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lundi 3 septembre 2018

Achats Récents #20 post-disco/funk/boogie


The Ritchie Family est un trio féminin de chanteuses originaires de Philadelphie. Le groupe est surtout une création des seuls et uniques Jacques Morali et Henri Belolo: au milieu des années soixante dix les français s'intéressent au disco et montent cette formation de toute pièce en castant trois chanteuses. The Ritchie obtient ainsi un énorme succès avec une reprise de Brazil extrait d'une comédie musicale. Le duo français par la suite formera... les Village People ! Au début des années 80 le disco est en perte de vitesse et les producteurs français confient la destinée de The Ritchie Family à un autre duo européen: le Français Jacques Fred Petrus et l'Italien Mauro Malavasi alors au sommet de leur carrière avec des projets comme Change et BB&Q Band. J'avais toujours vu Ritchie Family comme un groupe euro-disco cheesy (et je pense que ce n'est pas nécessairement faux sur la première période) mais en tombant sur youtube (hé oui découvert grâce aux algorithmes...) sur I'll Do My Best j'ai pris une petite claque. Ce morceau est super élégant, la production somptueuse. Encore une fois, impossible de ne pas ressentir l'influence de Chic chère au duo Petrus-Malavasi mais prolongée dans une perspective définitivement plus 80s (le morceau est de 1982): tempo plus lent, basse funky synthétique, arrangements subtiles et presque aériens. Pour ne rien gâcher, le 45 tours est vraiment facile à trouver, une semaine après avoir découvert le morceau je l'achetais en vinyle pour une somme dérisoire. Quand on commence à avoir beaucoup de disques, il est rare d'avoir encore ce genre de surprise. La version 45 Tours est un édit bien fait de la version 12 pouces ci-dessous.


Les Whispers, groupe de soul de Los Angeles, ont déjà été évoqués sur ce blog à travers un excellent morceau de 1970. Comme je le mentionnais à l'époque, la formation est surtout connue pour sa production de la fin des années 70 - début quatre vingt et notamment le fameux And The Beat Goes On. Ce morceau est tellement connu que rien qu'en citant le titre vous devriez entendre la mélodie. De la même époque mais un chouïa moins connu (mais ça reste un énorme standard): It's a Love Thing. Que dire sur cette chanson ? évidente, classique, certes... mais cela reste une énorme balle avec un groove hallucinant. Un petit mot sur le label SOLAR (pour Sound Of Los Angeles Record), je pense qu'il contribue à définir le son de la première moitié des années 80 en matière de dance music/ R&B/disco. Fondé en 19 par Dick Griffey, un collaborateur de l'émission Soul Train, le label californien enquille les classiques dans la première moitié des années 80 avant de décliner. Parmi mes favoris citons Dance With You de Carrie Lucas, Friends de Shalamar ou Midas Touch de Midnight Star.  


J'avais tendance à associer Evelyn Champagne King surtout à son classique disco Shame découvrir Love Come Down , un autre de ses grands tubes (avec aussi I'm in Love) a été un petit choc. Cinq ans sépare les deux morceaux et ils tracent assez bien les évolutions de la musique disco/r&b sur la période. Love Come Down est une merveille de précision associant une production très synthétique (boîte à rythme, basse funky au moog, claviers...) à un groove destructeur. Love Come Down est un vrai marqueur de son époque et du virage fait par la dance music dans les 80s. Il consacre aussi son producteur: Kashif, malheureusement décédé en 2016 à quelques semaines d'intervalles d'un autre grand de la dance music (Rod Temperton).  


