vendredi 29 novembre 2013

Morgan Delt - Barbarian Kings (2013)


2100, la race humaine est quasi anéantie, elle vit ses derniers instants agonisants sur les cendres d'un monde autrefois prospère, les illuminatis, les chemtrails, le réchauffement climatique, la fin des énergies fossiles, tout ça c'était vrai. Apple, Facebook et Google ont fusionnés et sont devenus le grand souverain interplanétaire, nous avons envoyer les parias, les minorités ethniques et les bagnards peupler la lune et mars, au travail la racaille... Pourtant, sur Terre, vivent reclus des petites communautés peuplant l'oekoumène des terres connues, les montagnes, les îles, les déserts de glace, de sel ou de sables. Terrés dans ces lieux, ces quelques êtres humains insoumis et libres se passent et se racontent les bandes d'une civilisation désormais révolue, voulant garder la mémoire, préserver l'Histoire et peut-être, transmettre ces objets, livres, enregistrements à leur progéniture. C'est elle, qui peut-être après le Jour du Grand Bug, repeuplera lentement une planète épuisée et désœuvrée mais toujours vivace, se nourrissant d'herbes, d'insectes de culture vivrière et de cueillette. Parmi ces objets, un trésor, une relique qu'on se passe sous le manteau, un microsillon qu'on écoute soigneusement une aiguille grattant sa surface. Il vous envoie au milieu de l'espace planer dans les paradis artificiels, nul besoin d'avoir été dans l'Espace ou de potion de guérisseur pour voir les étoiles. Ce disque, c'est Morgan Delt – Barbarian Kings. 



Disque SOLD OUT malheureusement, achetez l'album qui devrait sortir au mois de janvier chez TROUBLE IN MIND.

mercredi 27 novembre 2013

Juniore - Christine 7' (2013)

Il y a un an 3rd Side lançait un label frère, Entreprise dont la vocation est d'explorer les méandres de la scène française francophone underground. Dans la foulée du succès de l'EP de La Femme dans la série Le Podium, le label parisien a été un peu par hasard au première loge de cette nouvelle scène et s'est pris de passion pour celle-ci jusqu'à s'y consacrer pleinement. Aujourd'hui le label propose un catalogue de plus en plus riche et varié avec des incursions dans le psychédélique (Moodoïd) ou le yéyé comme ce 45 tours de Juniore.

Derrière ce pseudo on retrouve Anna Jean épaulée par Samy Osta qui avaient sorti sous le nom de Domingo un LP en 2008 sur 3rd Side. Depuis Samy Osta a collaboré très régulièrement avec le label notamment sur la série Le Podium, jusqu'à produire l'album de La Femme sorti chez Born Bad.

Christine est une chanson yéyé délicatement produite. La fuzz fait son petit effet et amène une touche d'acidité bienvenu dans une composition légère et fort bien arrangée (mention aux basses au médiator qui donne tout de suite cette couleur BO sixties). Le timbre de voix d'Anna Jean est diaphane et évoque une Françoise Hardi produite par Gainsbourg. On est clairement dans le registre Femmes de Paris, mais fait avec goût et de fraîcheur. Classique donc mais charmant. La face B confirme la bonne impression laissée par Christine, Dans le Noir évolue peu ou prou dans les mêmes sphères, le theremin (joué par Sasha de La Femme) apporte une petite touche de folie donnant ma préférence à cette dernière.

Juniore propose un premier 45 tours solide qui ravira les fans de pop française sixties. Les deux chansons sont excellentes bien que peut être un soupçon trop dans les canons du genre,  attendons l'album pour être surpris et peut être même ébloui, le potentiel est là en tout cas.



lundi 25 novembre 2013

The Choosers - Hanging up on you 7' (2013)

La mondialisation et l'internet ont bouleversé vos habitudes. Au lieu de regarder vidéo-gag sur vos téléviseurs dernier cri Thomson vous êtes entrain de faire une overdose de chats mignons sur l'écran de votre samsung. Un gouffre aussi profond que la différence entre le 51 et le Ricard. Néanmoins reconnaissons à ces changements de bons aspects, quand par exemple un groupe japonais chantant en anglais (The Choosers) sort un 45 tours sur un label autrichien (Bachelor), une découverte faite par l'intermédiaire du camarade Albert.

