Ecouter Bipolar Bear - Midnight Man Parts (2009)
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Ces quelques mots de l'éclairant Philippe Auclair (par ailleurs arrangeur raffiné et orfèvre ès-pop-songs sous le sobriquet de Louis Philippe) résument plutôt bien le cas Monochrome Set. Comme le veut la tradition du rock anglais, les membres du groupe se sont rencontrés sur les bancs d'une art-school, puis ont brièvement joués dans une formation punk nommée The B-Sides, qui, après leur départ connaitra la gloire sous le nom d'Adam And The Ants. Le Monochrome Set, lui, n'entreverra jamais le succès, même de loin, mais se taillera très vite une réputation souterraine considérable, qui ne s'est jamais démentie depuis : Typiquement le genre de groupe dont on se passe le nom comme un sésame et dont les admirateurs-adorateurs forment une confrérie bizarre qui entretient avec ferveur et constance le culte, réunie dans leur étrange échoppe – Strange Boutique, pour reprendre de leur premier album sorti en 1980 chez Dindisc, une filiale de Virgin.
Etrange, « Eine Symphonie des Greuens » (sorti en 1980 en 45t chez Rough Trade) l'est à plus d'un titre : Climat d'apparence sombre - le titre fait référence au Nosferatu de Murnau -, rythmique post-punk, construction circulaire et entêtante, voix croonantes et virevoltantes assorties un soupçon d'orientalisme chevrotant (Bid, le chanteur/leader -de son vrai nom Ganesh Seshadri- serait, selon la légende, un authentique prince indien) qui se répondent dans un dialogue empreint de nonsense mêlant mysticisme et érotisme tordu, on ne peut plus british.
Quatre albums sortirent dans une (presque) totale indifférence durant les années 8O (deux pour Dindisc, donc, qui finit par les congédier, puis deux autres pour le mythique label Cherry Red) dans lesquels les accents new-wave de « Eine Symphonie » s'estompèrent, pour laisser place à un étonnant cocktail de guitares surfs, de refrains accrocheurs à la béatitude très 60's, le tout sans se départir d'un éternel sourire en coin et d'un constant mélanges des genres, à la fois grisant et déconcertant - le tout formant, selon la formule rousseauiste bien connue, "une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateurs" ; On conseillera donc l'écoute - outre de Strange Boutique et de Love Zombies (1980) - du splendide Eligible Bachelors (1982), qui contient le grandiose « The Jet Set Junta », ainsi que de l'indispensable compilation de singles et autres raretés Volume, Contrast, Brilliance.
Usé par l'insuccès, Bid jeta l'éponge en 1985, avant de reformer le groupe, au début des années 90, pour quelques albums pas indignes, mais négligeables au regard des exploits passés.
Much too smart for the neighbourhood, sans doute.