vendredi 19 octobre 2012

Conjuguons la Pop #15 : Interview Superets


Aujourd'hui on accueille les Superets, une excellente formation de Rennes qui mêlent électronique, surf, musique 80s à des textes en français ! Des mecs bien cool dont on vous recommande chaudement le premier simple à paraître le 22 octobre (digital) et dans la foulée en vinyle.

Qui sont les Superets ?
Pour reprendre une parole de journaliste, juste et précise : Les Superets sont de jeunes gens modernes qui donnent dans un twist entre eighties növö et surf music boostée à l’électro, à mi-chemin entre candeur yéyé des sixties en frenchy dans le texte et humour au dix-septième degré.
L'article était titré « Saint-Tropez Növö », ce qui nous va assez bien je trouve.

Comment s'est formé le groupe ?
4 loustics qui se connaissent et n'ont pas assez de thunes pour passer leur temps libre dans des cafés.
La grande classique de l'ennui couplé à l'amour de la musique. Mais on a vraiment ce coté Sex Pistols : Hugo par exemple n'avait jamais touché un synthé de sa vie avant les Superets.

Vous jouez (jouiez) dans d'autres groupes à coté ?
Oh oui. Quand ado tu apprends un instrument c'est souvent pour draguer les chicks... Mais quand tu te rends compte en jouant de la batterie ou du synthétiseur que les filles n'ont d'yeux que pour la guitare, former un groupe reste la dernière option.
On y est tous allé de nos groupes de lycée, et certains d'entre nous faisaient des bruits électroniques dans un groupe susnommé Asian Porn Stars.

ça ressemble à quoi Superets sur scène ?
Un dresscode d'apparat, façon défilé sur les champs, des câbles et des machines de par et d'autres du plateau, 4 mecs en sortie d'échauffement. On aime le coté rock'n'roll, pas de fioritures, pas de visuel ou de décor. Cela dit, si on monte sur les planches, on n'en descend pas avant d'avoir fait le travail. On est pas des clowns, mais on mouille le maillot.

Vous êtes du sud (Montauban) et de l'ouest (Rennes), pas trop difficile de s'organiser ?
A vrai dire, on est surtout Rennais. Dans le genre produit local, on est pas mal : Seul un quart du groupe n'est pas né au bastion. Sinon on aime Toulouse (et Montauban) parce qu'on y a vécu pour certains d'entre nous et parce que c'est une antithèse de Rennes. On a un pied a terre aux deux endroits, alors on fait des aller retours. Du 50/50. On pourrait demander la double nationalité.
Cela dit, on le dit fièrement : Superets est un groupe Rennais.

Quelles sont vos influences ?
On peut évoquer le triptyque central : Surf-music – Synth Wave – Yéyé. C'est le postulat de base. Il y a ces guitares puisées chez les Marketts, Dick Dale ou Ventures, les textures électroniques chourées à Jacno, Pierre Henry ou Telex et évidemment le goût des mots et des sixties de Gainsbourg, Dutronc, Coutin...
Mais comme on est assez musicophages, on a digéré pas mal d'autres courants. On aime beaucoup l'electro, qu'il soit techno ou big beat, le shoegaze ou encore le hip-hop. Je crois que ça s'entend : Il y a forcément au fil de nos chansons un instant, un détail qui trahirait une influence moins évidente.

De quels groupes actuels vous sentez-vous proche ?
Humainement et musicalement, les premiers avec qui on a eu des atomes crochus c'est La Femme. On nous a souvent comparé à eux d'ailleurs, et du fait que c'était nos potes, ça nous a poussé à aller chercher notre différence. On a partagé la scène une fois dans un rade et c'était excellent.
A Rennes on répète dans un lieu bientôt mythique ou l'on partage les créneaux avec O Safari, Wankin Noodles, Success, Juveniles, Popopopops et bien d'autres. Des groupes bien différents.
Puis il y a un bar, le Melody Maker, ou trainent les musiciens en after work. On y a beaucoup parlé synthé et moustache avec Juveniles. Mais on y croise aussi Mermonte, Splash Wave, Bumblebees.
Nous on se sent proche de notre scène locale.
Outre le coté humain, il est évident qu'on se retrouve dans cette vague française avec des gens comme Lescop, Pendentif (que l'on a rencontré, ils sont excellents), Granville, Lafayette et autres.
A l'international il y a Django Django dont le postulat nous ressemble. C'est différent, c'est pas le même niveau mais je pense qu'on boirait des bières avec plaisir. Peut être même trop.

