Paru fin décembre, sur un label américain et les français de Gone With The Weed (Maraudeur, Police Control, etc.) la cassette 5 titres des américains de Marbled Eye est une très bonne surprise. Le groupe d'Oakland considère, semble-t-il, Marbled Eye (2016) comme une démo, pourtant à l'écoute de ce format court, nous ne pouvons qu'être impressionné par la qualité de la proposition. Projections post-punk ardentes sur une toile de guitares cinglantes, la formation américaine maîtrise l'art d'esquisser l'asphyxie (Primrose). Marbled Eye excelle dans les tempi modérés: à l'agression, le groupe préfère créer des tensions non résolues (Oddity). Si lignes de basse obsédantes (Corners) et voix menaçantes (Coated) constituent l'essence de la musique des américains, celle-ci n'exclue pas une certaine luminosité, de celle qui émerge de nuits électrisées (Numb). La hargne et les climats amers de Marbled Eye cache en effet une propension à préférer la mélodie au bruit pur. Ce n'est pas nous qui nous en plaindrons.
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vendredi 17 février 2017
mercredi 15 février 2017
Artefact "MAE"
Né quelque part en banlieue parisienne, peut-être du coté d'Ivry-sur-Seine où Eric Vennettilli et Maurice Dantec se rencontrent au Lycée, Artefact synthétise, comme de nombreuses autres formations (Modern Guy, Suicide Romeo, Casino Music...), une époque où tout était encore possible mais presque déjà foutue. 1979, le corps du punk est encore brûlant, mais son âme déjà évaporée, dispersée aux vents. Des centaines de jeunes inventent avec des moyens réduits le son du futur. Ils se se souviennent de leurs lectures d'adolescence: Norman Spinrad, Ballard ou K Dick (qui inspire le nom du groupe) et en imprègnent leur musique. Leur funk disloqué, leurs guitares dissonantes, la morgue de leur jeunesse résonnent ainsi avec les écrits hallucinés des auteurs américains ou anglais de la Nouvelle Vague de Science Fiction... Ils sont ainsi toute une génération à vénérer Rêve de Fer, Crash ou Ubik depuis Richard Pinhas (Heldon) en passant The Normal (Warm Leatherette) et Human League (Circus of Death)... MAE sera ainsi en quelque sorte l'hommage au genre d'Artefact, son texte évoque en effet les circonvolutions d'une époque hantée par la guerre froide et la technologie galopante... Loin de se laisser pourtant abattre, Artefact développe une disco robotique désarticulée, dont la sensualité affleure sous la violence des écrits... L'histoire ne durera que quelques années, le temps de publier, un album, un EP et un single (ainsi que de contribuer à l'EP de Gregor Davidow sous le nom de Spions Inc.) sur Celluloïd, mais elle fut si emblématique de ces années là. Dantec fera par la suite quelques apparitions dans la musique mais connu surtout une suite dans la littérature... dans la lignée de ces auteurs qu'il lisait entre deux cours au lycée. De son coté Vennettilli continuera quelques temps l'aventure musicale, montant même un groupe avec un ancien Casino Music (Eric Weber) et un membre de Marie et les Garçons (Erik Fitoussi) !
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mercredi 1 février 2017
Maraudeur "Night 1"
Maraudeur est l'un des nombreux projets cool de la Suissesse Lise Sutter (également dans The Staches et Couteau Latex). Le label parisien Gone With The Weed vient de sortir leur premier vinyle, un flexi 45 tours orange fluo après plusieurs cassettes. Enregistrée avec l'aide de Kelley Stoltz, la production compacte et touffue pare les chansons d'un son qui leur font honneur. Maraudeur semble tirer ses influences des meilleurs groupes post-punk et no wave historiques tels que Kleenex, Delta 5 ou encore ESG. Comme ces formations, le groupe se sert de la basse à la fois rythmiquement et mélodiquement créant une musique à la fois charnelle et distante.
Bored By Devotion est la plus uptempo des deux. Le tempo est frénétique, la ligne de synthétiseur menaçante. Deux basses se complètent en stéréophonie...Sur le refrain le jeu sur les voix allège quelque peu l'ambiance lourde et poisseuse du couplet sans trahir l'esprit général. Night 1 est la grande réussite de ce 45 tours. Sur un rythme modéré, les deux basses se répondent créant des motifs abstraits et grisants. La voix, joue la carte de la retenue non sans une certaine morgue, créant un état de transition permanent entre calme et tempête. Le temps semble ainsi suspendu, attendant d'être brusqué par un incident.
dimanche 27 novembre 2016
The Sticks "No Sustain EP"
The Sticks est un trio post-punk de Brighton en activité depuis presque une décennie (première sortie en 2007!). Ils ont ainsi publié un premier album en 2009 sur le label anglais Upset! The Rhythm, je ne pense pas avoir évoqué ici ce label mais nous y croisons quelques excellentes formations anglo-saxonnes parmi lesquelles Halo Halo ou encore Sauna Youth... Ils ont aussi édité quelques groupes US intéressants parmi lesquels Spray Paint (pour un single) ou encore l'espoir d'Oakland The World dont on devrait réentendre parler prochainement. Je les découvre pour ma part avec cette sortie (à moins que je n'ai acheté leur précédent 7 pouces chez UTR ? mais j'en doute un peu...).