Hanging up on you fait écho au merveilleux classique des Nerves (Hangin' on the telephone), un choix volontaire et assumé de la part des japonais qui s'inscrivent dans la powerpop pure jus. L'art de s'inspirer sans tomber dans le pastiche est délicat mais les japonais maitrisent à merveille en proposant une très bonne chanson , ultra catchy et mélodique dans la pure tradition merseybeat passée au shaker 70s. Les harmonies sont soignées, la mélodie colle aux dents comme du caramel, c'est sucré à souhait mais difficile de ne pas se laisser tenter... La face B est un peu moins réussie mais rien de honteux non plus, disons qu'on la repassera moins souvent que l'excellente surprise en A.

Les Choosers signent un excellent 45 tours qui ravira les fans de powerpop. Pas le 45 tours de l'année peut être mais un shot euphorique de pop qui émoustillera les sens des fans du genre.


samedi 23 novembre 2013

Triptides - Predictions (2013)

L'été 2011 fut bercé par Psychic Summer, le premier album (après deux EP) des Triptides. Dans la foulée nous avions interviewé le groupe puis sorti un 45 tours (leur premier vinyle) en décembre de la même année. Près de deux ans se sont écoulés. Le groupe a sorti un autre 45 chez moi, un album chez Stroll On (dans la lignée du premier) et revient ces jours-ci sur le label anglais avec leur troisième LP Predictions, le premier à être enregistré en studio après deux années à explorer les possibilités des Tascam 8 Pistes. 

Set you free ouvre l'album de la plus belle des manières, ce titre sonne comme une profession de foi. La chanson démarre dans la pure tradition Triptides mais une accélération digne des meilleurs rave-up des Yardbirds emballe la machine et envoie le titre dans une autre dimension. Prediction amène les Triptides dans un domaine moins exploré de leur part: la pop baroque. Le titre évoque ainsi des groupes les Zombies ou Left Banke (on pense ainsi à l'excellente face B garagy i' haven't got the nerve), un super morceau arrangé avec un certain sens du détail (même si je crois que je préfère légèrement la version démo). Can you see me évoque la rencontre entre le surf et le psychédélisme déjà à l'oeuvre dans leurs premiers EP. Couch Surfer est un ancien morceau revisité pour l'occasion, la chanson y perd sa boite à rythme au profit d'un tempo plus élevé, le titre y gagne en précision ce qu'il perd en charme lo-fi (qui évoquait en filigrane les Cleaners from Venus, un des groupes fétiches de Glenn), je crois que j'aime autant les deux versions, chacune ayant des qualités. Night Owl reprend l'approche de Set you free, le morceau démarre assez tranquillement avant d'embrayer sur un final apocalyptique, la recette est connue mais reste ultra efficace. Sundown est un des titres les plus jolis du disque avec une guitare clean magnifique. Tapestry est également un de mes morceaux favoris, une chanson jangly dans la pure tradition qui aurait encore gagné à être joué à la douze cordes. J'adore quand Triptides s'aventure dans la pop influencée par les Byrds, leur précédent disque contenait déjà le magnifique english rain, et il y a dans les démos un morceau très prometteur. Visions évoque le spectre de Real Estate, un morceau délicat légèrement psychédélique et onirique. Predictions se conclue sur le charmant My love , chanson dépouillée dont l'instrumentation n'est pas si éloignée de mes morceaux favoris de Big Star, une piste que pourrait éventuellement emprunter le groupe ?

Predictions est le premier album de Triptides enregistré en condition studio. Le groupe y gagne en précision et profite des possibilités supplémentaires pour soigner le son et les arrangements. Loin d'être une révolution ce disque est un pas supplémentaire dans la bonne direction pour un de nos groupes fétiches. Il ouvre beaucoup de possibilités à la formation. Peut être le meilleur album pour découvrir ce super groupe encore trop méconnu en France. On espère que le LP y sera un peu distribué.



jeudi 21 novembre 2013

Weekend - Jinx (2013)

Weekend joue ce soir à l'Espace B avec les excellents Venera 4, l'occasion de revenir sur leur second album Jinx édité cette année par le très fiable Slumberland Records.

