Vous le savez probablement si vous êtes un fidèle lecteur de RPUT mais je nourris une obsession pour les Byrds depuis quelques années déjà. Détail amusant je n'ai chroniqué à ce jour aucun disque des Oyseaux dans ces pages. Quand on tombe dans la marmite folk-rock de LA on finit toujours par écouter les nombreux disques solos (ou non) des diverses membres des Byrds avant ou après leur passage dans la mythique formation. Ainsi après s'être drogué à 5D ou Notorious attaque-t-on la discographie de David Crosby ou celle de Gene Clark.
Tiens on va justement parler de ce cher Eugene pas le moins doué du lot, mais peut être l'un des plus mal lotis en terme de succès post-byrd avec Gram Parsons. Pourtant l'intéressé avait tout pour lui: un regard ténébreux, une voix chaude et profonde et un songwritting impeccable. Pendant ses années au coté de Crosby, Hillman, Clarke et McGuinn il est le principal compositeur du groupe et signe des classiques comme 8 miles high ou i'll feel a whole lot better. Si les Byrds se remettent du départ de Clark , l'inverse est un peu moins vrai en terme de succès commercial. Gene Clark n'a pas réussi à faire LE disque pour faire décoller sa carrière solo, résultat des courses sa discographie est aussi erratique que brillante. Les connaisseurs apprécient en particulier No Other et son prédécesseur sans titre mais dit "White Light", cependant on aurait tord de sous-estimer les premiers disques en solo. On vous a déjà vanté les mérites de son premier album accompagné des Gosdin Brothers qui s'est pris en pleine gueule 5D des Byrds et n'a pas pu creuser son trou. Le scénario se répète pour le disque suivant. Gene co-signe l'album avec Doug Dillard banjoïste émérite (décédé dans un relatif anonymat en mai dernier) et ancien membres des ... Dillards, très bon groupe dont il faudra que je vous parle un jour aussi.
Si les deux posent fièrement sur la pochette sur un side-car, The Fantastic Expedition of Dillard and Clark est un disque à la couleur bucolique et rural, tout juste éclairé de quelques flashs de modernités. Je ne suis au départ pas forcément fan de la musique folk et traditionnelle américaine, mais à force d'écouter les Byrds et quand on sait d'où ils viennent, il y a un moment où on finit par se dire qu'en fait c'est probablement trop cool et qu'on devrait mettre ses a priori de coté et mettre les mains dans le cambouis du moteur (ah ah). La tonalité de cet album est bien plus acoustique que son prédécesseur. Il y n'y a - me semble-t-il - qu'un morceau accompagné d'une batterie "rock" et encore elle est utilisée avec beaucoup de parcimonie dans un registre presque abstrait (posée par touches). Le disque fait la part belle aux banjos, mandolines et guitares sèches. Le truc pourrait devenir aride entre les mains de certains mais pas celles de Gene. Son songwritting américain pop est immanquable et les harmonies des deux larrons illuminent les compositions. Doug Dillard est un virtuose du banjo, son jeu donne le vertige mais ne tombe jamais dans la puérile (et stérile) démonstration. Les 9 morceaux sont extraordinaires, d'une sincérité étourdissante, ils sont beaux et arrangés avec élégance. Difficile de dégager des titres forts tellement l'ensemble est homogène mais j'ai un faible pour les morceaux d'ouverture de chaque face. "Out on the side" est une fabuleuse chanson de coin de feux, on imagine le vent s'engouffrer dans des tumbleweeds virvoltant pendant que le feux crépite et les bûches se consument. Les claviers en arrière plan (un orgue chantant et un piano discret) sont magnifiques, et comme d'hab il y a ces harmonies stellaires dont l'intéressé est coutumier. Le solo de guitare est génial, dépouillé pour en tirer son intensité, rien ne manque tout est là. "With care from someone" a quelque chose à voir avec les Beatles sans que je puisse identifier clairement quoi, peut être que Gene prend quelques intonations proches de Macca pour les verser dans une chanson de cowboys fiers. Encore une fois cette chanson brille de mille feux, les entrelacs de banjos, mandolines ou ce qui me semble être un harmonica forment un ensemble cohérent dans lequel chacun s'imbrique comme un pavé dans la chaussée.
Si Fantastic Expedition n'est pas le disque le plus reconnu de Gene Clark il n'en demeure pas moins un fabuleux témoignage de la grâce de Gene Clark ici magnifiée par le jeux brillant de Doug Dillard, un superbe disque pour l'été, mais en hiver il passe aussi très bien.
Bonne nouvelle l'album a été réédité par Sundazed, et on peut même l'acheter sur amazon.
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