Après 4 années de silence, les anglais reviennent sur une autre excellente structure: Market Square. Ce label, géré par le musicien Paul Messis, sort généralement d'excellents 45 tours garage avec une touche jangly. On compte ainsi parmi les sorties du label The Young Sinclairs, The Ar-Kaics, Talbot Adams ou encore des groupes du boss lui même (The Market Squares). L'un de ses projets démontre cependant la volonté du label de sortir du stricte carcan garage revival dans lequel nous aurions pu l'y glisser au coté de 13 o'clock ou encore State (probablement le meilleur label actuel dans le genre). Ainsi les Suburban Homes, qui jouissent d'une certaine réputation dans les cercles punk (leur mini album chez Total Punk est parti en quelques jours !), voient Paul Messis devenir un apôtre d'un punk DIY évoquant les TVP par exemple.
The Sticks entretiennent une certaine parenté avec le dernier projet de Messis: moins violent et virulent le trio tire pourtant son essence d'une période proche temporellement comme géographiquement: le post-punk britannique angulaire de la fin des années 70 avec la fameuse touche DIY. En 4 morceaux, le No Sustain EP nous plonge dans les méandre de guitares bancales et légèrement dissonantes, de rythmiques joviales et discoïdes et d'une bonne dose d'amertume stout épaisse comme un fog plongeant Londres dans une purée de petit pois grisâtre.
Deux morceaux se dégagent particulièrement des quatre et sonnent comme des petits classiques du genre: No Sustain et Air Atlantis. La première est énergique et vibrante, elle dissone mais garde un pouvoir de séduction évident, elle m'évoque sans que ce soit d'une folle évidence l'inoubliable 2 pints of lager and a packet of crisps please des éphémère Splodgenessabounds. Air Atlantis martèle quant à elle un rythme binaire portée par une basse rebondissant sur les parois d'un château gonflable. Dans sa volonté de tordre le disco elle rejoint ainsi le malicieux projet discordo des géniaux Diagram Brothers, une référence peut-être plus flatteuse et proche de la réalité que le tube novelty évoqué précédemment. The Sticks démontrent en tout cas à travers cet EP la pertinence de leur musique, un excellent 45 tours et une de mes sorties préférées de l'année dans ce support de plus en plus rare malheureusement.
mercredi 25 mai 2016
Casino Music: pas pour les supermarchés...
Aujourd'hui je vous présente une de mes récentes trouvailles lyonnaises: le premier 45 Tours de Casino Music un duo parisien formé à la fin des années 70 et plus particulièrement la face B de ce simple "Viol AF 015". Comme certains d'entre vous, je l'ai découverte sur la compilation BIPPP éditée par Born Bad il y a dix ans (discogs), elle reste d'ailleurs à ce jour une de mes contributions préférées avec "Ping Pong" d'Act. Le 7 pouces est l'unique sortie du label Vid Ordur, une structure créée par l'animateur de radio Alain Maneval qui a entre autre été directeur des programmes d'Arte et enregistré un curieux (et étonnant) morceaux acid house oriental quelques années plus tard ("souviens toi du futur" youtube).
Mais revenons-en à nos Casino Music. L'ossature du groupe est formée par Gilles Riberolles et Eric Weber. Ils répètent à la fin des 70s dans une cave à Saint Mandé (94 sisi) en compagnie de Philippe Chany (futur auteur de "C'est la Ouate") et Didier Esteban...frère de Michel Esteban dont on va reparler dans quelques instants (bio du groupe sur wikipedia). Le groupe édite donc un premier 45T avec "Burger City" et le sus-mentionné "Viol AF 015". Les deux faces sont en phase avec leur époque mais à différents points cardinaux: ainsi l'excellent morceau occupant la A évoque la disco déviante des Garçons (sans Marie) qui deviennent d'ailleurs leurs collègues de label sur ZE fondé entre autre par... Michel Esteban. En effet, après ce simple Casino Music s'envole pour New York et enregistre un attachant disque de dance music oblique ("Amour Sauvage" ou "Jungle Love") porté par l'incroyable single "faites le proton" dont on devrait reparler un jour. "Viol AF 015" reste relativement unique dans la discographie du groupe, ce post-punk brûlant, sec et anguleux est un petit chef d’œuvre de rock français, les textes ne feront pas l’unanimité en ces temps de bienpensance politiquement correct pourtant leur folie paranoïaque et dystopique a plus à voir avec la science fiction nouvelle vague de Philip K. Dick qu'avec le machisme du rock de stade de l'époque.
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mercredi 11 mai 2016
The (English) Beat: miroir mon beau miroir
Le punk, au delà de ses qualités propres, généra quantité de musique intéressante: Post-Punk bien sûr mais également le mouvement Ska Revival. Ce dernier un succès populaire important, moins nihiliste et plus positif que le punk, le Ska Revival était en quelque sorte une réponse constructive (mais pas niaise ou naïve) à la crise: une énergie canalisée dans une musique revendiquant la fraternité (le damier noir et blanc du logo Two-Tone comme symbole d'unité entre noirs et blancs) et s'intéressant aussi aux problèmes sociétaux de l'Angleterre de Thatcher... Ainsi Post-Punk comme Ska Revival ont en commun d'avoir une dimension utopique: là où le punk pratiquait la politique de la terre brûlée, ces nouveaux venus eurent à cœur de construire une alternative musicale, mais aussi éventuellement politique.
