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mardi 4 avril 2017

Pour trois 45 Tours d'Aphrodite's Child de plus


Dans moins de quinze jours ce blog aura officiellement dix ans (16 avril 2007!), une décennie à défendre une certaine idée de la musique. Celle-ci a bien sûr évolué au cours du temps, pourtant l'intérêt pour les années soixante demeure une constante à travers les années. Fouiller dans les nombreux articles du premier mois d'existence de ce blog permet de constater - fait inquiétant - qu'il est tout à fait possible d'évoquer à nouveau les mêmes artistes dix ans plus tard... Par exemple, nous avions écrit sur les Grecques d'Aphrodite's Child avec l'excellente face B Magic Mirror parue en 1969 le 27 avril 2007 ! Dimanche dernier je rachetais une copie (propre) de Let Me Love Let Me Live et bien sûr j'ai eu envie d'en parler ici... Histoire de marquer le coup, ce ne sera pas un seul simple du groupe de barbus chevelus mais trois !


Revenons rapidement sur Aphrodite's Child en deux mots: trois Grecques dont deux très très très connus (Demis Roussos et Vangelis) se retrouvent à Paris en 1968, ils essayent d'aller en Angleterre mais faute d'essence ne continuent pas plus loin. Ils fuient la dictature des colonels (1967-1974). Ils enregistrent en France le slow Rain & Tears dans la mouvance de l'époque (influence classique que l'on retrouve chez Procol Harum ou les Moody Blues). Il scelle leur destin en devenant un énorme tube. Par conséquent le groupe se spécialise dans les slows mignons en 45 tours non sans glisser quelques curiosités étonnantes sur les autres faces... Et terminer sur un album très ambitieux en 1972: 666.

Le groupe a la particularité de ne pas avoir de guitare. Ainsi contrairement à ce que j'affirmais il y a dix ans, Magic Mirror ne comporte pas (ou peu probablement) de guitare fuzz, il y a bien plus à parier qu'il s'agisse d'un traitement de choc sur l'orgue hammond de Vangelis, ce dernier s'approchant ainsi de la sonorité criarde de la guitare... Il n'est pas rare dans l'histoire de voir des claviers électriques traitées avec les mêmes effets que la guitare, je pense par exemple à Tell the World We Not In des Peddlers (le son du vénérable orgue chahuté par une wah wah de saison). Cette formule minimaliste trouve son expression la plus pure dans certaines faces B (et même une A) du trio. Contrairement aux slows très arrangés (cordes dégoulinantes et tout le toutim), le groupe s'y montre plus expérimental et sauvage. Une facette des Aphrodite's Child qui a du surprendre plus d'un adolescent à l'époque...quoi qu'il existe de nombreux exemples de ces couplages slows / morceaux enlevés et énergiques (Majority One, Holly Guns, Rare Bird, Freddie Meyer, Santa-Maria etc.) !


Commençons par le plus anciens des morceaux de la sélection, une face A: Let Me Love Let Me Live de 1969 comme Magic Mirror. Sur une rythmique martelée évoquant d'autres tubes légèrement postérieurs (John Kongos, Hotlegs), le trio dégaine un morceau psychédélique d'excellente facture. Construite comme un mantra répété inlassablement, la chanson est illuminée par les interventions de claviers acides de Vangelis, l'ensemble constitue ainsi un très crédible morceau de rock audacieux et dynamique ! 


Funky Mary est la face B de It's Five o'Clock. Morceau étrange au son ultra-compressé, il est construit autour d'un breakbeat de batterie destructeur et de percussions sur lesquels les musiciens semblent improviser des paroles au grès de l'inspiration... Une mélodie de vibraphone allège un peu l'air poisseux et vicié dégagé par la masse sonore compacte. Aussi étrange qu'étonnant, pas forcément mon préféré des trois, mais toujours dingue de pouvoir tomber sur ce genre de morceau dans n'importe quel bac de 45T de France et Navarre... Contrairement à de nombreux autres morceaux du groupe, cette chanson ne semble pas avoir été samplé et pourtant quelle excellente matière première ! Peut être un peu difficile à manier tant le son est déjà survitaminé et violent.


