadows auteurs de trois 45 tours. L'EP est globalement honnête mais en dehors du morceau que je vais évoquer je n'ai pas trouvé ça non plus mémorable, disons dans la moyenne de ce que l'on trouve dans le genre mais plus en plus tardif (d'un ou deux ans, ne soyons pas mauvaise langue) et avec un son globalement plus amateur. Les défauts peuvent parfois se transformer en qualité, ici cela fonctionne notamment sur l'excellente Tartaria. Morceau le plus enlevé et sauvage des quatre, la production ajoute un je ne sais quoi garage des plus coolos ! Acheté au hasard pour 10€ (je suis taré) j'ai failli m'en vouloir avant de tomber sur le morceau. Pas indispensable (à moins d'être collectionneur de rock instrumental ou lusitanos)  mais le genre de curiosité que j'adore, aussi bien pour la dimension historique (il y a assez peu de disques portugais sixties) que le morceau en lui même qui trouvera certainement sa place dans un set un jour ou l'autre et constitue une belle addition à ma collec' !


Finissons cette première sélection par une curiosité typique des EP français des années soixante: une compilation de deux singles de... deux artistes différents. Le cas n'est pas courant mais il existe (je dois au moins en avoir un ou deux autres exemples en tête dont un 45T de Tommy James and the Shondells). Sur la face A nous trouvons ainsi le single de Mister Gamma Goochee lui même avec le bien nommé The Gamma Goochee: un très bon single novelty soul et funky dans la mouvance des nombreuses danses des années 60 notamment celles de James Brown (popcorn). Punchy et efficace, un excellent morceau de DJ set ! Autre face, autre ambiance avec le simple de Nooney Rickett (qui correspond en réalité à Nooney Rickett and The Nooney Rickett Four). Si le second morceau laisse penser qu'il s'agira à nouveau de musique soul et funky (une reprise de James Brown) force est de constater que Bye Bye Baby n'a pas grand chose à voir avec The Gamma Goochee ! Il s'agit en effet un très bel exemple de folk rock aux accents beat/garage, pas le genre de trucs à te démonter le cerveau avec une fuzz démoniaque mais plutôt à opter pour la douceur de jolies harmonies et d'une guitare égrenée à la Beau Brummels. Bref remercions les labels français pour leurs associations étranges, elles font parfois mon bonheur bien que le disque soit forcément difficile à classer !

  

mardi 8 novembre 2016

David Bowie, 1965!

Nous n'avons jamais évoqué à travers un article dédié David Bowie sur ce blog. Difficile d'écrire quelque chose d'intéressant et pertinent sur l'intéressé: beaucoup de grandes plumes ont analysé sa musique bien mieux que je ne pourrais le faire. Ainsi comme de nombreux autres monuments de la musique pop telle que nous la défendons ici, il fallait trouver un angle différent dans l'esprit du blog. Ainsi quoi de mieux que d'évoquer le Bowie méconnu du milieu des années 60 avant son lancement en orbite avec la sublime Space Oddity ?

Bowie enregistre en 1964 son premier single à 17 ans sous son véritable nom de famille: Davie Jones & The King Bees. La face A Liza Jane (youtube), signée de l'intéressé, est un sympathique morceau de R&B assez typique de l'époque proche de l'esprit des Animals mais peut-être pas aussi brutal et rocailleux que les géniaux prolos de Newcastle... Des premiers pas honorables mais néanmoins pas en première ligue de la très relevée British Beat. Toujours sous son véritable nom mais avec deux autres groupes, il enregistre deux singles pour Parlophone en 1965 (récemment compilé pour le RSD en 2013). Ces deux 45 Tours démontrent l'intérêt du britannique pour le mouvement mod, comme le suggère d'ailleurs la photo utilisée pour illustrer la réédition. 