Two Tone fut incontestablement la plaque tournante de la nouvelle vague Ska, lançant de nombreux groupes parmi lesquels The Specials, The Selecter (blog), Madness ou encore The (English) Beat. Ces deux derniers ont en commun de quitter la structure créée par Jerry Dammers après un unique single. Si Madness rejoignit un autre label anglais essentiel, Stiff (Nick Lowe, The Damned...), The (English) Beat prirent l'initiative de créer leur propre label: Go-Feet. Il publia la discographie du groupe et accueilli quelques projets parmi lesquels le groupe The Congos (biographie).
The (English) Beat connurent leur premier très gros succès avec le single "Mirror in the Bathroom" en 1980. Cette composition originale du groupe atteignit ainsi la 4ème place des charts anglais (wikipedia). Si nombres de traits du ska ont été conservés (la guitare en contretemps, le skank beat, le phrasé de la voix, les cuivres...) il y a quelque chose de résolument new wave et anguleux dans "Mirror in the Bathroom" peut-être dans l'usage du chorus sur la guitare... Ainsi la chanson m'évoque "Making Plans for Nigel" d'XTC mais en étant plus marqué par ses influences jamaïcaines. C'est peut être cette originalité qui rend "Mirror In The Bathroom" si cher à mes yeux: le titre épouse son époque et exprime les paradoxes liés à une recherche authenticité sans nier la modernité.
mercredi 16 mars 2016
Kazino: ils ont fait sauter la banque
Kazino, duo belge (Nicolas Finn et Pierre-Henri Steyt), fut l'une des météorites de l'année 1985, un véritable one hit wonder dans la tradition du genre (disques d'or dans de nombreux pays dont la France) ! "Around my dream", le morceau en question, est pourtant une reprise, l'original interprété par Silver Pozolli obtenant bien moins de succès... J'ai d'ailleurs une petite préférence pour la version transalpine, plus italo-disco et certainement d'avantage subtile, cependant Kazino s'en sort pas trop mal et le clip est vraiment très drôle ! Pendant que le chanteur lance des regards insistants à des mannequins son collègue bassiste se trémousse avec une Hofner "Violin Bass", une vidéo typique de son époque: légèrement amateur mais fun, naïve dans le bon sens du terme, avec cette légèreté propre à la décennie (et très agréable en 2016).
La véritable bombe du 45 tours se trouve sur l'autre face écrite par le groupe, je remercie SICR de me l'avoir fait découvrir. "Binary" est un morceau post-punk dansant et menaçant. Une rythmique de boite à rythmes traînante affronte une ligne de basse obsédante. La voix froide et distante complète les notes de synthétiseurs éparses dessinant d'inquiétantes ombres. L'ensemble se danse dans le noir les yeux hagards, les mouvements lascifs.
samedi 5 juillet 2014
45 Tours français (2): Les Stagiaires - Le Cowboy de la Taïga
Les Stagiaires - Le Cowboy de la Taïga / Airport (1982)
Après Ticket de Nantes, nous restons sur la Ouest Coast avec Les Stagiaires de Bordeaux. Quelque part entre 1977 et 1979, le chef lieu de l'Aquitaine est secoué par le punk et la new wave, les groupes adoptent alors un patronyme en ST, en hommage aux Stooges selon la légende. Émergent ainsi des Standards, Stilettos (deux groupes présents sur la compilation Snapshot(s) quelques années plus tard), Stalag, Strychnine et donc les Stagiaires. Cette bande de potes en école de commerce prend les choses avec légèreté mais non sans un certain talent. Ils publient ainsi entre 1982 et 1984 un sept pouces et un album pour le label Tropical Production (que je suppose être le leur) édités respectivement à 2000 et 1000 copies. Il vous sera donc assez aisé de mettre la main sur leur simple à un prix raisonnable. Ils éditent également une de leurs chansons sur la compilation Bandes de France.
Le Cowboy de la Taïga est une danse du sabre interprété par un groupe post-punk de reprises des Shadows (un concept pas encore envisagé par Marc Collin à ma connaissance). Sur un rythme frénétique, une guitare électrique échappée d'un disque surf se fraie un chemin jusqu'aux neurones pour provoquer quelques crises d'épilepsie. Le texte improbable -mi-foutage de gueule mi-dadaïste- fonctionne étonnamment bien. Voilà un bien belle surprise alliant l'énergie du punk à des influences puisées ici et là dans la pop des 50/60s ainsi que les cartes postales exotiques de stations service. Airport est un peu plus classique, dans une veine post-punk sec et distant. Thématique moderne, synthétiseur analogique, rythmique de guitare coupante comme un rasoir, le tout balancer avec agitation dans l'incertitude de la guerre froide couplée à la crise. Le son est étriqué comme le bikini qui tente de cacher la poitrine de Nabila en ayant bien plus de charme que cette dernière...
À ce premier simple succédera un album N°_ _ _ (chaque exemplaire ayant son propre numéro, le mien est le 907) deux ans plus tard. Les Stagiaires malgré le départ d'un de leurs membres fondateurs y pratiquent avec la même hargne et fantaisie leur pop survoltée. Autour de guitares clean, synthétiseurs et orgues cheesy les bordelais projets des textes plus que jamais incisifs et drôles (à écouter en priorité Charles-Hubert). Un album tout aussi recommandé que ce simple, bien qu'un peu plus difficile à trouver.
dimanche 1 décembre 2013
Yuppies - s/t (2013)
Les Yuppies existent depuis 2007 mais n'ont sorti leur premier album qu'en septembre 2013 par l'intermédiaire du label des mecs de Parquet Courts (oui ceux dont l'album de 2012 est dans tous les classements de 2013) Dull Tools.
