samedi 30 avril 2011

the Wrong Words - summer's gone (2011)

Trouble In Mind s'attaque au format album depuis la fin de l'année dernière et la sortie du Limiñanas. Parmi leurs premières sorties en LP se trouve ce disque des Wrong Words, un groupe qui avait précédemment sorti un 45 tours (déjà chez TIM). Ce groupe vient de San Francisco, ville de l'une des scènes rock les plus excitantes du moment (Oh Sees, Fresh & Onlys, Ty Segall...). Sur leur myspace ils citent comme influences les Turtles et les Last, je ne sais pas si cela ressort tellement dans leur musique, mais on apprécie quand même de voir ces excellentes formations nommées (le premier album des Last est une grosse tuerie, un mini classique de powerpop, en passant).

Ce premier LP ne va pas révolutionner la pop , ou même la transcender, mais il ne démérite pas pour autant, c'est un très chouette disque de powerpop, fait avec convictions et des chansons inspirées. Elles ne le sont pas toutes, certaines ont un petit gout d'inachevé, mais j'ai quand même beaucoup de sympathie pour ce disque, je le trouve attachant et plutôt réussi. La voix me fait un peu penser à celle du chanteur de Cococoma (en sachant que TIM est le label de Cococoma, ceci pourrait expliquer cela), mais musicalement les Wrong Words sont nettement moins marqués par le punk. En définitive, un album modeste mais finalement chouette, spontané et assez souvent inspiré, moi je prends!

The Wrong Words - summer's gone



Trouble In Mind

jeudi 28 avril 2011

Games - don't look for her (2011)

Comme vous le savez, même si j'adore bien les albums, mon vrai truc c'est les singles: deux faces, à peine 5 minutes pour convaincre et se faire un avis sur un groupe. C'est un exercice aussi périlleux que salvateur, mais certains groupes y parviennent avec les honneurs, comme ces Games un groupe formé d'anciens membres des Busy Signals, Gentleman Jesse and his Men, leur nom est un peu passe partout mais ce single ne l'est pas. En gros j'achète plus ou moins tout ce qui ressemble à de la powerpop et il y a quand même étonnamment pas mal de disques dans le genre, mais celui ci est bien meilleur que la plupart d'entre eux. Don't look for her est une vrai chanson pop avec un hook de guitare irrésistible, un petit coté glam et psyché (dans le pont) des plus agréables, en gros c'est vachement bien. La face B est également plutôt pas mal même si elle n'a pas le coté sucré et accrocheur de cette A.



Rob's House Records

mardi 26 avril 2011

Close Lobsters - loopholes (1988)

J'ai une grosse pile de 33 tours à coté de la platine vinyle, certains y font un séjour très court et d'autres s'incrustent durablement, je ne les écoute pas tous les jours certes mais j'y reviens très régulièrement, une fois par semaine, peut être plus, peut être moins, mais souvent, suffisamment pour que les disques soient à porté de main. Parmi ces vinyles se trouve l'ep des Close Lobsters dont j'ai envi de vous parler aujourd'hui. Il est sorti en 1988, et je l'ai trouvé il y a quelque mois dans la très bonne boutique Le Rideau de Fer, pas très loin de Belleville.

6 titres, aucun de mauvais ou superflu, et quelques véritables fulgurances, parmi celle-ci je crois que j'ai un faible pour le titre "loopholes". C'est une chanson pop vibrante, par un groupe plutôt oublié sauf de ceux qui ont vécu les beaux jours de cette époque en direct, elle est mélodique, les guitares sont jangly mais surtout pleine de vie, le son est marquée par les 80s sans souffrir trop de ces excès, enfin le mieux c'est d'écouter car je suis pas certain de savoir rendre justice comme il faut à ce morceau qui me donne envi de danser comme un idiot (heureux). Bref je continue mon exploration des 80s et pour le moment je suis loin d'avoir envi de m'arrêter, on en reparle très vite, peut être avec les Jasmine Minks ou les Bodines, je les écoute pas mal en ce moment aussi en tout cas.

Close Lobsters - loopholes

dimanche 24 avril 2011

Fever B - please operator (2009)

Fever B est semble-t-il le projet solo d'un membre des Fevers et de Skipper et quelques autres groupes. Cet EP 5 titres, intitulé "the Lonely Sailor sessions" est sorti sur l'excellent label Burger Records également éditeur des Pizazz, Apache, et de plein de trucs en cassettes (dont le premier ep des français de Beat Mark). Le mec de Burger semble être un gros fan de powerpop, en tout cas ce disque est tout à fait dans cette veine, et il est assez jouissif. Si vous aimez les mélodies sucrées jouées avec des muscles, hé bien voilà un disque qu'il vous faut, franchement rien à jeter sur les 5 morceaux, ils sont excellents, un super EP qui met la patate un dimanche.