Le mouvement mod fut une école pour nombre de stars de la pop anglaise (Rod Stewart) et eu un rôle décisif sur une autre figure glam importante des 70s: Marc Bolan. Je ne pense pas que l'évolution de Bowie et Bolan de faces mods à créatures glam androgynes soit un hasard: bien que très différent dans l'apparence, les deux mouvements portent en eux des caractéristiques communes autour de l'esthétisme, la sape, la théâtralité et le besoin de se (re)créer soi même. Mais revenons en aux deux simples...

Typiques de leur époque, ils montrent cependant un Bowie déjà très doué. Avec les Manish Boys, Davy Jones écrite l'excellente Take my Tip . Elle évoque notamment Manfred Mann (youtube) dans le soin apporté à apporter à faire coïncider l'énergie du rock et le groove du jazz... L'autre single est un changement d'orientation assez radicale (mais dans l'air du temps) vis à vis des deux premières sorties. Ainsi, accompagné des Lower Third, Bowie donne dans la déflagration pop art / freakbeat avec You've got a habit of Leaving. Enregistré par Shel Talmy (un génie vénéré par tous les amateurs sérieux de rock 60s britannique) la chanson évoque ainsi logiquement d'autres projets ayant impliqué le producteur américain à commencer par les premiers singles des Who (comme le grandiose anyway, anyhow, anywhere) et bien sûr plus tard les fantastiques The Creation (youtube). 

En 1966 Davy Jones devient David Bowie afin de ne pas être confondu avec le musicien des Monkees. Il tire son nom d'un pionnier américain (James Bowie) qui lui même a donné son patronyme à un célèbre couteau ! Il enregistre trois autres singles pour PYE (The Kinks) dans la mouvance R&B/mod, ils sont aussi, dans l'ensemble, de très bonne facture. Pour son premier album chez Deram Bowie change radicalement de style en s'orientant vers un style inspiré du Music Hall qui me laisse particulièrement indifférent et sans plus de succès que ses 6 singles précédents... Il faudra attendre 1969 pour que le chanteur s'envole en orbite avec une fantastique chanson amenée à devenir un de ses standards.

 

mercredi 26 octobre 2016

The Beau Brummels

Les Beau Brummels sont souvent considérés comme un groupe américain relativement mineur des années soixante. Bien sûr le groupe n'évolue pas dans les mêmes sphères que Jefferson Airplane ou The Velvet Underground mais pourtant ils ne furent pas loin de décrocher la timbale folk-rock autour de 1965, se faisant souffler la place de peu par d'autres Californiens: The Byrds.

L'histoire a cela d'injuste qu'elle retient d'avantage le nom des vainqueurs pour mieux plonger dans l'oubli le nom des perdants et des outsiders. Les Beau Brummels de San Francisco furent comme leurs collègues de Los Angeles parmi les premiers à comprendre sur le continent américain les Beatles et à les dépasser d'une certaine façon. Plus que des pastiches, les deux formations californienne s'approprièrent le langage pop que créaient les Liverpuldiens pour mieux y intégrer leur propre référentiel (folk). Si Laugh Laugh (lien), excellente chanson beatlesienne mais avec une authentique touche américaine, sortit avant Mr Tambourine Man, les Byrds surent enflammer les esprits et furent très logiquement le GRAND groupe folk-rock malgré ne pas avoir été tout à fait les premiers...

The Beau Brummels firent une carrière raisonnable avec plusieurs albums à la clef (dont les très estimés Triangle et Bradley's Barn par les connaisseurs). Leurs premiers disques sont ainsi gorgés de petites merveilles pop aux harmonies vocales soignées et aux structures d'accords toujours un peu plus délicates et ambitieuses que la concurrence (Just A Little par exemple)... Parmi mes morceaux préférés du groupe figure certainement Don't Talk To Strangers (produite par...Sly Stone) je dois reconnaître qu'il est aussi probablement l'un des plus jangly mais comment ne pas adorer cette voix suave et élégante, ces harmonies absolument parfaites procurant de tels frissons quand elles sont à l'unisson ?