Il y a ces disques que l'on attend et nous déçoivent et une catégorie plus rare des bonnes surprises sorties de nulle part. L'album des Yuppies entre clairement dans cette seconde catégorie. Je vais avoir du mal à décrire le son du groupe du Nebraska, mais ce n'est pas si loin des collègues Parquet Courts. Les Yuppies maitrisent comme eux l'art de la décharge sauvage art-punk. On pense à Wire qui se battrait avec Fugazi dans un ascenseur. Ce disque est un gros coup de boule dans le bide. C'est déglingué de partout, en roue libre sans tomber dans l'auto-indulgence. Les Yuppies te veulent du mal, mais pour ton bien, ils hérissent tes poils, tu en as des frissons. Les guitares tranchent les jugulaires pendant que la batterie te martèle le cerveau. Si tu pensais que la basse allait te sauver c'est raté, entends-tu tous ces cris ?
Le bonheur se trouve parfois dans la douleur semble dire ce disque. Masochiste ? Peut être mais que c'est bon !
mercredi 6 novembre 2013
Europunk
Dimanche, pas grand chose à faire à part chopper des vinyles aux puces ou trainer dans une expo... Tiens pourquoi pas aller à Europunk présentée à la cité de la musique de la Villette et initialement à la Villa Medicis à Rome. En changeant de pays, l'exposition auparavant présentée dans le cadre des arts visuels s'est enrichie pour coller avec l'orientation du lieu.
Le punk a la côte dans le milieu de l'art ces temps-ci. Linder Sterling a eu sa rétro il y a peu au musée d'art moderne et Raymond Pettibon est actuellement exposé dans une galerie parisienne. Si on ajoute à cela l'intérêt croissant du marché pour l'art brut (quitte à en détourner le sens comme dans la récente exposition à l'Hôtel de Ville) il y a de quoi voir des velléités du milieu d'échapper à l'art contemporain (ou du moins sa partie visible et médiatique). Cela se comprend aisément par certains aspects: on trouve dans le punk ou l' art brut bien plus de violence et de spontanéité que dans l’œuvre provoc' facile d'un Damien Hirst dont on espère que l'histoire ne fera pas grand cas (c'est malheureusement mal parti entre nous). Il y a une certaine ironie à voir une culture anti-etablishment se faire récupérer par celui-ci. Il est également amusant de constater que l'état file des subventions à des expos qui affichent des symboles tabous quand il interdit dans le même temps les concerts d'un groupe jouant sur ces mêmes codes avec un flou troublant analogue. Mais revenons en à nos moutons et cette exposition parisienne...
A l'origine de cette rétrospective la volonté d'un commissaire (Eric De Chassay) d'appréhender le punk comme un mouvement artistique en soit (qualifié par l'intéressé de "dernière avant garde du XXème siècle"). Il a donc été décidé de ne pas différencier les œuvres uniques des objets industriels, ni distinguer les démarches artistiques réfléchies des créations plus spontanées et anarchiques. Ainsi à quelques mètres de distance se côtoient les fanzines "à la main" et particulièrement artisanaux de Sniffin' Glue et les magazines bien plus professionnels (mais néanmoins originaux et décalés) de Bazooka. On trouve aussi dans les vitrines nombres d'affiches promotionnelles et bien sûr de disques vinyles. Les amateurs apprécieront la malice de gens qui se penchent sur des pochettes de groupes dont ils n'ont jamais écouté la musique (en espérant secrètement qu'un certain nombre d'entre eux auront envie de le faire ensuite!). Les vinyles comme les animaux ne sont jamais mieux que dans leur milieux naturel: un bac de disques à coté d'une platine, cependant on ne peut nier la force graphique de certaines pochettes notamment celles de Peter Saville pour Joy Division ou Linder Sterling pour les Buzzcocks.
L'approche a le mérite d'englober diverses approches d'un mouvement dont la cohérence tiens plus dans le nihilisme (ou une forme d'humour/critique/ironie/démarche Dada) que dans une tentative de création d'une esthétique précise. Europunk arrive assez bien à retranscrire le bouillonnement prolixe de l'époque.
la fameuse illustration de Peter Saville pour Unknown Pleasures
de Joy Division. Un enregistrement de Pulsar.
L'exposition est conçue en un enchevêtrement de salles aux thématiques plus ou moins précises. Ces dernières sont soudées par une grande frise chronologique reprenant les grandes dates du punk en Europe mises en perspectives avec des faits historiques et politiques contemporains. Cette dorsale permet d'un peu mieux comprendre le mouvement, et même si on regrette certaines choses (une faute d'orthographe à Rhythm and Blues par exemple, l'absence de mention des Nuggets pourtant fondatrice) elle permettra aux novices d'en savoir un peu plus sur l'émergence du punk. Cet ajout est un des points forts de l'exposition qui manque par ailleurs souvent d'un peu plus d'explications pédagogiques. On aurait aimé ainsi avoir quelques éclairages sur des personnalités fortes du punk européens comme Vivienne Westwood, Peter Saville ou Linder Sterling, dont les contributions artistiques au "mouvement" sont essentielles.