Fever B - Please Operator


jeudi 21 avril 2011

Yuck - georgia (2011)

Fat Possum semble signer tout ce qui bouge ces temps ci, l'année dernière c'était Wavves, pour 2011 on a déjà les Smith Westerns, Sonny and the Sunsets (sur lequel je compte revenir) et donc Yuck , notre objet d'étude du jour. Derrière ce nom minimaliste se cache une formation très récente, mais pas totalement inexpérimentée, la colonne vertébrale du groupe était dans Cajun Dance Party, une promesse qui ne s'était pas accomplie...

Ce premier album peut changer la donne pour les anglais, sans être parfait de bout en bout, c'est un disque encourageant et une des bonnes surprises de ce premier tiers de l'année. Le début de l'album me gonfle un peu, disons que quand Yuck sort les crocs et fait des morceaux un peu énervés j'accroche pas des masses, c'est pas une question de son mais de mélodies, je les trouve parfois un poil faibles. Je suis beaucoup plus client de leurs morceaux "calmes" comme "shook down" "suicide policeman" ou "suck", les Yuck y sont très à l'aise et font preuve d'une subtilité bienvenue. Le sommet du disque est georgia" que le label avait eu la bonne idée de balancer en éclaireur il y a quelque mois, une chanson enthousiasmante avec un jeux sur les voix fille/garçon très cool. On peut regretter le coup de mou de la fin (l'enchainement Rose Gives a Lilly, Rubber). Niveau référence, celles qui reviennent le plus les comparent à des formations noisy 90s (Pavement, Dinosaur Jr), une que j'ai vu moins citée et qui pourtant fait vraiment sens: Teenage Fanclub, à vous de voir ce que vous y trouvez, en tout cas j'y vois certaines affinités avec les écossais.

Si la musique est une question de raison, ce disque n'est pas mieux que le second Smith Westerns, mais comme c'est une question de cœur, je prends le Yuck, il est certes un peu inégal, parfois un peu inabouti, mais je lui trouve bien plus de charme, c'est un disque attachant et j'attends la suite avec impatience. Si j'avais tendance à penser que la scène britannique était un peu morose ces derniers temps, on peut espérer une certaine embellie.

Yuck - georgia


Achat: FRANCE / USA

lundi 18 avril 2011

The Baby Shakes - far away (2008)

Les Baby Shakes sont une formation féminine (sauf le batteur qui est un garçon, mais change , sur l'album c'était Dave Rahn, de Gentleman Jesse and his men) de New York. Au dernières nouvelles, elles sont encore en activité mais n'ont pas publié de nouvel album depuis The First One en 2008 sur l'excellent label Douchemaster. Musicalement je crois que la filiation la plus évidente à faire est du coté de Nikki and the Corvettes, peut être aussi pourquoi pas Holly and the Italians, enfin en gros de la powerpop à l'os sans fioriture avec des voix de filles et des mélodies sucrées mais quand même rock n roll! Objectivement l'album n'est pas à se rouler par terre mais reste de très agréable tenue, et je dirai même que certaines chansons sont super, disons deux ou trois. Mon gros coup de cœur c'est "far away", en toute simplicité, une chanson limpide et particulièrement réussie, allez savoir pourquoi ça fonctionne ou pas une chanson, en tout cas j'adore celle là.

The Baby Shakes - far away

jeudi 14 avril 2011

2 nouveaux 45 tours chez SDZ: The Mantles & The Limiñanas

SDZ Records frappe fort avec ces deux nouveaux 45 tours des Mantles et Limiñanas , de façon général, j'espère avoir l'occasion de revenir sur le très bon boulot que sont en train de faire les labels français de rock en matière de vinyle (SDZ, Steak, Plastic Spoon, Tryptic, Born Bad, La Bulle Sonore, Close Up, Third Side etc.).

