Blackmail est un nouveau groupe parisien comprenant des ex-Bosco à la production ainsi qu'un membre passé dans Beat Mark au chant. Ils ont édité un premier single en 45 tours (épuisé et non repris sur le LP) avant de sortir cet album en début d'année (en digital) et juillet (vinyle, chez Malditos le label de la boutique de disques Pop Culture, aidé par Abraham de Plastic Spoon).
Dès les premières notes de 1974 prémices d'une guerre nucléaire on est saisi par ses sonorités de synthétiseurs analogiques antédiluviens martiaux. Dans la foulée Turn the heater off pose les bases du son Blackmail, un truc sale et sexy aussi poisseux que vibrant. Les Blackmail ont conçu à travers ce disque une ode aux machines analogiques malmenées par l'ère numérique. Ils ont combiné le meilleur des deux mondes dans un disque aussi radical que cool. Si parfois la voix souffre d'un accent anglais approximatif, la production est toujours là pour prendre le relais et transfigurer des chansons qui tiennent (et c'est là tout le génie du disque) sur le fil. Chaque morceau est porté par une approche à l'os dans lequel tout le superflu a été retiré pour donner un impact énorme à l'ensemble. Le son semble avoir été sculpté à même le magma brûlant, difformes et magnifique. Les lignes de basses sont simples et obsédantes, tirant à chaque fois les morceaux vers des climats paroxystiques. La violence est présente en filigrane mais toujours en retenue, sur le point d'exploser. Chaque morceau est une pierre supplémentaire dans cette cathédrale sonore moite qui doit autant au rock qu'à la musique électronique, le sommet est atteint sur l'incroyable concrete heap concluant le disque sur une énorme gifle.
Si on émet quelques retenus sur le chant, la production est magistrale, moderne sans céder aux modes du temps présent. Le disque est aussi inclassable qu'iconoclaste, empruntant ici et là pour mieux construire un univers qui lui est propre. Blackmail signe avec Bones un premier disque aux allures de manifeste post-nucléaire dans lequel la danse aurait remplacé toute forme de religion. Un album qui doit autant à Suicide ou la Techno de Detroit qu'à JG Ballard et Philip K Dick.
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