Je vous avouerai que j'étais un peu passé à coté du premier LP du groupe. J'ai failli en faire de même avec ce second album si la vigilance de mon disquaire favori (Pop Culture) n'avait pas eu raison de moi. Le disque m'a pris par surprise et fait un effet comparable au second LP de Violens l'année dernière avec lequel il partage pas mal de points communs d'ailleurs. 
Weekend évolue dans un shoegaze sombre faisant le pont entre le début des 80s et la fin de la décennie, un peu comme une synthèse inédite entre Factory et Creation. Les lignes de basses sinueuses et mélodiques d'inspiration New Order se fracassent contre un mur de guitares. La production est soignée et très réussie donnant l'ampleur nécessaire à ces très bonnes chansons. Il se dégage de l'ensemble une cohésion rare, et l'impression d'être face à un bloc. Pourtant le disque est très accessible et on rentre facilement dedans.

Slumberland s'est fait piqué ses groupes stars (Crystal Stilts) mais comme Captured Tracks l'année dernière, les bonnes surprises sont à chercher du coté des noms moins connus. Jinx est un super disque et un magnifique témoignage de la vitalité d'un de nos labels favoris de tous les temps et dont la place au coté de Factory ou Creation est déjà assurée à nos yeux.

mardi 19 novembre 2013

Interview Forever Pavot


Forever Pavot, un nom dont il émane du mystère, le brouillard s'épaissit encore quand on entend la musique du français (chronique de l'EP), on se devait de mener l'enquête et d'interroger Émile, le cerveau de ce braquage sonore réalisé dans les règles de l'art.

Quelle est la genèse de Forever Pavot ?
J'enregistre des compos sous ce nom depuis maintenant 3 ans,au début je voulais surtout expérimenter l'enregistrement sur bande, j'ai donc commencé sur un 4 pistes K7 puis j'ai acheté un 8 pistes à bande, je me suis cherché pendant un bon moment, j'ai commencé par des compos garage pour m'amuser, mais aussi des morceaux juste avec mes synthés analogique…Je suis donc arrivé a un mix entre des BO de films et de la musique 60's. j'avais fait presser une cinquantaine de 45 tours pour mes amis et moi, puis on m'a contacté pour le ressortir et faire des concerts donc il a fallu s'organiser.

Comment différencies-tu tes interventions dans Arun Tazieff et Forever Pavot ?

Je suis uniquement claviériste dans Arun Tazieff, c'est un travail collectif, comparé au Pavot qui est vraiment mon projet perso dans lequel je contrôle tout.

Tu sembles être particulièrement influencé par les BO de films et notamment des Giallo italiens ?
Oui je suis passionné par les compositeurs de musique de films en général. Bruno Nicolai et Morriconne me fascinent complètement, ces mecs là ont écrit une quantité invraisemblable de morceaux. Il y a un coté parfois très sacré dans la musique italienne qui la rend terrorisante je trouve , j'adore ça , les choeurs d'église, les clavecins, les fuzz qui baignent dans la reverb'. Mais des compositeurs français comme Alain Goraguer, De Roubaix ou Vannier me passionnent tout autant.

Ta musique est essentiellement instrumentale, est-ce un choix volontaire de ta part ?

J'essaye de faire 50/50, j'adore les BO, les disques de Library donc ca paraissait logique qu'une partie de mon travail soit instrumentale. J'ai eu du mal à assumer ma voix pendant un bon moment, j'essaye d'en ajouter de temps en temps. Je ne suis pas du tout fermé a quoi que ce soit, peut être même que je chanterais en français un jour. Mon premier Ep était très instrumental, le 2nd l'est beaucoup moins et l'album sera un mix des 2.

De quelles formations actuelles te-sens tu proche ?
Aquaserge sans hésitations, ils ont tout compris, Ils m'ont apporté énormément, autant musicalement qu'humainement.
Le travail d'Anthony-Cedric Vuagniaux ou Fred Pallem me parle beaucoup pour la passion des vieilles BO, et ce que font  aujourd'hui The Superimposers ou même Jacco Gardner ne me parait pas si éloigné de ce que j'essaye de proposer même si je suis dans un registre beaucoup moins pop.

As-tu l'impression que le psychédélisme intéresse davantage en ce moment ?
Oui c'est évident, à partir du moment où tu as des pubs dans les rues d'un parfum qui joue sur cette vague là, c'est que ça intéresse vraiment beaucoup…Après le terme psychédélisme est utilisé un peu a toutes les sauces, dès qu'il y a un peu de reverb sur une voix ou du delay sur quoique ce soit c'est psyché… Je suis partagé mais si ça peut permettre aux gens d'être curieux et de découvrir des artistes intéressants c'est cool. Entendre Tame impala à la radio quand je fais mes courses au supermarché il y a bien pire non ?