Commençons si vous le voulez bien par le single des Mantles. Si vous suivez régulièrement ce blog vous savez tout le bien que je pense de ce groupe de San Francisco . Les Mantles ont un son unique, si on veut les classer rapidement, je dirais garage rock contemporain (ou lo-fi si vous voulez), mais c'est une étiquette très réductrice car les notes qu'ils tirent de leurs guitares évoquent tout aussi bien des Byrds déviants qu'un Dream Syndicate légèrement moins focalisé sur le Velvet. C'est un peu garage, un peu folk rock, un peu indie 80s, mais traité façon Mantles avec donc des qualités propres notamment la voix très particulière du chanteur , légèrement trainante.

Les guitares sont somptueuses aussi bien en terme de sonorité (qui tirent vous vous en doutez vers le carillonant, aussi appelé jangly par les anglo-saxons) que les notes qui en sortent, c'est toujours inspiré. Ce single ne déroge pas à la règle, la face A "raspberry thighs" est un titre au tempo relativement lent, mais très réussi. Il est subtile, à la fois mélodieux et pop tout en gardant cette approche oblique qui rend les Mantles si particulier, une sorte de plaisir accordé à ceux qui osent entrer dedans, ça le vaut , il va s'en dire. La face B me semble un peu en retrait, il y a toujours ces jolies lignes de guitares, mais le morceau est peut être moins original et personnel.

Les Mantles devraient cette année sortir leur second disque, sur Slumberland apparemment (qui va donc avoir une année chargée: TPOBAH, Crystal Stilts, Girls Names). Ce single est en tout cas un avant goût très prometteur, et un excellent successeur à leur EP sur Mexican Summer et leur single sur Slumberland (co-sorti sur leur propre album). Vivement recommandé à ceux qui recherchent cette musique qui garde sa hargne et sa spontanéité sans négliger les mélodies et la subtilité.

La seconde sortie de SDZ récente en matière de 45 est un single des Limiñanas qui nous avaient déjà enchantés via des singles sur Hozac ou Trouble In Mind, et un LP en 2010. Ce groupe français (avec des ex-Bellas, n'oubliez pas l'excellent LP posthume sorti en 2010) , de Perpignan exactement (comme les Sonic Chicken 4) n'avait pour le moment rien sorti en France. C'est dommage, mais c'est enfin réparé avec cette sortie.

AF3458 occupe la face A, un excellent morceau en anglais, très pop mais avec une fuzz qui déménage bien. On s'approche pas mal, aussi bien en terme de qualité que de style de leur single sur Hozac, les fans de l'album des Bellas ne seront pas non plus pris au dépourvu. Betty & Johnny est en français, on appréciera cette alternance dans le choix de la langue. Le texte est excellent et nous plonge tout droit dans un club 60s avec des filles en robe Op art et des franges, la construction en crescendo est super bien vu , je pense que je préfère même ce titre à la face A.

En définitive, cette sortie est également particulièrement recommandé, elle ravira tous les fans de leurs LP et il y en a de plus en plus en France je crois bien, on espère aussi que ça donnera l'occasion à d'autres de découvrir cette belle formation perpignanaise.

BANDCAMP SINGLE MANTLES / BANDCAMP SINGLE LIMINANAS

ACHAT:
LABEL (Big Cartel) / Hands & Arms
dispo chez Born Bad, Pop Culture, etc.


The Mantles - raspberry thighs


lundi 11 avril 2011

Interview: Les Spadassins

Hé bien le temps passe vite, notre dernière interview remonte déjà à 2010, depuis quatre mois se sont écoulés mais nous n'avons pas chômé pour autant, et on est heureux de vous présenter aujourd'hui les Spadassins, une des nombreuses formations super cool que nous envoie à la figure Rennes en ce moment!

Ils viennent de sortir leur premier EP sous forme d'un joli 45 tours 4 titres chez Tryptic. Deux morceaux en français et deux en anglais, trois originaux si j'ai bien compté. J'ai une petite préférence pour les deux titres en français. Diabolique est une reprise francisée de la petite obscurité super groovy "all you" du Sonny Burke Outfit. Les textes prennent des libertés bienvenues par rapport à l'original et sont super réussis, ils apportent une petite touche de folie à cette reprise déjà très bien envoyée, le solo d'orgue est dantesque. Christine est un titre original, il est super très chouette, la voix me rappelle pas mal les 5 Gentlemen, mais derrière c'est un poil plus groovy que nos corses favoris. Les deux titres anglais sont à mon sens un peu moins originaux mais tirent bien leur épingle du jeu. "Pussy cat calls" est dans une veine très british RnB, l'harmonica est inspiré et bien vu. "Black Gloves" est au moins aussi bien que pussy cat calls, je pense même que je la préfère, on reste dans cette veine mod groovy hammond/bongos mais la fuzz amène une petite touche acide du meilleur effet . Ils complètent bien ce très bon 45 qui sort en même temps qu'un ep de reprises de Sheetah et les Weissmüller sur le petit label parisien qui avait marqué les esprits en rééditant le classique des Gypsys "prolétaires".

