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mardi 21 février 2017

Once & Future Band "Once & Future Band"

Tame Impala aurait-il ouvert une boîte de pandore avec Lonerism (2012) ? Si nous avions assez vite classé le groupe australien comme figure de proue du renouveau psychédélique, il faut pourtant reconnaître que le classique de Kevin Parker a beaucoup œuvré à la réhabilitation de Todd Rundgren et plus généralement d'une pop voluptueuse et maximaliste typique de la féconde décennie soixante-dix. En 2016 le succès étonnant des Lemon Twigs confirme l'intérêt d'une partie du public pour une musique ambitieuse et une certaine pyrotechnique instrumentale. Autre signe des temps, la proposition artistique d'Aquaserge marquée par la pataphysique, le rock cérébral de Zappa et la virtuosité espiègle de la scène Canterbury rencontre de nombreux échos favorables. Si tous ces groupes ont peu en commun, les ingrédients semblent réunis pour une réhabilitation en grande pompe des maudites seventies ! Celles que l'on a aimé haïr étant plus jeunes pour leur emphase et leur démesure... 

Once & Future Band , un groupe d'Oakland contribue à sa manière, très personnelle, au mouvement. Leur premier album, sans titre, publié par Castle Face, est semblable à une créature hybride génétiquement modifiée réunissant nombre de traits saillants de la musique 70s. Pas la plus présentable: clinquante dans sa débauche de richesse, excessive dans sa virtuosité et sa maîtrise. À leur sujet, il sera possible de citer nombre de genres majeurs de la décennie: jazz-fusion (Mahavishnu Orchestra), rock progressif, pop (ELO, Steely Dan, Todd Rundgren, Sparks)... Pourtant ils ne ressemblent guères à l'un d'entre eux ! Once & Future Band est une pièce montée bourrée de chantilly et de sucre mais paradoxalement assez digeste. La formation californienne arrive en effet à créer un subtil équilibre entre pur plaisir et exigence (instrumental, écriture). Once & Future Band déploie par touche une vulgarité  agissant sur les neurotransmetteurs de plaisir du cerveau. Il écluse les poncifs et les détourne: basse au moog, soli de guitare baveux, accords enrichis ou ponts alambiqués, tout y passe, crème.  Une délectation que l'on accepte sans broncher tant il dégage de l'ensemble une sérénité: l'agréable sensation de laisser le volant à quelqu'un conduisant avec une habilité irréprochable, capable de flirter avec le danger sans jamais perdre son sang froid. 

La formation californienne a pour elle d'écrire des chansons vraiment impressionnantes, aussi évidentes que baroques. Once & Future Band est ainsi rarement pris à défaut, peut-être Hide & Seek marque-t-elle une légère baisse de régime, et encore... Juste un peu moins lumineuse que les autres. Dès l'inaugural How Does It Make You Feel ? nous sommes happés par l'ingéniosité contenue dans ces six minutes dont le lyrisme évoquerait presque Queen. Ultra casse-gueule et pourtant les Californiens arrivent à bâtir une véritable cathédrale sonore jouissive et tape à l’œil. La suite est du même tonneau, la face B étant particulièrement monumentale. S'ouvrant sur la vibrante Rolando aux accents jazz-funk, elle se conclue sur une note plus sombre sur la toute aussi ondulante Standing in the Wake of Violence. L'arpège synthétique vous restera longtemps en tête, il imprègne le cerveau comme la lumière une pellicule photographique. Magnetic Memory est un autre moment mémorable dont l'essence capte l'esprit de la musique soul sans toutefois totalement se conformer à ses canons.  Sept chansons seulement car  Once & Future Band prend son temps pour développer ses idées: entre 4 et 6 minutes. L'ensemble, malgré des durées généreuses, sonne heureusement compact donnant d'autant plus d'impact à ce premier album. 

Dans une interview, le groupe mentionnait l'importance du hip-hop dans leur conception de la musique. Si le genre n'est présent qu'occasionnellement en filigrane sa curiosité pour la musique rayonne largement ici. Il y a ici en effet une démarche proche de ces diggers qui piochent des samples dans d'obscurs disques: les influences sont utilisées littéralement mais détournées du contexte originel.  Elles prennent alors un sens nouveau apportant une couleur particulière à cet ambitieux disque de pop qui va, à n'en pas douter, avoir ses adeptes et ses détracteurs. 


vendredi 17 février 2017

Marbled Eye "Marbled Eye"