dimanche 19 juin 2016

The Honeycombs: plus que du miel pour les oreilles

Le 3 février 1967, Joe Meek tua sa propriétaire avant de se donner la mort. Ce suicide faisait écho à une autre mort, celle de Buddy Holly huit ans plus tôt dans un accident d'avion connu comme The Day The Music Died (wikipedia). Joe Meek était alors confronté à de sérieux problèmes financiers et ce, malgré de nombreux hits: les droits du plus important d'entre eux ("Telstar" des Tornados) étaient bloquées par une procédure judiciaire. Son homosexualité assumée fut aussi source de problèmes dans une époque beaucoup moins tolérante que la nôtre et dans laquelle, l'orientation pour le même sexe était vue comme criminelle.Ainsi Meek pensa être le principal suspect de policiers qui enquêtaient sur un meurtre sordide...Une impression qui précipita peut-être son pétage de plomb.

Joe Meek au delà d'être paranoïaque, légèrement fou (il pensait pouvoir enregistrer les morts en plaçant des enregistreurs dans les cimetières) fut surtout un véritable pionnier de la production. Il fut ainsi l'un des premiers producteurs indépendants britanniques (à ne pas être salarié d'une maison de disque) et obtint trois numéro 1 pendant sa carrière. Au delà de ces succès, le son Meek reste reconnaissable entre tous en 2016, il est unique à bien des égards: compression très importante, sons électroniques délirants, batterie se rapprochant de percussions primitives, extraits sonores, guitares agressives... Cette marque de fabrique se retrouve ainsi autant sur les classiques freakbeat (The Buzz "You're holding me down" ou "Crawdaddy Simone" des Syndicats) que les tubes pop produits par Meek comme "Telstar" (youtube) des Tornados, second numéro 1 britannique aux USA de l'histoire!  

Son dernier numéro un, il l'obtint en 1964 avec les Honeycombs et "Have I The Right?" écrite par  Ken Howard et Alan Blaikley qui démarrèrent là une prolifique carrière de songwritters... Le groupe originaire du nord de Londres, s'appelait à l'origine The Sheratons. Après avoir auditionné pour Meek, ils enregistrèrent donc cette composition d'Howard et Blaikley, un duo qui les avaient approchés à un de leurs concerts très peu de temps avant leur rencontre avec Meek. Le groupe devint ensuite Honeycombs grâce au patron de PYE (chez qui le disque fut publié) inspiré par la présence (rare pour l'époque) d'une batteuse dans la formation: Honey Lantree. Le morceau est un classique beat marqué par une rythmique martelé impressionnante (youtube), peut-être inspira-t-elle les Strangeloves et leur "I want candy" quelque temps plus tard ? 

"That's the way" , leur cinquième single est aussi leur dernière entrée dans le top anglais à une plus qu'honorable douzième place. Signée par Howard & Blaikley, la chanson est une honête composition mais constitue pourtant pas la surprise de ce 45 tours. En effet, Joe Meek prit soin de glisser en face B une de ses compositions, la redoutable "Can't get through to you". Si la chanson des Honeycombs ne boxe pas dans la même catégorie que "Crawdaddy Simone" elle n'en reste pas moins impressionnante et étonnante. Sur une rythmique frénétique et survoltée, une guitare vicieuse vous vrille le cerveau, le tout donne l'impression d'un rush intense de caféine à vous donner une crise cardiaque. Brillant !

samedi 21 mai 2016

The Byrds: jingle jangle

The Byrds est un de mes groupes fétiches avec Big Star, The Beatles et The Zombies, par conséquent il m'est difficile d'écrire sur eux, cette maudite peur de ne pas être à la hauteur ! Ainsi n'ai-je jamais consacré d'articles directement sur ces Oyseaux là et pourtant ils sont si souvent présents ici ! Je les mentionne en effet très régulièrement... En toute franchise, je ne suis pas un inconditionnel de tous leurs albums: j'ai toujours un peu de mal à être à fond sur la période Gram Parsons (Sweetheart Of The Rodeo en 1968) et bien sûr les albums tardifs (à partir de Ballad of Easy Rider en 1969) ne sont tout de même pas aussi bons malgré quelques morceaux fantastiques (par exemple "Gunga Din" écrite par le batteur Gene Parsons, à écouter ici). Deux albums ont spécialement mes faveurs: Younger Than Yesterday (1967) et The Notorious Byrd Brothers (1969), deux 33 tours proches de la perfection et parmi mes favoris de tous les temps, ce qui ne retire rien au mérite des autres que je chéris presque tout autant ! 