Quels retours as-tu sur ce premier EP ?
Les chroniques sont plutôt bonnes, j'ai reçu beaucoup de soutien dans le milieu des collectionneurs/diggers bien friands du délire Library/BO. Notamment grâce à mon ami Damien 45addict de La Rochelle, Dj/vendeur de disques rares, grâce à lui le disque est tombé à plusieurs reprises entre de bonnes mains. Cela nous a permis de faire une petite tournée en France et quelques dates en Allemagne ainsi que de super rencontres.

Comment s'est fait le rapprochement avec le label Frantic Records ?
Bart et moi venons de La Rochelle, Nous nous connaissons depuis un moment, notamment parce qu'il sort avec une de mes meilleurs potes.
C'est un mec passionné, qui se bouge. Après avoir écouté mon EP autoproduit il m'a proposé de le ressortir avec 2 morceaux supplémentaires, j'étais ravi de le faire avec lui. On partage beaucoup de choses tous les deux, on se poke régulièrement sur Facebook.


Un mot sur le graphisme de la pochette ?
C'est mon pote Marc Zory-Casali qui l'a réalisé (membre d'Arun Tazieff),  un mec très doué en graphisme et illustration. Il joue également de la basse sur le morceau le Pénitent le passe. J'avais dans l'esprit de faire quelque chose en rapport avec la mer (Christophe Colomb etc.)Il a eu l'idée de dessiner ce bateau un peu naïf.

As-tu une nouvelle sortie en vue (EP ou LP) prochainement ?
Je sors un nouvel EP 2 titres sur un label anglais "The Sound Of Salvation" en janvier.
Et j'espère sortir l'album courant 2014.

Tu enregistres seul mais en live Forever Pavot devient un groupe soudé, que peux tu nous dire sur les musiciens qui te rejoignent en concert et donnent vie à ta musique ?
Ce sont mes amis depuis longtemps, Cedric et Benoit jouent avec moi dans Arun Tazieff. Arnaud jouait déjà avec Cedric dans d'autres formations, il paraissait logique que l'on joue tous ensemble. À la base j'avais envisagé que le line-up change régulièrement, faire jouer les amis musiciens de mon entourage mais ce n'est pas si évident pour le moment. De toute façon ils savent tous les trois qu'ils sont sur la sellette, je leur mets régulièrement des notes afin d'entretenir un malaise entre nous, on verra bien s'ils s'améliorent au 3ème trimestre.

As-tu quelques souvenirs mémorables de concert à nous raconter ?
Pas vraiment lors d'un concert, mais une petite anecdote d’après concert.
A Nantes en rentrant après notre concert on se baladait dans les rues et on est tombé sur une voiture qui miaulait. Un petit chaton était coincé dans le moteur d'une voiture, on a passé 1 heure à essayer de le faire sortir… on a laissé un mot sur le pare-brise afin que le propriétaire ne démarre pas et ouvre son capot. On est tombé sur un fait divers un mois plus tard racontant une histoire similaire, une nana avait conduit avec un chaton dans son moteur pendant 100km en Bretagne, en arrivant le chat était encore en vie, miraculé. On ne saura jamais si c'était notre chaton.

As-tu des concerts de prévus prochainement ?
Oui, pour la sortie du prochain EP nous sommes en train de booker une petite tournée en France/Belgique/Allemagne pour janvier/février et quelques dates au Royaume-Uni en mars. Les dates seront annoncées très prochainement.

samedi 16 novembre 2013

The #1s - Sharon EP (2013)

Les #1s sont une formation powerpop de Dublin, un des rares groupes actuels que j'associe à la ville avec les September Girls et The Urges. Ils ont déjà sorti trois 45 tours (dont un split), celui ci est leur second, sorti il y a quelques semaines seulement sur deux labels: les allemands de Alien Snatch Records et les américains de Sorry State.