Et maintenant laissons la parole aux principaux intéressés Docteur Love (guitare), Mr Moustache (bongos) et Captain Beat (batterie).


Qui sont les Spadassins?


Docteur Love : Les SPADASSINS sont des bretteurs, des tueurs à gages qui ne combattent qu'à l'arme blanche. On les rencontre dans les drames romantiques de Musset ou dans la vieille mafia sicilienne. Sinon, nous sommes un groupe mod/soul/freakbeat chic et choc existant sous sa forme définitive depuis novembre 2010.

Monsieur Moustache: Les Spadassins sont six fiers gaillards qui, malgré leur lourd passé, sont aujourd'hui au sommet de leur art. Fred Ernest qui «jouait» dans un groupe de punk, sait aujourd'hui chanter à l'envers et fume des Gauloises. Bloody Bulga, qui collectionnait des timbres du Congo Belge et de république centrafricaine, joue maintenant dans quatre formations sans posséder ni basse ni ampli, Docteur Love, qui pensait conquérir le monde grâce à une année sabbatique octroyée par l'Éducation Nationale, est aujourd'hui encore plus endetté et attend toujours le succès, Captain Beat, qu'un passé militaire a contraint à porter le poil et la chevelure courts, fait aujourd'hui des chorégraphies chrétiennes en jouant de la batterie et imite l'accent québécois comme personne. Zorino, qui se faisait arnaquer par des vendeurs de cuir, se coupe aujourd'hui les cheveux tous les jours et sait réciter l'alphabet en commençant par la lettre K, enfin, moi-même, qui ai osé un jour lointain porter le bouc pendant plusieurs jours consécutifs mais qui aujourd'hui comme mon nom ne l'indique pas, porte des favoris des plus distingués et possède un pantalon que je suis le seul à trouver jaune.

Captain Beat: Les Spadassins sont de gros branleurs ... Certains sont mêmes un peu trop hypeux mais c'est comme ça... En même temps, ils peuvent être branleurs vu qu'on botte le cul de pas mal de groupes. Moi, je ne suis ni branleur ni hypeux, je suis Captain Beat, mon talent et ma modestie m'ont fait capitaine.


Comment sont nés les Spadassins? Sont-ils la "suite logique" des Dadds auxquels certains d'entre vous ont appartenu?

Docteur Love : Le groupe a débuté pendant les chaleurs de l'été 2009 avec les cinq musiciens. Nous avons ensuite été rejoints début 2010 par Charles, vocaliste émérite des COMBOMATIX qui nous a régalé jusqu'au mois de septembre de son organe puissant et granuleux. Il a ensuite quitté le groupe qui a donné son premier concert sous sa forme actuelle en novembre 2010 avec Fred au chant, en première partie du BRIAN AUGER'S OBLIVION EXPRESS. LES SPADASSINS ne sont pas spécialement la suite logique des DADDS, plutôt une suite chronologique. Nous jouons une musique plus soul, groovy, plus mod que les DADDS qui étaient plutôt un groupe garage/yéyé. Qu'ils reposent en paix.

Monsieur Moustache: Au départ il y avait Zorino, Charles et moi, on s'appelait Pascal La Dalle et les émaciés, et puis les autres sont arrivés, et ça n'a plus été possible.

Captain Beat: Non, les Dadds étaient des tocards orgueilleux en provenance de Normandie. Les Spadassins portent fièrement leurs origines bretonnes sous un costume trois pièces. Pour l'histoire du groupe de Monsieur Moustache, c'est des cracks... C'est normal, c'est un mec de droite et il prend certaines libertés avec l'Histoire, comme tous les mecs de droite. Sa moustache n'est pas hype mais réactionnaire.


Qui a eu l'idée du nom, pourquoi ce nom?

Docteur Love : Le nom vient de P.M. il me semble. A la base, je voulais faire une sorte de groupe conceptuel avec des paroles très 19e ne traitant que de duels, d'amantes éplorées, de romantisme gothique et de chevalerie médiévale. On s'est aperçu bien vite que le challenge était difficile et que l'idée pouvait nous limiter musicalement. On a gardé le nom qui, en plus de bien sonner, rend justice au caractère royal et ancien de notre musique.

