vendredi 4 mars 2016

Samuel Hobo: et si l'homme synthétique était un vagabond ?

La sortie prochaine du second volume de "The Time Machine" de Jean Michel Jarre sera encore une fois l'occasion de remettre un bien pénible débat sur la table: Jean-Michel Jarre est-il un véritable et authentique (AOC bien sûr) pionnier de la musique électronique ou une vaste fumisterie ? La chronique du précédent sur Le Monde illustre parfaitement la question. Si le journaliste prend position pour l'arnaque via une très subtile argumentation, je pense l'inverse. Certes on peut ne pas aimer les disques de Jean-Michel Jarre mais il est en effet bien difficile de lui nier sa place de pionnier de la musique électronique.

Dès le début des années 70 JMJ publie des disques expérimentaux (le single "cage" / "erosmachine" de 1971) ou de musique électronique dans la mouvance de l'époque (sa reprise de "popcorn") en parallèle de ses activités de parolier pour la variété. Après deux albums (une BO et un disque d'illustration sonore) il obtint une consécration publique avec en 1976 avec "Oxygène", certes deux ans après "Phaedra" de Tangerine Dream ou "Autobahn" de Kraftwerk  mais cinq ans avant Depeche Mode ou New Order ! Le disque fut un grand succès, tout comme son successeur "Equinoxe" en 1978, il fit entrer la musique électronique dans bien des ménages et de nombreux enfants en furent certainement imprégnés. Je ne goûte pas toujours le style mélodique de l'intéressé, un peu trop niais pour moi en général mais Jean-Michel Jarre a aussi enregistré des choses absolument incroyables tel ce single de Samuel Hobo de 1972. "Freedom" et "Synthetic Man" sont indescriptibles ! La musique de Jean-Michel Jarre évoque un croisement entre "Being Boiled" de Human League (sorti 6 ans plus tard) et Suicide tandis que Samuel Hobo remplit à merveille son rôle de vagabond en pleine divagation. J'imagine bien les morceaux enregistrés en quelques heures en direct avec un Samuel tournant à quelques verres, pendant que JMJ tourne les boutons de son monophonique jouant une ligne de basse primitive.  Totalement punk avant l'heure, ces deux chansons sont d'une rare étrangeté (oserions nous dire folie) et valent bien des honneurs à notre Jean-Mimi national légitime pionnier de la musique électronique !


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