Certaines salles sont bien conçues, on pense à Bazooka ou les Sex Pistols / Jamie Reid. D'autres me semblent un peu plus légères (notamment celle consacrée au Post-punk qui s'arrête sur la très arbitraire date de 1980). J'ai eu du mal à distinguer l'approche heuristique de l'ensemble, il m'a semblé que cela était un peu fouillis. Certes le mouvement de part sa nature joyeusement bordélique est difficile à organiser, mais un peu de tri aurait largement bénéficier à la compréhension didactique du mouvement punk pour les non-experts. En terme de quantitatif on reste aussi un peu sur sa faim même si l'ajout d'un jukebox et de la projection du film (passionnant) Rude Boys sont de belles réussites.
La pochette d'Orgasm Addic premier single des Buzzcocks pour la major UA,
un collage de Linder Sterling.
Peut-être que la thématique en elle même (Europunk) pose des problèmes: doit on séparer le punk européen du punk nord-américain ? Passer sous silence la scène du CBGB permet-il de comprendre l'émergence en Europe de cette musique? Est-ce que l'exposition traite avec assez de profondeur le punk continental ? En effet le punk anglais se taille la part du lion dans l'exposition, à juste titre peut-être (après tout le punk n'aurait jamais eu une telle force si la jeunesse anglaise ne s'en était pas emparée) mais nous privant d'explications bienvenues sur un pan de ce mouvement nettement moins connu. On peut aussi se demander s'il était nécessaire de faire une exposition sur le punk. Après tout comme le suggère dans le bancal Rétromania Simon Reynolds, muséifier une musique en fait une langue morte. Le lieu contourne la remarque d'une manière intelligente en programmant en parallèle des affiches punk associant groupes historiques (Buzzcocks) et renouveau actuel (Holograms).
Europunk est une exposition intéressante mais bancale. On apprécie l’interactivité (les stands pour faire ses badges etc.), l'absence de hiérarchisation des sources, l'éclairage bienvenu sur Bazooka ou Jamie Reid. On regrettera le traitement parfois un peu léger d'autres noms importants et le petit manque de pédagogie de l'ensemble malgré une très bonne frise chronologique et la présence d'un jukebox qui permet de ressentir ce mouvement autrement que par son aspect visuel. Une bonne balade pour un dimanche en somme mais à compléter par la lecture d'England's Dreaming et pourquoi pas de Please Kill Me !
9 euros jusqu'au 19 janvier.
jeudi 27 décembre 2012
Wax Idols - Schedenfreude (2012)
De tous les groupes de filles (ou presque, leur batteur est un garçon), Wax Idols est un de mes groupes préférés (bon loin derrière Grass Widow quand même), certainement parce qu'elles ne se laissent pas au cliché je fais de la pop miaoumiaou ou du wouwou et qu'elles n'ont pas le mauvais goût de mettre « girls » à la fin de leur nom, c'est tellement facile (ça n'est drôle que quand ce sont des garçons qui le font, n'est ce pas Fungi Girls)... L'année dernière, j'avais, dans mon souvenir, beaucoup aimé leur album chez HoZac. En 2012, leur actualité a été moins intense avec ce seul single mais quel single. Vous vous souvenez cette époque ou l'on suivant tout les groupes post-punk anglais de la vague 2000 avec ferveur, qu'on s'est mis à mettre des creepers ou de pompes noires pointues et avoir une coupe au bol bizarre ou des lavallières parce que c'était le look à la londonienne, celui qu'avait Neils Children ou Ipso Facto, c'était le bon temps non ? D'autant qu'après, tout est parti en vrille, ils se sont tous pris pour des stars, des icônes batcaves ou des crooners corbeaux, virant du post-punk tranchant au mardi gras du baron samedi. Schedenfreude me fait un peu penser aux bons moments de cette période quand les riffs sont encore agressifs, l'attitude provocatrice et extrême, la musique belliqueuse et frénétique. Malheureusement, les anglais ont perdus cette volonté d'instantané, de spontanéité, tant pis pour eux, tant mieux pour Wax Idols qui nous a sorti ici un sacrément bon single.
Le disque est sorti au printemps dernier chez Suicide Squeeze mais il est malheureusement Sold Out. Avec un peu de chance, il doit peut-être rester une copie à Pop Culture.
Le disque est sorti au printemps dernier chez Suicide Squeeze mais il est malheureusement Sold Out. Avec un peu de chance, il doit peut-être rester une copie à Pop Culture.
samedi 22 septembre 2012
Holograms - Holograms (2012)
L'autre fois quand je vous parlais de Synthetic ID, je le mettais en parallèle avec le meilleur disque post-punk de 2011, celui de Rank Xerox (dont on vous reparlera très bientôt, via le side-project Rat Columns), et bien on pourrait également faire un parallèle à la con entre Holograms et l'autre disque post-punk de 2011, celui d'Iceage, car ils viennent tout les deux de la Scandinavie et qu'ils font ce genre de musique et qu'ils le même genre de noms de morceaux bizarres (Sweden's Pride – White Rune, on aime les références locales voyez). Sauf qu'Holograms est un groupe beaucoup plus orthodoxe voir conformiste qu'Iceage. Alors que ces derniers faisaient des chansons sans queue ni tête, souvent sans refrain, Holograms sont dans un format chanson plus traditionnel.