Avez l'impression de faire partie d'une scène ?
On ne peut pas nier cette conjoncture du retour du français dans les textes. Ni ce goût du mélange des époques. Mais j'ai du mal à taxer ça de nouvelle scène française : quelque chose se profile mais n'est pas encore à maturité.
Pour le moment, ça reste une bonne idée marketing de faire penser qu'on fait tous parti d'un mouvement... Mais un vrai mouvement, une vraie scène, se s'appuie pas strictement sur des vagues idées esthétiques qui rapprochent telles ou telles formations.
Les Anti-Yéyés tout comme les Jeunes Gens Modernes c'est presque un état d'esprit, une manière de penser.

Le mélange entre électrique et électronique était-il une volonté du groupe dès le départ ?
Oui et non. L'idée des Superets c'était d'abord de faire un groupe de musique yéyé. Cela dit, avec nos ordinateurs nous habillions un peu nos chansons avec quelques synthétiseurs discrets. On a eu un coup de chance inouï puisqu'un voisin nous a légué un synthétiseur Korg Ms20, un monstre sacré. Comme c'est une machine qui ne peut jouer que des basses, des mélodies ou des bruits, son arrivée à changé la place des machines dans le groupe et donc notre plan sonore. Ca met souvent en branle tout le travail accompli, parce qu'une chanson c'est une histoire de compromis, et pas un amas de mélodies : Ces machines ne devait pas forcément s'ajouter mais parfois remplacer ou compléter.
Je crois qu'aujourd'hui on est toujours plus content de ce choix de l'électronique, la création du son, de la texture, c'est notre terrain de jeu préféré.

Et le chant en français ?
On a jamais pensé chanter en anglais, mais l'éternel débat sur « quelle est la langue la plus légitime pour un groupe français » ne nous intéresse pas. C'était même pas un choix, c'était juste comme ça et pas autrement.
Rentrent surement en ligne de mire les influences, l'attrait pour la littérature, le niveau en anglais insuffisant pour écrire quelque chose d’intéressant.
On est fier de notre parti pris et surtout on aime vraiment le son de cette langue dans cette musique, mais on est pas réactionnaires : On ne jugera jamais la musique des autres sur le choix ou non du français.


Que penses tu que cela vous apporte de chanter en français ?
Même si ça revient en masse, c'est très encore très original. Les sonorités et l'approche des couplets et des refrains, de la manière de chanter, tout est différent.
Déjà on identifie tout de suite le propos de ta chanson, contrairement à l'anglais, ce qui change la donne complètement : Fini les punchlines à la « come on » et les refrains catchy sans aucun sens. À contrario on peut tout de suite se créer un univers et une écriture, codifier ou référencer le texte. Par exemple, La Femme à cet univers très urbain et froid tandis que Pendentif aborde des thèmes plus ensoleillés, des romances.
Quand on y réfléchi, c'est partie intégrante de leur musique.
On a pas besoin d'écrire un pamphlet, les mots doivent simplement sonner et faire ressentir quelque chose ou donner un ton, une atmosphère : C'est une plus-value au sex-appeal du groupe.

Est-il plus difficile de faire sonner le français que l'anglais ?
Non, a partir du moment ou l'on n'espère pas le faire sonner comme de l'anglais. Comme je le disais, c'est une autre musique, d'autres sonorités. Si on chante le français comme de l'anglais, ne serait ce que pour l'articulation ça pose problème.
Je ne peux pas donner de cours d'écriture, surtout que j'écris de la pop et pas de la littérature, mais je pense que je français est à la portée de qui veut le chanter.
Ce qui est étrange, c'est qu'on peut presque chanter n'importe quoi, tant qu'on l'assume, tant qu'on le fait avec style.
Ce pourquoi l'anglais nous paraît plus sonner que le français, c'est surtout qu'on ne l'identifie pas de la même manière.

Comment composez vous ?
Les chansons sont souvent composées par Léo puis elle repasse dans les mains du groupe. Le brainstorming qui s'en suit est important, ça permet de fluidifier le morceau, peaufiner des structures et revoir certains arrangements. A l'exception, certains morceaux vont être composés de manière commune : On va s'asseoir dans le home studio et bidouiller pendant des heures, maquetter au fur et à mesure, comme un puzzle. On a pas de schéma particulier. On a énormément de petits morceaux de musique, très peu arrivent à maturité.