Il était trop tentant d'évoquer Rod Temperton juste après Kashif. Le musicien anglais se fait connaître avec le groupe Heatwave, auteur notamment de l'immense classique Boogie Nights qui fait parti de mes morceaux disco favoris. La formation contribue à l'émergence d'une scène au Royaume Uni connue sous le nom de Brit Funk, il est très probable que je revienne là dessus un jour prochain si j'ai le courage de m'y mettre ! Revenons à notre 45 tours. Il est donc écrit par Rod Temperton pour Quincy Jones avec Patti Austin au chant. Razzamatazz est extrait de l'album The Dude comme un autre classique de Quincy: Ai No Corrida. Même si cette dernière a eu plus de succès, j'ai une préférence nette pour Razzamatazz et je pense que Rod Temperton n'y est pas étranger. Elle évoque un autre classique du compositeur anglais (Give Me the Night de George Benson) avec quelque chose de plus élégant, notamment ce refrain sur le fil des plus aristocratiques. La paire Rod Temperton/Quincy Jones est une dream team du début des années 80. Les deux collaborent en effet sur deux albums de MJ (Off The Wall et Thriller) mais aussi sur Light Up The Night le classique des Brothers Johnson (porté par le single Stomp co-écrite par le Britannique avec le groupe et produite par l'Américain) . 


Chemise était un couple à la vie: Ricki Byars et Ronald Muldrow. Les musiciens, surtout de de jazz (Ricki Byars a chanté avec Pharoah Sanders par exemple), ont sorti un unique single sous ce nom en 1982. She Can't Love You est particulièrement intéressante dans sa manière de placer la basse par rapport à la rythmique avec un léger décalage créant un groove très particulier et cool. L'ensemble est à la fois très dansant mais avec une petite pointe de mélancolie. La production est également captivante: un poil plus lo-fi et moins ample que celle des 4 autres morceaux de cette sélection par exemple. 
 

jeudi 30 août 2018

Achats Récents #18 disco/soul/funk

Suite des achats barcelonais avec une spéciale disco/soul/funk. J'ai essayé, avec les disques choisis, de tracer en filigrane l'évolution de la musique soul entre le milieu des 70s jusqu'au début des années 80. Ces achats sont assez représentatifs de mes obsessions du moment, en particulier pour le R&B du début des 80s qui fusionne les rythmes disco à l'instrumentation P-funk (ou quelque chose approchant...). Je m'étais déjà intéressé à la question mais d'une manière peut être un peu superficiel, en tout cas j'ai eu envie de m'y replonger cet été et ce fut l'occasion de découvrir énormément de disques voir de producteurs. Vous pouvez aussi checker ma playlist pour Section 26 dans un registre moins dansant et plus luxuriant...


First Choice est un girl group de Philadelphie. Nous avions évoqué ici le groupe il y a fort longtemps (plus de onze ans !). Smarty Pants est un excellent single de 1973 produit par Stan Watson, pièce importante du puzzle Philly Soul en tant que co-créateur du second grand label de la ville (après Philadelphia International Records): Philly Groove. Si ce disque est sorti sur Bell (qui distribuait le label), le rooster comprenait notamment First Choice ou les Delfonics. En regardant les crédits d'écriture, nous pouvons constater la présence d'une autre figure clef du son philly en la personne du guitariste Norman Harris. Ce dernier fut un des membres d'origine de MFSB, le backing band de la plupart des disques de Philly. Comme l'arrangeur/vibraphoniste Vince Montana Jr. (et le groupe First Choice suivra aussi cette migration de label) , Norman Harris fera parti de l'aventure Salsoul et de son orchestre. En creux se dessine l'évolution de la musique soul des 70s. Alors que Philadelphie a créé le son disco en substance (il suffit d'écouter Love Train) notamment grâce à la fabuleuse assise rythmique constituée par Earl Young (batteur) et Ronnie Baker (basse), Salsoul s'impose comme un label majeur du genre grâce aux transfuges de Philly. Smarty Pants est en tout cas un parfait exemple du son de Philadelphie: production soyeuse, mélodies élégantes, rythmique binaire parfaite pour danser. De la pure dentelle capable d'associer l'efficacité d'une bonne chanson pop à des arrangements exigeants.