La pochette donne le ton, les 4 gaillards balancent une powerpop débauchée par le garage et le punk. "Sharon" et "Boy" sont des chansons uptempo et nerveuses très réussies. La première s'ouvre sur un riff bien senti, les choeurs en "woho" sont bien cools. Le titre évoque en filigrane les meilleures formations mod revival croisées avec les groupes actuels de powerpop dépositaires de l'esprit des Exploding Hearts. "Boy" maintient le rythme mais sur un registre plus joyeux aux inflexions 50s (pas si éloigné que ça de ce que faisaient les excellents Cave Weddings ou Harlem), une charmante chanson d'une minute et vingts deux secondes ! Le disque se conclue sur "Girl" un très jolie slow et l'un des meilleurs titres de l'EP (lequel choisir ?). Les #1s s'y montrent aussi à l'aise que sur les titres les plus enlevés.

The #1s est une formation à suivre pour les amateurs de powerpop, on est content de voir des groupes britanniques comme eux ou Virals s'attaquer au genre. Peut-on voir en eux des successeurs des Undertones qui savaient aussi conjuguer simplicité et fraicheur ? L'avenir nous le dira, mais cet EP est une très bonne entrée en matière !



jeudi 14 novembre 2013

Departure Kids - First 7' (2013)

On essaie tant bien que mal de consulter l'ensemble de nos courriels sur la boite mail du blog à tel point que cela en est parfois désespérant. Il y a les groupes qui citent leurs formations préférées (en général des trucs archi-évidents à la lisière du mainstream mais avec une street cred quand même) sans soucis de cohérence, le syndrome dit de l'annonce musicien de RnF. Tu as aussi des gens qui veulent révolutionner la musique en mélangeant si possible les deux genres qui iraient le moins bien ensemble (cas vécu: dubstep et rock n roll), le résultat est souvent à  l'inverse des espérances des intéressés. 

Oui plonger dans ses e-mails promo est une quête, celle de l'aiguille dans la botte de foin, la perle au milieu des huitres pas fraiches. On le fait parce que parfois elle est là, cachée entre deux e-mails promotionnels pour un remix d'un tube de pop de Lama del Rey et d'une vidéo super novatrice tournée avec un Canon 5D. 
Voilà comment je suis tombé sur les Departure Kids. Des mecs d'une petite vingtaines d'années de Marseille potes avec les Kaviar Special de Rennes (via le 94) et Sun Sick. Après une première cassette en split avec les bretons ils viennent d'éditer un premier 45 tours trois titres sur leur propre label Rat Pop.

"Oh Please" engage la discussion et très vite le sujet tourne autour de notre amour pour la pop des Beatles, quand ils pondaient deux albums par ans entre les tournées. Dès que l'accord est égrainé on se fait happé par le charme de la chanson. Les types ont compris l'essence de la powerpop, il émane de ce morceau ce qui nous rend si accroc du Fab Four ou des Flamin' Groovies période Shake some Action, un truc ultra mélodique et accrocheur, une vraie sensibilité contrebalancée par une énergie débordante. Cette chanson est fantastique. 
"Whore like you" enfonce le clou avec un riff bien costaud évoquant la filière Raspberries-Badfinger comme leur descendance actuelle (Mother's Children). Le morceau envoie un cran d'énergie au dessus d' "Oh Please" sans que les Departure Kids renient leur amour de la mélodie. Un super morceau au potentiel de tube évident (si les radios et les médias se décident à faire une petite place à la powerpop). 
Le 45 tours se conclue sur la balade "She's gone" au charme surannée, dans les tons pastels. L'orgue part en vrille dans le dernier tiers ajoutant un petit grain de folie à cette chanson très classique (mais fort chouette).

Leur split K7 (que l'on a découvert en même temps que le 45) montrait déjà de bonnes dispositions mais était peut être encore un peu trop influencé par des groupes comme les Strokes. Sur ce premier 45 les Departure Kids font un sacré bon en avant et signe un magnifique EP de pure pop pour les gens de maintenant. Incontestablement un des meilleures surprises que j'ai eu cette année !  




 

mardi 12 novembre 2013

The Wind - Where It's at with the Wind (1982)

Il y a bien longtemps que ce blog n'a pas fait honneur à une petite obscurité de ces 50 dernières années. On est largement à flux tendu sur les nouveautés (avec le retard inévitable quand on attends d'avoir les disques entre les mains pour les écouter) du coup les oldies de derrière les fagots passent un peu à la trappe à mon grand regret ! The Wind est un groupe de pop de Floride des 80s. Ils ont sorti un premier album en 1982 (que nous chroniquons aujourd'hui) suivi d'un EP deux ans plus tard (Guest of the Staphs) et un dernier LP en 1986 pour le fameux label garage rock Midnight Records (le plutôt cool Living in a new World). 