Vous sortez un premier EP en vinyle et digital.
C'est le passage obligé pour concrétiser tout le travail d'un groupe. On a surtout pu travailler avec Sebastien Lorho qui est l'un des meilleurs à Rennes, il a su capter les références et modeler l'EP en conséquence. Il à contribué à donner une direction complètement à l'opposé de ce qu'on avait dans la tête. C'est ce qui est intéressant dans le travail de studio c'est que de notre coté on arrive avec des idées, mais la volonté de tout mettre en branle, lui arrive, écoute, et donne sa vision. On est arrivé à un truc très typé, coloré, une batterie très vintage, des synthés bruts, les guitares plus trash que prévues...
Et derrière, c'est Croque Macadam qui réceptionne. Petit label qui n'édite qu'en vinyle, on peut difficilement minimiser son impact, parce que sortir un vinyle se sont des frais et de l'organisation. Je sais pas si on aurait pu se permettre ça seuls dans notre coin.
On est assez fier du résultat, parce que du choix des chansons jusqu'au choix du visuel, tout était une prise de risque qui fini par avoir de la gueule.

Que pensez-vous du format vinyle ?
Le vinyle c'est le dernier support physique à avoir vocation à exister. Il en faut un, parce qu'aussi bête que ça en ai l'air, aux yeux des gens ta musique n'existe vraiment que si elle est éditée sur un support physique. Même dans la sphère professionnelle d'ailleurs.
Et le vinyle c'est grand, c'est cartonné, c'est beau, ça peut faire dessous de plat. C'est un bel objet qui craque quand tu bouges la tête de lecture. Y'a un rituel, on peut en être fétichiste.
Le cd c'est plus lisse et moins joli. Ca aurait pu être pas mal si ils avaient tous étés cartonnés, mais la boite en plastique c'est une horreur.
Et le support physique c'est le sauveur de l'album. Un album en mp3 ça n'existe pas, on écoute plus que le single puis on passe à autre chose.

Comment avez vous choisi les morceaux ?
On était limité à deux morceaux, alors comme c'était le premier on voulait montrer l'étendu du groupe. Il fallait qu'on montre d'un coté l'aspect pop et festif, avec du texte et le second degré, l'amour était la plus indiquée. D'un autre coté, il fallait qu'on entrevoie un univers plus personnel, aérien et métaphorique avec Parachute. Tout bonnement le ying et le yang, la chanson qui tabasse et celle qui apaise.

Comment ont-ils été enregistré ?
Pour faire simple on a joué par dessus nos maquettes. On avait préparé des versions home-made des chansons et au fur et à mesure des prises on enlevait les éléments pour en arriver au morceau final. On avait aussi enregistré les claviers au préalable pour gagner du temps, puisqu'on avait que deux jours, mixage compris. En terme de réalisation, on a beaucoup utilisé de matériel analogique, mais nous ne sommes pas restés fermés aux technologies numériques, on a combiné toutes ces possibilités.
Tout est très instantané dans l'EP, et ça se sent.

Un mot sur la couverture ?
C'est notre amie Pauline Henric qui a réalisé la cover. On adore son travail et on a tout de suite pensé à elle. C'est fait main, dessiné et scanné. On voulait ni y apparaître, ni se retrouver avec un logo réalisé en 3 coups de photoshop. Les pérégrinations de l'âme d'un artiste, ça nous paraît plus cool, surtout si tout est fait sur un coin de papier. Du coup c'est original et décalé, un brin kitch et plutôt coloré.
Si on en a l'occasion, on fera à nouveau appel à elle.

Quels sont vos projets ?
On pensait qu'il ne se passerait pas grand chose en novembre, que ça serait une période creuse avec la sortie du 45t, mais en fait on nous demande pas mal de jouer. On va monter à Paris une première fois, parce que certaines personnes nous y attendent au tournant. A coté de ça, on va tourner un clip, on a d'ors et déjà maquetté en prévision d'un autre EP ou quelque chose comme ça. Et puis il va falloir faire la promo du vinyle aussi. Parce qu'il nous faut des thunes. Plein de thunes.




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