Monsieur Moustache: Comme Pascale la Dalle ne pouvait plus fonctionner, nous avons opté pour quelque chose de plus ramassé et rebondi, plus à l'image des nouveaux arrivants. Cela a donné Les Spadassins, ce qui impliquait paradoxalement de faire de la musique fine et acérée dans un français élégant. Je n'avais jamais fait cela avant, l’exercice de style me plaisait beaucoup, et puis c'était un bon prétexte pour se replonger dans Musset et Chateaubriand. Et comme je viens du berceau du Romantisme... Mais notre chanteur ne se sentait pas de porter cela, ce n'était pas son truc, et c'est dur, voire impossible, de livrer un chant convaincant si l'on est pas soi-même convaincu par ce que l'on chante. On a donc conservé le nom Spadassins, mais opté pour des paroles un peu moins surannées. De toute façon je crois que le reste du groupe n'aurait pas suivi sur l'imagerie culottes de velours, jabots et cravate Lavallière.

Captain Beat: Qu'est ce que je vous disais! La moustache fantasme un brin... Le voir lire du Musset ou du Chateaubriand, c'est mission impossible. La dernière fois qu'il a ouvert un livre, il a eu une crise d'hémiplégie. De plus, l'homme est jaloux et frustré... Il est vert de rage à la vision de nos muscles saillants. On lui pardonne bien volontiers ces félonies tant l'individu est petit et frêle.


Fred des Bikini Machine est votre chanteur, comment a eu lieu la rencontre?

Docteur Love : Fred nous a enregistrés et produits l'été dernier, il aimait notre musique et nous connaissions la légendaire élégance de ses harmonies soul. Nous avions pensé à lui dès le départ, nous l'avons séquestré puis menacé, à l'arme blanche bien sûr, pour qu'il rejoigne le groupe. La franc-maçonnerie suisse a bien évidemment facilité le travail.

Monsieur Moustache: Cela me fait repenser à cette bonne vieille blague de la vache et des trois vieillards suisses sur un banc.

Captain Beat: Je ne savais pas que Fred Ernest collaborait avec un groupe de variétés et je ne connais pas la blague de la vache et des vieillards suisses... J'ai rencontré Fred alors que le sieur Moustache faisait la roue en écoutant Percublabla et que Docteur Love découvrait la sexualité avec les titres d'Étienne Daho. A l'époque, je crois que Bloody Boulga ne parlait que le bas Finistérien et que Zorino ne parlait déjà pas... mais dans les bouquins d'Hergé. Avec Fred, on a déjà fait de la musique ensemble et c'était vachement bien.


Comment définiriez vous votre musique? Si je vous dis que j'y entends un peu de Nino ou des 5 Gentlemen ça vous semble juste? Quelles sont vos autres influences?

Docteur Love : Cela me semble tout à fait pertinent. En plus, j'adore les 5 Gentlemen. Je crois que la particularité du groupe est d'être influencé par plusieurs genres de musique des 60's. Nous écoutons de la northern soul, de la soul plus rugueuse et primitive, de la pop baroque, du Doo-wop, du freakbeat, du garage bien sûr, du R'n'B', du jerk francophone d'époque, des Bo de films. Je suis pour ma part particulièrement friand de sons 60's orientaux ou africains. J'aime beaucoup le garage turc ou les trucs asiatiques. Je pense que l'on retrouve de petites touches de tout cela dans LES SPADASSINS.

Monsieur Moustache: Personnellement j'écoute beaucoup de techno minimale, des trucs genre Stewart Walker sur Persona Records ou Luciano sur Cadenza, je crois que ça s'entend assez dans mon jeu de bongos. Sinon, j'écoute tout comme Dr. Love bon nombre de sixtiseries, dont un florilège peut se retrouver sur mon émission de radio de qualité supérieure: Blousons Noirs et Boudins Blancs. J'aime aussi le bordeaux et le réglisse.

Captain Beat: "Des trucs asiatiques"... Mmmhh... la seule fois où j'ai vu Docteur Love avec un truc vaguement asiatique entre les mains, c'est quand il a braqué des sushis dans une supérette d'autoroute. Donc oui, il y a eu présence de sushis une fois dans la vie des Spadassins. Et c'est vrai que je joue avec des baguettes...


Vous chantez en anglais et français, quels avantages trouvez vous à chaque langue? Comment décririez vous vos textes?