Contrairement à d'autres formations comme les Beatles ou dans une moindre mesure les Stones, les Byrds n'ont jamais été un groupe très stable en terme de line-up. Le seul membre permanent fut Roger McGuinn, le guitariste aux lunettes rectangulaires et au merveilleux son de 12 cordes. À l'inverse de The Fall (Mark E. Smith aurait dit quelque chose comme ta grand mère et moi c'est The Fall) les Byrds n'ont cependant pas été un prête-nom pour le seul McGuinn, chaque grande époque a ainsi vu l'émergence de super songwritters en plus des excellents contributions de Roger que nous aurions tord de négliger. Cette remarque en soulève une autre: les Byrds sont avant tout connus pou des reprises, en particulier de Dylan (Mr Tambourine Man ou My Back Pages) et savaient pourtant écrire de fabuleuses chansons...Parmi les songwritters les plus reconnus figurent en bonne place le facétieux David Crosby, sa moustache de gaulois, ses tenues d'elfe et le ténébreux beau gosse Gene Clark. Moins identifié Chris Hillman fut pourtant une pierre angulaire du groupe notamment sur mes deux albums fétiches.

 De g. à dr.: Crosby (gtr), Hillman (basse), Clark (tamb.), Clarke (bat.), Guinn (gtr 12)

Cette ouverture du groupe en terme d'écriture a certainement contribué à l'évolution passionnante de la musique des Byrds au long de la décennie. La formation fut en effet à la pointe de nombreux genres musicaux en quelques années seulement: des débuts folk-rock jusqu'à la country-rock en passant par le rock psychédélique qu'ils contribuèrent largement à définir avec le génial "8 miles high" en 1966. Mais revenons en un an plus tôt, le 12 avril de cette année là, les californiens publient leur premier single (certes précédé par le simple des Beefeaters en 1964), une reprise de Dylan ("Mr Tambourine Man") accompagné d'une composition de Gene Clark ("I knew I'd want you"). Le 45 tours est l'acte fondateur du folk-rock, il est certes devancé de quelques mois par "Laugh Laugh" des Beau Brummels, mais à l'inverse de ce dernier très marqué par la British Invasion, il contribue à créer une réponse américaine aux Beatles sans complexe vis à vis des Liverpuldiens. Il y a surtout LE son, celui des rickenbackers 12 cordes carillonnantes jouées en arpège...Le jangle est né ! Bien sûr, il existe des précédents ("Words of Love" de Buddy Holly, "what you're doing" des Beatles, "Needles & Pins" des Searchers), mais aucun ne met autant en valeur les 12 cordes et ne créé de fait un courant... Le son jangly ne doit pas être confondu avec d'autres sons clairs de guitare, notamment le twangy cher au Rock & Roll et à la Country: le jangly tire profit des demi-caisses des Rickenbackers, des cordes sympathiques (wikipedia), du chorus créé par l'accordage dans la même octave des cordes les plus aiguës et enfin est généralement compressé pour augmenter la portée du sustain, le tout avec un réglage très clair des amplis (voir directement dans la console) et surtout pas de saturation ou de crunch... Il en résulte ce son absolument magique, limpide, cristallin et si beau qui caractérise les disques des Byrds. Bien sûr ces derniers furent grandioses pour magnifier la sonorité en y amenant cette sensibilité folk américaine qui les caractérisent (jeu en arpège etc.)... 

