Le patrimoine français pop au sens large (j'y compte le rock voir la soul) souffre d'une terrible méconnaissance de notre part. Cela contribue à maintenir cette désespérante illusion que les français n'entendent rien à cette musique. Ainsi la fatalité ce serait abattue sur le berceau hexagonal dans les années 50: aux français la tradition du texte issu de notre si belle littérature (qui a tout de même "produit" Musso-piquette ou Marc Levy-tamine), aux anglo-saxons les chansons aux textes ineptes mais sacrément accrocheuses. Bien évidemment, la vérité est plus complexe mais également belle: les anglo-saxons ont des auteurs de chansons fantastiques (Bob Dylan ou les Kinks pour n'en citer que deux parmi d'autre) et les français sont capables de construire une chanson sur une mélodie plus qu'autour de son texte. Pourtant le salmigondis littéraire d’élèves condescendants en hypocagne reste vivace en 2016, parfois ils se transmettent même le patrimoine de père en fils, passant d'un support à l'autre ! On préfère aussi encore ces troisièmes couteaux anglais de freakbeat ayant composé un bon morceau (et repris correctement un groupe US bubblegum) aux groupes (français ou) francophones: The Attack plutôt que les Lutins ou les 5 Gentlemen...
Ilous et Decuyper, une collaboration ayant abouti sur un album et deux simples en 1972, ne va certainement pas aider à combler le déficit d'amour pour notre pop et pourtant que la tentative est belle ! Voilà deux musiciens, dont un au CV chargé (Bernard Ilous des Rover et dans la dernière version du Système Crapoutchik) qui se lancent dans un disque de folk-rock aux harmonies divines. En ligne de mire le supergroupe Crosby Stills and Nash (& Young s'il est d'humeur) évidemment mais Ilous et Decuyper y apportent une sensibilité unique et très française. "L'élu" seul simple extrait du disque en est une très belle illustration. Élégantes guitares acoustiques, orgue discret, délicat travail des voix...tout concourt ici à créer un sommet de folk-rock francophone dont la cime fait de l'ombre à bien des formations anglo-saxonnes ô combien adulées.
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