Vous le savez peut-être mais la fin des 70s et le début des 80s constitue un petit d'âge d'or pour la powerpop et plus généralement la pop nerveuse et mélodique. On trouve ainsi moult obscurités fascinantes à évoquer dans ces pages entre 1976 et 1982 (rassurez-vous: avant et après aussi !). Where it's at with the Wind est assez typique de l'époque, le groupe fait clairement une fixette sur un fameux combo liverpuldien:  les Beatles. Les Wind ont donc un sens de la mélodie qui ne laissera pas insensibles les amateurs des Poppees, Toms ou Pleasers qui cultivaient également la ressemblance avec le mythique groupe. Ceci dit il serait un peu injuste de faire des Wind de vulgaires pasticheurs, il y a bien sûr de la fantaisie typiquement merseybeat dans leur musique mais je crois qu'on peut leur laisser le bénéfice du doute dans leurs motivations. Leur amour de la pop nerveuse 60s ne les conduit pas non plus vers une imitation canada dry bas de gamme. Les types ont une fraîcheur et un sens de la composition qui les rendent sacrément attachants et charmants. En 14 titres les mecs évoquent clairement une powerpop débarrassée de ses prétentions new wave sans pour autant sonner datée. Il y a quelques incursions dans un univers soul plutôt réussies (comme "you changed") mais bien sûr les Wind ne sont jamais aussi à l'aise et cool qu'en balançant de petites vignettes pop aussi éphémères que réjouissantes, des petits morceaux d'énergie jubilatoire à consommer dans les 24 heures mais pour longtemps si vous avez une appétence pour ces choses là.

Vous pourrez vous procurer un original pour une quarantaine d'euros (bien dépensés si vous aimez la powerpop fraîche et légère), ou une réédition pour la moitié du prix (chez Vinyl Countdown). Pour les amateurs de digital le groupe vend aussi l'album sur son bandcamp. Where It's at the Wind est une jolie obscurité à placer pas très loin du premier album des Toms dans la catégorie "on fait du merseybeat dans les 80s" ou quelque chose approchant !


mercredi 6 novembre 2013

Europunk

Dimanche, pas grand chose à faire à part chopper des vinyles aux puces ou trainer dans une expo... Tiens pourquoi pas aller à Europunk présentée à la cité de la musique de la Villette et initialement à la Villa Medicis à Rome. En changeant de pays, l'exposition auparavant présentée dans le cadre des arts visuels s'est enrichie pour coller avec l'orientation du lieu.

Le punk a la côte dans le milieu de l'art ces temps-ci. Linder Sterling a eu sa rétro il y a peu au musée d'art moderne et Raymond Pettibon est actuellement exposé dans une galerie parisienne. Si on ajoute à cela l'intérêt croissant du marché pour l'art brut (quitte à en détourner le sens comme dans la récente exposition à l'Hôtel de Ville) il y a de quoi voir des velléités du milieu d'échapper à l'art contemporain (ou du moins sa partie visible et médiatique). Cela se comprend aisément par certains aspects: on trouve dans le punk ou l' art brut bien plus de violence et de spontanéité que dans l’œuvre provoc' facile d'un Damien Hirst dont on espère que l'histoire ne fera pas grand cas (c'est malheureusement mal parti entre nous). Il y a une certaine ironie à voir une culture anti-etablishment se faire récupérer par celui-ci. Il est également amusant de constater que l'état file des subventions à des expos qui affichent des symboles tabous quand il interdit dans le même temps les concerts d'un groupe jouant sur ces mêmes codes avec un flou troublant analogue. Mais revenons en à nos moutons et cette exposition parisienne...


