vendredi 12 avril 2013

Maston - Shadows (2013)

On parle beaucoup ces temps-ci du petit génie Jacco Gardner dont le premier album convoque avec beaucoup d'aisance le spectre de la pop psychédélique anglaise d'un Syd Barrett, de Tomorrow et de bien d'autres fantômes des compilations popsike. Cependant un de ses collègues de label (Trouble in Mind, dont le catalogue est souvent remarquable et régulièrement mentionné ici) m'impressionne d'avantage, l'américain Maston.  

Frank Maston était inconnu de nos services avant Shadows, le disque nous a pris par surprise. Sa pochette est sobre mais invite à une certaine rêverie, elle accompagne parfaitement la musique inspirée de l'américain. On trouve chez Maston des airs de pop californienne baroque 60s, du Beach Boys ou du Smoke, mais aussi des accents de western spaghettis mis en son par Ennio Morriconne (des discrètes guitares surf, des mandolines etc.). Mentionnons aussi des appels du pieds sous acide à la production de Phil Spector. Loin d'être une course à la plus jolie citation Maston construit à partir de cette matière première qu'il sculpte comme de l'argile un disque élégant et intrigant.

En moins de 30 minutes dont trois instrumentaux (le morceau d'ouverture "Strange Rituals" et la doublette "King Conrad" et "Flutter") Maston développe un univers aussi attirant que mystérieux. Les arrangements sont délicats et obliques, ils portent les chansons sans jamais les noyer dans le pathos. Les mélodies, les voix semblent s'échapper d'un rêve (à moins qu'il ne s'agisse d'un cauchemar). Elles s'insinuent dans le cerveau et à travers le sang remonte jusqu'à l'âme. Si les morceaux étaient initialement sorti sous la forme d'EP ensemble ils prennent une signification nouvelle construisant une cathédrale sonore comme mélodique dont la tour émerge du brouillard ambiant. 

Maston signe avec Shadows un album fascinant au parfum d'inconnu. Si l'américain convoque nombre de spectres et références intouchables, il arrive à en extraire une matière sonore inédite et terriblement excitante. Ne passez pas à coté du plus beau disque de pop ouvragée de ce début d'année.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Strange Rituals me fait penser à François de Roubaix.