jeudi 1 décembre 2016

The Troggs "Strange Movies"

Le premier et unique article sur les Troggs sur ce blog remonte déjà à plus de sept ans. Un récent achat aux puces d'un 45 tours seventies était une occasion inespérée d'en dire un peu plus sur cet excellent et (relativement) méconnu groupe.

Quand on pense à la british invasion le groupe d'Andover dans le Hampshire n'est probablement pas le premier qui vienne à l'esprit. Les Troggs n'ont ni la grâce des Beatles, l'élégance des Kinks, l'énergie des Who, la fougue des Yardbirds ou l'arrogance des Stones... Pourtant ils ont aussi leur truc bien à eux, celui qui leur assurera toujours une petite place spéciale dans le cœur des rockeurs et en particulier les plus bruyants d'entre eux: ils sont terriblement sauvages. Ni raffinés ni délicats, les Troggs excellent dans l'art d'évoquer sans équivoque le sexe. Leur tempi intermédiaires, les batteries martelées aux toms, les guitares lourdes et poisseuses, les sous entendus de Reg Presley contribuent ainsi à créer un climat particulièrement pénétrant et suintant... 

Quand ils arrivent en 1966, ils sont déjà en retard... ou en avance ! Les Beatles révolutionnent la pop avec Revolver, le Summer of Love se profile et voilà une armée de costauds un peu rustre endimanchés dans leur costume rayé faire des odes sexuelles à peine codées (Wild Thing etc.). Le son est cependant unique, pesant, puissant, comme un tracteur labourant inlassablement la même terre... On qualifie ainsi souvent I Want You de morceau proto-hard rock, cela n'a rien d'une vue de l'esprit, les accords lourds et puissants du groupe britannique évoquent sans peine les forges de l'enfer à venir quelques années plus tard... Il y a aussi une autre descendance: le punk rock. Des Cramps, Stooges ou MC5 en passant par les Dirtbombs, ils doivent tous un petit quelque chose à ces mecs venus d'une ville de 50 000 habitants ! 

Les Troggs sont fantastiques car ils ont su rester fidèles à leur son, bien sûr ils ont fait quelques tubes un peu plus faciles cédant aux fleurs dans les cheveux, mais l'appel du bas ventre ne les a jamais quitté et ils ont su commettre quelques belles giclées de garage salace dans les seventies. Il est ainsi étonnant de les voir persévérer jusque dans les années 80 sans réellement s'être arrêté. S'ils ne sortent pas d'albums entre 1970 et 1975, le groupe commet quelques forfaits de grande envergure (quoi que d'impact fort limité dans les chats) en simple. Deux d'entre eux au moins retiennent l'attention, démontrant que les Troggs restent les Troggs et ne soucient guère de l'air du temps, prenant leurs aise avec le glam y injectant une attitude punk presque unique ! On citera ainsi par exemple la géniale Strange Movies morceau glam scabreux aux inflexions Sweetiennes (le synthé bien pouet-pouet sorti d'un disque de Chicory Tip!) mais avec la morgue unique de Reg Presley. Pour ne rien gâcher, la face B I'm on Fire est plutôt bien branlée également.


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