A l'origine de cette rétrospective la volonté d'un commissaire (Eric De Chassay) d'appréhender le punk comme un mouvement artistique en soit (qualifié par l'intéressé de "dernière avant garde du XXème siècle"). Il a donc été décidé de ne pas différencier les œuvres uniques des objets industriels, ni distinguer les démarches artistiques réfléchies des créations plus spontanées et anarchiques. Ainsi à quelques mètres de distance se côtoient les fanzines "à la main" et particulièrement artisanaux de Sniffin' Glue et les magazines bien plus professionnels (mais néanmoins originaux et décalés) de Bazooka. On trouve aussi dans les vitrines nombres d'affiches promotionnelles et bien sûr de disques vinyles. Les amateurs apprécieront la malice de gens qui se penchent sur des pochettes de groupes dont ils n'ont jamais écouté la musique (en espérant secrètement qu'un certain nombre d'entre eux auront envie de le faire ensuite!). Les vinyles comme les animaux ne sont jamais mieux que dans leur milieux naturel: un bac de disques à coté d'une platine, cependant on ne peut nier la force graphique de certaines pochettes notamment celles de Peter Saville pour Joy Division ou Linder Sterling pour les Buzzcocks.
L'approche a le mérite d'englober diverses approches d'un mouvement dont la cohérence tiens plus dans le nihilisme (ou une forme d'humour/critique/ironie/démarche Dada) que dans une tentative de création d'une esthétique précise. Europunk arrive assez bien à retranscrire le bouillonnement prolixe de l'époque.

la fameuse illustration de Peter Saville pour Unknown Pleasures
de Joy Division. Un enregistrement de Pulsar.

L'exposition est conçue en un enchevêtrement de salles aux thématiques plus ou moins précises. Ces dernières sont soudées par une grande frise chronologique reprenant les grandes dates du punk en Europe mises en perspectives avec des faits historiques et politiques contemporains. Cette dorsale permet d'un peu mieux comprendre le mouvement, et même si on regrette certaines choses (une faute d'orthographe à Rhythm and Blues par exemple, l'absence de mention des Nuggets pourtant fondatrice) elle permettra aux novices d'en savoir un peu plus sur l'émergence du punk. Cet ajout est un des points forts de l'exposition qui manque par ailleurs souvent d'un peu plus d'explications pédagogiques. On aurait aimé ainsi avoir quelques éclairages sur des personnalités fortes du punk européens comme Vivienne Westwood, Peter Saville ou Linder Sterling, dont les contributions artistiques au "mouvement" sont essentielles.

Certaines salles sont bien conçues, on pense à Bazooka ou les Sex Pistols / Jamie Reid. D'autres me semblent un peu plus légères (notamment celle consacrée au Post-punk qui s'arrête sur la très arbitraire date de 1980). J'ai eu du mal à distinguer l'approche heuristique de l'ensemble, il m'a semblé que cela était un peu fouillis. Certes le mouvement de part sa nature joyeusement bordélique est difficile à organiser, mais un peu de tri aurait largement bénéficier à la compréhension didactique du mouvement punk pour les non-experts. En terme de quantitatif on reste aussi un peu sur sa faim même si l'ajout d'un jukebox et de la projection du film (passionnant) Rude Boys sont de belles réussites.

 La pochette d'Orgasm Addic premier single des Buzzcocks pour la major UA, 
un collage de Linder Sterling.

Peut-être que la thématique en elle même (Europunk) pose des problèmes: doit on séparer le punk européen du punk nord-américain ? Passer sous silence la scène du CBGB permet-il de comprendre l'émergence en Europe de cette musique? Est-ce que l'exposition traite avec assez de profondeur le punk continental ? En effet le punk anglais se taille la part du lion dans l'exposition, à juste titre peut-être (après tout le punk n'aurait jamais eu une telle force si la jeunesse anglaise ne s'en était pas emparée) mais nous privant d'explications bienvenues sur un pan de ce mouvement nettement moins connu. On peut aussi se demander s'il était nécessaire de faire une exposition sur le punk. Après tout comme le suggère dans le bancal Rétromania Simon Reynolds, muséifier une musique en fait une langue morte. Le lieu contourne la remarque d'une manière intelligente en programmant en parallèle des affiches punk associant groupes historiques (Buzzcocks) et renouveau actuel (Holograms). 

Europunk est une exposition intéressante mais bancale. On apprécie l’interactivité (les stands pour faire ses badges etc.), l'absence de hiérarchisation des sources, l'éclairage bienvenu sur Bazooka ou Jamie Reid. On regrettera le traitement parfois un peu léger d'autres noms importants et le petit manque de pédagogie de l'ensemble malgré une très bonne frise chronologique et la présence d'un jukebox qui permet de ressentir ce mouvement autrement que par son aspect visuel. Une bonne balade pour un dimanche en somme mais à compléter par la lecture d'England's Dreaming et pourquoi pas de Please Kill Me !

