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samedi 25 août 2018

Achats Récents #17 Groupes Espagnols

L'année dernière, j'avais préparé une sélection de 45 tours de groupes espagnols trouvés à Barcelone. Un an plus tard, j'y suis à nouveau, bien entendu, j'ai fait un crochet par les deux boutiques Revolver de la Carrer dels Tallers. Même lieu mais pas tout à fait les mêmes protagonistes, les trouvailles, cette fois-ci, sont marquées par leur primeur: plusieurs groupes dont je ne possédais rien encore. 

À ma grande surprise, les Sirex n'ont jamais été évoqués directement sur ce blog en dehors de quelques mentions pour d'autres groupes (Salvajes, Los No etc.). La chose est étonnante car la formation barcelonaise est une des plus importantes du pays pendant la période beat au coté de Los Brincos ou Los Mustang. Du coup j'ai ramassé pas mal de leurs disques en dix ans ! Né en 1959, le groupe joue dans la région (à Castelldelfels par exemple)  ne signe un contrat avec Vergara qu'en 1963. Leur carrière décolle avec La Escoba , morceau qu'ils n'aimaient pas, on peut les comprendre tant ils avaient mieux à offrir. San Carlos a été lui publié en 1964 ou 1965 selon les sources... J'aurais tendance à penser qu'il s'agit au moins de leur troisième EP puisque majoritairement composé par le groupe: contrairement, à l'indication, l'un des quatre titres est une reprise (Si Yo Canto). Le 45 tours est en tout cas un des meilleurs du groupe avec Yo Grito ou Acto de Fuerza. Deux titres s'en dégagent particulièrement : San Carlos Club et  Tus Celos (attention pour cette dernière la version disponible sur youtube n'est pas la bonne). Elles démontrent l'attachement du groupe au rock pur et dur, celui des 50s, de Presley. Associant un son très twangy à une fulminante morgue ,les deux morceaux sont des rushes d'énergie évoquant par exemple Vince Taylor (Shakin' all over en particulier). 



Continuons dans la musique Beat enregistré en Catalogne avec Els Dracs, un groupe originaire de Molins De Rei. Contrairement aux Sirex, Els Dracs n'eurent pas une carrière nationale mais eurent en revanche un succès régional. La raison en est assez évidente et fait tout l'intérêt de ce disque: le groupe chantait en catalan. Je ne sais pas si leur nom (les Dragons en français) a un quelconque rapport avec la Festa Major en tout cas je suppose qu'il est dans l'imaginaire catalan ? Le disque est sorti chez Concèntric, un label spécialisé dans la musique catalane. J'avais déjà eu l'occasion de les citer il y a fort longtemps pour le chouette 45 tours d'Eurogroup. Musicalement l'EP des Dracs présentent 4 reprises compétentes dont la plus intéressante me semble être celle des Animals (It's My Life devenant Es La Meva Vida). L'usage du catalan rend l'exercice intrigant même si évidemment, le groupe n'appartient pas à la même division que les Salvajes, Sirex et autres Brincos, capables d'écrire leurs propres morceaux. Un disque important pour les collectionneurs de rock catalan puisqu'ils sont parmi les pionniers du genre. 


Une trouvaille dont je suis particulièrement content même si malheureusement le disque n'est pas dans un état dingue: Cerca de las Estrellas de Los Pekenikes. J'ai finalement assez peu évoqué los Pekenikes ici (ils ont eu le droit à un article en 2009 et ont été mentionnés l'année dernière dans l'article sur les achats espagnols). Los Pekenikes a eu de nombreux line-up différents avec notamment Juan et Junior également passés par la case Brincos. Le groupe madrilène pratique généralement une musique instrumentale proche du style Tijuana Brass (c'est à dire avec des arrangements de cuivres un peu guilleret) mais il y a aussi beaucoup de choses intéressantes à retenir dans leur discographie: des morceaux rock n roll/beat/garage des débuts ou plus tardifs et funky. Je suis particulièrement fan de Cerca De Los Estrellas , la chanson mélange les influences classiques du groupe avec le psychédélisme chère à la fin de la décennie. Le tout est à la fois vaporeux et épique !