Monsieur Moustache : L'anglais est une langue qui sonne naturellement, ce n'est pas un hasard si elle est autant utilisée dans la musique pop. C'est bien cependant de pouvoir revenir à sa langue maternelle, c'est une tradition qui se perd un peu à mon goût, même si nous sommes un peu tous inégaux face à cela; cela n'engage que moi mais je trouve que le beat allemand sonne tout de même nettement moins bien que du garage chanté en arabe ou de la soul en espagnol. Le français n'est pas une langue facile à manier en chanson et certains morceaux s'y prêtent alors que d'autres impliquent d'y travailler, pour que les mots rebondissent et sonnent aussi facilement qu'ils peuvent le faire en anglais. Pour l'instant nous tombons un peu dans la facilité selon moi, si un morceau se prête à l'anglais, on l'écrit et le chante en anglais. J'aimerais qu'à l'avenir nous nous fassions un peu plus violence, mon idéal absolu serait vraiment deux tiers des chansons en français, mais je ne suis pas le seul à décider.

Captain Beat : Os Mutantes chantent en portugais du Brésil et ça ne dérange pas beaucoup de monde. Je ne sais pas si la langue utilisée est si importante que ça... Chanter en français pour un groupe français, c'est plus vendeur et exotique pour l'export... Avec Docteur Love, on a en projet de mettre en musique des textes d'un poète breton ou gaélique... L'important, c'est la pose!


Vous allez sortir votre premier EP sur Tryptic Records, comment s'est faite la rencontre, comment se présente la sortie?

Docteur Love : Nous avons enregistré une dizaine de chansons et Didier du label a accepté de sortir notre premier EP. Nous en sommes ravis et l'en remercions. Tout se présente bien et nous jouons au Mondo Bizarro de Rennes, le samedi 7 mai pour la sortie officielle du disque. Il serait d'ailleurs judicieux d'acheter ce disque. SUPPORT YOUR LOCAL RECORD DEALER ! Nous espérons sortir un 45 tours tous les six mois.

Monsieur Moustache : Tryptic a sorti une ré-édition des Gypsys, l'excellent Prolétaire. Forcement ça nous a botté, je n'ai malheureusement été au courant que trop tard. J'espère que Didier refera des sorties de ce type. Notre disque à nous est superbe, les titres sonnent, j'ai hâte de le tenir en main, et quand je pense que certains heureux parisiens l'auront deux semaines avant nous...

Captain Beat : Je ne connaissais pas ce label. Je ne crois pas que les parisiens peuvent être heureux. Je suis contre Paris. Je suis contre la France jacobine.


A-t-on une chance de vous voir jouer un peu partout en France ces prochains mois pour venir présenter ce 45?

Monsieur Moustache: Ça serait sacrement chouette. Tu nous bookes une tournée?

Docteur Love : Nous avons quelques dates en France d'ici l'été et en Octobre nous tournerons en Suisse, en Allemagne et en Belgique.

Captain Beat: C'est vrai que les gens qui nous voient en show ont de la chance.


Vous êtes de Rennes, et un certain nombre d'entre vous appartient à d'autres formations de la ville (Bumble Bees, Sudden Death of Stars) un mot sur la scène? avez vous le sentiment qu'il y en a une?

Docteur Love : Il est vrai qu'environ 80% de nos amis rennais jouent dans des groupes, c'est amusant. Il semble y avoir qqch par ici. Nous sommes ravis du dynamisme musical de la ville, même si parfois nos emplois du temps sont un peu surchargés avec tous ces projets. C'est cool de pouvoir jouer ensemble, de se prêter du matériel, de s'entraider pour l'enregistrement, les concerts. Le truc, c'est que notre «scène» est très DIY, nous n'avons que peu de relations avec les partenaires institutionnels. Nous perdons en visibilité ce que nous gagnons en autonomie et en liberté. Par contre, comme tu pourras le constater, nous formons plus une communauté amicale qu'une communauté artistique, les groupes ne se ressemblent pas. En vrac quelques autres groupes: A CAKE A ROOM, COMBOMATIX, SPLASH WAVE, FIFTY MILES FROM VANCOUVER, PANOPLIE...