Malgré les accents punk 77 à la Richard Hell & The Voidoids de la voix, le groupe suédois vire parfois un peu indie rock "à la 2008", et c'est bien là le seul vrai GROS reproche que je fais au disque, en dehors d'être parfois un peu indigeste. Ce sont ces morceaux qu'on a entendu 100 000 fois dans le revival rock 2004-2009 anglais, chez Franz Ferdinand, Bloc Party, Foals, Neils Children tout ça et que je ne peux vraiment plus supporté (je réécoute avec plaisir les bons disques de l'époque, mais je n'arrive pas à donner de chances aux nouveaux), c'est le cas des médiocres Orpheo, Apostate, You Are Ancient, dans le genre seul Fever fait très bonne figure... Ce côté indé gâche un peu le propos du disque, qui a mon avis aurait gagné à être plus radical, plus volontairement punk, car avec des morceaux comme Monolith (le plus Iceage-ien), Chasing My Mind, Stress et surtout ABC City, concurrent sérieux au morceau de l'année, il y avait une énergie ébouriffante et d'une rare puissance.
Au final, les deux tiers des morceaux de l'album défoncent et quand ils défoncent, c'est vraiment le truc qui vous prend à la gorge, vous saigne et vous laisse sur le côté agonisant. Alors dîtes non à la tempérance Indé faisandée, soyons sauvage mes amis !
C'est sorti chez Captured Tracks (toujours dans les bons coups eux !) et ça doit donc se trouver partout : Gibert, Pop Culture, Ground Zero... vous avez le choix !
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samedi 8 septembre 2012
Synthetic ID - S/T EP (2012)
L'année dernière, on s'était déchaîné grâce Rank/Xerox, l'un des meilleurs disques post-punk qui nous avait été donné d'entendre depuis longtemps, il surpassait même largement l'excellent album d'Iceage, c'est dire. Cette année, une autre bombasse nous vient direct de la Bay Area (qui ne cessera jamais de nous surprendre) : Synthetic ID. Leur premier et seul EP à ce jour, d'abord auto-produit en cassette est désormais disponible en vinyle sorti par le label Cut The Cord That. Six minutes de musique en tout et pour tout mais une sacrée décharge d'adrénaline dans la gueule. Le son est d'ailleurs assez proche de ce que fait Rank/Xerox (notamment White Walls), c'est souvent approximatif (souvenez-vous la formidable cassette split avec Grass Widow)et le chant en particulier mais le disque est d'une rare intuition et énergie, en particulier le troisième morceau et ''b'' side, Throwaway, un tube en puissance ! Encore un disque qui risque de figurer à une place flatteuse dans notre top single de fin d'année et surtout un vrai espoir pour ce groupe dont c'est le tout premier disque. Vivement la suite !
Apparemment le disque est sold out sur le site du label, mais il me semble qu'il en reste sûrement à Born Bad et probablement Pop Culture. Il y en a eu 500 exemplaires, alors ça doit se trouver si on cherche un peu. Par contre, la cassette originale ça me semble tendu. Mais pour vous défoulez en attendant, le groupe a eu l'excellente idée de le mettre en téléchargement gratuit sur son Bandcamp, Fat !
samedi 31 mars 2012
Halo Halo - Manananggal 7' (2011)

Si la Face B m'a semblé ok et pas trop mal, mon vrai coup de cœur est définitivement le titre en A. Manananggal (1/2 que je l'écris mal!) est un titre marqué par le post-punk mais qui a vraiment quelque chose en plus que la plupart des groupes s'inspirant de cette époque en couv' du NME ces dernières années, peut être une question d’authenticité et tout simplement de talent. On rapprochera plus volontier ces Halo Halo des américaines de Grass Widow ou de l'excellent disque de Household , "items".
Cette chanson est une vrai réussite, les voix angéliques féminines s'accordent parfaitement à l'instrumentation dépouillée, le riff de guitare rachitique et anguleux se fond à merveille dans l'ensemble comme s'il était la pièce d'un puzzle plus grand où tous les éléments une fois réunis prenaient sens. Il y a aussi définitivement une couleur africaine dans ce titre, mais filtré comme une vielle photo devenue abstraite par les attaques répétées du soleil, c'est intrigant et dépaysant.
Les autres titres en écoute sur le soundcloud du groupe se révèlent également être très intéressants pour certains d'entre eux, et du coup on a très envie d'avoir d'autres disques à se mettre sous la dent.
ACHAT
Bandcamp
lundi 3 octobre 2011
Marie et les Garçons / Les Garçons

Marie et les Garçons se forment en 1975 du coté de Lyon (au lycée St Exupéry) sous le nom de Femme Fatale. Ils sont renommés par Marc Zermati (de Skydog) en Marie et les Garçons, Marie étant leur batteuse: Marie Girard. Le reste du groupe se compose alors de Patrick Vidal (oui LE Patrick Vidal) Erik Fitoussi, Jean Marc Vallod et Christian Faye. Ce dernier quitte le groupe, et en 1977 Jean Marc Vallod est à son tour remplacé par Jean Pierre Charriau.