Màquina! est des groupes piliers de la scène underground espagnol de la fin des années soixante. Leur premier album Why? est considéré comme un classique en Espagne. Originaire de Barcelone, la formation choisit de chanter en anglais (approximatif !) en opposition à la variété (souvent en espagnol) et à la chanson (en catalan). Elle publie son premier 45 tours en 1969 avec l'excellente Lands of Perfection en face A.  La chanson convoque l'esprit de Brian Auger, The Nice ou Rare Bird, soit un morceau psychédélique groovy avec un orgue hammond surpuissant. Un disque pas courant que je suis très content d'avoir trouvé !


Autre groupe majeur à définir l'undeground espagnol de la fin des sixties et du début des 70s: Smash. La formation sévillane pratique une fusion entre flamenco et musique psychédélique en anglais à nouveau (avec un peu d'espagnol quand même). Le résultat est plutôt probant comme sur ce 45 tours entre arabesques hispaniques et guitares wah-wah ! À noter que le disque est produit par Alain Milhaud, un français (né en Suisse à Genève) bien plus connu en Espagne qu'en France qui a énormément contribué à la pop ibérique en produisant aussi Los Canarios, Los Pop Tops  et surtout Los Bravos (Black Is Black !). Décédé en avril 2018, ce dernier a eu une nécrologie dans l'un des quotidiens les plus importants d'Espagne


mardi 4 avril 2017

Pour trois 45 Tours d'Aphrodite's Child de plus


Dans moins de quinze jours ce blog aura officiellement dix ans (16 avril 2007!), une décennie à défendre une certaine idée de la musique. Celle-ci a bien sûr évolué au cours du temps, pourtant l'intérêt pour les années soixante demeure une constante à travers les années. Fouiller dans les nombreux articles du premier mois d'existence de ce blog permet de constater - fait inquiétant - qu'il est tout à fait possible d'évoquer à nouveau les mêmes artistes dix ans plus tard... Par exemple, nous avions écrit sur les Grecques d'Aphrodite's Child avec l'excellente face B Magic Mirror parue en 1969 le 27 avril 2007 ! Dimanche dernier je rachetais une copie (propre) de Let Me Love Let Me Live et bien sûr j'ai eu envie d'en parler ici... Histoire de marquer le coup, ce ne sera pas un seul simple du groupe de barbus chevelus mais trois !


Revenons rapidement sur Aphrodite's Child en deux mots: trois Grecques dont deux très très très connus (Demis Roussos et Vangelis) se retrouvent à Paris en 1968, ils essayent d'aller en Angleterre mais faute d'essence ne continuent pas plus loin. Ils fuient la dictature des colonels (1967-1974). Ils enregistrent en France le slow Rain & Tears dans la mouvance de l'époque (influence classique que l'on retrouve chez Procol Harum ou les Moody Blues). Il scelle leur destin en devenant un énorme tube. Par conséquent le groupe se spécialise dans les slows mignons en 45 tours non sans glisser quelques curiosités étonnantes sur les autres faces... Et terminer sur un album très ambitieux en 1972: 666.

Le groupe a la particularité de ne pas avoir de guitare. Ainsi contrairement à ce que j'affirmais il y a dix ans, Magic Mirror ne comporte pas (ou peu probablement) de guitare fuzz, il y a bien plus à parier qu'il s'agisse d'un traitement de choc sur l'orgue hammond de Vangelis, ce dernier s'approchant ainsi de la sonorité criarde de la guitare... Il n'est pas rare dans l'histoire de voir des claviers électriques traitées avec les mêmes effets que la guitare, je pense par exemple à Tell the World We Not In des Peddlers (le son du vénérable orgue chahuté par une wah wah de saison). Cette formule minimaliste trouve son expression la plus pure dans certaines faces B (et même une A) du trio. Contrairement aux slows très arrangés (cordes dégoulinantes et tout le toutim), le groupe s'y montre plus expérimental et sauvage. Une facette des Aphrodite's Child qui a du surprendre plus d'un adolescent à l'époque...quoi qu'il existe de nombreux exemples de ces couplages slows / morceaux enlevés et énergiques (Majority One, Holly Guns, Rare Bird, Freddie Meyer, Santa-Maria etc.) !


