vendredi 6 janvier 2017

Olivier Bloch-Lainé "Des Mots"


Olivier Bloch-Lainé commence sa carrière à la fin des années soixante auprès de chanteurs transgressifs comme Mouloudji ou Brigitte Fontaine. Il écrit une grande partie de Brigitte Fontaine est folle en 1968, même si tout le monde retient plutôt les arrangements de Jean-Claude Vannier. Il publie un 45 tours arrangé par François De Roubaix sur le label de Mouloudji, sans doute dans les mêmes moments, mais je ne l’ai pas entendu.


Le disque qui m’intéresse ici parait en 1976, alors qu’Olivier a déjà pas mal bourlingué pour d’autres artistes notables, ou du moins pas inintéressants (Pierre Vassiliu, Michel Zacha, Pierre Barouh…). Il est distribué par CBS qui, décidemment, se permettait quelques largesses avec des artistes peu conventionnels qui avaient toutes les promesses de faire un bide (qui se souvient de Lone ou Patrick Beauvarlet ?). Pour être plus précis, il est publié sur Marginal, un sous-label, ou plutôt une collection de chez CBS, qui se décrit comme suit : « la collection Marginal a été créée pour faire connaître différents courants de musiques et de chansons situés "en marge" d'une expression traditionnelle. » Cette ambitieuse série franco-québécoise, qui a perduré à peine une année le temps de huit longs-jeux, propose également un album solo de Claude Engel, le jazz-fusion de West African Cosmos ou encore le troisième disque de Gilbert Montagné (eh oui !).

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos dromadaires. Des mots présente un étrange métissage de variété, de pop, et… de jazz fusion (ne partez pas en courant !). Comme à l’accoutumée pour ce type d’album, le personnel se compose de fins limiers/requins de studios : Claud Engel et Jean-Pierre aux guitares (rien que ça !), Jean Shulteis à la batterie, Georges Rodi aux claviers, etc. Même Gilbert Montagné participe à quelques chœurs (eh oui !). La voix suave d’Olivier s’incorpore à merveille à la délicatesse des compositions (Mercredi). Les arrangements son alambiqués, mais fort heureusement jamais boursouflés, si bien que l’album conserve une grande cohérence, presque comme un concept-album (je me demande même s’il n’a pas été pensé comme tel). D’une certaine manière, la quiétude qui s’en dégage évoque les disques de Daevid Allen de la même période (Good Morning et Now Is The Happiest Time Of Your Life).


Enfin, il faut noter cette pochette très réussie de Folon – un dessin représentant  quatre dromadaires dans le désert sous un soleil aux tons pastels (en référence aux paroles du premier titre qui donne son nom à l’album). Cet écrin poétique correspond tout à fait à la tonalité de cet album plein de douceur, idéal pour réchauffer les cœurs en plein hiver. Il n’a jamais été réédité.

1 commentaire:

French Bob a dit…

Le Dromadaire

Avec ses quatre dromadaires
Don Pedro d’Alfaroubeira
Courut le monde et l’admira.
Il fit ce que je voudrais faire
Si j’avais quatre dromadaires.

Guillaume Apollinaire, Le Bestiaire, ou Cortège d’Orphée, 1911