lundi 8 août 2016

L'infortune de Fortuna Pop!

Il y a une dizaine de jours Sean Price annonçait la fin de Fortuna Pop! lors du festival Indietracks (qui est un peu à l'indie-pop ce qu'est le Psych Fest d'Austin à la scène psychédélique actuelle). Cette nouvelle met fin à plus de 20 années d'activisme pop (le label avait été créé en 1995). Au delà de la tristesse d'apprendre la disparition d'un label, c'est aussi un pan de l'indie-pop - et pas le plus obtus - qui disparaît. Le catalogue du label en est une excellente illustration, des figures cultes comme Comet Gain (toujours impeccable), Tender Trap (avec l'unique Amelia Fletcher) ou Peter Astor (Weather Prophets, The Loft)  y fréquentent la jeune garde Let's Wrestle, The Proper Ornaments, September Girls ou Joanna Gruesome.

La structure fonctionnait souvent en binôme avec un autre de nos labels fétiches: Slumberland. Ainsi en plus de certains des groupes susmentionnés, les deux figures unirent leur force pour nombre d'excellents disques: The Pains Of Being Pure at Heart, Crystal Stilts, Allo Darlin'... Cette association était loin d'être anodine, l'axe ainsi constitué proposait en effet une indie-pop ouverte, vivante et mouvante et surtout un catalogue régulièrement exceptionnel. Fortuna Pop! était ainsi un de nos labels indie-pop britanniques fétiches au coté d'Odd Box, Fire Records ou Soft Power.

Histoire de rendre un modeste hommage à Fortuna Pop! voici une sélection hautement subjective de quatre disques que j'ai adorés et m'ont particulièrement marqué sur le label anglais.

Let's Wrestle - Let's Wrestle (2014)
Let's Wrestle fut un jour un espoir de la pop britannique, leur premier album paru en 2009 leur permit de signer chez Merge en 2011 un excellent Nursing Home. Six ans plus tard, ce disque de pop slacker conserve toute sa fraîcheur mais ne prépare en rien à son successeur sorti en 2014: Let's Wrestle
Le groupe, après avoir connu des fastes, semblait quelque peu déclinant. Le disque est ainsi imprégné d'une mélancolie diffuse et de nostalgie. Wesley Patrick Gonzalez s'y révèlent être un fabuleux songwriter, saisissant avec justesse et délicatesse les tourments de son époque. Par la force des choses, le dernier album de Let's Wreste fut aussi mon favori en 2014.


The Pains Of Being Pure At Heart - The Pains of Being Pure At Heart (2008)
Huit ans plus tard, le premier album des Pains Of Being Pure at Heart est certainement déjà culte. À la fois classique (dans ses influences et sa forme) et très frais (l'innocence et l'enthousiasme qui émanent du groupe), l'album est un enchaînement de tubes qui n'ont pas pris une ride. Le succès du disque fut bien au delà des cercles indie-pop, il donna certainement un gros coup de fouet à Fortuna Pop! et Slumberland. Le groupe n'a, selon moi, jamais réussi à dépasser ce premier jet sur la longueur mais peu importe: ce disque est fantastique. 


The Proper Ornaments  - Wooden Head (2014)
Je crois que c'est un secret pour personne que nous adorons Proper Ornaments sur ce blog et ce, depuis bien longtemps. Ainsi leur seconde sortie figurait dans notre top singles de 2011. Honnêtement au moment de la parution de Waiting For the Summer (2013), j'eus l'impression que cette compilation était plus un bilan définitif qu'un inventaire en court. 
La suite m'a heureusement donné tord, l'année suivante Fortuna Pop! publiait en effet le premier (réel) album du groupe, l'excellent Wooden Head. Pas d'effet de surprise mais une confirmation du talent immense du duo formé par James Hoare (au départ bien sûr dans les géniaux et malheureusement séparés Veronica Falls) et Max Claps. Si aujourd'hui le projet semble moins populaire que l'autre formation de James (Ultimate Painting) malgré de nombreux points communs (le Velvet en filigrane) et quelques différences (moins garage, plus pop) elle n'en demeure pas moins tout aussi réjouissante et excitante. J'espère ainsi que le groupe donnera une suite (en LP, puisqu'en 45T c'est déjà le cas) à ce disque.



Joanna Gruesome - Weird Sister (2013)
Les deux disques de Joanna Gruesome sont excellents et je pense les aimer tout autant l'un que l'autre. Par certains aspects (réducteurs) les gallois pourraient être une version survitaminé et sous stéroïde de Veronica Falls. Là ou les anglais sont délicats et toujours de bon goût, Joanna Gruesome donne l'impression de volontairement essayer de briser certains codes de l'indie-pop et de redonner au genre un peu de son abrasion qui fait le charme de nombreuses formations des origines (par exemple les Pastels). Il y a donc dans la musique de Joanna Gruesome, une combinaison unique de mélodies indie-pop et de puissance sonique (impossible de nier une certaine influence presque hardcore ou post-hardcore chez eux!). Bref Joanna Gruesome est un groupe à bien des égards jouissifs par son manque de respect aux règles d'un genre qui a bien besoin qu'on le bouscule.


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