Commençons par le plus anciens des morceaux de la sélection, une face A: Let Me Love Let Me Live de 1969 comme Magic Mirror. Sur une rythmique martelée évoquant d'autres tubes légèrement postérieurs (John Kongos, Hotlegs), le trio dégaine un morceau psychédélique d'excellente facture. Construite comme un mantra répété inlassablement, la chanson est illuminée par les interventions de claviers acides de Vangelis, l'ensemble constitue ainsi un très crédible morceau de rock audacieux et dynamique ! 


Funky Mary est la face B de It's Five o'Clock. Morceau étrange au son ultra-compressé, il est construit autour d'un breakbeat de batterie destructeur et de percussions sur lesquels les musiciens semblent improviser des paroles au grès de l'inspiration... Une mélodie de vibraphone allège un peu l'air poisseux et vicié dégagé par la masse sonore compacte. Aussi étrange qu'étonnant, pas forcément mon préféré des trois, mais toujours dingue de pouvoir tomber sur ce genre de morceau dans n'importe quel bac de 45T de France et Navarre... Contrairement à de nombreux autres morceaux du groupe, cette chanson ne semble pas avoir été samplé et pourtant quelle excellente matière première ! Peut être un peu difficile à manier tant le son est déjà survitaminé et violent.


Dernière entrée du jour: Air face b de Spring Summer Winter and Fall également paru en 1970. Pas beaucoup plus construite que Funky Mary le morceau comporte à nouveau une rythmique lourde et puissante travaillée d'une manière originale (avec un effet de phaser très réussi). Vangelis ne nous oublie pas non plus, il nous gratifie de saillis inspirées à l'orgue, parfaitement dans l'air du temps aux effluves psychédéliques. La voix de Demis s'éloigne également du chant pop traditionnel, il semble exhorter l'auditeur. L'ensemble est ainsi aussi délirant que sauvage, une face B comme je les aime, avec la bonne dose de folie propre à une décennie où l'on pouvait encore se permettre ce genre d'audace si l'on remplissait le cahier des charges sur l'autre face.

dimanche 19 février 2017

Domenico Modugno "Questa E' La Facciata B"

Domenico Modugno est un chanteur populaire italien. Il s'est fait connaître à la fin des années cinquante. Il a, en effet, participé plusieurs fois au Festival de San Remo (le festival de la chanson le plus important avant que l'Eurovision ne le supplante) notamment en 1958 avec son fait d'arme le plus important à l'étranger: la chanson Nel blu dipinto di blu  plus connu sous le nom de Volare. En 1971, Domenico Modugno est donc un homme dans la force de l'âge (43 ans), il se permet de glisser une étonnante face B au plus classique (mais pas désagréable) Come Stai: Questa E' La Facciata B. Je pense que la traduction approximative doit être Ceci est la Face B. L'art de la Face B a souvent été évoqué dans ces pages... Quand on scrute les disques des années 60/70 on est en effet fasciné par la profusion de morceaux étranges, souvent excellents (Marc Aryan, Freddie Meyer), relégués sur l'autre coté. La face B semble en effet constitué à l'époque une respiration pour les musiciens (Teenage Fanclub) voir parfois une récréation (Crazy Elephant, Prock Harson, Santa-Maria). D'autres fois la face B est écrite dans la précipitation histoire d'y mettre quelque chose (Georges Raudi). De fait les groupes et musiciens ont souvent eu beaucoup de liberté ce qui, avec quelques années de recul, donnent des morceaux incroyables et plutôt fous. Questa E' La Facciata B est ainsi une de ces trouvailles que l'on chérit. Le morceau évoque une ambiance de répétition, quelque peu troublée par des effets d'écho sur la voix du vénérable chanteur. Le morceau peut démarré... Un riff de guitare musclé, une rythmique carrée, ça part dans tous les sens. Psychédélique. Mais avec un orchestre classique qui s'accorde ! Un morceau plus qu'étonnant. Peut-être Domenico Modugno a-t-il enregistré d'autres curiosités de ce style ? Ce serait chouette...