Le premier 45 sort en 1977 sur Rebel Records, il est suivi en 1978 par Re-Bop / Attitudes qui sera réédité par Ze Records (le fameux label de no wave new yorkais). Si au départ le groupe faisait des reprises des Seeds ou du Velvet sous l'impulsion de Patrick Vidal, le groupe s'oriente vers un disco "déviant" comme certains collègues de labels (Lizzy Mercier Descloux par exemple). Marie Girard s'en va et le groupe devient les Garçons pour quelques singles de plus dont certains très réussis. Marie et les Garçons n'ont pas enregistré d'album mais leurs morceaux ont été compilés sur un 33 tours assez difficile à trouver (je ne l'ai pas malheureusement) dont la couverture représente un polo style Lacoste dont on a remplacé l'étiquette par le nom du groupe, une référence à leurs tenues de scène pas nécessairement bien vu par les punks de base de l'époque.
Leur premier pas discographique est un trois titres: "rien à dire" "à bout de souffle" et "mardi soir", c'est aussi un sans faute, les trois titres sont excellents. "A bout de souffle" est probablement le plus nerveux et radicale des trois, deux minutes à fond la caisse avec une sorte de larsen presque permanent en toile de fond, c'est presque aussi rock n roll que du Real Kids. "Mardi soir" occupe toute la face B de ses 4 et quelques minutes. Ne vous fiez pas à cette longueur anormalement élevée pour un groupe de "punk" on est plus chez Television que les Damned, un titre subtile et intelligent mais qui n'y perd pas en énergie, la violence avec élégance. La sauvagerie tout en retenue aurait du mettre la puce à l'oreille des soit-disant vrais punks qui leur ont jeté des canettes à la gueule...Enfin il y a "rien à dire" le morceau qui ouvre la face A, une idéale synthèse des deux morceaux précédents. Le morceau démarre lentement dans un délire un peu à la Television ou Talking Heads mais vers la moitié on part en orgie de fuzz avec un solo de guitare primaire et RnR, c'est hyper jouissif et réussi. Je sais pas si j'arrive à bien cerner ce disque, en tout cas il est dément.

"Les deux amants" face A du simple que je vous propose de découvrir aujourd'hui, est donc un titre relativement tardif, mais très réussi. Le groupe garde cette patine disco/ post-punk le projetant dans un univers lumineux et très pop évoquant tout autant un dancefloor moite que l'écume de la mer depuis le sable chaud.
Aujourd'hui les vinyles sont relativement difficiles à trouver, ça n'a pas été réédité en cd ni sur 33 tours, en revanche c'est disponible en mp3 via les plateformes de téléchargements légal, mais c'est un peu triste et frustrant pour une musique aussi bonne...
plus d'infos sur:
Rock Made in France
Rock à Lyon
Marie et les Garçons - rien à dire
Les Garçons - les deux amants
mardi 15 février 2011
The Jameses - caribou (2010)

The Jameses - Caribou
achat:
CAPTURED TRACKS
dispo chez Pop Culture Shop et bientôt je pense chez Hands & Arms
jeudi 9 décembre 2010
the Individuals - dancing with 80 wives (1982)

J'ai récupéré le 45 et je dois dire que je trouve ce titre intrigant, musicalement la filiation avec les autres groupes d'Hoboken me semble évidente tout comme celle avec les dB's que je mentionnais un peu plus tôt. En gros c'est inclassable, un peu jangle pop, avec des guitares claires mais quand même un coté très moderne et presque post-punk. C'est vraiment pas mal du tout en tout cas, et ça donne envi d'explorer un peu mieux leur discographie.
The Individuals were a band from early 80s in Hoboken (Bongos, Feelies). They did an ep in 1981 and a lp in 1982. Dancing with my 80 wives was from this Lp and also released as a single with 2 others tunes. It's an interesting mix of jangle pop with a post-punk feeling, pretty hard to describe but cool.
the Individuals - dancing with my 80 wives
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vendredi 3 décembre 2010
the Intelligence - sailor itch (2010)

The Intelligence suggère un groupe, tout comme la pochette, c'est avant tout le projet de Lars Finberg , ex-A Frames. Sur ce disque il est quand même accompagné de son groupe de scène. Pour la petite histoire le guitariste était membre des excellents FM Knives sur lequel je compte revenir très vite. "Bong life" ouvre les débats, c'est un titre à mi chemin entre une intro et un vrai morceau, après quelques bruits de bulles (je vous laisse deviner leur nature) on entend "one two three for" et bim! un morceau bien punk et bourrin d'à peine une minute. OK le disque est lancé, et on est pas là pour rigoler. "Tuned to punk" et "Sailor Itch" suivent à bon train dans la foulée et constituent pour moi les meilleures chansons. C'est un peu dommage de les avoir placer si tôt mais la suite se défend. Ces deux titres, comment les décrire? C'est âpre, nerveux, agressif, ça se laisse pas faire... Je verrai bien ces morceaux et plus généralement ce disque comme BO d'une fin de monde apocalyptique où les machines auraient pris le pouvoir et décidé de nous réduire à l'esclavage. La base est sensiblement post-punk mais on est loin d'une copie "vintage", c'est un point de départ. Le son est déviant, déréglé, désaxé. C'est celui de machines qui n'ont pas été entretenu et commencent à ne plus tourner rond. La rythmique bien que très carrée semble comme bancale, perturbée, Lars et ses potes ont bien réussi leur coup, ça pète.
