samedi 21 mai 2016

The Byrds: jingle jangle

The Byrds est un de mes groupes fétiches avec Big Star, The Beatles et The Zombies, par conséquent il m'est difficile d'écrire sur eux, cette maudite peur de ne pas être à la hauteur ! Ainsi n'ai-je jamais consacré d'articles directement sur ces Oyseaux là et pourtant ils sont si souvent présents ici ! Je les mentionne en effet très régulièrement... En toute franchise, je ne suis pas un inconditionnel de tous leurs albums: j'ai toujours un peu de mal à être à fond sur la période Gram Parsons (Sweetheart Of The Rodeo en 1968) et bien sûr les albums tardifs (à partir de Ballad of Easy Rider en 1969) ne sont tout de même pas aussi bons malgré quelques morceaux fantastiques (par exemple "Gunga Din" écrite par le batteur Gene Parsons, à écouter ici). Deux albums ont spécialement mes faveurs: Younger Than Yesterday (1967) et The Notorious Byrd Brothers (1969), deux 33 tours proches de la perfection et parmi mes favoris de tous les temps, ce qui ne retire rien au mérite des autres que je chéris presque tout autant ! 

Contrairement à d'autres formations comme les Beatles ou dans une moindre mesure les Stones, les Byrds n'ont jamais été un groupe très stable en terme de line-up. Le seul membre permanent fut Roger McGuinn, le guitariste aux lunettes rectangulaires et au merveilleux son de 12 cordes. À l'inverse de The Fall (Mark E. Smith aurait dit quelque chose comme ta grand mère et moi c'est The Fall) les Byrds n'ont cependant pas été un prête-nom pour le seul McGuinn, chaque grande époque a ainsi vu l'émergence de super songwritters en plus des excellents contributions de Roger que nous aurions tord de négliger. Cette remarque en soulève une autre: les Byrds sont avant tout connus pou des reprises, en particulier de Dylan (Mr Tambourine Man ou My Back Pages) et savaient pourtant écrire de fabuleuses chansons...Parmi les songwritters les plus reconnus figurent en bonne place le facétieux David Crosby, sa moustache de gaulois, ses tenues d'elfe et le ténébreux beau gosse Gene Clark. Moins identifié Chris Hillman fut pourtant une pierre angulaire du groupe notamment sur mes deux albums fétiches.

 De g. à dr.: Crosby (gtr), Hillman (basse), Clark (tamb.), Clarke (bat.), Guinn (gtr 12)

Cette ouverture du groupe en terme d'écriture a certainement contribué à l'évolution passionnante de la musique des Byrds au long de la décennie. La formation fut en effet à la pointe de nombreux genres musicaux en quelques années seulement: des débuts folk-rock jusqu'à la country-rock en passant par le rock psychédélique qu'ils contribuèrent largement à définir avec le génial "8 miles high" en 1966. Mais revenons en un an plus tôt, le 12 avril de cette année là, les californiens publient leur premier single (certes précédé par le simple des Beefeaters en 1964), une reprise de Dylan ("Mr Tambourine Man") accompagné d'une composition de Gene Clark ("I knew I'd want you"). Le 45 tours est l'acte fondateur du folk-rock, il est certes devancé de quelques mois par "Laugh Laugh" des Beau Brummels, mais à l'inverse de ce dernier très marqué par la British Invasion, il contribue à créer une réponse américaine aux Beatles sans complexe vis à vis des Liverpuldiens. Il y a surtout LE son, celui des rickenbackers 12 cordes carillonnantes jouées en arpège...Le jangle est né ! Bien sûr, il existe des précédents ("Words of Love" de Buddy Holly, "what you're doing" des Beatles, "Needles & Pins" des Searchers), mais aucun ne met autant en valeur les 12 cordes et ne créé de fait un courant... Le son jangly ne doit pas être confondu avec d'autres sons clairs de guitare, notamment le twangy cher au Rock & Roll et à la Country: le jangly tire profit des demi-caisses des Rickenbackers, des cordes sympathiques (wikipedia), du chorus créé par l'accordage dans la même octave des cordes les plus aiguës et enfin est généralement compressé pour augmenter la portée du sustain, le tout avec un réglage très clair des amplis (voir directement dans la console) et surtout pas de saturation ou de crunch... Il en résulte ce son absolument magique, limpide, cristallin et si beau qui caractérise les disques des Byrds. Bien sûr ces derniers furent grandioses pour magnifier la sonorité en y amenant cette sensibilité folk américaine qui les caractérisent (jeu en arpège etc.)... 

"All I really want to do", second simple du groupe, précède de quelques jours la sortie du premier album des Byrds. Il suit les recettes de "Mr Tambourine Man" en associant une reprise de Dylan et une composition de Gene Clark, placée en face B, l'incroyable "I'll Feel a whole lot better". Le titre original est devenu un classique du groupe: il n'a pas le statut de tubes comme peuvent l'être "8 miles high" "turn turn turn" ou "I wasn't born to follow" mais jouit d'un culte chez les nombreux amateurs des Byrds. Il faut dire que la chanson est un bijou de pop typique de la première période de la formation. Dès les premières secondes, le motif de guitare jangly provoque les premiers émois, la voix country laidback de Gene continue de saper vos dernières résistances, les harmonies typiquement byrdsiennes du refrain vous enchantent et enfin le solo de guitare si original vous porte l'estocade. Très judicieusement inspiré de "needles & pins" des Searchers,  ils sont ainsi nombreux à avoir repris "I'll feel a whole lot better", des Flamin' Groovies (youtube) à The Coral (youtube) en passant par Tom Petty (youtube), autant de témoignages de l'énorme influence du groupe sur de nombreuses formations géniales.

1 commentaire:

Hectorvadair a dit…

Bravo pour t'être lancé et merci pour redire combien ces Oyseaux sont fabuleux. Moi aussi je les kiffe grave, et j'ai un petit faible pour "I'd knew i'd want you" et surtout le moins connu " you movin'" sur le lp Preflyte. Repris par les espagnol Unexpected en 1998. Cheers !