Dernière entrée du jour: Air face b de Spring Summer Winter and Fall également paru en 1970. Pas beaucoup plus construite que Funky Mary le morceau comporte à nouveau une rythmique lourde et puissante travaillée d'une manière originale (avec un effet de phaser très réussi). Vangelis ne nous oublie pas non plus, il nous gratifie de saillis inspirées à l'orgue, parfaitement dans l'air du temps aux effluves psychédéliques. La voix de Demis s'éloigne également du chant pop traditionnel, il semble exhorter l'auditeur. L'ensemble est ainsi aussi délirant que sauvage, une face B comme je les aime, avec la bonne dose de folie propre à une décennie où l'on pouvait encore se permettre ce genre d'audace si l'on remplissait le cahier des charges sur l'autre face.

dimanche 17 avril 2016

The Greeks: macédoine garage

Les blogs eurent leurs heures de gloire il y a quelques années, ils sont aujourd'hui décimés et ringardisés au profit d'instagram ou periscope... Pourtant, aucun média ne me semble tout à fait comparable à celui-ci: personnel sans être narcissique, écrit et didactique sans être trop formel... Le blog a définitivement le cul entre deux chaises, comme un autre support que je n'ai généralement pas l'habitude de défendre: le CD. Ils sont les cendres chaudes d'une époque très récente mais déjà révolue, des objets has-been mais pas suffisamment vintage et hors de portée pour intéresser les gens... Néanmoins ils ont aussi leurs attraits et je continue de les pratiquer car je leur trouve quelques qualités. J'apprécie par exemple la liberté de format d'un blog, je peux ainsi moduler la longueur en fonction de ce que j'ai à dire sur le groupe sans me soucier d'être trop ou pas assez.

The Greeks sont précisément un de ces groupes sur lesquels il est difficile de beaucoup écrire: s'il est impossible de leur consacrer un bel article de fond cela ne présume pourtant pas de la qualité évidente de leur musique qui mérite d'être évoquée d'une manière ou une autre. Ce groupe formé en 1964 et originaire de Thessalonique en Macédoine (qui fait parti de la Grèce) n'a en effet que sorti que trois singles en 1967 dans une veine beat/garage. Coté biographie je pourrais vous donner les noms des membres (merci discogs) mais cela n'irait pas beaucoup plus loin. Difficile en effet de construire un récit séduisant autour de ces informations factuelles, cela ne laisse que plus de place à la musique... 

La face B de ce simple est honnête mais le vrai morceau de bravoure est pour une fois la chanson mise en avant par le label , la bien nommée "Μπαλάντα Ενός Μικρού" dont la traduction sur google ne m'apprend pas grand chose sur la signification. Deux minutes quarante de garage-rock moody que l'on pourrait tout à fait envisager compiler sur une Teenage Shutdown par exemple...si le chant n'était pas en grecque ! Il amène d'ailleurs un charme unique à l'ensemble tout comme le saxophone. La composition est inspirée de "House of the Rising Sun" et plus spécifiquement de la fameuse interprétation des Animals sans en être un pastiche: un cousinage. La production sobre voir dépouillée évoque quant à elle les productions américaines, une constante dans les productions du sud de l'Europe: Italie ou Yougoslavie sont probablement les nations dont le son évoque le plus le garage sur notre continent. J'ai la chance de posséder le disque (discogs...) cependant ma copie mériterait clairement d'être upgradée ! Je vous laisse en compagnie de ce charmant morceau pourtant sorti à une époque trouble pour la Grèce alors en prise avec une dictature naissante.

lundi 12 novembre 2012

Acid Baby Jesus - Hospitals (2011)


Slovenly est devenu maître de l'international garage, avec, si j'ai bien compris, des succursales situées un peu partout, des Etats-Unis à la Greece en passant par l'Italie, on est plus du tout surpris de les voir dégotés des garage band exotiques. Les grecques d'Acid Baby Jesus n'est pas non plus né de la dernière pluie acide, les Inch Allah en ont déjà d'ailleurs parlé pour leur cassette autoproduite, c'est là que j'ai découvert le groupe. Depuis, j'ai trouvé les disques, assez longtemps après leurs sorties d'ailleurs chez les copains Born Bad.

A défaut de parler de l'album parce que je suis une grosse feignasse et qu'en ce moment, je me fais une session de rattrapage des formats courts, voici le Hospitals EP sorti en avril 2011. Si j'émets quelques doutes sur le face B, très black lips de seconde division (malgré la bonne blague de l'écho au moment ou le chanteur dit « space », genre d'effet que je pourrais moi même utiliser), la double face A fait bien twister. Hospitals, son riff psychobilly, son rythme binaire et ses saillies fuzz fait son petit effet mais c'est surtout la A2 qui m'emballe. It's On Me transpire le vice et la sueur avec son riff d'ouverture pervers et ses complaintes quasi érotiques en font une chanson saisissante et licencieuse, le genre de trucs qui donnerait de l'eczéma à tout bon catholique.

Le groupe sort bientôt une collaboration avec Hellshovel sur le même label que vous pouvez écouter ici.