mardi 17 janvier 2017

Captain Groovy & Crazy Elephant : dark part of my mind

Aujourd'hui nous nous intéressons à une double curiosité bubblegum... Deux disques de deux artistes différents, pourtant leur face B se suivent et se ressemblent étrangement !

Captain Groovy and his Bubblegum Army et Crazy Elephant sont en effet deux projets issus de la galaxie Super K Productions de Jerry Kasenetz et Jeffrey Katz. À la fin des années soixante, cette écurie envahit les charts du monde entier de disques bubblegum pop, genre qu'ils contribuent largement à créer... À l'inverse des Beatles, groupe authentique que Brian Epstein tenta de policer, les groupes bubblegum furent la majorité du temps des formations fictives dont les chansons étaient jouées par des musiciens de studio et écrites par des songwritters professionnels. À ce jeu là, Katz et Kasenetz furent certainement les plus doués, la liste des tubes qu'ils composèrent donnent à ce titre le vertige. Yummy Yummy des Ohio Express est peut être le plus connu, mais mentionnons aussi d'autres formations tout aussi factice telles que 1910 Fruitgum Company ou le Kasenetz-Katz singing Orchestral Circus. Le duo s'occupa également de quelques groupes garage bien connus des amateurs de Nuggets comme The Music Explosion ou The Shadows of Knight. 


La musique bubblegum était destinée aux pré-adolescents, par conséquent elle devait être lisse, accrocheuse, rythmée et répétitive. Indirectement elle fut le terreau fertile du concept de Boys Band, comme en témoignèrent les Monkees (que l'on peut partiellement associer au genre) et plus tard des formations comme les Bay City Rollers. Malgré la dimension particulièrement simple des morceaux, on trouve d'excellents tubes bubblegum, pour ma part j'adore sugar sugar des Archies, The Rapper des Jaggerz ou encore quick joe small du Kasenetz-Katz singing orchestral circus que je vous mentionnais précédemment. Plus intéressant encore pour nous peut-être, les faces B (et certaines faces A) sont parfois carrément garage voir psychédéliques ! L'une des meilleures dans le genre est certainement Try It des Ohio Express, un classique garage également joué par les anglais de The Attack. Le groupe a d'ailleurs pas mal d'autres morceaux de bonne facture à découvrir (par exemple Beg Borrow & Steal et son superbe solo de 12 cordes)... Vous vous en doutez Crazy Elephant et Captain Groovy and his Bubblegum Army nous intéresse précisément pour cela, les deux disques ont une face B terrible... qui a la particularité d'être le même morceau coupé en deux.

La première partie de Dark Part of My Mind se trouve sur le simple de Captain Groovy:


La seconde sur le simple de Crazy Elephant: 


Ironie: les deux parties ne sont pas signées des mêmes compositeurs ! Ainsi impossible de trouver de quelconques informations sur les auteurs supposées de la fin de la chanson... La première étant signée de suspects habituels de la sphère bubblegum. La question reste donc en suspens: qui a commis cet incroyable morceau psychédélique ? La guitare est sauvage, le son fuzz énorme et irréel, les textes ont l'air d'être un chanté par un mec complètement drogué, les musiciens sont en roue libre et se laissent aller à un jam acide mais heavy des plus jouissifs. Autre blague du destin: le 45T de Crazy Elephant est très facilement disponible, celui de Captain Groovy beaucoup moins. Pour compliquer les choses ce dernier a été aussi édité dans certains pays avec une autre face B ... Ainsi seule la France et certains pressages américains profitent de ce morceau délirant. Ceci dit les autres bénéficient d'une face B assez cool aussi: Bubble Gum March est en effet un très bon morceau instrumental hard rock...aussi disponible sur un 45T de Kasenetz-Katz Circus. De l'art de recycler les faces B. Tout cela est intéressant mais ne répond évidemment pas à la grande question: comment les pré-adolescents qui ont entendu ce disque ont réagi ?