Nous sommes 4 ans plus tard en 1977 en pleine fièvre disco. The Emotions est un autre girls group mais de Chicago, un trio composé autour de la famille Hutchinson. Après avoir publié plusieurs albums pour Stax, le trio est signée par CBS qui envoie le groupe entre les mains de Maurice White et Charles Stepney.  Les deux ont un CV plutôt dingue et sont des noms que vous croiserez souvent si vous vous intéressez aux productions soul de Chicago des années 60-70. Stepney se fait connaître en créant avec Marshall Chess (fils de Léonard, le fondateur de Chess) le groupe Rotary Connection duquel émergera Minnie Ripperton. Il a produit son classique Les Fleur tout comme California Soul de Marlena Shaw... Au milieu des seventies il s'associe à une autre figure de l'ombre de la soul de Chicago: Maurice White. Membre du trio de Ramsey Lewis qui remplace Young & Holt, il fonde par la suite Earth Wind and Fire. Ensemble les deux produisent Flowers pour les Emotions en 1976, le premier succès du groupe depuis 1969. L'année suivante White rempile pour un nouvel album sans Stepney, celui-ci étant malheureusement décédé entre temps. Rejoice explose les compteurs (#1 R&B, #7 Pop aux USA) et devient le plus grand succès du groupe. Cette performance est certainement due à Best of My Love qui s'impose comme un des grands classiques de son époque. Le morceau écrit par White et Al McKay (un autre membre d'EW&F) est tout simplement irrésistible. 



Skyy est un groupe de New York signé sur Salsoul, l'un des labels les plus emblématiques de la vague disco. Skyyzoo publié en 1980 est représentatif de la dance music après la fièvre disco. La disco a littéralement balayé tout sur son passage et créé une percée inédite dans le mainstream pour la musique R&B. Le retour de bâton fut terrible mais permit au boogie d'émerger au début des années 80. Le R&B retrouva ainsi des couleurs en renouant avec ses racines sans renier non plus la disco. Si le beat binaire est conservé, il se fait un peu plus lent et langoureux, les instrumentations perdent en cordes chantilly ce qu'elles gagnent en synthétiseurs. Ce morceau quoi qu'encore très disco a pour lui une orchestration plus aéré, plus marquée dans le bas du spectre (basse très en avant) et moins agressive dans les aigus que la plupart des standards disco. On pense évidemment à Brass Construction ou BT Express: la présence de Randy Muller n'y est pas totalement étrangère puisqu'il co- produit le morceau avec Solomon Roberts Jr. .


Instant Funk est un groupe originaire du New Jersey mais leur histoire corrobore celle de First Choice: après avoir été backing band pour les O Jays (entre autre) et sortis des albums sur Philadelphia International Records, le groupe rejoint Gold Mine (le label de... Norman Harris) puis Salsoul. Ils ne sont pas les seuls: Bunny Sigler qui produit ce disque fut également une figure de la soul de Philadelphie ! Give It To You Baby paru en 1982 est un morceau au groove implacable. Sans être une évolution majeure par rapport à Skyy, on notera la présence plus marquée de synthétiseurs.


Finissons cette session par un autre disque de 1982: Dance Floor de Zapp, groupe de l'Ohio. Zapp c'est génial, Roger Troutman est un génie de la Talk Box (ce que l'on prend souvent pour de l'autotune ou du vocoder). Les deux premiers albums sont des classiques. Dance Floor est d'ailleurs le single majeur du second album et sans atteindre la perfection de More Bounce To The Ounce il s'en rapproche sérieusement. Il est assez intéressant de comparer ce disque à celui d'Instant Funk. Si Instant Funk venait d'un background plus soul/disco, Zapp a un son nettement plus funk. Le tempo est plus lent et lourd, l'instrumentation encore plus synthétique. La filiation la plus évitent me semble ici être le P-Funk de Parliament (Clinton et Bootsy ont d'ailleurs produit le premier album de Zapp), son qu'il prolonge dans une perspective encore plus épuré et synthétique.