Paru fin décembre, sur un label américain et les français de Gone With The Weed (Maraudeur, Police Control, etc.) la cassette 5 titres des américains de Marbled Eye est une très bonne surprise. Le groupe d'Oakland considère, semble-t-il, Marbled Eye (2016) comme une démo, pourtant à l'écoute de ce format court, nous ne pouvons qu'être impressionné par la qualité de la proposition. Projections post-punk ardentes sur une toile de guitares cinglantes, la formation américaine maîtrise l'art d'esquisser l'asphyxie (Primrose). Marbled Eye excelle dans les tempi modérés: à l'agression, le groupe préfère créer des tensions non résolues (Oddity). Si lignes de basse obsédantes (Corners) et voix menaçantes (Coated)  constituent l'essence de la musique des américains, celle-ci n'exclue pas une certaine luminosité, de celle qui émerge de nuits électrisées (Numb). La hargne et les climats amers de Marbled Eye cache en effet une propension à préférer la mélodie au bruit pur. Ce n'est pas nous qui nous en plaindrons.


vendredi 26 avril 2013

Warm Soda - Someone for You (2013)

Matthew Melton nous avait brisés le cœur en annonçant la séparation de Bare Wires ce groupe boogie-glam-garage super cool en live, mais à peine le temps de souffler il revient déjà avec un nouveau groupe les biens nommés Warm Soda.

La pochette ainsi que la description annonce la couleur ! Someone for You sera un disque de pop aux accents powerpop, glam et garage, étonnamment on y entend même parfois de l'indie-rock soit une mixture pas si éloignée que ça de formations comme Mother's Children ou King Tuff. Si certains vont regretter le rock poilu de Bare Wires, ce projet de Melton met mon cœur en émoi en balançant des chansons pop aussi évidentes que spontanées.

Violent Blue ouvre les hostilités, on remarque d'office la production voulue par Melton. Le son est brut et direct, très peu d'overdub, une rythmique assez martiale, une basse mixée assez devant, et des guitares style micros double-bobinage. Le ton est donné mais le meilleur reste à venir, et pas besoin d'attendre bien longtemps, le morceau titre en deuxième position dégaine l'artillerie lourde et fait figure d'un des gros tubes potentiels de ce disque. Sur Someone for you Melton nous pond la meilleure chanson des Strokes depuis des années, celle que nous rêverions qu'ils fassent au lieu de nous balancer des albums avec des pochettes moches. Dans un monde idéal cette chanson serait un tube, une fois entendu impossible de ne pas se repasser dix fois le morceau, on se sent pris d'un rush d'euphorie, on perd dix ou quinze ans d'un coup et on retrouve nos premiers émois adolescents. D'un coup plus rien d'autres ne compte et on est happé par cette putain de chanson pop aussi simple et directe que réussie. Le titre tient sur rien, un riff de guitare simple mais géniale, quelques accents de voix glam à la Milk N Cookies et nous voilà accroc. Melton trouve le moyen de refaire le coup deux-trois morceaux plus tard à la fin de la face A avec le tout aussi incroyable Waiting for your call. Impossible de ne pas succomber au gimmick de guitare sur le refrain et au petit "oho" de circonstance. Vous ne pouvez pas savoir à quel point j'ai envie de passer ce morceau en soirée et voir comment les gens vont réagir. J'imagine que ça peut donner un truc cool, c'est tellement immédiat, simple et en même temps Melton trouve le moyen de doser cela avec le bon équilibre pour que la sauce prenne. Il y a des groupes qui cherchent le tube et veulent le provoquer à grand coups d'effet de manche, et puis il y a des Melton qui semble les trouver sans l'avoir réellement voulu, avec Warm Soda tout semble aisé et couler de source, c'est très fort.

La face B n'est pas portée par deux tubes de la trempe de Someone for you et Waiting for your call mais propose 6 titres d'excellente facture et peut être plus conforme avec ce que l'on attendrait d'un groupe se revendiquant glam et powerpop. A vrai dire cette face est globalement un peu meilleure que la première, les titres s'enchainent parfaitement et Warm Soda arrive encore à nous surprendre avec quelques très belles réussites. Diamond Ring envoie la sauce à fond, 1m23 pour faire le débile sur un titre glam bien nerveux. Only in your Mind renoue avec les racines powerpop de Milk n Cookies et The Quick, au moins pour les inclinaisons précieuses mais salaces de la voix de Melton. Busy Lizzy est peut être un peu moins évidente que les tubes de la face A mais bon nombre de groupes actuels de powerpop en ferait l'un des temps forts de leur set. Le disque se ferme sur deux excellentes chansons, les super Sour Grapes et Lola. Le solo de Lola est grandiose de dégoulinant il conclue le disque avec panache nous laissant aussi vidé qu'heureux d'avoir pris dans la gueule ces douze chansons.

Le premier album de Warm Soda va en laisser un certain nombre sceptique, mais il peut aussi servir la cause powerpop et plus généralement la pop à guitare. A-t-on entendu en 2013 de chansons pop aussi réussies et immédiates que waiting for your call ou someone for you ? Bon je retourne les écouter une bonne dizaine de fois avant de m'en aller affronter les métros parisiens le sourire aux lèvres et l'esprit léger. On peut espérer de belles choses du coté de la powerpop pour 2013 (Virals, The Cry!, Crusaders of Love, Cold Warps etc.) !