Olivier Bloch-Lainé commence
sa carrière à la fin des années soixante auprès de chanteurs transgressifs
comme Mouloudji ou Brigitte Fontaine. Il écrit une grande partie de Brigitte
Fontaine est folle en 1968, même si tout le monde retient plutôt les
arrangements de Jean-Claude Vannier. Il publie un 45 tours arrangé par François
De Roubaix sur le label de Mouloudji, sans doute dans les mêmes moments, mais
je ne l’ai pas entendu.
Le disque qui m’intéresse ici
parait en 1976, alors qu’Olivier a déjà pas mal bourlingué pour d’autres
artistes notables, ou du moins pas inintéressants (Pierre Vassiliu, Michel
Zacha, Pierre Barouh…). Il est distribué par CBS qui, décidemment, se permettait
quelques largesses avec des artistes peu conventionnels qui avaient toutes les
promesses de faire un bide (qui se souvient de Lone ou Patrick
Beauvarlet ?). Pour être plus précis, il est publié sur Marginal, un
sous-label, ou plutôt une collection de chez CBS, qui se décrit comme
suit : « la collection Marginal a été créée pour faire connaître
différents courants de musiques et de chansons situés "en marge" d'une
expression traditionnelle. » Cette ambitieuse série
franco-québécoise, qui a perduré à peine une année le temps de huit longs-jeux,
propose également un album solo de Claude Engel, le jazz-fusion de West African
Cosmos ou encore le troisième disque de Gilbert Montagné (eh oui !).
Mais revenons à nos moutons,
ou plutôt à nos dromadaires. Des mots présente un étrange
métissage de variété, de pop, et… de jazz fusion (ne partez pas en courant !).
Comme à l’accoutumée pour ce type d’album, le personnel se compose de fins
limiers/requins de studios : Claud Engel et Jean-Pierre aux guitares (rien
que ça !), Jean Shulteis à la batterie, Georges Rodi aux claviers, etc.
Même Gilbert Montagné participe à quelques chœurs (eh oui !). La voix
suave d’Olivier s’incorpore à merveille à la délicatesse des compositions
(Mercredi). Les arrangements son alambiqués, mais fort
heureusement jamais boursouflés, si bien que l’album conserve une grande
cohérence, presque comme un concept-album (je me demande même s’il n’a pas été
pensé comme tel). D’une certaine manière, la quiétude qui s’en dégage évoque
les disques de Daevid Allen de la même période (Good Morning et Now Is The Happiest Time Of Your Life).
Enfin, il faut noter cette pochette très réussie de Folon
– un dessin représentant quatre
dromadaires dans le désert sous un soleil aux tons pastels (en référence aux
paroles du premier titre qui donne son nom à l’album). Cet écrin poétique
correspond tout à fait à la tonalité de cet album plein de douceur, idéal pour
réchauffer les cœurs en plein hiver. Il n’a jamais été réédité.
1 commentaire:
Le Dromadaire
Avec ses quatre dromadaires
Don Pedro d’Alfaroubeira
Courut le monde et l’admira.
Il fit ce que je voudrais faire
Si j’avais quatre dromadaires.
Guillaume Apollinaire, Le Bestiaire, ou Cortège d’Orphée, 1911
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