Remercions néanmoins le génie d'un youtubeur d'avoir collé les DEUX versions à la suite:  



jeudi 20 octobre 2016

Doc'Daïl

Dans mon panthéon personnel du hard rock et heavy psych français figure sans conteste possible: Doc Daïl et principalement pour un morceau, pur chef d’œuvre d'électricité incandescente Aere Perennius en face B de leur premier single, le plus recherché (il se négocie dans les 25€ pour une copie VG+) des trois non sans raison...Il fut compilé il y a une dizaine d'année sur le bootleg Têtes Lourdes, peut être l'unique compilation s'intéressant à la France sur cette période fascinante...

Le groupe, originaire de Toulouse , publie trois simples entre 1969 et 1971. Le line up change, le seul membre permanent étant...Ticky Holgado ! Parmi les musiciens ayant participé à l'aventure figurent notamment Claude Olmos (ex-5 Gentlemen, Cœur Magique, Alice, Alan Jack Civilization etc.), Joël Rive (ex-Les Boots) et bien sûr Simon Boissezon (Alice), compositeur de la chanson qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui. Si vous souhaitez le détail des membres, je vous recommande bien sûr de regarder l'excellent site France Heavy Rock, très complet à ce sujet. Ticky, dont le surnom a été trouvé à l'époque du groupe, a ainsi connu une première vie, dans la musique avant son énorme succès au cinéma. Doc Daïl fut sa première expérience mais pas la dernières (des disques en solo ou des tentatives novelty gauloises bien 70s sous le nom de Léon etc.). Aucune ne lui permit une carrière de musicien professionnel stable. Il s'imposa  cependant d'avantage dans un rôle de l'ombre devenant notamment manager du groupe pop Martin Circus...

Le 45 tours s'ouvre sur Sad Harold (lien) un blues rugueux et déglingué dans un esprit assez proche de Captain Beefheart ou des anglais du Edgar Broughton Band (voir leur reprise d'Apache). Le morceau dénote les évidentes qualités du groupe: la voix expressive de Ticky, la guitare poisseuse et distordue... avant qu' Aere Perennius ne vienne effectivement vous chambouler pour l'éternité ! Le morceau majoritairement instrumental, si l'on exclue la courte déclamation en latin (ou quelque chose s'en approchant vaguement), vous prend à la gorge à travers une véritable orgie de guitares fuzz violentées par des wah wah, du feedback à gogo, une ligne de basse menaçante comme un classique post-punk et un jeu de batterie frénétique et animal... Le morceau est stratosphérique, sauvage, sale, méchant et absolument dément, de quoi vous en faire perdre votre latin ! Et éventuellement renoncé au catholicisme pour mieux embrasser Hendrix et la fée électricité...

La suite du groupe est forcément un peu décevante. Le dernier 45t (le seul en français) est moyen et oubliable: paru en 1971, dans une mouvance pop voir variété mais sans forcément de chansons mémorables. Le second simple publié l'année précédente est  lui recommandé, sans être aussi foufou que le premier Stone Me (lien) est un excellent titre de hard rock bluesy poussé par une rythmique musclé, on se rapproche ainsi peut être un peu plus des excellents Variations, une des références absolues de l'époque dans l'hexagone.