"All I really want to do", second simple du groupe, précède de quelques jours la sortie du premier album des Byrds. Il suit les recettes de "Mr Tambourine Man" en associant une reprise de Dylan et une composition de Gene Clark, placée en face B, l'incroyable "I'll Feel a whole lot better". Le titre original est devenu un classique du groupe: il n'a pas le statut de tubes comme peuvent l'être "8 miles high" "turn turn turn" ou "I wasn't born to follow" mais jouit d'un culte chez les nombreux amateurs des Byrds. Il faut dire que la chanson est un bijou de pop typique de la première période de la formation. Dès les premières secondes, le motif de guitare jangly provoque les premiers émois, la voix country laidback de Gene continue de saper vos dernières résistances, les harmonies typiquement byrdsiennes du refrain vous enchantent et enfin le solo de guitare si original vous porte l'estocade. Très judicieusement inspiré de "needles & pins" des Searchers,  ils sont ainsi nombreux à avoir repris "I'll feel a whole lot better", des Flamin' Groovies (youtube) à The Coral (youtube) en passant par Tom Petty (youtube), autant de témoignages de l'énorme influence du groupe sur de nombreuses formations géniales.

lundi 12 août 2013

Playlist été #1 - Hammond Parfait

C'est l'été et j'ai un peu la flemme d'écrire de vrais articles (mais promis je vais en faire quelques uns j'ai beaucoup de disques sur le feux !). Pourquoi pas une playlist ? J'écoutais en boucle ce matin un super morceau des Peddlers , d'où l'envie de vous parler de l'orgue Hammond honorable.
Dans le panthéon des orgues Hammond est un peu Zeus, le B3 est une des Rolls Royce du genre, un truc aussi intransportable (quatre roadies ?) que soyeux et chaud en matière de son. Bien sûr les spécialistes vous diront qu'un Vox Continental ou un Farfisa ça pète, oui mais c'est plus criard et agressif, ça n'a pas le velouté unique de la grosse ber-trois dont l'association avec une cabine Leslie a tout du mariage d'amour.
En dix titres on va tenter d'explorer les contours délicieusement lascifs de la pop groovy et jazz-soul des années 60-70. Si tous ces morceaux n'ont probablement pas été enregistré avec le vénérable instrument ils partagent tous un savoir-faire du laidback prêt à vous donner des fourmis dans les gambettes, aujourd'hui grâce à des groupes comme les Spadassins on sait que la relève est assuré !

Brian Auger Tiger (1968)
Brian Auger est un des maîtres de l'orgue anglais avec Georgie Fame, il est un piètre chanteur (comme l'atteste d'ailleurs cette chanson) mais a eu la bonne idée d'enregistrer la plupart de ses disques avec l'aide de la fantastique Julie Driscoll, des reprises de Let the sunshine in ou encore l'incroyable season of the witch de Donovan transfiguré en une sensuelle ode poisseuse. Sur Tiger Auger s'éclate à imiter le rugissement du tigre sur son clavier chéri, c'est génial !


Georgie Fame Somebody Stole my Thunder (1969)
Comme Auger, Fame est meilleur organiste que chanteur mais le type a quand même une voix qui fait un peu plus illusion que son collègue ! Quand Fame enregistre Somebody stole my thunder sa meilleure période (sur Columbia avec les Blue Flames en backing band) est derrière lui mais il jette suffisamment d'énergie dans ce titre (où l'orgue n'est pas proéminent) pour le rendre irrésistible, probablement un des meilleurs de sa carrière !
Écouter sur Youtube.


The Peddlers Tell the World we're not in (1970)
Les Peddlers ne sont pas le groupe le plus cool de la terre, et ils ont pas mal de morceaux lounge un peu nases à leur répertoire, cependant il se glisse ici et là quelques petites pépites comme l'incroyable tell the world we're not in dont on préférera la version album sans les cuivres à l'édition single. Ce titre est un concentré de pop groovy avec un orgue déchaîné passé à la wha-wha, et pour une fois l'organiste en chef est aussi un remarquable chanteur !


