vendredi 15 avril 2016

Asphalt Jungle: macadam cowboys

Le rock français a, depuis ses débuts, eu des difficultés à exister. Les problèmes se sont présentés très vite: dès que le Rock & Roll fut en fait. Les français - Boris Vian, Salvador et d'autres - eurent en effet la brillante idée de le parodier. Cette musique n'était pas assez sérieuse pour eux, pas assez bien, pas assez jazz. Depuis les choses se sont améliorées pourtant des scories sont restées: peut-on faire du rock en français ? Peut-on être premier degrés quand on fait du rock ou de la pop en France ? Des générations de groupes s'échinèrent à répondre par l'affirmative. Dans les années 60 se fut d'abord les groupes twist (Chats Sauvages, Chaussettes Noires...), puis les Ronnie Bird ou Noël Deschamps, et enfin la génération Antoine-Dutronc-Nino-Polnareff. La vague Punk eut aussi ses ardents défenseurs, comment aurait-il pu en être autrement? Les Halles ne furent-elles pas le centre du monde pendant quelques instants ?  

Le Punk français a eu ses vainqueurs et ses perdants. Si Bijou de Juvisy ou Starshooter purent laisser des discographies à l'honorable portée, moult groupes durent se contenter de traces. Quelques 45 tours et peut-être un album en fin de parcours, voir après. Ils étaient de toute la France et nous donne du baume au cœur près de quarante ans plus tard. La France giscardienne enfanta de fantastiques formations. En Normandie les Olivensteins furent fier de ne rien faire, à Lyon Marie et les Garçons restèrent certainement sur la banquette quand Asphalt Jungle ne trouva pas qui se cachait derrière Polly Maggoo... Ces quatre-là étaient de Noisy-le-Sec mais trainaient à Paname. Eudeline, au chant, était encore ce jeune homme vif et arrogant, loin de ressassé le passé dans de longues litanies gênantes. Ricky Darling ferraillait à la guitare, les deux étaient à la tête d'un groupe élégant, réellement viscéral.

Asphalt Jungle ne publia que trois simples, le dernier d'entre-eux s'ouvre sur "Poly Magoo", à n'en pas douter un classique du rock français mais certainement pas classic rock! Racé, hargneux et pop, il est la matrice d'une élégance à la française, celle dont héritera quelques années plus tard, l'un des meilleurs groupes français: Les Coronados. Belle passation de flambeau en quelque sorte... 

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