 

vendredi 17 juin 2016

Tritons: insatisfaction

Si vous regardez régulièrement les 45 tours d'occasion vous êtes nécessairement tombé un jour sur "I can't get no satisfaction" de Tritons. Une curiosité très peu onéreuse et que vous devriez prendre malgré les doutes évidents que vous pourriez avoir en apercevant une telle pochette. En toute franchise, j'ai du mal avec la reprise des Rolling Stones (youtube), elle est assez casse-bonbons mais elle leur permit d'obtenir un énorme hit en Italie et en France en 1973. Je ne doute pas un instant que le facteur novelty a joué dans le succès de ce morceau. En effet, enregistré par le groupe italien Ibis (une des nombreuses ramifications des New Trolls), ces dernières ne s’attendirent certainement pas que cette modeste récréation devienne un tube 

Tritons devint donc aussi à son tour une branche de la famille New Trolls dont l'histoire est quelque peu complexe ! Dans les grandes lignes, après le succès de "satisfaction" les Tritons (Ibis) quittèrent leur label pour un autre. L'ancien label (Fonit) édita alors sous le nom de Tritons un groupe anglais de reprises pendant que les Tritons (Ibis) firent un album pour Polydor. Pour ne rien arranger, l'ancien batteur des Ibis/New Trolls qui avait participé à l'aventure Tritons sur leur premier simple continua également d'employer le nom sous une forme proche: Johnny ex-chanteur des Tritons ! Bref il existe ainsi trois formations (ou deux selon la manière de compter la dernière) différentes à se revendiquer Tritons ! Bonjour la confusion pour les amateurs !

Comme je le mentionnais précédemment, je ne suis pas particulière amateur de la face A, vous commencez à me connaître, j'ai retourné le 45T et écouté l'autre proposition...Et là grosse claque ! "Drifter" ne brille certes pas par son chant quelque peu approximatif mais quel cool morceau heavy psychédélique ! L'orgue est fiévreux, la batterie frénétique, la guitare chauffée à blanc ! Bref, le genre de trouvaille qui fait très plaisir la première fois que l'on tombe dessus pour 50 centimes...avant d'arrêter de la prendre quand on l'a en 3 ou 4 exemplaires !

  

mercredi 1 juin 2016

Man: 1969 année érotique

Après Rare Bird et The Gun continuons d'explorer les richesses en 45 tours du royaume britannique de la fin des années 60 en accueillant les gallois de Man un groupe formé sur les cendres des Bystanders, groupe bien connu des adeptes de popsike. Pour la biographie je vous laisse le soin de vous renseigner sur l'excellent article anglophone de wikipedia, leur changement de nom intervient quand les membres décident de s'orienter vers un rock psychédélique largement construit autour de jams fiévreux.

Nous allons nous intéressé aujourd'hui à ce qui est probablement leur plus gros hit en France malgré que le titre eut été banni des fréquences britanniques à cause de son caractère éminemment pornographique: "erotica". Il est aisé de comprendre l'origine de la censure dès les premières mesures... Le morceau simule (hihi) un orgasme sous fond de rock psychédélique et acide d'excellente facture. Il est évident que le caractère novelty de la chose a probablement fait vendre pas mal de copies, il n'empêche que ça reste un super morceau, pas très compliqué à trouver et bien mindfuck accompagné d'une face B plutôt très cool ("Don't Just Stand There" à écouter sur youtube) !

mardi 31 mai 2016

Rare Bird: Race with the Devil's High concern

Le dernier article sur The Gun m'a donné envie d'écrire sur un autre groupe britannique de la même période bien connu des amateurs de brocantes et autres adeptes des bacs bon marché. En 1970, le slow "Sympathy" (youtube) des londoniens de Rare Bird est un énorme tube en France, il est d'ailleurs possible de l'entendre de temps en temps sur Nostalgie... Il s'inscrit tout à fait dans son époque, écho plus sombre et moins langoureux d'un "Whiter Shade of Pale" de Procol Harum. Comme pour de nombreux autres One Hit Wonders la chanson n'est pas nécessairement représentative du reste du répertoire du groupe. En effet, Rare Bird était d'avantage une formation prog rock, leur premier album fut d'ailleurs la première référence du label Charisma (biographie) très à la pointe du genre (The Nice, Genesis, Hawkwind et d'autres noms parfois moins avouables comme Alan Parsons Project ahah). Le groupe a la particularité de ne pas avoir de guitariste mais deux claviéristes (orgue et piano électrique), Rare Bird est pourtant capable de sonner sacrément heavy comme le prouve "Devil's High Concern" la superbe face B (pas extraite d'un de leurs albums)  de leur tube qui ravira les amateurs de Deep Purple ou Uriah Heep, un disque excellent qu'il est pourtant presque indécent de payer plus d'un euro tant il est commun.  