Les Gottamou Gribouille (1966)
Les plus attentifs reconnaitront peut être la bouille de Nino sur la couv' de l'EP 45 tours. En effet derrière ce nom un peu curieux (tiré de "got to move") se cache un trio dans lequel joue Nino Ferrer à la basse et Estardy (aka Le Baron) à l'orgue ! Il existe deux 45 tours de cette formation, un vocal sur le thème du Monkiss et celui-ci dans la lignée de gens comme Jimmy Smith. Bien sûr l'orgue est un peu plus criard qu'un hammond mais voilà une tuerie groovy made in France qu'il était difficile de ne pas citer !

The Nilsmen Le Winston (1968)
Derrière ce nom se cache un groupe suédois dont je doute de l'existence réelle...J'opterai plus pour des mercenaires de studio mais qui sait ? Ce 45 tours (l'unique du groupe) est clairement orienté vers la promotion pour le tabac puisqu'une face est dédiée à Camel et l'autre à Winston ! Il n'empêche ce 2 titres carbure sévère en particulier la face dédié à Winston ! Ultra groovy et péchu, ce 45 tours se trouve pour une dizaine d'euros et fera danser vos copines mods !


Jimmy Smith The Cat (1964)
Il était difficile de faire l'impasse sur un des maitres de l'instrument: l'américain Jimmy Smith. Son touché est incroyablement léger et inspiré, un des dieux du Hammond. Sur la BO de The Cat il est accompagné par un autre dieu: Lalo Schifrin à qui l'on doit une autre célèbre BO (Mission Impossible). Autant dire que la rencontre entre deux génies a de quoi émoustiller les sens, et le résultat est à la hauteur des attentes: une explosion chat-oyante !

Toussaint McCall Shimmy (1967)
Probablement un de mes instrumentaux groovy favoris. Ce morceau est à la fois simple, avec énormément de feeling et très sauvage. Toussaint se fait juste accompagner d'un batteur, et les deux envoient la sauce à fond ! Il assure la basse grâce aux pédales de l'instrument ! Le reste de l'album qui a accompagné la sortie du 45 (face B d'ailleurs) me semble pas du même niveau, mais objectivement ce n'est pas grave quand on grave un truc aussi radical !


Booker T and the MG'S Outrage (1965)
Il aurait été difficile de faire l'impasse sur Booker T qui au même titre que Jimmy Smith est un des plus grands organistes de l'histoire de la musique pop. Si Jimmy Smith flirtait avec le jazz, le truc de Booker c'est la soul poisseuse. Membre du groupe maison du label STAX il a enregistré avec ses MGs quelques un des grands classiques du genre comme le fabuleux Green Onions ou Hip-Hug Her. Outrage est un peu moins connu mais c'est une grosse décharge prête à électriser le corps de haut en bas !

Serge Gainsbourg Requiem pour un Twister (1962)
Une de mes chansons favorites de Gainsbourg, qui  a également donné son nom à ce blog il y a maintenant six ans de cela. Il était difficile de faire l'impasse sur cette merveille de pop aux accents jazz et à l'orgue hammond époustouflant. Les textes sont fantastiques et derrière (comme toujours avec Serge) ça joue incroyablement bien ! C'est net et précis mais avec beaucoup de subtilité, bref c'est un des nombreux coups de maitres du génie de la pop française dont on ne parle pas assez souvent dans ces pages.

France Gall Jazz à Gogo (1964)
France Gall n'a pas attendu Gainsbourg pour exister et enregistrer de la pop de qualité, la preuve avec ce Jazz à gogo de 1964 co-écrit par son père (Robert Gall) et Alain Goraguer (également arrangeur / directeur musical de l'EP). Je suis très fan de France Gall dans les années 60, elle a réussi à avoir une discographie de très grande qualité et un succès public énorme. Que ce soit dans la pop pure jus ou du jazz chanté groovy elle a souvent su se montrer pertinente et juste. Ce morceau est terriblement cool !