dimanche 25 décembre 2016

Françoise Hardy "Le Martien"

Nous n'avions jamais dédié d'article à Françoise Hardy une des plus grandes artistes française de pop. Dès le début des années soixante elle écrit (ou co-écrit) nombre des chansons qu'elle interprète, phénomène rare à une époque où en France (comme ailleurs) il existe une division entre les équipes de compositions et les chanteurs. La figure du singer-songwritter est en effet encore naissante à ce moment là, se développant surtout dans la fin de la décennie et le début de la suivante (Carole King, Nick Drake, Neil Young, Leonard Cohen, Jackson Browne etc.). Je dois admettre que je connais mal la carrière de l'intéressée et je n'ai pas encore osé m'y frotter de près... 

Deux éléments récents pourraient me faire basculer et me plonger à corps perdu dans la riche discographie de la plus élégante et classe des chanteuses française: la proposition de concevoir une playlist autour de la bossa-nova française et avoir trouvé en faisant mes courses de Noël le 45 tours dont je vais vous parler aujourd'hui. Il était en effet question de proposer à Laurent Bajon de La Souterraine une sélection de morceaux francophones autour de la bossa-nova et du jazz, ainsi avais-je envisagé le fabuleux Il Faut Tenir des Masques (youtube), une rareté que je n'ai pas l'honneur de posséder en vinyle ou encore un morceau extrait du premier album des Double-Six de Mimi Perrin (que j'avais d'ailleurs découvert en creusant le parcours des musiciens qui composent Les Masques). Ce travail fut l'occasion de découvrir de nouveaux morceaux et notamment Histoire d'O de Françoise Hardy... Chanson que l'on trouve en face B du 45 Tours et que je n'avais pas retenue dans ma liste (surtout car essentiellement instrumental et sans texte). Voyant le 7 pouces au mur d'un de mes disquaires parisiens favoris (Plus de Bruit pour ne pas le citer), j'ai quand même pris soin de l'écouter... Bonne pioche, je suis reparti avec !  

Chanson d'O est en réalité excellente même si je préfère encore d'avantage...Le Martien chanson d'une grâce incroyable. L'orchestration est sobre et dépouillée: guitare acoustique magnifique, une voix en arrière plan soufflant au gré des accords, quelques notes de flute et bien sûr la voix pure et cristalline d'Hardy tout en retenu et délicatesse. La prise de son de Bernard Estardy (collaborateur de longue date de Nino Ferrer et auteur du classique prog La Formule du Baron) est impeccable: le son est vivant, présent, charnu voir charnel... Le Martien oscille ainsi entre la bossa nova brésilienne et le folk dépouillé de Nick Drake. Peut-être est-ce du à la principale compositrice du morceau et collaboratrice d'Hardy sur l'ensemble de La Question (les deux morceaux du 45T en sont extraits): Tuca. Cette musicienne brésilienne enregistre en effet deux albums dans son pays d'origine avant de fuir la dictature comme de nombreux autres musiciens, la plupart s'installant en Angleterre ou en France... Elle publie quelques disques en France mais sans succès, son troisième album est enregistré au célèbre studio du château d'Hérouville quand elle repart finalement au Brésil où l'album est édite. Tuca co-signe la plupart des morceaux de La Question, son jeu de guitare subtile illumine les deux chansons de ce 45 tours, petite merveille de pop franco-brésilienne.

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