dimanche 29 mai 2016

The Gun: Race With The Devil

Le Hard Rock naît à partir de la fin des années 60, il est difficile de situer précisément le premier simple ou album à définir le genre tant l'idée est dans l'air du temps dans l'après summer of love de 1967. Deux disques britanniques se détachent cependant: Truth de Jeff Beck en 1968 et le premier album de Led Zeppelin l'année suivante. Ils sont précédés par de nombreux disques, qui s'ils ne remplissent pas tout à fait le cahier des charges s'en rapprochement conséquemment. Je pense notamment au power trio Cream ou aux américains de Blue Cheer ("summertime blues" en 1967) ou Iron Butterfly (et leur classique "In a Gadda-da-Vida" en 1968). 

"Race with the Devil" d'un autre power trio, The Gun (biographie) est un excellent exemple de ces chansons qui se dirigent progressivement vers le Hard Rock tel que nous le définissons aujourd'hui. Bien sûr les arrangements riches de cuivres jurent un peu avec l'énergie brute que l'on est en droit d'attendre dans le registre, cependant le jeu de guitare ultra véloce d'Adrian Gurvitz envoie les Gun dans la sphère proto-hard rock: il est d'ailleurs repris notamment par Judas Priest au début des années 2000. Au fond, peu importe, "Race with the devil" en plus d'avoir été un tube à l'époque reste un super morceau aujourd'hui, témoignage vibrant d'une Angleterre s'éloignant du Swingin' London pour entrer dans les seventies. Cerise sur le gâteau, le pressage français du 45 Tours est assez commun et pas cher (j'ai payé ma dernière copie un euro) et propose une super face b psychédélique avec "Sunshine" que je préfère presque.

mercredi 27 avril 2016

Traffic Sound: cerviche psychédélique

Qui aurait eu l'idée d'imaginer que Lima et le Pérou puisse être un tel foyer du rock dans les années 60-70? Et pourtant au delà de la Cumbia (et sa variante locale la Chicha) très populaire là bas, de jeunes gens ont branché les guitares électriques et écouter les Stones ou plus tard Hendrix... Le groupe le plus connu aujourd'hui est bien sûr Los Saicos et leur classique "Demolicion" (youtube) un croisement génial entre les Trashmen et Bo Diddley qui évoque furieusement les Cramps 15 ans avant. Ces dernières années, la chanson s'est imposée dans les classiques du garage-rock, à n'en pas douter si la Nuggets "monde" était éditée aujourd'hui il y figurerait en très bonne position. Adoubé par les Black Lips, le groupe a même fait l'objet d'un documentaire sur Vice... Si d'un point de vue extérieur le groupe peut passer pour une étonnante anomalie, la scène péruvienne rock était pourtant fort bien pourvue et riche de nombreuses formations intéressantes. Je considère même qu'il s'agit d'une des plus passionnantes d'Amérique du Sud, pas au niveau du Brésil (hors concours) mais certainement un sérieux outsider de l'Argentine (et Uruguay), largement devant le Chili par exemple. Si Los Saicos sont de loin le groupe le plus péruvien le plus connu dans les cercles underground, à l'époque ils furent bien moins populaires que Los York's (wikipedia, youtube) ou Traffic Sound que nous allons justement écouter.