Monsieur Moustache : Je trouve ca super cool d'être autant entouré de musiciens, on joue tous dans plusieurs groupes, et tout le monde joue dans le groupe de tout le monde. Il y a vraiment une chouette émulation, un dynamisme enivrant. Et puis cela permet aussi d'assouvir ses divers penchants musicaux. Mais il est certain que pour la plupart de nos formations, cela reste très underground, on sort des LPs, des 45s, des K7, mais c'est soit auto-produit, soit sorti sur une petite structure, de fait nous sommes peu diffusés; le monde ne connaitra peut être jamais notre génie. Je pense cependant que nous serons culte en 2066.

Captain Beat: Il y a ce qui se passe dans les médias et ce qui se passe sur le terrain... C'est là une différence notable! Il y a en effet quelques groupes cools dans le coin mais peu relayés par les journaux. Il y a une forme d'ingérence de la part de certaines personnes qui jouent avec les musiciens comme avec des Playmobil. Après, tu acceptes ou pas de rentrer dans le jeu mais c'est pas ça qui créée une scène. A Rennes, il n'y a pas une scène mais des scènes avec des circuits différents.


Que peut on vous souhaiter de mieux à l'instant précis?

Docteur Love : Du temps et des dates de concerts !

Monsieur Moustache : Des dattes c'est bien, mais égyptiennes alors, ce sont les meilleures. Et puis des figues aussi.

Captain Beat: Nous souhaiter tout, au mieux, et à taux fixe.


Quelle question ai-je oublié de poser?

Docteur Love: T'as pas une clope?

Monsieur Moustache : Si le train pour Quimper quitte Brest à 16h25, combien coûte le sandwich norvégien au wagon restaurant?

Captain Beat: Connaissez vous l'impact de l'amiante sur la discographie des Beatles? Quand est-ce qu'on mange un bœuf bourguignon? Avez vous déjà eu peur de vous réveiller en nain zébré? Plein de questions trop cools que personne ne pose jamais...

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vendredi 8 avril 2011

Brave Irene - hit the grass running (2011)

Brave Irene est le nouveau groupe de Rose Melberg ancienne membre des Softies ou Tiger Trap, pas une nouvelle venue donc. Elle s'est installée au Canada et s'est entourée de filles pour ce mini lp de 8 titres balancés en moins de 20 minutes (le disque vinyle tourne à 45 tours). Le disque s'inscrit très bien dans le catalogue de Slumberland, si vous aimez TPOBAH, Tender Trap, les Dum Dum Girls, Summer Cats vous ne serez pas trop dépaysé par ce girl band aux influences 60s (un orgue à l'italienne bien aigrelet comme il faut) et noisy.

L'ensemble s'écoute avec plaisir, c'est léger et ça passe très bien, c'est guilleret et frais, mais je serais tenté de dire presque trop, je suis en effet pas loin de rejoindre l'avis de Little Reviews sur ce disque. C'est bien mais ça manque peut être de la petite touche d'originalité pour vraiment se distinguer des autres groupes de filles, le petit truc qui va éclairer le regard et donner un grand sourire. Pour autant ne boudons pas notre plaisir "no fun" "tangled line" "hit the grass running" et les 5 autres titres sont de jolies ritournelles pop qui à défaut de tenir toute l'année me mettront de bonne humeur pendant quelques semaines quand je me lève, à condition de ne pas en abuser.

Brave Irene - hit the grass running

achat: SLUMBERLAND /

mercredi 6 avril 2011

Les Mersey's - si tu m'aimes (1967)

Comme vous le savez j'ai un petit faible pour les disques de beat chantés dans d'autres langues que l'anglais, notamment le français. A ce petit jeux les québécois se débrouillaient sacrément bien , peut être à cause de la présence rapprochée du cousin américain. J'ai déjà eu l'occasion de mentionner les géniaux Lutins il y a quelques temps, il faudrait aussi parler des Misérables ou des Hou-Lops (j'étudie mon grec avec Normand Fréchette est une tuerie) mais aujourd'hui on s'intéresse aux Mersey's. Ils ont sorti un unique album que je n'ai pas eu l'opportunité d'écouter, en revanche j'ai mis la main sur ce single il y a quelques temps, et je dois dire que "si tu m'aimes" est un sacré morceau pour danser dans la pure tradition british beat, revue et corrigé en français, très bon single! Par ailleurs si vous souhaitez approfondir la question, je vous recommande la lecture des blogs Patrimoine Québec et Vente de Garage.