La suite sans être aussi excitante maintient la bonne impression générale, "like like like like like" est pas mal, tout comme "the beetles" probablement la plus pop du disque. Je m'attendais à un disque garage au son crade mais Males louche vers un post-punk malsain et hargneux (assez) bien produit. Au vue des résultats on y perd pas du tout au change. Quelques morceaux plus secondaires et dispensables dissipent un peu la proposition mais la force de frappes du reste écrabouille tout sur son passage, à l'image du premier plan de Terminator.
In the Red Records
sur Amazon Fr
pour les parisiens, probablement dispo à Born Bad, Pop Culture Shop & le Silence de la Rue
mercredi 17 novembre 2010
Aztec Camera - just like gold (1981)

On ne peut pas dire que Postcard Records ait été des plus productifs, une 15aine de références si je ne m'abuse, et ce, en deux ans et des poussières d'activité, bref un vrai petit label indé. Mais au delà du nombre de sorties, et des artistes (Orange Juice, Aztec Camera, Go-Betweens, Josef K...) ce que je retiens se trouve dans la philosophie et l'état d'esprit. Nous sommes en 1981, le DIY est encore très récent et doucement les musiciens, passionnés, activistes s'en emparent et forment des groupes, des fanzines et des labels... Rough Trade joue un rôle de hub pour cette nouvelle scène. La localisation des labels s'en trouve profondément affecté, le rôle de distributeur permet à des types de Manchester (Factory) ou Liverpool de trouver un écho au delà de leur région, impensable quelques années plus tôt. Postcard est à l'avant poste de cette petite révolution, et l'affiche fièrement sur ses 45 tours: "the sound of young Scotland". On a plus honte de ne pas venir de Londres, au contraire on est fier, et on fait notre truc. Le son Postcard ne ressemble qu'à lui même, certes il est de son époque, à mi chemin entre indie pop naissante et post-punk établi, mais il y ajoute des ingrédients maisons, notamment des guitares claires presque jazzy chez Orange Juice ou nos Aztec Camera.
Just Like Gold est le premier single de ce groupe, il est touchant de par son amateurisme. La voix est un peu maniérée, la basse très post-punk avec ce son médium n'hésitant pas à sortir de son rôle de soutient rythmique pure . En filigrane, l'indie pop des 80s s'y dessine, celle documentée par la compilation C86 en particulier. C'est un peu maladroit, mais très élégant et raffiné. De ce morceau émane une sorte de beauté fragile sur le fil, comme si Aztec Camera assumait d'être sensible quitte à être considéré comme des mauviettes par des mécréants. Laissons les dans leur bêtise et saisissons nous de l'instant.
Just Like Gold is the first Aztec Camera single. It was released on the seminal label Postcard Records in 1981. It's a great tune, and in a way it's a good link between the post punk / new wave sound and the nascent indie pop.
Aztec Camera - just like gold
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jeudi 14 octobre 2010
the Feelies - loveless love (1980)

Ce disque n'est pas parfait, on a le droit de ne pas l'aimer, mais il faut l'écouter: c'est autre chose. La pochette bleu avec ces 4 types habillés comme des employés de banque (de back office) pas fun balance la couleur: tu vas pas avoir ta dose de pop guillerette. Au lieu de ça, tu vas te taper des drones, des percus aléatoires, des structures bizarroïdes, des guitares claires et sèches comme le désert, plus tout un tas de réjouissances. A ce niveau là je sens que j'ai réussi à chasser les moins motivés, ils ont eu tords, mais vous avez eu raison de rester. J'en conviens le descriptif fait assez peur, on s'attend à un truc vraiment bien relou, prétentieux et inutile. Croyez moi le jeux en vaut largement la chandelle, Crazy Rhythms est un cas à part, un disque fantastique, et ce malgré un paquet de défauts.
L'album démarre sur un chef d'œuvre, une des pièces maîtresses du disque "the boy with the perpetual nervousness", c'est une application dans les règles du son Feelies. On dirait un GANTT écrit sur une feuille de papier millimétré puis joué par des musiciens. Pourtant c'est tout sauf pénible, c'est au contraire fascinant, on est happé par la montée d'une note de guitare, on est chamboulé par ce rythme de machine déglinguée et bancale. C'est à la fois moderne, et terriblement brutal, froid, mais presque charnel, un peu comme la (bonne) house music en fait, sauf que c'est fait avec ce foutu line up de rock "basse-guitares-batterie", le même qui sert à faire Dire Strait.
Tout cela ressemble à pas grand chose, peut-être un ou deux groupes américains quasi-contemporains comme les Talking Heads. Le look sur la pochette rappelle tout de suite la bande de Byrne , musicalement par contre les Feelies sont plus extrémistes, et nettement moins portés sur les worlderies maladroites. Il y aussi ce son très clean, un peu de satu mais vite-fait, cette production sans aucunes traces de fantaisie, ça rappellerait presque un Television dépouillé de son lyrisme et ses joutes improvisées.
Bref on a beau cherché on voit pas au juste à qui comparer ces types d'Hoboken (bon un peu le Velvet, le Kraut si tu as envi aussi), et c'est ça qui rend ce disque étonnant. En se servant d'un truc aussi convenu (mais cool) qu'une config de groupe de rock, ils en sortent du déviant et de l'inédit. Parfois c'est un peu relou (je suis pas très fan du single "fa-cé-la" par exemple) mais très franchement on s'en fout car quand c'est bien, c'est vraiment bien, ça te vrille les neurones comme du soma.
Feelies - loveless love
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