En rédigeant le dernier sujet de ce blog, j'ai cité "Noir c'est Noir" de Johnny Hallyday. Vous vous souvenez peut-être que j'avais évoqué il y a quelques années les morceaux instrumentaux du 45 Tours, interprétés par son groupe franco-anglais les Blackburds (archive). En fouillant les recoins de ce site fort bien fourni avec le temps (nous approcherions des 1000 articles murmure la régie), il n'a jamais été question de défendre directement le plus français des belges (ou le plus belge des suisses!). Il était temps de rendre hommage à ce monument du Rauque (fort) français qui malgré bien des défauts (vous les connaissez aussi bien que moi) impressionne par la longévité de sa carrière et son énergie sur scène.
Vous l'avez remarqué, je n'ai pas insisté sur sa discographie, elle oscille entre peu attrayante pour l'esthète snob que je suis et franchement très cool. Cela peut surprendre, mais notre star nationale a enregistré d'excellentes choses ! Il y a bien sûr sa période twist/rock & roll , je ne la maîtrise pas assez pour vous dénichez ici les moments de bravoures d'Hallyday, mais il y en a sachez-le. En revanche j'ai eu un peu plus l'occasion de fouiller dans la seconde moitié des années 60 et je suis plutôt content de ce que j'y ai pêché. Là une très bonne reprise de "Hush" (francisé en "Mal"), meilleure probablement que la version de Deep Purple, ici d'honorables covers de soul de "Knock on wood" et bien sûr le rock chauffé à blanc, limiteurs dans le rouge, d' "À tout casser" (youtube). Autre temps fort de cette seconde moitié des années 60: "Psychedelic".
Resituons l'effort: 1966 marque l'arrivée en force d'une nouvelle génération de chanteurs, qui à l'inverse de leurs ainés, composent leurs propres morceaux. Antoine, Nino et Dutronc ringardisent ainsi les yéyés qui se contentaient souvent de reprendre les succès anglo-saxons en français. Antoine pousse le vice jusqu'à vouloir mettre Johnny en cage à Medrano (wikipedia), ce dernier lui répondra du tac au tac "Cheveux longs, idées courtes". Les déjà vétérans Johnny, Eddy et Dick doivent ainsi se réinventer: le rock & roll et le twist qui ont fait leur renommée appartient au passé et n'est pas encore assez ancien pour faire l'objet d'un revival (qui interviendra quelques années plus tard avec Sha Na Na mais aussi Au Bonheur des Dames en France). Si les intéressés sauront adaptés la soul music à la popularité grandissante, ils tentèrent, plus ou moins adroitement, de coller aux tendances. Il est ainsi rafraichissant de constater l'effort de Johnny en 1967 pour coller à la mode hippie fort éloigné du look blue jeans de ses premières années. Hallyday fait le même virage discographique en reprenant "San Francisco" du one-hit wonder Scott McKenzie (mais écrite par John Phillips des Mamas & Papas). Le résultat, sans être honteux, ne fait pas honneur aux qualités du rockeur français: le bagarreur devenu pacifique pour la (bonne) cause... de là à inspirer "Hippie Hippie Hourrah" de Dutronc ? Peut-être, néanmoins, vous le savez déjà, le temps fort de l'EP est ailleurs...
"Psychedelic" est la bombe atomique du 45 Tours. Co-écrite par Johnny avec l'aide de Mick Jones, Tommy Brown (les lascars à l'origine du classique popsike/freakbeat "the Bird" - youtube) et du parolier Georges Aber et enregistré à Londres sous la supervision de Glyn Johns, la chanson est un monument de garage psychédélique francophone. C'est en partie grâce à Jimmy Page: l'infatigable session-man (la preuve) illumine la composition d'une fuzz fantastique ultra énervée. La prestation de Johnny est cependant impeccable. "Psychedelic" carbure plus aux amphets qu'à l'herbe: speed et violent comme une descente de trip, une grosse baffe sonique.
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