Considéré comme l'un des premiers supergroupes péruviens, Traffic Sound comprend des membres de formations telles que Los Hang Ten's (biographie). Entre 1969 et 1972 ils publient quatre albums et une demi-douzaine de simples pour l'important label national Mag. S'ils débutent en faisant des covers des Young Rascals ou des Doors, ils développent un répertoire propre par la suite et font le choix de l'anglais, peut-être pour se distinguer des formations beat de la génération précédente tels que les York's ou Los Saicos que nous mentionnions. "Meshkalina", leur morceau le plus connu est sorti en 1969 sous forme de 45 Tours puis a été publié sur un album en 1970. Le groupe y développe un psychédélisme puissant mais groovy: une version sud-américaine de Hendrix en quelque sorte. À une guitare acide wah-wah répond des accords de piano et une trompette étonnement latins...Un fantastique morceau très loin d' "El Còndor pasa" !    

mardi 19 avril 2016

The Holly Guns: 69 année rock

The Holly Guns furent une formation ardennaise (Charleville-Mézières) active du milieu des années 60 jusqu'au début des années 70. Ils n'ont édité que deux 45 tours en 1969 et 1971 (pour plus d'info et ici aussi), le premier a clairement ma préférence grâce à son excellente face B, un 45 Tours qui ne déroge donc pas à la fameuse règle tacite (souvenez vous Majority One, Santa-Maria, Aphrodite's Child...) du slow en A (ici "Crazy Week" dans l'esprit des Moody Blues par exemple) et du rock relevé sur l'autre face ! 

"And so Hush", meilleur production enregistrée par le groupe, est un excellent titre psychédélique qui tire sur le hard rock à la The Gun (pour le coté échevelé) voir Rare Bird (l'usage de l'hammond). L'orgue est déchainé, la batterie explosive et si le chant est un peu en yaourt, son enthousiasme compense en parti ce petit défaut. Ce titre confirme à bien des égards la vivacité de la scène française à la fin des années 60 dont nous sommes encore loin d'avoir fait le tour !

dimanche 20 mars 2016

Czerwone Gitary: heavy-psych dans le rouge

Ce voyage à Varsovie a été une très belle occasion d'améliorer ma connaissance de la musique pop polonaise (beat, mod, psyché etc.). L'un des groupes que j'avais repéré était Czerwone Gitary (les Guitares Rouges). Originaire de Gdansk, il s'agit d'une des formations les plus populaires du pays, particulièrement active du milieu des années 60 jusqu'au début des 80s. Comme beaucoup de formations sixties, le groupe s'est reformé et tourne de nouveau. 

Les trois premiers albums du groupe sont de solides, voir bons - je ne les ai pas encore assez écoutés pour me prononcer définitivement - albums de beat virant progressivement vers la pop psychédélique. De la bonne came dans l'ensemble. Je connais moins leurs albums des années 70 (mais promis je vais me rencarder) néanmoins ce single semble tenir une place particulière et unique dans la discographie du groupe. Enregistré en formation trio autour de Bernard Dornowski (ex Nibiesko-Czarni et fondateur des Guitares Rouges), Jerzy Skrzypczyk et Seweryn Krajewski , la formation donne un heavy-psych de haute volée sur le morceau qui occupe l'intégralité de la face A "Pejzaz Miasta". La chanson est ainsi une envolée psychédélique musclée évoquant un cousin de l'excellente "all in your mind" d'un autre trio, anglais cette fois-ci: Stray. Wah Wah et fuzz, groupe soudé maîtrisant son sujet à la perfection, les Czerwone Gitary effectuent un véritable récital en technicolor de rock dynamique dont le jeu explosif suggère Hendrix ou Cream. La voix mixée plutôt en avant, loin de desservir l'ensemble amène une touche de mystère et de lyrisme bienvenue. De mémoire, la face B de l'EP n'est pas incroyable et comprend notamment une de ses balades nunuches dont on peut s'épargner l'écoute quand on ne comprend pas les paroles et le contexte. De toute façon avec une face A de cette tenue, les intéressés n'avaient plus besoin de prouver quoi que ce soit derrière le fantastique "Pejzaz Miasta".