9 euros jusqu'au 19 janvier.

lundi 4 novembre 2013

Moodoïd - EP (2013)


La France construit peu à peu son monument psychédélique. Peut-être moins orthodoxes et plus iconoclastes que certains de leurs homologues européens, nos compatriotes n'hésitent pas à chatouiller les dangereux territoires de l'œkoumène kaléidoscopique : le prog-rock, à l'instar de Orval Carlos Sibelius et Forever Pavot, Pablo Padovani alias Moodoïd fait parti de ceux là. 

Là où Moodoïd innove, c'est que contrairement au reste de la scène psych nationale (en plus de ceux déjà cités : Wall Of Death, Dorian Pimpernel et Sudden Death Of Stars), il est l'un des premiers à utiliser le français ! Si les paroles sont presque secondaires, quoique maniant avec succès les allégories, la poésie de l'absurde et les références cinématographiques (Jodorowsky), elles viennent surtout illustrer le propos instrumental. Extrêmement exigeante, le partie instrumentale fourmille de détails, d'effets, de couches et de sur-couches, oh une sitar, des nappes de cordes par ici, des chœurs baignés de reverb là. Le charme de Moodoïd est aussi dans cette surcharge rococo, dans ces volutes mélodiques et ces virées tiers-mondistes qui pourtant ne font pas oublier le propos pop (les immenses Je Suis La Montagne, Je Sais Ce Qui Tu Es, malgré ses 7 minutes). Félicitons à ce titre la production de mon ami Adrien Pallot dont le travail, exemplaire en tout point, a du lui donner des sueurs froides. 

Comme beaucoup, je n'ai pas voulu y croire, agacé par le bruit fait autour de lui, mais je dois m'y contraindre, cet EP de Moodoïd est absolument fascinant, malgré le morceau gwadada (De Folie Pure, intéressant mais un peu trop). La France peut hisser son étendard sur son monument psychédélique, nous pouvons partir à la conquête du monde. Tremble Jacco Le Batave, tremble. 

PS paresseux :
Pablo Padovani est le fils du jazzman Jean-Marc Padovani et le guitariste de Melody's Echo Chamber.
Kevin Parker est à la table de mixage du disque.


Le disque est sold-out mais faites le tour des disquaires parisien, il en reste sûrement quelques copies  égarées.
Ou sinon bandcamp d'Entreprise pour le digital.

samedi 2 novembre 2013

Halasan Bazar - How to be ever happy ? (2012)

Halasan Bazar est un projet solo qui prend la forme d'un excellent groupe sur scène. Le danois à travers ses deux disques (how to be ever happy en 2012 et space junk cette année) ajoutent deux belles briques à l'édifice psychédélique qui se construit un peu partout en ce moment y compris donc en Europe continentale (Jacco Gardner aux Pays Bas ou Orval Carlos Sibelius en France). 

Ces dernières semaines How to be ever happy a été un de mes disques de chevet. Même si comme White Fence les disques ne donnent pas la mesure des live ce premier album (uniquement sorti à l'origine sous forme de cassette et réédité depuis en cd) a beaucoup de charmes et de qualités pour lui. Le chant est un peu hésitant mais pas de quoi vous détourner d'un disque chatouillant les cimes. Le bougre est inspiré, il a le don de trouver des arpèges de guitare somptueux évoquant parfois en filigrane un Nick Drake qui aurait pris de l'helium. Les arrangements façonnés avec amour sont un régal, ils  ne détournent pas l'attention mais aident au contraire à se focaliser sur la beauté des mélodies et les trouvailles de composition du bonhomme. Titres après titres on pense avoir trouvé le meilleur morceau et à chaque fois on est surpris et séduit par les idées les changements d'accords, les mélodies, les sons etc. Il y a une aisance du discours psychédélique chez ce danois, les guitares se font soyeuses, fuzz ou jangly, les orgues crient comme des bons vieux farfisa, les batteries accompagnent le mouvement. On navigue quelque part entre la Californie des sixties et notre bonne vieille Europe de maintenant avec délicatesse.

How to be ever happy est un magnifique disque, une fois acclimatée à la voix vous devriez percevoir la grâce mélodique du bonhomme qui mérite qu'on s'y penche très sérieusement. On va suivre l'intéressé de très près (et probablement vous reparlez de son second album tout aussi méritant à l'occasion).