jeudi 11 octobre 2012

Conjuguons La Pop #08: Les Gypsys - Prolétaire (1967)

Voilà un 45Tours qui me tient énormément à cœur, probablement un de mes disques français préférés des 60s, du vrai rock dans la langue de Jean Baptiste Poquelin. Je suis très fier aujourd'hui de pouvoir évoquer avec vous l'unique simple des excellents Gypsys.

Les Gypsys était une formation de la banlieue parisienne, ils se sont rencontrés dans un bar de Malakoff (92, c'est pas loin de chez moi!), et apparemment ils avaient un sacré niveau! Sur disque on entend d'ailleurs tout de suite que les mecs savent jouer et devaient envoyer la sauce sur scène où ils reprenaient par exemple les Sorrows. Leur unique 45Tours est sorti en 1967 sur le label néerlandais Relax (voir cette interview pour plus d'informations) et fut l'une des deux seules sorties françaises de cette maison de disques très importante chez les bataves: les géniaux Outsiders étaient chez eux par exemple. Cette aventure du  45 Tours fut semble-t-il compliquée pour le groupe qui n'a pas vraiment eu toutes ses chances niveau promotion avec un label pas vraiment actif derrière qui les a pas un laisser se débrouiller dans la nature... C'est dommage car ce disque est vraiment super et aurait mérité mieux (mais c'est malheureusement le cas de beaucoup de groupes dans l'histoire de la pop en France).

En face A les Gypsys signent un "Prolétaire" au texte abrasif. Ce midtempo avec une guitare particulièrement réussi explore la condition sociale des classes populaires avec des mots simples et effectifs. Peut être que parfois le texte a des petits cotés naïfs, ils sont cependant contrebalancés par la sincérité qui en émane. Les mecs n'essaient pas de s'inventer une conscience politique mais décrivent ce qu'ils ressentent au plus profond d'eux: cette honnêteté vaut bien plus que des théories politiques.
"Je ne te pardonnerai pas" en B revient sur une thématique bien connue du rock n roll depuis ses origines: une fille, des soucis, se sentir tromper. Je suis à peu près sûr que le texte est proche de ce que l'on pourrait trouver chez des groupes anglais ou américains de la même époque, encore une fois les mecs ne trichent pas. Il ne cherchent pas à s'inventer une vie mais à décrire la leur. Le morceau est basé sur un riff bien méchant, une tournerie qui fonctionne très bien et permet aux musiciens de s'exprimer pleinement. Les cimes sont atteintes lors des soli de guitare particulièrement inspirés d'une dimension presque psychédélique (on est en 1967).

On est triste pour les Gypsys que ce 45T ne fut pas suivi d'autres. Aujourd'hui le pressage original se négocie à des prix à trois chiffres, pas illogique quand on sait la rareté et la qualité de ce simple. Heureusement pour les gens "normaux" Triptyc a eu la bonne idée de rééditer ce beau témoignage de la vitalité du rock français dans les 60s. Par ailleurs, allez jeter un œil sur le site du groupe, il est intéressant et honore la mémoire ce super groupe!


 

2 commentaires:

jean pierre hipken a dit…

merci beaucoup pour cet hommage aux GYPSYS dont je suis le bassiste chanteur et l'auteur compositeur ! bien amicalement jp Hipken !

jcb a dit…

J'ai connu les Gypsys en août en 1967, je faisait parti d'un groupe "Serge et les Bipsys" et nous étions pour 2 jours dans une boîte sur la plage de Marseillan plage dans l'Héraut. Nous avons échangé ensemble quelques mots? la particularité c'est avec Serge Doudou nous avions une énorme ressemblance hormis la taille Serge est plus grand que moi, à l'époque j'étais le rythmique du groupe et je possédais une 12 cordes
, électrique Galanti (collector Italienne)

Jean-Claude Brasseur