Les Mersey's - si tu m'aimes

lundi 4 avril 2011

The Paley Brothers - you're the best (1978)

Si vous êtes un lecteur régulier de ce blog, vous avez peut-être eu l'occasion de prendre connaissance d'un fait amusant sur les disques power pop 70s lors de ma chronique de Ba-Fa des Hudson Brothers. En substance je disais que la pochette "moche" (disons plutôt pas sexy pour un amateur de pop habitué aux poses en costard de dandy) du disque en question faisait fuir les gens peu motivés, et à sa façon, dans un autre registre, celle de l'unique album des Paley Brothers (encore des frères!) peut avoir ce même effet dissuasif. Il y a quand même une différence et de taille, les Hudson avaient des looks plutôt ringards et de pépés, quand les Paley ressemblent à des idoles de jeunes filles de 14 ans, ils sont beaux et ont l'air de respirer la santé. Ils sont donc forcément un peu suspect aux amateurs de rock nourri au blues crasseux, possible, mais franchement moi ça me pose pas de problème d'acheter un disque avec du rose sur la couverture, mais comme vous le savez mon âme appartient à la musique pop.

Les Paley auraient effectivement, tout comme les Rubinoos (avec qui je trouve une certaine parenté musicale d'ailleurs) pu devenir les stars bubblegum de la new wave, et je dis ça sans aucune ironie ou arrière pensée cynique. Andy et Jonathan étaient des figures de la scène de Boston et devaient devenir les idoles des jeunes (filles américaines). Leurs mélodies ont un pouvoir sucrant bien supérieur à 1, elles ont le goût d'un milk shake à la vanille dans lequel on a versé du caramel chaud. On est loin d'une musique volontairement niaise bourrée d'aspartame pour conquérir le cœur sensible des adolescentes, ici la démarche est bien trop premier degrés pour s'embarrasser de ce genre de considérations mercantiles. Ils sont POP, tout simplement, et leur disque est un régal pour les papilles des amateurs de sucreries, évidemment il faut aimer le genre pour être sensible à cette débauche digne de la maison en pain d'épice, mais si on rentre dedans on ne le regrette pas. Alors oui il y a quelques morceaux que je trouve moins bons que les autres, le disque n'est pas une perfection de bout en bout, mais ce qu'il en ressort est somme toute fier et plein de vie.

"you're the best" qui ouvre les hostilités (bataille de bisous) est aussi un de mes titres préférés de cet unique album (paru en 1978), c'est un excellent messager du son Paley, et de leur formidable vitalité. Enfin je ne sais pas si cette info vous sera d'une quelconque utilité mais ils ont aussi enregistré un single avec les Ramones, et c'est logique, au fond les Ramones auraient probablement rêver d'être un peu comme Andy et Jonathan même si au final ils s'en sont pas si mal sortis que ça.

The Paley Brothers - you're the best


samedi 2 avril 2011

White Fence - a pearl is not a diamond (2011)

Comme vous l'aviez probablement déjà noté nous sommes assez fans des sorties du label Woodsist, en voilà encore une que l'on vous recommande. Is Growing Faith est le second album de White Fence, pseudo de Tim Presley, par ailleurs membre d'un certain nombre de formations parmi lesquelles les Strange Boys (du moins d'après les sources que j'ai pu trouver). Pour ceux qui connaissent le premier disque pas de changement majeur à signaler dans l'approche, il est peut être un peu plus pop mais ça reste toujours aussi en roue libre.

White Fence propose donc une pop psychédélique rappelant des gens comme Syd Barrett, voir les Television Personalities, le tout à la sauce lo-fi 4 pistes (avec même des bandes comme ralenties par instant, ce que je trouve un peu "en trop" si c'est volontaire). Si le disque est un poil long (16 morceaux), l'ensemble s'écoute très bien, il constitue kaléidoscope de sonorités et de sensations dont il est parfois difficile de distinguer les chansons (même si certaines excellent par elles mêmes). Ce n'est pas un problème car Is growing faith s'apprécie dans cet esprit, ce coté "bloc" et successions de vignettes imbriquées les unes dans les autres passant aisément d'une ambiance apaisée et bucolique à des déflagrations plus sauvages pleine de fuzz bien méchante.

Is Growing faith est un très bon successeur au premier album de White Fence, l'album intéressera d'une part les gens touchés par la vague "lo-fi" actuel (notamment ceux qui aiment les disques de Woods ou Art Museums), mais aussi les amateurs de pop déviante psychédélique, ce qui en principe devrait déjà faire pas mal de monde, et Woodsist continue de nous impressionner, incontestablement un des labels à suivre en ce moment et pour encore quelques temps on espère!

White Fence - a pearl is not a diamond


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