jeudi 20 octobre 2016

Doc'Daïl

Dans mon panthéon personnel du hard rock et heavy psych français figure sans conteste possible: Doc Daïl et principalement pour un morceau, pur chef d’œuvre d'électricité incandescente Aere Perennius en face B de leur premier single, le plus recherché (il se négocie dans les 25€ pour une copie VG+) des trois non sans raison...Il fut compilé il y a une dizaine d'année sur le bootleg Têtes Lourdes, peut être l'unique compilation s'intéressant à la France sur cette période fascinante...

Le groupe, originaire de Toulouse , publie trois simples entre 1969 et 1971. Le line up change, le seul membre permanent étant...Ticky Holgado ! Parmi les musiciens ayant participé à l'aventure figurent notamment Claude Olmos (ex-5 Gentlemen, Cœur Magique, Alice, Alan Jack Civilization etc.), Joël Rive (ex-Les Boots) et bien sûr Simon Boissezon (Alice), compositeur de la chanson qui nous intéresse plus particulièrement aujourd'hui. Si vous souhaitez le détail des membres, je vous recommande bien sûr de regarder l'excellent site France Heavy Rock, très complet à ce sujet. Ticky, dont le surnom a été trouvé à l'époque du groupe, a ainsi connu une première vie, dans la musique avant son énorme succès au cinéma. Doc Daïl fut sa première expérience mais pas la dernières (des disques en solo ou des tentatives novelty gauloises bien 70s sous le nom de Léon etc.). Aucune ne lui permit une carrière de musicien professionnel stable. Il s'imposa  cependant d'avantage dans un rôle de l'ombre devenant notamment manager du groupe pop Martin Circus...

Le 45 tours s'ouvre sur Sad Harold (lien) un blues rugueux et déglingué dans un esprit assez proche de Captain Beefheart ou des anglais du Edgar Broughton Band (voir leur reprise d'Apache). Le morceau dénote les évidentes qualités du groupe: la voix expressive de Ticky, la guitare poisseuse et distordue... avant qu' Aere Perennius ne vienne effectivement vous chambouler pour l'éternité ! Le morceau majoritairement instrumental, si l'on exclue la courte déclamation en latin (ou quelque chose s'en approchant vaguement), vous prend à la gorge à travers une véritable orgie de guitares fuzz violentées par des wah wah, du feedback à gogo, une ligne de basse menaçante comme un classique post-punk et un jeu de batterie frénétique et animal... Le morceau est stratosphérique, sauvage, sale, méchant et absolument dément, de quoi vous en faire perdre votre latin ! Et éventuellement renoncé au catholicisme pour mieux embrasser Hendrix et la fée électricité...

La suite du groupe est forcément un peu décevante. Le dernier 45t (le seul en français) est moyen et oubliable: paru en 1971, dans une mouvance pop voir variété mais sans forcément de chansons mémorables. Le second simple publié l'année précédente est  lui recommandé, sans être aussi foufou que le premier Stone Me (lien) est un excellent titre de hard rock bluesy poussé par une rythmique musclé, on se rapproche ainsi peut être un peu plus des excellents Variations, une des références absolues de l'époque dans l'hexagone.

 

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